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Création d'entreprises en guinée : cas des jeunes de Conakry

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par Siba Théodore KOROPOGUI
Université Catholique de l'Afrique de l'Ouest - Unité Universitaire à Conakry (UCAO-UUCo) - Master en Gestion des Projets et Développement 2017
  

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Sous-section 3 : Politique d'appui à l'entrepreneuriat en cause

L'éclosion entrepreneuriale est en grande partie liée au développement d'une culture d'autonomie, la culture entrepreneuriale. Il faut dès lors mettre en place une politique de développement de cette culture qui à son tour favorisera la création d'entreprises.

Toutes les nations du monde ont compris que la solution au problème de chômage est l'auto-emploi à travers la création d'entreprises. Chacune d'elles est en train de mettre en oeuvre des initiatives allant dans le sens du développement entrepreneurial. Plusieurs programmes/projets s'inscrivent dans cette dynamique. Pour la plupart, ces programmes visent des jeunes et des femmes.

Pour le cas spécifique de la Guinée, deux initiatives ont particulièrement attiré notre attention. Il s'agit du Fonds National pour l'Insertion des Jeunes (FONIJ) et du projet `'Booster les Compétences pour l'Employabilité des Jeunes'' (BOCEJ). Le premier est un fonds de crédit revolving destiné à financer les projets de jeunes. Quant au second, il consiste en un vaste programme visant à accroître les chances des jeunes à décrocher un emploi. L'une des composantes de ce projet - Éducation pour l'emploi - comporte un volet exclusivement destiné à la promotion des initiatives entrepreneuriales.

En plus de ces structures étatiques, ces derniers temps nous assistons à la floraison des structures d'accompagnement. Les entreprises de coaching, les incubateurs, les établissements financiers proposant des services adaptés aux besoins d'entrepreneurs sont autant d'institutions ayant pour vocation d'aider les jeunes à transformer leur désir d'entreprendre en véritable création.

Nonobstant cette augmentation du nombre de structures d'accompagnement et les encouragements des pouvoirs publics, les porteurs de projets ne font pas recours à leurs services ou pire encore les refusent (Leger-Jarniou, 2008b).

La politique d'appui à l'entrepreneuriat joue un rôle très important dans le développement entrepreneurial. Une politique mal adaptée entraine des effets pervers. Ce sur quoi se concentrent les initiatives de développement de la création d'entreprises détermine les résultats auxquels elles aboutissent. Généralement, ces initiatives se concentrent plus sur la création d'entreprises et négligent ou n'ont pas conscience du développement de la culture entrepreneuriale (Fortin, 2002; Siomy, 2007).

Cette politique traditionnelle du développement de la culture entrepreneuriale et de la création d'entreprises encouragée par certains pays font que ceux-ci ont des économies caractérisées par l'importation qui surplombe l'exportation, la quasi-totalité des biens qui y sont consommés sont importés, et le degré de dépendance à l'égard de l'étranger est quasi entier. Pourtant, le pouvoir d'influence d'un acteur dans une relation dépend avant tout de son potentiel d'autonomie(Siomy, 2007). Les pays qui vivent dans la dépendance ne peuvent avoir un potentiel d'influence signifiant dans l'économie mondiale, par conséquent toujours à la traîne.

Quand on analyse la dynamique entrepreneuriale (culture entrepreneuriale et création d'entreprises), nous pouvons faire une analogie très instructive. La culture entrepreneuriale peut être comparée à un arbre et la création d'entreprises aux fruits. Pour avoir des fruits, il faut nécessairement porter l'attention sur l'arbre. Les fruits viennent naturellement d'eux-mêmes. C'est ainsi dire que la culture entrepreneuriale est la cause de la création d'entreprises et inversement, la création d'entreprises est la conséquence de la culture entrepreneuriale. Investir sur la création d'entreprises et non la culture entrepreneuriale se solde par un échec des entreprises créées (Fortin, 2002; Siomy, 2007). Comprenons que le secteur de l'entrepreneuriat en est un qui s'autofinance. Il n'a besoin que de se trouver dans de conditions-cadres pour porter ses fruits(Ruel, 2006; Siomy, 2007)

Du point de vue de l'OCDE20(*)(2004), la culture entrepreneuriale est un facteur qui contribue à la construction d'une société entrepreneuriale. Elle est en quelque sorte un déterminant important des préférences en matière de carrière et contribue à faire évoluer les mentalités face à une série de valeurs entrepreneuriales.

Il devient dès lors important de s'intéresser de près à ce qu'est la culture entrepreneuriale et sa contribution au développement entrepreneurial. Ruel (2005) la définit comme un ensemble de valeurs, d'attitudes et de messages qui font que l'on décide de se lancer dans une carrière entrepreneuriale. Siomy (2007), reprenant Stace (2000), explique pour sa part que la culture entrepreneuriale détermine significativement l'habileté d'une nation à prospérer.

Bien qu'il soit évident que la culture joue un très grand rôle dans le développement entrepreneurial, il faut par ailleurs tenir compte de ce que tout phénomène visant à transformer la culture n'est pas facile à mettre en place. Certaines cultures que l'on peut qualifier `'d'entrepreneucidaire'' peuvent empêcher le développement de la culture entrepreneuriale.

Pour résoudre les difficultés liées au développement entrepreneurial, il faut faire la promotion d'une politique holistique favorable au développement, non pas seulement de la création d'entreprises, mais de la culture entrepreneuriale. Cela sous-entend que cette politique ne doit pas être la spécialité et l'exclusivité d'un individu ou d'une structure spécifique. Il faut l'implication de tous les acteurs à différents niveaux.

Le premier niveau qui se doit de promouvoir l'épanouissement de la culture entrepreneuriale chez les jeunes est la famille. Elle constitue son environnement immédiat et la première instance de sa socialisation. Il apprend et intériorise les manières de faire, de penser, d'agir, bref la culture développée dans sa famille. Celle-ci peut donc contribuer dans une grande mesure à l'adoption de la culture d'autonomie. Cependant, le processus de développement de la culture entrepreneuriale chez un individu à l'instar de tout phénomène relevant du culturel doit se faire adopter à très bas âge pour faciliter son application et son succès (Fortin, 2002; Siomy, 2007). Cela dit, la politique holistique d'appui à l'émergence de la culture entrepreneuriale doit prendre en compte cette sphère sociétale.

En plus de la famille, les autres membres d'une société peuvent contribuer à l'émergence de la culture entrepreneuriale. Ruel (2005) expliquait à ce propos que quand la famille et le milieu accordent de la valeur à la création d'entreprises en incitant les jeunes et les adultes à se lancer dans l'entrepreneuriat, ils contribuent au développement de la culture entrepreneuriale qui à son tour se concrétisera en création d'entreprises.

L'entrepreneur est forgé par son milieu. Il n'est pas la résultante d'une génération spontanée (Fortin, 2002). Le milieu doit être favorable à l'émergence de la culture entrepreneuriale. Un milieu qui prône et encourage la dépendance n'est pas propice à l'émergence d'une génération d'entrepreneurs. La plupart de ceux qui souhaitent se lancer en entrepreneuriat sont entourés d'entrepreneurs et/ou y ont été encouragés par leur milieu.

Pour mettre en exergue le rôle que peut jouer le milieu dans la construction d'une société entrepreneuriale,Ruel (2006) déclare :

[...] toute société peut être comparée à un jardin où croissent des arbres qui porteront des fruits, et les fruits récoltés dépendront des espèces d'arbres qui auront été plantés. La richesse et la beauté d'un jardin dépendent souvent de la variété d'arbres et de fleurs que l'on y retrouve. Il en est de même de la richesse d'une société qui peut être associée à sa diversité culturelle. Et s'il est une culture qui peut être commune à de nombreuses autres cultures tout en leur permettant de s'épanouir, de se développer : c'est bien la culture entrepreneuriale. Cette culture permet aux entrepreneurs de naître et à l'entrepreneurship de se développer.

Siomy (2007) ajoute que c'est le milieu qui produit l'entrepreneur, mais ce sont les individus, les acteurs du terroir qui bâtissent le milieu idéal à l'entrepreneur.

L'un des facteurs qui limitent le développement de la culture entrepreneuriale réside dans le système éducatif courant dans la plupart des pays qui ne font pas la promotion d'une politique holistique d'autonomie. Le système est fait de sorte qu'il amène moins ses apprenants à poser des actes entrepreneuriaux (Filion, 1999).

De leurs objectifs, les systèmes éducatifs ne cherchent pas à développer la création d'entreprises et l'activité indépendante, ils visent plutôt à façonner les individus pour les mettre aux services des grandes entreprises et la fonction publique
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·(Fayolle, 2005). Au lieu de former des créateurs d'emplois, ils forment des chercheurs d'emploi. Cette logique va en droite ligne avec le développement, non d'une culture entrepreneuriale mais de celle de la dépendance.

La culture entrepreneuriale et la création d'entreprises ne sont généralement pas intégrées dans les programmes d'enseignement scolaire et académique. Les cours d'entrepreneuriat et de création d'entreprises sont plutôt considérés comme des sujets à part ou des modules de formation hors programme à traiter dans un cadre particulier. Cela fait que peu sont ceux qui découvrent ces enseignements (Siomy, 2007). La plupart de ceux qui ont suivi des cours en entrepreneuriat ou en création d'entreprises ne les ont suivis que dans un cadre hors programme estudiantin ou scolaire.

Les méthodes et les enseignements développés se caractérisent par une approche linéaire de la relation entre le présent et le futur. Le projet d'entreprise et ses composantes, comme les études de marché ou le plan de financement sont très ancrés dans cette logique. Étant donné que le présent est contraignant, si l'on transpose le présent et le passé dans le futur, le projet entrepreneurial risque d'être limité par ces contraintes avant d'avoir commencé (Filion, Ananou, et Schmitt, 2012).

Nous retenons que l'un des facteurs principaux qui limitent le développement d'une culture entrepreneuriale chez les jeunes guinéens en général et ceux de Conakry en particulier est l'absence d'une politique holistique d'appui au développement entrepreneurial impliquant tous les acteurs à tous les niveaux. Les politiques appliquées se concentrent uniquement à l'appui à la création d'entreprises au lieu du développement de la culture entrepreneuriale préalable et qui est déterminant en matière de création d'entreprises. Les institutions d'appui à l'entrepreneuriat pour jeune mettent ces derniers dans un processus qui limitent ou retardent leur passage à l'action.

* 20 Organisation de Coopération et de Développement Économiques.

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