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Les instruments du Copax face au enjeux sécuritaires en Afrique centrale

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par Cyr Revelli MBA ABESSOLO
Université Omar Bongo - Master recherche en Géographie 2014
  

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II.2. La FOMAC et le maintien de la paix et la sécurité dans la sous-région

Pendant longtemps, les activités de la CEEAC en faveur de la paix se sont limitées principalement à la formation, avec l'organisation de manoeuvres sous-régionales visant à augmenter les capacités sous-régionales de maintien de la paix, sans oublier les missions de consolidation de la paix en RCA (MICOPAX 1et 2).

II.2.1 Les exercices d'opérationnalisation et de certification de la FOMAC

La phase d'expérimentation de la force en attente s'est déroulé autour de deux manoeuvres militaires organisés à «Bahr-el-ghazel» en République du Tchad en novembre 2007, «Kwanza 2010» en République d'Angola. «Kwanza» a été la phase opérationnelle qui a permis à l'Union africaine de procéder à la Certification de la Fomac en tant qu'élément de la Force africaine en attente.

II.2.1.1. L'exercice BARH-EL GAZEL 2005

Afin de rendre opérationnels le COPAX et ses organes, l'exercice multinational BARH-EL GAZEL a été planifié en 2005, il a eu lieu du 10 au 17 novembre 2007 à Moussoro au Tchad : exercice multinational interarmées de maintien de la paix auquel ont participé les forces armées des pays de la CEEAC et du Togo, invité par le Tchad, BARH-EL-GAZEL 2007 est venu clôturer le cycle des manoeuvres militaires du même nom commencées en 2005110(*). Il visait à identifier les capacités opérationnelles de la CEEAC et à évaluer la capacité de maintien de la paix et d'assistance humanitaire des commandements nationaux dans le cadre de la Brigade régionale en attente. Il devait permettre d'évaluer et de valider les procédures opérationnelles, ainsi que l'opérabilité de la Brigade régionale en attente. Cet exercice a constitué une innovation quant à la capacité de mobilisation et de projection des forces à brève échéance dans un cadre conjoint interafricain. Il a mis en action une brigade légère de 1 600 hommes placés sous le commandement d'un état-major intégré des Etats participants. Il a été l'occasion pour la brigade de la CEEAC de se mettre en phase avec les autres brigades régionales constituant la Force africaine en attente111(*).

D'autres exercices ont suivi depuis lors, rentrant dans le cadre de la certification de la brigade sous-régionale, en vue de l'opérationnalisation de la force africaine en attente, c'est le cas de l'exercice SAWA en 2006 au Cameroun. L'exercice SAWA est une manoeuvre multinationale sous-régionale, bien que s'inscrivant dans le cadre du programme français RECAMP (renforcement des capacités africaines pour le maintient de la paix) dont il constituait la cinquième édition cet exercice112(*).

II.2.1.2 L'exercice KWANZA 2010

Depuis le 8 octobre 2008 à Luanda, la CEEAC s'est engagée dans un cycle de planification d'exercice de maintien de la paix dénommé «Kwanza 2010», du nom du fleuve emblématique de l'Angola situé dans la région sud de Luanda qui avait en son temps abrité la phase de manoeuvre militaire sur le terrain. KWANZA 2010 a été précédé d'un séminaire de cinq jours, organisé en juillet 2009 à Yaoundé au Cameroun et visant à simuler la prise de décision d'engagement de la FOMUC dans une opération de paix. La manoeuvre de 2010 a été supervisée par l'Union africaine, l'Union européenne et l'ONU113(*). Ce cycle a permis à la région d'organiser quatre conférences de planification, trois séminaires, trois réunions opérationnelles et de nombreuses formations tactiques et techniques qui se sont déroulés successivement dans tous les Etats de la sous-région. Tous ces travaux ont été validés par les différentes instances décisionnelles du Conseil de Paix et de Sécurité de l'Afrique Centrale (COPAX)114(*).

En effet, dans le cadre d'un scénario illustratif des problématiques des crises et conflits observés dans la Région de l'Afrique Centrale, théâtre, dans un passé proche, de guerres fratricides (Angola, Congo Brazza, RDC, Burundi, Tchad, RCA ...) «Kwanza 2010» a eu à évaluer : la pertinence du processus décisionnel du COPAX, le niveau d'opérationnalité des unités et des postes de commandements , le niveau de conformité des structures et procédures aux normes de la Force africaine en attente. La force d'interposition et de maintien de la paix de la CEEAC constitue un cas unique pour la Force africaine en attente, «Kwanza 2010» qui marqua le point de départ de la constitution et de l'opérationnalisation de la force en attente de l'Afrique centrale. Elle avait réalisé un déploiement de grande dimension : 4 000 hommes issus des trois unités (terre, marine, air) et des policiers des pays de la CEEAC115(*) et un budget d'environ 4 milliards de francs CFA, très largement financés par les contributions de tous les Etats membres de la CEEAC116(*). Elle a été matérialisée lors du débarquement des unités de cette force en RCA lors de la MICOPAX 2, en vue de s'interposer et de stopper l'avancée des rebelles de la coalition Seleka qui était arrivée aux portes de Bangui. La FOMAC outre les exercices de d'opérationnalisation, a déployé au total deux missions de maintien de la paix en RCA : la MICOPAX 1 et 2.

II.2.2. La FOMAC et l'expérience des MICOPAX 1 et 2

En dehors des exercices d'entrainement, la FOMAC depuis sa création n'a effectué que deux missions de maintien de la paix : les Missions de consolidation de la paix en Centrafrique (MICOPAX)

II.2.2.1. La MICOPAX 1

La MICOPAX est jusqu'ici la plus importante réalisation de la CEEAC dans le domaine de la paix et de la sécurité. La décision de transférer le maintien de la paix est prise en octobre 2007, lors du sommet des chefs d'État de la CEEAC à Brazzaville en République du Congo. Après une période de planification de plus de six mois, la FOMUC se transforme en MICOPAX en juillet 2008. Première mission sous l'autorité de la COPAX, la MICOPAX s'inscrit dans la nouvelle architecture de maintien de la paix de la CEEAC. Le mandat de la MICOPAX courait jusqu'à l'année 2013117(*) et ambitionnait de réaliser les objectifs suivants :

ü consolider le climat de paix et de stabilité ; notamment à travers l'aide aux gouvernements pour le désarmement, la démobilisation et la réinsertion (DDR) des rebelles, la réforme du secteur de la sécurité (RSS) et le soutien aux forces nationales en matière d'ordre public, ainsi que la protection du personnel de l'ONU et des civils ;

ü aider au développement du processus politique ; ceci inclut le soutien aux efforts du gouvernement pour le dialogue et la réconciliation, et à l'organisation des élections ;

ü soutenir les efforts des gouvernements et des ONG pour assurer le respect des droits de l'homme ; et

ü coordonner l'aide humanitaire et prendre part à la lutte contre les maladies, en particulier le VIH/SIDA.118(*)

Après le décès d'Omar Bongo en juin 2009, Ali Bongo, son successeur, a hérité de la responsabilité de la mission. En conséquence, elle est toujours officiellement dirigée par un représentant spécial gabonais. La mission comporte en théorie plusieurs dimensions. En réalité, son personnel est presque intégralement militaire. Le représentant spécial a une petite équipe civile de moins de dix personnes, alors que la MICOPAX représente une force de 521 soldats de maintien de la paix et de 31 observateurs militaires et une composante policière de 125 hommes. En permanence, quatre compagnies (environ 120 soldats) sont déléguées, chacune par un Etat membre, et sont censées être relevées par d'autres, venant chacune d'un pays différent, tous les six mois. A la mi-2011, le Gabon, la RDC, la République du Congo et le Tchad ont chacun déployé une compagnie de soldats et le Cameroun une unité de police. La MICOPAX maintient une présence à Bangui et dans trois villes provinciales : Paoua dans le Nord-Ouest, Kaga Bandoro dans le Centre-Nord, et Ndélé dans le Nord-Est119(*).

La contribution de la MICOPAX est restée limitée. Néanmoins, grâce à sa neutralité, elle a été capable de jouer un rôle d'intermédiaire entre les rebelles ayant signé des accords de paix, l'armée centrafricaine et les autorités locales pour éviter que de petits incidents ne dégénèrent en violence de plus grande échelle. Par exemple, la MICOPAX a aidé à résoudre le conflit opposant, en novembre 2010, les bergers tchadiens aux combattants de l'Armée populaire pour la restauration de la démocratie (APRD), un groupe rebelle du Nord-Ouest, les premiers accusant les seconds de tuer leurs vaches120(*). Les observateurs militaires ont été impliqués dans les toutes premières étapes du processus de DDR, jusqu'à ce qu'il se soit essoufflé. La MICOPAX était également censée former chaque année deux compagnies de l'armée centrafricaine, mais ces dernières ont été relevées pour être redéployées ailleurs. Pendant les élections de janvier 2010 en RCA, la MICOPAX a apporté son soutien logistique, sans lequel le vote n'aurait pas pu se dérouler dans certains endroits.

II.2.2.2. La MICOPAX 2 et l'échec de la CEEAC dans le maintien de la paix en RCA

La MICOPAX 2 était pas une autre mission à part entière mais elle était un prolongement de la première, en ce sens qu'elle a été juste un renforcement du mandat et des effectifs déjà présents sur le terrain, du fait de la situation qui s'était une fois de plus dégradée et avait pris d'autres proportions inquiétantes en 2010 et surtout avec la prise des armes du mouvement rebelle de la Séléka le 10 décembre 2010. Ainsi, on est passé de 650 hommes lors de la MICOPAX 1 à environ 2390 militaires et 380 hommes pour l'unité de police constituée lors de la MICOPAX 2121(*). Mais seulement, ces missions ce sont montrées inefficace face à la récurrence et à la persistance du conflit en RCA.

Le mandat de la MICOPAX n'a pas pu aller à son terme, car l'année où ce mandat devait prendre fin est l'année où le conflit s'est de plus en plus intensifié. Cet échec se matérialise par l'intervention de la communauté internationale qui s'est saisi du dossier centrafricain. D'abord, l'Union Africaine, qui a voulu engager une nouvelle génération de forces issue des Etats hors CEEAC (Ouganda, Afrique du Sud par exemple) et dont la mission a été baptisée MISCA (Mission internationale de soutien de paix à la Centrafrique). Lors du sommet des chefs d'Etat du 21 octobre 2013, les Etats membres de la CEEAC ont catégoriquement refusé cette proposition de l'UA et ont décidé de garder la nomination de MISCA mais que cette mission sera essentiellement « ceeacienne »122(*). C'est ainsi que l'UA a demandé aux Etats de la CEEAC de fournir au total 3 652 hommes, soit 2500 militaires, 1000 gendarmes et policiers et 152 civils123(*). Ce que les Etats membres de la CEEAC ont accepté, car selon eux, en dehors des 2390 militaires et 380 gendarme et policiers de la MICOPAX 2 présents en RCA, il fallait juste ajouter 1050 militaires (soit, 450 militaires fournis par le Burundi, 300 fournis par le Congo et 300 autres par le Cameroun) et 480 gendarmes et policiers ( soit 140 pour la RDC, 140 pour le Gabon et 200 pour le Tchad) ce qui donne un total de 4300 hommes et qui dépasse largement le quota imposé par l'Union Africaine. L'intervention de la France dans cette phase du conflit, montre les limites des forces de la sous-région de maintenir la paix en RCA ; la France a envoyé au total 16000 hommes pour renforcer la MISCA déjà présente sur le terrain.124(*) Les Etats Unis ont octroyé 100 millions de dollars US pour renforcer les capacités de la MISCA. Quant à la France elle a sollicité l'aide de l'UE pour renforcer les troupes françaises.125(*)Le Maroc quant à lui, vu l'ampleur de la situation, a décidé d'envoyer 600 homme pour le compte de la MISCA bien que ne faisant pas parti de l'UA.126(*) Cet apport illustre une fois de plus l'incapacité de la CEEAC de gérer la situation en République centrafricaine et de maintenir la paix et la sécurité à l'échelle de la sous-région.

Il ressort de ce qui précède que les instruments du COPAX que sont le MARAC et la FOMAC ne remplissent pas leurs missions originelles. De plus, avec des nouveaux défis sécuritaires (criminalité transfrontalière, trafic des ALPC, piraterie maritime etc.) les instruments de mise en oeuvre du COPAX s'avèrent inadéquats, autrement dit non adaptés à ces nouveaux enjeux. 127(*)

.

* 110 ODZOLO MODO (M), Fiche d'information de l'organisation de la CEEAC, www.rop.com, consulté le 23 mars 2013

* 111 Ibid.

* 112 Ibid.

* 113 N.F. Massala, Afrique Centrale La Force africaine en attente prend position http://www.lesafriques.com/focus/afrique-centrale-la-force-africaine-en-attente-prend-position-2.html?Itemid=308?articleid=38015, Consulté le 11 avril 2013.

* 114 Ibid.

* 115 M. Odzolo Modo , op cit, p. 3.

* 116 R.F. Massala, op cit, p.71.

* 117 Ibid.

* 118 Ibid.

* 119 ICG, Mettre en oeuvre l'architecture de paix et de sécurité : l'Afrique centrale, Rapport Afrique N°181 - 7 novembre 2011

* 120 Entretien réalisé par Crisis Group, travailleur humanitaire, Paoua, RCA, 28 janvier 2011.

* 121 Entretien avec Lieutenant Colonel Ngamamba, 29 novembre 2013, à Libreville.

* 122 Ibid.

* 123 Ibid.

* 124 Radio France internationale, Journal de 9h du 12 décembre 2013.

* 125 Radio France internationale Journal de 11 h, 18 décembre2013.

* 126 TV5 Afrique Journal télévisé de 20 h du 26 décembre 2013.

* 127 Voir le Protocole relatif au conseil de paix et de sécurité de l'Afrique centrale, op, cit. , p.6.

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