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Création d'entreprises en guinée : cas des jeunes de Conakry

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par Siba Théodore KOROPOGUI
Université Catholique de l'Afrique de l'Ouest - Unité Universitaire à Conakry (UCAO-UUCo) - Master en Gestion des Projets et Développement 2017
  

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Sous-section 2 : Passage à l'acte entrepreneurial : goulots d'étranglement

L'entrepreneuriat ou la création d'entreprises crée de l'emploi et de la richesse pour les nations. Il faut cependant souligner que personne n'est prédestiné à entreprendre ou non. Le phénomène entrepreneurial n'est pas inscrit sur le code génétique des humains (Firlas, 2012).

La création d'entreprises est intimement liée au développement de la culture entrepreneuriale. Siomy (2007) expliquait que la prospérité des entreprises dépend de la mise en place de conditions-cadres favorables conséquentes.

Les conditions-cadres de l'éclosion de la vitalité entrepreneuriale résident dans le développement de la culture entrepreneuriale ou de l'esprit d'entrepreneurial. Ce développement entraine nécessairement la création d'entreprises. Ruel (2006) cité par Siomy (2007) résumait cela en indiquant que la culture entrepreneuriale permet aux entrepreneurs de naître et favorise le développement de l'entrepreneurship (la création d'entreprises).

Pour Fortin (2002) c'est l'intensité entrepreneuriale qui permet de mesurer la culture entrepreneuriale, tandis que la vitalité, elle, mesure l'entrepreneurship. La vitalité entrepreneuriale correspond à une augmentation quantitative et qualitative d'entreprises, d'emplois et d'entrepreneurs à un moment donné. L'intensité entrepreneuriale quant à elle, est la mesure à un moment donné de la culture entrepreneuriale.

Vue sous cet angle, la culture entrepreneuriale se traduirait en deux réalités, le désir (l'intention) d'entreprendre et le passage à l'acte de création. À la limite des deux, la croyance en la possibilité de passer à l'action dès la première occasion.

Les jeunes guinéens ont une vision positive de l'entrepreneuriat. Une proportion non négligeable des sondés préfère créer une entreprise que d'être employé. Ils traduisent cette volonté en préférant pour la plupart choisir l'entrepreneuriat comme le meilleur choix de carrière et première option dès que les moyens financiers seront à leur disposition.

Cependant, il faut noter qu'avoir une opinion positive de l'entrepreneuriat ne détermine pas de facto que l'on dispose d'une culture entrepreneuriale développée. Comme nous l'avons développé plus haut, la culture entrepreneuriale et l'entrepreneuriat se mesurent respectivement à travers l'intensité et la vitalité entrepreneuriales (Siomy, 2007).

Pour déterminer qu'une couche de la population dispose d'une forte culture entrepreneuriale, il faut voir au-delà de l'opinion positive qu'elle a de l'entrepreneuriat et intégrer à l'analyse de cette opinion, la dimension du passage à l'action entrepreneuriale.

Analyser sous cet angle, il faut reconnaître que les jeunes de Conakry ont à la fois une opinion positive de l'entrepreneuriat et désirent ardemment créer leur entreprise à la première occasion. À cette envie de créer une entreprise se greffe une autre dimension très importante dans le développement de la culture entrepreneuriale. Il s'agit de l'état d'esprit développé par le futur entrepreneur. S'il veut créer une entreprise et qu'il se fixe un objectif à court terme de passage à l'action, il y a de fortes chances que son idée se matérialise.

La quasi-totalité des jeunes qui se sont prêtés à nos questions pensent pouvoir créer leurs entreprises d'ici les cinq prochaines années. Cette volonté accrue de passer à l'action est en partie tributaire de l'influence de l'environnement immédiat des jeunes. Comme le soutient Jaziri (2009), l'origine sociale est l'un des facteurs déclencheurs de l'envie entrepreneuriale.

Cependant, bien qu'animés d'un fort désir de créer et ayant une vision positive de l'entrepreneuriat, certains facteurs limitent le passage des jeunes à l'acte entrepreneurial. En réalité, une bonne partie d'entre eux ne parvient pas à faire de leur envie de créer une véritable création (Borges, Filion, et Simard, 2010).

Le manque de motivation suffisante, l'absence de moyens financiers, la complexité du processus de création d'entreprises, le manque d'expérience et/ou de qualifications amènent plus d'un jeune guinéen à penser ne jamais pouvoir devenir entrepreneur. La nature de l'entreprise créée par les jeunes, les difficultés à avoir des clients, le développement des produits/services, le manque de compétences en gestion d'entreprise et les difficultés à appréhender le processus de création sont autant d'obstacles que les jeunes créateurs doivent surmonter pour créer et faire vivre leurs entreprises.

Contrairement aux entrepreneurs les plus âgés, les jeunes qui désirent entreprendre et ceux qui sont déjà dans les affaires ciblent principalement le secteur tertiaire qui ne nécessite pas un investissement important et, est à ce titre généralement moins porteurs : dans la prestation de services par exemple où le chiffre d'affaires est généralement insignifiant. Ils préfèrent ce domaine car ils n'ont souvent pas accès à des ressources importantes (Borges, Filion, et Simard, 2010) pour se lancer dans un secteur à gros investissement et générant plus de flux financiers.

Bénéficier d'un accompagnement contribue à la réussite de certains entrepreneurs. En effet, les entreprises qui bénéficient d'un accompagnement pendant leur création sont plus durables que les autres. Cet accompagnement a un effet positif sur le développement et la rentabilité d'une jeune entreprise (Leger-Jarniou, 2008b).

En Guinée, il existe des structures d'accompagnement à la création d'entreprises. Grâce à sa collaboration avec ses partenaires (institutions internationales et les établissements financiers), le gouvernement guinéen a réussi à mettre en place des projets/programmes d'appui à l'entrepreneuriat jeune. Ces projets/programmes visent à réduire le chômage des jeunes. Nonobstant cela, le nombre de jeunes sans-emploi reste fortement élevé.

Cela s'explique par le fait que la création ou la mise en place des programmes et des fonds financiers pour appuyer l'entrepreneuriat ne conduit pas automatiquement les jeunes à s'y engager ''(Dougnon et al., 2013). Dans la réalité, les jeunes ne font, en général, pas recours à ces structures (Leger-Jarniou, 2008b) ou le font très rarement.

Ce non-recours qui s'explique par le fait qu'ils ne sont pas informés de l'existence de telles structures, les pousse à considérer le processus d'accès à l'accompagnement complexe, en plus de manquer confiance aux structures d'aide à la création.

Les jeunes interviewés pendant nos investigations reprochent aux structures étatiques d'aide à la création d'entreprises le manque de sérieux dans leur travail. Ils sont en conséquence pessimistes pour ce qui est de la réussite des programmes/projets d'appui à l'entrepreneuriat jeune en Guinée. Les structures d'appui à l'entrepreneuriat jeune quant à elles reprochent aux jeunes porteurs de projets d'un manque de persévérance, de vision, de courage et ne comprennent pas ce que signifie se lancer dans la dynamique entrepreneuriale.

Nous retiendrons que, de par leurs déclarations, les jeunes de Conakry souhaitent se réaliser à travers l'entrepreneuriat et le considèrent comme leur option prioritaire. Malgré cela, le constat est que peu de jeunes passent à l'action. La nature de leurs entreprises qui sont généralement de petites tailles, évoluant dans un secteur à faible investissement et rentabilité pour la plupart, employant moins de personnes et manquant d'innovation et de créativité empêche le développement et conduit à l'échec des entreprises créées par les jeunes à la différence de celles créées par leurs ainés.

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"Là où il n'y a pas d'espoir, nous devons l'inventer"   Albert Camus