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Création d'entreprises en guinée : cas des jeunes de Conakry

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par Siba Théodore KOROPOGUI
Université Catholique de l'Afrique de l'Ouest - Unité Universitaire à Conakry (UCAO-UUCo) - Master en Gestion des Projets et Développement 2017
  

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Section 2 : Obstacles au développement de la culture entrepreneuriale et de l'entrepreneurship

Les résultats de notre étude ont mis en exergue trois principaux facteurs qui entravent le passage des jeunes à l'acte entrepreneurial. Il s'agit de la complexité du processus entrepreneurialproposé, de l'existence de goulots d'étranglement entre la culture et l'acte entrepreneurial et de l'inadaptation des politiques d'appui à l'entrepreneuriat. Chacun de ces facteurs est développé dans les trois sous-sections suivantes.

Sous-section 1 : Processus entrepreneurial en cause

Au regard de l'analyse des résultats, il est ressorti que l'un des principaux problèmes auxquels sont confrontés les jeunes de Conakry en matière d'entrepreneuriat est l'appréhension et la maîtrise du processus de création d'entreprises. Certains jeunes n'ont aucune connaissance des différentes étapes de ce processus ou en ont une image faussée. D'autres jeunes quant à eux trouvent que le processus de création d'entreprises est complexe.

Ce manque d'informations, cette vision faussée de l'entrepreneuriat et cette probable complexité du processus entrepreneurial influencent négativement l'attitude que les jeunes ont de l'entrepreneuriat et constituent des obstacles au passage à l'acte entrepreneurial. Cela explique la préférence de certains pour le travail salarial qui paraît moins compliqué au détriment de l'entrepreneuriat.

Le même constat ressort de l'analyse des entretiens que nous avons effectués auprès des structures d'aides à la création d'entreprises. Celles-ci mettent l'accent sur le fait que les jeunes qui prétendent vouloir se lancer dans une carrière entrepreneuriale ne savent rien de ce qu'est l'entrepreneuriat. Ils en ont une vision tordue. Ils confondent l'entrepreneuriat et l'humanitaire. Leur première rencontre avec un responsable de l'une de ces structures leur ouvre les yeux sur ce qu'est l'entrepreneuriat et ce qui les attend en se lançant dans cette dynamique. La conséquence : ils trouvent compliqué de continuer et rebroussent chemin.

Si le processus entrepreneurial constitue une barrière à l'entrée, il faut dès lors s'interroger sur ce qui fait de lui une démarche complexe. Cette analyse combinée au profil et à la vision des jeunes permettrait de rectifier le tir afin de rendre plus facile, du point de vue des jeunes, ce processus.

Le coeur du processus traditionnel de création d'entreprises est le fameux `'business plan''. Il est généralement exigé par les structures d'aide à la création d'entreprises à ceux qui souhaitent recevoir d'eux un financement. L'analyse du projet et la décision de financement ou non dépendent en large mesure de la qualité de ce document. La rentabilité prévisionnelle présentée dans le business plan devient ainsi le critère de réussite potentiel de la future entreprise.

Cet outil s'est greffé au domaine entrepreneurial depuis les années « 70 » et est devenu l'un des incontournables. Les organismes tierces d'aide à la création d'entreprises (institutions d'appui à l'entrepreneuriat et établissements financiers) en ont fait une condition pour accompagner (financer) les porteurs de projets d'entreprises (Filion, Ananou, et Schmitt, 2012).

Le problème avec cette exigence est que les jeunes, très souvent, ne sont pas capables de constituer un business plan ou du moins ne savent pas ce que c'est et à quoi il sert. Nos investigations ont montré que 72.73% des jeunes en général ne sont pas capables de constituer un business plan. 72.55% d'entreprises créées par des jeunes n'en ont pas eu besoin pour se créer. Ceux qui ont rédigé un business plan pour démarrer se sont fait aider dans 78.57% des cas par une tierce personne à la rédaction.

Nos résultats confirment les paroles de Claude Ananou qui traite de la notion de business plan en introduction à son cours de démarrage d'entreprises. Il met l'accent sur le fait que 95% des projets entrepreneuriaux ne sont pas dus à un plan d'affaires. Sur les 5% qui démarrent avec un, seulement 3% le suivent et parmi ces 3%, seulement 1% estime utile de l'avoir fait (Ananou, 2016).

Ces raisons évoquées ci-haut et d'autres qui ne sont pas traitées ici ont amené des chercheurs en entrepreneuriat à réfléchir sérieusement sur la véritable utilité du business plan. Ils finissent par conclure qu'il n'est finalement pas très utile dans la création d'une entreprise et peut même constituer un facteur de blocage (Chirita, Masson, et Ananou, 2012).

Plusieurs raisons ont été avancées par les chercheurs en entrepreneuriat pour expliquer l'inutilité de la rédaction d'un plan d'affaires au cours du processus de création d'une entreprise. La perte de temps liée à sa rédaction, les contraintes quant au suivi du contenu, l'usage qu'en font les financeurs, l'écart entre sa logique et la logique entrepreneuriale sont quelques points mis en avant pour soutenir leur raisonnement.

Une étude réalisée auprès d'entrepreneurs canadiens a montré que la rédaction du business plan fait perdre énormément de temps aux créateurs d'entreprises et surtout aux jeunes. En moyenne, les jeunes de 18 à 24 ans mettent 141 jours pour le faire et ceux de 25 à 35 ans 98 jours contre 35 jours pour les entrepreneurs qui ont au-delà de 35 ans (Borges, Filion, et Simard, 2010). Ce temps perdu pourrait être utilisé à d'autres activités allant dans le sens de la création proprement dite. La rédaction d'un plan d'affaires dans un processus de création est contre-productive.

En plus de cette considération, aucun organisme d'appui à l'entrepreneuriat ne décide de financer un projet entrepreneurial en se basant uniquement sur la présentation d'un business plan par le porteur de projet. Le business plan leur sert souvent de filtre car il démontre la capacité du porteur de projet à structurer ses idées en y mettant une certaine cohérence.Mais rien n'indique qu'un bon structurant d'idées soit de facto à même de s'adapter aux opportunités et aux conditions changeantes du monde de l'entrepreneuriat (Cohen et Ananou, 2007).

Une autre analyse est le fait que la logique du business plan est étrangère au milieu entrepreneurial (Filion, Ananou, et Schmitt, 2012). C'est une transposition de la logique de la planification qui n'a normalement rien à avoir avec le processus de création d'entreprises. Il constitue un facteur qui retarde les entrepreneurs dans la mise en place de leur projet et constitue un obstacle à leur désir d'entreprendre (Chirita, Masson, et Ananou, 2012).

La logique de rationalisation qui se cache derrière le business plan est propre à la gestion des entreprises. Cette logique s'oppose ou du moins est différente de la logique entrepreneuriale qui ressort de l'émotionnel. Les caractéristiques que des chercheurs associent souvent aux entrepreneurs sont plutôt d'ordre émotionnel que rationnel.

Le courage, la créativité, l'innovation, l'intuition, la persévérance, etc. sont des traits de caractère qui ne relèvent pas de la sphère de la rationalité (Filion, Ananou, et Schmitt, 2012). Créer une entreprise est un acte de géniteur et non d'éleveur. Un géniteur crée et un éleveur gère. Le gestionnaire est celui qui a plus besoin de cette rationalité. Le business plan relève de la gestion et non de la création d'entreprises(Ananou, 2016).

Pour Siomy (2016), la logique rationnelle met un faussé entre l'individu et la création d'entreprises. Les entrepreneurs sont conscients d'une chose : la possibilité de perdre. Cette sensibilité à la perte diffère selon que l'individu soit plus rationnel ou émotionnel. Les rationnels ont une sensibilité élevée à la perte tandis que les émotionnels en ont une moins élevée. Plus le quotient rationnel d'un individu est élevé, moins il désire se lancer dans l'entrepreneuriat (activité comportant une part de risque). Plus son quotient émotionnel l'emporte sur le rationnel, plus s'accroit son désir d'entreprendre.

Une dernière analyse est que le plan d'affaires est un outil qui fait de la création d'entreprises un processus linéaire et par conséquent manquant de flexibilité. Se proposant faire une prévision des dépenses et des recettes financières, il prétend rationnaliser le futur en se basant sur des informations qui découlent du passé et du présent. Cependant, le futur est caractérisé par l'incertitude. Des mutations peuvent se produire et affectées les prévisions. Dans de telles conditions, ces prévisions tombent à l'eau (Filion, Ananou, et Schmitt, 2012).

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