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Politique monétaire, crédit et croissance en Inde

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par Josué BANGA
Université Grenoble Alpes - Gouvernance des organisations pour le développement international (Godi) 2015
  

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CHAPITRE I : LES FONDEMENTS DE LA POLITIQUE MONETAIRE INDIENNE

L'étude de l'impact de la politique monétaire sur les performances macroéconomiques de l'Inde nécessite avant tout de bien comprendre le cadre général dans lequel elle est mise (I) et la relation qui existe entre celle-ci et le crédit bancaire (II).

I. CADRE GENERALE

Le préambule des statuts de 1934 de la RBI stipule que son objectif consiste à la « réglementation de l'émission des billets et à la détention de réserves dans le but d'assurer la stabilité monétaire en Inde et, plus généralement, à faire fonctionner le système monétaire et de crédit du pays à son avantage2 » (Reserve Bank Act, 1934, p.11). L'analyse des fondements de la politique monétaire consistera à présenter l'évolution de la politique monétaire (1), les objectifs poursuivis par la RBI (2) et les instruments (3) de sa mise en oeuvre.

1. Evolution de la politique monétaire depuis la période pré-réforme

Selon le FMI, la conduite de la politique monétaire indienne a évolué au cours de ces dernières décennies en réponse à la libéralisation économique et financière du pays entamée au début des années 1990. En effet, le mandat de la Banque centrale indienne a évolué pour intégrer simultanément plusieurs objectifs comme le soutien à la croissance, la stabilité des prix et la stabilité financière. Les actions des autorités monétaires ont largement été influencées par la nature des systèmes économiques qui ont marqué l'histoire du pays.

Pendant la période de planification économique, la banque centrale avait perdu son indépendance vis-à-vis du Gouvernement. Elle intervenait alors massivement dans le financement du déficit public. Comme le souligne Goyal (2014), la première responsabilité de la RBI à cette époque était de « trouver les ressources pour financer les dépenses du gouvernement ». Il y avait une monétisation automatique du déficit budgétaire (Mohan, 2008) : la RBI accordait au gouvernement central des crédits de court terme (n'excédant pas trois mois) pour financer son déficit. La politique monétaire au cours de cette période était subordonnée à

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2Traduction de la version anglaise « to regulate the issue of Bank notes and the keeping of reserves in the view to securing monetary stability in India and generally to operate the current and credit system of the country to its advantage » (RBI Act, 1934, p. 11)

la politique budgétaire ; en atteste le ratio du concours net de la banque centrale au gouvernement qui atteint 92% de ses crédits en 1980.

Cela n'a rien d'étonnant lorsque l'on sait que cette période fut également caractérisée par la dominance des idées keynésiennes qui ont influencé les décideurs politiques de cette époque. La priorité était donc accordée aux dépenses publiques, la politique monétaire apparaissant comme un moyen d'accompagnement du budget de l'Etat.

Au cours de cette période de pré-réforme, le secteur financier indien était très fragmenté et fortement régulé : les taux d'intérêt sur le marché des titres publics et le crédit étaient administrés. Le financement du déficit public se faisait alors par un arrangement institutionnel entre les autorités monétaire et budgétaire. La banque centrale utilisait le mécanisme du Ratio de Liquidité Statutaire (Statutory Liquidity Ratio) -c'est-à-dire la part du passif des banques commerciales investie dans les titres publics à des taux inférieurs à ceux du marché - pour apporter son concours au gouvernement.

Plus tard, avec la persistance d'une inflation trop forte, la stabilité des prix est devenue un objectif important pour la banque centrale. C'est l'ouverture économique graduelle à partir des années 1980, qui va modifier de manière importante la conception et la mise en oeuvre de la politique monétaire. Désormais, la RBI, pour éviter la dépréciation de la roupie (monnaie nationale), intervient pour assurer sa convertibilité sur le marché des changes.

La réforme du secteur financier commence au milieu des années 1980, mais elle ne connaîtra une accélération qu'à partir de 1991 suite à la crise des paiements3 qu'a connu le pays. C'est pourquoi Reddy (1999) propose de considérer l'année 1992 comme celle qui marque la fin de la période pré-réforme et le début de la période post-réforme.

La détérioration du déficit public à partir de 19804, suscite de vives critiques contre les décideurs politiques (Rangarajan, 1993). Cela conduit le gouvernement et la RBI à entreprendre des réformes. Entre 1991 et 1993, le pays est mis sous la tutelle des institutions du Consensus de Washington dont le FMI qui accorde au gouvernement, un prêt de 1,5 milliards de DTS (droit de tirage spéciaux) assortit de conditionnalités pour faire face à la grave crise des paiements que connaissait le pays. Cependant, la pression des syndicats amène le gouvernement à rejeter dès 1993, le plan de réformes proposé par le FMI et à engager ses propres reformes de façon graduelle (Drèze et Sen, 2014 ; Mohan, 2013). La réforme du secteur financier initiée au milieu des années 1980, a introduit des changements importants dans ce secteur et conditionné de

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3 Les causes de cette crise sont essentiellement l'instabilité politique, la guerre d'Irak au Koweït, et l'utilisation du budget pour des fins électoralistes, la crise de confiance des créanciers 4Le concours de la RBI au gouvernement représente 3/4 de la base monétaire

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facto, la conduite de la politique monétaire.

Le comité Chakravarty de 1985 a préconisé par exemple, la régulation de l'offre de monnaie selon l'évolution du rapport prix/PIB. Pour atteindre l'objectif souhaité de l'expansion monétaire, le comité a également recommandé le contrôle de la base monétaire. Toutefois, la monétisation automatique du déficit public rendait difficile l'application de cette proposition. C'est ainsi que les autorités monétaires se sont rendues compte de la nécessité de changer l'arrangement institutionnel qui gouvernait jusque-là la conduite de la politique monétaire et qui entravait son efficacité. Un accord historique fut signé entre le gouvernement et la banque centrale au cours de l'année financière 1994-1995. Cet accord entré en vigueur le 1er avril 1997, prévoyait notamment la suppression du financement automatique du déficit de l'Etat.

De plus, pour améliorer la liquidité de court terme, plusieurs mesures nouvelles ont été introduites telles que les certificats de participation interbancaires (interbank participation certificates) ; les certificats de dépôts (certificates of deposits) ; le papier commercial (commercial paper). Ces réformes structurelles de l'économie conduisent à des changements importants dans le financement de l'économie par la banque centrale : les taux d'intérêts jusque-là administrés et le taux de change deviennent de plus en plus « market-determined » (FMI, 2015). En 1998, la RBI s'est détachée peu à peu des instruments directs de sa politique monétaire pour appliquer des instruments indirects et pour poursuivre plusieurs objectifs à la fois tels que la croissance, la stabilité des prix et la stabilité financière.

Toutefois, Zane (2012) et Cottet (2012) soutiennent que malgré la dérégulation des taux d'intérêts depuis 1991, le secteur bancaire reste toujours l'un des pans les plus régulés de l'économie indienne. La RBI est elle-même toujours sous l'influence des autorités politiques, et continue d'imposer aux banques commerciales des contraintes en matière de gestion de leurs portefeuilles. Par exemple, elle décide toujours du pourcentage minimum que les banques doivent investir dans les obligations d'Etat ou prêter aux secteurs jugés prioritaires ; elle réglemente également la politique d'implantation de succursales des banques dans les différentes régions de l'Etat fédéral. Selon Boillot (2012) la distribution du crédit en Inde est toujours dominée par les banques publiques malgré la libéralisation de ce secteur.

La persistance de l'inflation dans l'économie indienne jusqu'à la période récente a conduit plusieurs observateurs à remettre en cause l'efficacité des actions de la RBI. En particulier, les critiques portent sur le fait que l'utilisation d'un panel d'objectifs ne fournit pas un ancrage réel pour la politique monétaire car elle laisse bon nombre d'acteurs du marché dans une situation incertaine et confuse (Kramer et al., 2008). Il y a donc d'une part, ceux qui critiquent le fait que la banque centrale indienne accorde très peu d'importance à l'inflation et de l'autre, ceux qui

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soutiennent le pragmatisme pratiqué par les autorités monétaires. Pour mieux comprendre ces critiques, il convient de détailler les objectifs (2) et les instruments de la RBI (3).

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"La première panacée d'une nation mal gouvernée est l'inflation monétaire, la seconde, c'est la guerre. Tous deux apportent une prospérité temporaire, tous deux apportent une ruine permanente. Mais tous deux sont le refuge des opportunistes politiques et économiques"   Hemingway