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Cinétque de la richesse de la canne à sucre en fonction du délai de maturation

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par Eric RAIVIRE
Université des Sciences et Techniques de MASUKU - Ingénieur Agronome 2012
  

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I.6. Production du matériel végétal

C'est au cours du siècle dernier (1888) qu'on a découvert que la graine de canne à sucre pouvait germer et donner de nouvelles plantes. Les premiers croisements dirigés se sont faits entre S. officinarum seuls. Puis au début du XXème siècle, en Inde et à Java, les S. spontaneum, hybridés aux S. officinarum, ont permis de rendre résistant les cannes cultivées. Depuis, les croisements interspécifiques sont devenus plus complexes.

Présentement, deux tendances existent: l'ouverture vers les genres voisins (Miscanthus sp, Erianthus sp, Narenga sp, Sorghum sp) et le retour aux sources (collectes botaniques en Nouvelle Guinée) (FAUCONNIER, 1991). Malgré certains espoirs, la culture in vitro n'a pas encore permis d'obtenir de façon stable des sujets nouveaux (FELDMANN et al, 1994).

I.6.1. Obtention de variétés (clones) en station

La création variétale coûte cher car il lui faut des moyens suffisants, de bons spécialistes et du temps pour obtenir des variétés meilleures que celles qui pourraient être importées de pays voisins ou même lointains. On constate en effet que les variétés excellentes en un lieu sont souvent bonnes ailleurs. Les remarquables POJ 28-78 (Java), Co290 (Sud de l'Inde), B43.62 (Barbade), NCo310 ou NCo376 (Inde - Afrique du Sud) ont été utilisées dans le monde entier tant comme variétés en culture que comme géniteurs (FAUCONNIER, 1991). On constate aussi que des variétés jugées moyennes peuvent donner de très beaux résultats sur des petites parcelles bien soignées.

Par ailleurs, plus les conditions écologiques et économiques d'une zone de culture de cannes sont particulières et spécifiques, et plus il y a de chances de pouvoir créer pour elles, par hybridation raisonnée et sélection bien faite, des variétés satisfaisantes. Ainsi, les fines, droites, hâtives, riches et précoces variétés de Louisiane conviennent bien à une zone très originale qui gèle tous les ans et utilise des coupeuses-andaineuses sur des terres lourdes et humides.

Les croisements variétaux se décident en station, en fonction des besoins: «dégénérescence» progressive des variétés, faiblesse des repousses, manque de richesse en sucre, sensibilité jugée excessive aux maladies endémiques ou apparition de nouveaux fléaux, besoin de s'adapter à des conditions locales (écologiques et économiques) particulières, etc.

Les parents à hybrider sont mis en serre contrôlée dans des «lanternes». Les nombreuses graines (fuzz) sont semées en casiers, bien arrosées et nourries. Les plantules (seedlings) sont repiquées à 1 ou 2 mois (10 à 15 cm de haut) en groupes (bunch) ou individuellement, puis installées en planches (3-4 mois), seuls les sujets vigoureux étant retenus à chaque opération. Ces seedlings doivent ensuite être triés (sélection).

On peut aussi obtenir des variétés en les faisant venir d'ailleurs (en général par importation de boutures). Pour éviter les maladies fréquentes et graves, on place ces variétés en quarantaine et sous contrôle le temps voulu et on les multiplie ensuite pour les introduire dans les derniers stades de la sélection ou les utiliser comme géniteurs. Elles sont aussi distribuées aux usiniers dont certains déposent des demandes d'importation à l'organisme chargé de la quarantaine.

I.6.2. La sélection variétale

Il faut 7 à 12 ans pour sélectionner une ou quelques variétés à partir des 50.000 à 2.000.000 de graines semées chaque année par station de sélection. On comprend que ces stations, souvent propriété des producteurs, les réservent à leurs membres ou à leur pays, ce qui diminue l'offre de variétés dites «libres» (FAUCONNIER, 1991). Les principaux critères de sélection sont:

vigueur végétative (grosse production à l'hectare en vierge et surtout en repousse); bonne richesse en sucre des cannes et pureté élevée (à tonnages égaux de sucre par hectare, on préférera la variété la plus riche);

qualités de précocité (permettant d'avancer avec profit le début de la campagne sucrière) ou de tardivité (permettant d'allonger la campagne) et donc intérêt d'une longue PMI (période de maturation industrielle); ceci explique que l'adaptation aux cycles de culture (utilisés ou prévisibles) soit à introduire assez tôt dans le processus de sélection;

résistance suffisante à toutes les maladies graves du pays et tolérance éventuelle à certains ennemis (borers, nématodes, rats, etc.) ou à certaines conditions (danger de gels ou de cyclones, sécheresse, salure, sols particuliers, etc.);

facilité et bon marché de la culture ; selon les conditions du lieu, on attribuera beaucoup d'importance à certains des caractères suivants: bonne levée à la plantation, couverture rapide du terrain, feuilles vertes non coupantes et à gaines glabres, feuilles

sèches se détachant naturellement ou aisément, tiges de bon diamètre, floraison la plus faible possible (sauf pour les variétés précoces en cycle annuel), cannes droites ou ne se couchant pas malgré de forts tonnages, tolérance à de médiocres conditions de culture et à des erreurs de calendriers, etc. (FAUCONNIER, 1991).

II. La phase de maturation et de surmaturation

Cette partie examine l'état actuel des connaissances concernant l'utilisation des maturateurs de la canne à sucre. Elle fournit certaines définitions, concepts et terminologies.

II.1. Définition

FERNANDES (1982) a défini la maturation de la canne à sucre comme étant le processus physiologique qui implique la synthèse des sucres et leur translocation dans la tige. Selon CASTRO (1999), la maturation est un des aspects les plus importants pour la production de canne à sucre. Elle permet la synthèse et le stockage du sucrose, qui dépend de l'énergie, des caractéristiques variétales. Alors qu'ALEXANDER (1973) définit de façon

simple la maturation comme étant l'inverse de la croissance de la plante. D'autres
auteurs comme DEUBER (1988), définissent la maturation de la canne à sucre suivant deux (2) dimensions: botanique et physiologique.

Botaniquement, la canne à sucre est mûre après la production des fleurs et la formation des graines.

Physiologiquement, la maturation est atteinte quand les tiges accèdent à leur stockage potentiel de saccharose, c'es à dire le point où le maximum de sucre est accumulé. La durée de cette accumulation de sucre est d'un à deux (2) mois.

Le processus de maturation de la canne est une étape qui doit être bien maitrisé en ce qu'il permet une meilleure gestion de cette opération culturale, permet de réaliser du profit, et réduire les pertes de sucre récupérables au cours de leur stockage (CAPUTO, 2006).

II.2. Type de maturation

Il existe deux types de maturations dans la culture de la canne à sucre. Une maturation dite « naturelle » qui ne fait pas intervenir de traitement maturateurs sur les parcelles. La canne à sucre dans ces conditions arrive à maturité suivant son cycle normal et une maturation dite « forcée ou artificielle» qui nécessite l'emploie de maturateurs. L'avantage de

ces traitements maturateurs est qu'ils permettent à la canne à sucre d'avoir une maturité homogène malgré l'âge de la parcelle (BESSEGUE, 2011)

II.2.1. Maturation naturelle et accumulation de saccharose

Les exploitants agricoles appliquent des maturateurs à la canne à sucre de sorte que le pourcentage de saccharose soit en augmentation au-dessus de ce qui serait réalisé dans des conditions normales.

Les travaux récents de INMAN-BAMBER et al (2002) suggèrent que la maturation de la canne pourrait être définie par deux phases :

La première phase est associée à la teneur en saccharose (sur une base de poids sec de tige) de l'augmentation basique d'entre-noeuds.

La deuxième phase est associée aux entre-noeuds basiques étant entièrement mûris. Les entre-noeuds basiques atteignent la teneur maximum en sucrose autour de 0,55g/g de matière sèche dans la variété NCo376 quand le poids sec de tige totale a approché 150g. Ces données ont été obtenues à partir d'une expérience sur le terrain conduite en 1988 en Afrique du Sud. Le travail rapporté par MUCHOW et al (1997) suggère que l'accumulation de saccharose dans la canne à sucre est un phénomène continu directement lié à la croissance de tige, un processus qui est déclenché par de basses températures, un déficit en eau. La maturation normale de la canne à sucre est directement associée à la dessiccation des tiges.

II.2.2. Maturation artificielle et accumulation de saccharose

Selon les résultats d'une étude menée par des chercheurs hawaïens, rapportée par (SU et al, 1992), une application des maturateurs tels que le Glyphosate avait pour réponse physiologique de la canne la cessation de la croissance du méristème apical et une augmentation de la quantité de saccharose au bout d'une durée de cinq (5) jours seulement. Le processus de stockage du saccharose dans les tiges s'effectue au moyen d'un gradient de concentration. L'énergie requise pour ce processus est fourni par la respiration. En outre, il est établi que le contenu accru de saccharose est accompagné d'un cycle continu de dégradation et de synthèse pendant l'accumulation de sucrose dans les tissus de réserves (VORSTER et BOTHA, 1999; ROHWER et BOTHA, 2001).

II.2.3. Classification des maturateurs

Les maturateurs de la canne à sucre sont classés par catégorie, en fonction de l'organe ciblé, la nature de l'effet sur la plante.

Globalement, on distingue quatre catégories de maturateurs (VLITOS et LAWRIE, 1965): Défoliants;

Déshydratants;

Régulateur de croissance de plantes ;

Inhibiteur d'enzyme.

Seuls l'Ethrel, le Glyphosate et le Fusilade sont largement répandus pour leur utilisation sur la canne à sucre comme murisseurs, notamment en Afrique du Sud (DONALDSON, 1999), au Swaziland (ROSTRON, 1996), aux Etat Unis dans l'Etat de Floride (DUSKY et al, 1986), à Hawaï (BARTOLOMEW et SILVA, 2001), en îles Maurice (SOOPAYA et NAYAMUTH, 2001) et Guyane (EASTWOOD et DAVIS, 1998).

II.2.3.1. Les défoliants

Ils agissent au contact des feuilles de la plantes dont elles causent la sénescence puis la chute au bout de quelques jours. Ce mode d'action est typique des maturateurs tels que l'Ethrel.

II.2.3.2. Les déshydratants

Ces composés causent le séchage rapide de la plante (ARVIER, 1965).

II.2.3.3. Les Régulateurs de croissance de plantes

Les régulateurs de croissance de plantes sont des substances synthétiques qui ont des actions antagonistes ou synergiques connus : cas des hormones (auxines, gibbérellines, cytokinines, retardateurs, inhibiteurs et éthylène) et qui favorisent, empêchent, ou modifient les processus physiologiques et morphologiques d'un phénomène.

Les inhibiteurs de croissance pour leur part sont des substances qui ont la capacité d'empêcher la croissance des méristèmes apicaux ou secondaires

Le groupe des régulateurs de croissance inclut des composés qui affectent le processus de croissance réglé par des hormones en particulier l'auxine. Le régulateur le plus généralement utilisé est l'herbicide 2,4-D (VLITOS et LAWRIE, 1965).

Les produits commerciaux comme « l'Ethrel®» produisent de l'éthylène. Lorsque cet éthylène est incorporé dans les tissus de la canne à sucre, il cause la maturation bien que le mécanisme par lequel ce phénomène s'effectue soit à l'heure actuelle mal connu.

II.2.3.4. Les enzymes inhibiteurs

Les activités herbicides de certains maturateurs tels que le Glyphosate et le Fusilade sont parfois associées à certaines enzymes qui agissent en synergie ou en antagonistes dans la réalisation du processus de maturation. Ces enzymes sont classifiées en fonction de leur solubilité, l'emplacement cellulaire et leur optimum de pH. (SU et al, 1992).

Pour le cas spécifique des invertases, elles sont impliquées dans la diminution du stockage de saccharose dans les entre noeuds de la canne à sucre qui se traduit par la synthèse du glucose et du fructose (LINGLE, 1997).

C12H22011 + H20 + (Forte présence des invertases) = C6H1206 + C6H1206

( Saccharose) (Glucose) (Fructose)

Cette assertion est confirmée par ZHU et al (1997) et SUZUKI (1983) qui attribuent l'augmentation de la concentration du saccharose dans les cellules des entre-noeuds de canne à sucre avec une diminution d'activité acide soluble d'invertase (S.A.I) pendant la phase de maturation.

Les conditions environnementales peuvent considérablement influencer l'activité des invertases. TERAUCHI et al (2000) ont rapporté que l'activité acide soluble d'invertase (S.A.I) diminue en conditions froides. De même, les facteurs physiologiques comme les régulateurs de croissance de plantes favorisent des changements distincts et significatifs de l'activité enzymatique des invertases acides et neutres (LEITE et al, 2009 ; SIQUEIRA, 2009).

Outre les invertases acides solubles, l'activité des invertases neutres (Ni) et la quantité de saccharose dans les entre-noeuds mûrs sont étroitement liés. ROSE et BOTHA (2000) ont trouvé une corrélation significative entre le contenu de saccharose et le niveau d'invertases neutres (Ni). Elles agissent donc en synergies dans la réalisation du processus de maturation.

II.3. Les maturateurs de la canne et leur composition chimique

II.3.1. L'Ethephon

L'Ethéphon (2-Chloro-éthyl-acide phosphorique), est un produit chimique à base d'éthylène lequel est un régulateur de croissance de plantes avec les propriétés systémiques. Fortement soluble dans l'eau, il est stable à un pH < 3,5. Il est sensible au rayonnement ultraviolet et est jusqu'à 75 °C stable.

L'éthéphon pénètre les tissus végétaux et est progressivement transféré vers les cellules, où il se décompose alors en éthylène (YANG, 1969), affectant le processus de croissance tout en bloquant la floraison (TOMLIN, 1994).

Mais le principal avantage observé avec l'utilisation de l'Ethéphon comme maturateur est qu'il n'endommage pas la germination des prochains rejetons de canne à sucre. Dans certains cas, un effet bénéfique est observé, avec le tallage accru au début de la germination après coupure. SILVA et al (2007), ont observé un effet stimulant sur l'apparition du tallage jusqu'à six mois bien que les réponses aient dépendu de la variété.

II.3.2. Le Glyphosate

Le glyphosate (Phosphonométhyl de N-glycine) est actuellement un des herbicides les plus utilisé en agriculture, en raison de l'action efficace qu'il exerce sur les mauvaises herbes et sa basse toxicité.

Le mécanisme d'action du Glyphosate® est tout à fait unique. C'est le seul herbicide capable d'empêcher spécifiquement la synthèse des enzymes 5-Enol-pyruvyl-shikimate-3-phosphate (EPSPS), ce qui catalyse la condensation du pyruvate shikamate d'acide et de phosphate, de ce fait empêchant la synthèse de trois acides aminés essentiels : tryptophane, phénylalanine et tyrosine (ZABLOTOWICZ et REDDY, 2004).

Le Glyphosate est considéré comme un herbicide systémique, non-sélectif et de large-spectre. Son absorption est facilitée par des groupes de protéines de transport de phosphate qui sont présents dans la membrane de la plante.

En outre, le Glyphosate est jugé comme un des meilleurs maturateurs de la canne à sucre en ce qu'il accélère la maturation (DALLEY et JUNIOR de RICHARD, 2010) et en raison de deux principales raisons:

Il empêche la croissance de canne à sucre en inhibant ou en causant la « mort » du méristème apical, ou il empêche la synthèse de l'acide indol acétique (IAA). L'inhibition de l'élongation de tige peut également être connexe à la capacité d'auxine de favoriser la synthèse d'éthylène en augmentant l'activité de l'accumulateur (synthèse d'acide 1-amino-cyclo-propane-1-carboxylic) (LIANG et al, 1992). L'augmentation de l'éthylène peut stimuler le processus de sénescence et la germination des bourgeons latéraux, et l'équilibre hormonal entre IAA et éthylène peut également mener à l'inhibition de la tige élongation.

Il cause l'effort en canne à sucre en empêchant la synthèse des acides aminés essentiels

et protéines. EPSPS est codé au noyau et exécute son rôle dans le chloroplaste, catalyse l'attache des composés shikimate-3-phosphate et phospho-énol-pyruvate pour produire enol-pyruvyl-shikimate-3-phosphate et le phosphate inorganique.

Comme maturateur, la dose effective du Glyphosate change considérablement selon les régions. Généralement on applique entre 144 à 864 g/ha. Au Brésil, la dose se situe entre 144 et 240 g/ha, alors qu'elle est de 0,75L/ha à SUCAF Gabon (PEME, 2004).

MILLHOLLON et LEGENDRE (1996) ont montré qu'une application du Glyphosate pendant une durée de trois (3) années consécutives réduisait le rendement de la canne de 4%, mais accroissait le rendement en sucre de 7%.

Pour des variétés distinctes de canne à sucre, différentes réponses au Glyphosate comme maturateur ont été rapportées concernant le rendement, l'humidité des tiges, le Brix, le Pol et la pureté qui sont des paramètres technologiques importants dans le suivi de la maturité des parcelles de canne à sucre.

Bien que le Glyphosate existe sous diverses formulations, lors qu'il est appliqué, on note une augmentation de saccharose dans les tiges de canne à sucre. (VILLEGAS et al, 1993; BENNETT et MONTES, 2003; VIATOR et al, 2003).

Nonobstant ses multiples effets positifs sur l'accumulation de saccharose et le rendement de sucre extractible, le Glyphosate présente quelques effets indésirables :

Le premier est le taux élevé de bourgeons sur des tiges après l'application, laquelle baisse la qualité de matière première ;

Le second est l'effet néfaste sur le rejeton de germination ensuite la moisson des secteurs traités, avec une réduction de talles par mètre. Ce qui dans le temps entraine une productivité plus faible des parcelles (LEITE et CRUSCIOL, 2008). C'est pour cette raison que le Glyphosate est prioritairement utilisé dans des parcelles qui sont à replanter dans les deux ou trois ans qui suivent l'épandage.

Cependant, il y a également des signaux selon lesquels le Glyphosate ne cause aucun effet néfastes en termes de qualité et de productivité, cette perspective reste à explorer (VIANA et al, 2008).

II.3.3. Le Fusilade

Actuellement, nombreux sont les produits employés comme maturateurs de la canne à sucre. Entre autre, on peut citer le Fusilade (Fluazifop-p-butylique). Le Fusilade est un herbicide systémique utilisé préférentiellement pour les graminées. Il occasionne la « mort »

des méristèmes apicaux de la plante, favorisant ainsi la maturation (DONALDSON et VAN STADEN, 1995). C'est l'un des maturateurs avec le Glyphosate utilisé pour la maturation des parcelles à SUCAF Gabon. Ces deux maturateurs sont homologués en zone CEMAC par la commission sous régionale d'homologation des produits phytosanitaires et appareils de traitements dont le Secrétariat permanent est basé au Cameroun.

En termes de posologie, la dose d'application du Fusilade est de 0,13 à 0,35 L/ha (WATSON et STEFANO, 1986) et la parcelle devra être moissonnée dans les quatre (4) à six (6) semaines qui suivent l'épandage.

II.3.4. Hydrazide maléique

De formule 1,2-dihydro-3,6-pyridazinedione c'est un inhibiteur de croissance de plantes qui est considéré comme un agent de maturation pour la canne à sucre. Ce régulateur de croissance cause une perte de dominance apicale principalement chez les monocotylédones. CASTRO et al (1985) ont vérifié que l'application de l'Hydrazine maléique® favorise l'accumulation du saccharose, couplée d'une réduction de croissance de la canne à sucre.

II.3.5. Imazapyr

Il s'agit d'un herbicide systémique non-sélectif qui est absorbé par les racines. Il est rapidement transféré dans le xylème et le phloème au niveau des régions méristèmatiques où il s'accumule.

Son effet diminue le développement et la croissance de la canne à sucre. Le principe est tel que, lorsqu'il est appliqué, les hydrates de carbone synthétisés pendant la photosynthèse ne soient pas utilisés pour le processus de croissance, mais s'accumulent dans la tige au cour de la phase de maturation (LAVANHOLI et al, 2002).

II.3.6. Paraquat

Ce produit est un inhibiteur du photosystème I. Il peut ou ne pas affecter la qualité des tiges industrielles. Son effet est lié à la dose quand il est employé comme déshydratant.

Selon CHRISTOFFOLETTI et al (1993), l'utilisation du Paraquat a amélioré la qualité de la brûlure des champs de canne et a rapporté la matière première avec peu d'impuretés pour utilisation industrielle.

II.3.7. Autres maturateurs

Bien que leur utilisation soit minime, il existe d'autres maturateurs de la canne. Entre

autre on peut citer le groupe des :

Sulfometuron-méthyliques

La dose de produit recommandée pour accélérer la maturation de la canne à sucre est de 15 g/ha à 20 g/ha. Après application, la parcelle traitée peut être moissonnée au bout de 25 à 45 jours.

SYLVA et al (2007) ; LEITE et al (2010) ont montré que l'application des produits à base de Sulfometuron-méthylique n'ont à l'heure actuelle aucun effet dommageables sur le rendement de la canne.

Trinexapac-éthyle

Les composés à base de Trinexapac-éthyle appartiennent au groupe chimique de cyclo-hexanedione. Ils induisent également une accumulation de saccharose dans les tiges au moment de la maturation de la canne à sucre.

Ce régulateur de croissance empêche la synthèse des formes actives de l'acide gibbérellique, une hormone impliquée dans la division et la croissance des cellules, ce qui mène à une diminution de l'accumulation de saccharose (NAKAYAMA et al, 1990; RADEMACHER, 2000).

La dose recommandée pour favoriser le mûrissement est de 200 et 300 g/ha et la parcelle traitée doit être récolté entre 35 et 55 jours après épandage du maturateur.

II.4. Conditions d'épandage de maturateurs

Le traitement maturateur dans le cadre de la maturation forcée de la canne à sucre est aérien, ce qui suppose la prise en compte de certaines conditions qui garantissent le bon déroulement de cette opération culturale qui n'est pas sans danger. Entre autre :

Révision de l'avion avant tout déplacement (s'assurer de son état fonctionnel), vérifier le dispositif d'épandage du maturateur (microaires), et veiller à ce que la cuve de stockage du produit soit à vide avant de la remplir ;

Utilisation des maturateurs homologués et d'un avion habilité à voler, régulièrement contrôlé par les autorités en charge de l'aviation civile ;

Respect de la dose d'application du maturateur, en tenant compte des spécifications mentionnées sur l'étiquette au risque de brûler prématurément la canne. De même, une attention doit être portée sur les consignes données par les pictogrammes;

Le personnel de soutien au sol (mélangeurs, chargeurs et porte-fanion pour orienter le pilote) doit être convenablement formé pour s'assurer que l'opération est sécurisé et sans danger ;

Informer les populations environnantes sur le déroulement de l'opération;

Bonne gestion du planning de maturation des parcelles de sortes qu'il n'y ait pas de personnes dans les parcelles pendant l'opération ;

Conscience professionnelle de la part du pilote ;

Conscience et compréhension des considérations environnementales locales (faire attention aux points d'eaux, végétation particulière, cultures avoisinantes non traitées) ;

Procédures d'urgences en cas d'accidents.

II.5. Effets néfastes de la maturation : risque environnemental

Les questions environnementales sont aujourd'hui au coeur du débat sociétal. Cette prise de conscience se décline en diverses formules : développement durable, biodiversité, gestion des déchets, énergies renouvelables, principe de précaution etc...

En agriculture, notamment dans la filière canne à sucre, l'utilisation des pesticides, même comme maturateurs (pulvérisation U.B.V : Ultra Bas Volume) implique des risques directs pour la santé humaine et les écosystèmes environnants. Les risques sur la santé humaine sont plus élevés dans les climats chauds que dans les conditions climatiques tempérées. Ce constat est dû au fait que sous températures élevées, la circulation du sang dans la peau et les veines s'intensifie et par conséquent les pesticides sont alors absorbés plus rapidement puis transportés vers les organes vitaux du corps.

Sur le plan environnemental, l'épandage des maturateurs présente des risques du fait qu'à l'arrosage, une grande partie du produit n'atteint pas forcement la canne, mais est dispersée par le vent. Ainsi, des points d'eau peuvent être contaminés et des écosystèmes affectés avec la perspectives de présenter un danger pour les populations dans le temps. Ce qui fait que cette opération est de moins en moins utilisée notamment dans des départements français comme la Martinique depuis 1995 où elle est interdite (JORF, 1996.). De façon plus spécifique, les dangers ci après peuvent être relevé :

Une pollution de l'eau.

Des particules du maturateur peuvent se retrouver dans l'eau par ruissellement, notamment les eaux de surfaces (Ruisseaux, marres, étangs...) où l'eau stagne et se pollue rapidement. Raison pour laquelle dans certains pays, l'irrigation de la canne à sucre est proscrite 4 mois après plantation (JORF, 1996.). De plus, les résidus de maturateurs ( 5%) peuvent se retrouver dans le sol, et affecter les nappes phréatiques dans le temps (PROSI, 1997) même si certains herbicides à base d'hormone du type 2, 4-D utilisés depuis près de 40 ans en cannerais sont facilement dissipés par l'action des microorganismes au bout d'une semaine seulement. (FAO, 1994),

Destruction des insectes utiles.

Certains insectes sont utiles à l'homme. Le cas le plus probant est perçu avec les abeilles qui produisent du miel et permettent la pollinisation anémophile de certaines plantes, ce qui contribue à la bonne récolte des productions paysannes environnantes. Or un épandage surtout lorsqu'elles sont en activités notamment en milieu de journée peut affecter leur éthologie. Il en est de même du comportement de certains insectes utiles aussi appelés `'ennemis naturels» des insectes nuisibles.

Résistance.

Un épandage de maturateur lorsqu'il est répété même à une fréquence de l'ordre de l'année peut rendre un organisme nuisible résistant (moins sensible) à l'action des pesticides utilisés. Ainsi, des traitements à base de Round up ou de Fusilade sur les mauvaises herbes peut s'avérer dans le temps difficile bien que cette perspective reste à explorer. De plus des risques de phyto-toxicités sur la canne sont à envisagées, d'où la nécessité de faire un bon usage de ces maturateurs (BERKE, 1984).

Persistance.

Les pesticides de façon générale à moins d'être de molécules allèlochimiques persistent et ne se transforment que très lentement en substances moins dangereuses. Ainsi, les substances qui se dégradent difficilement, s'accumulent dans le sol pour se retrouver, avec le risque de relever l'acidité du sol, surtout pour des pesticides de la catégorie des organochlorés. Il est toujours préférable d'utiliser un pesticide facilement dégradable.

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"L'ignorant affirme, le savant doute, le sage réfléchit"   Aristote