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La carte nationale d'identité dans l'Adamaoua: 1960-2013

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par Gabana Jean Francis
Université de Ngaoundéré - Master Recherches en Histoire 2013
  

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VIII-PROBLEMATIQUE.

L'institution de la carte nationale d'identité au Cameroun après l'indépendance, s'inscrit dans une logique de construction de l'État. Cette pièce d'identité qui semble entrer par effraction dans une société hétérogène régie par les normes et les valeurs traditionnelles a été, dès son avènement, confrontée aux difficultés d'ordre social, politique et administratif dans l'Adamaoua. Difficultés auxquelles les autorités politiques et administratives n'ont pas jusqu'ici trouvé de solutions adéquates. En outre, les années 1960, 1970 et 1980 sont caractérisées par une indolence des populations de l'Adamaoua à l'égard de la carte nationale d'identité. Contrairement, les années 1990 et 2000 sont marquées par une précipitation des citoyens dans les postes d'identification. De ce paradoxe, est née la question de l'acceptation de la carte nationale d'identité dans l'Adamaoua. Quelles sont les raisons qui expliquent la réticence des citoyens vis-à-vis de la carte nationale d'identité pendant les trois premières décennies de son institution et la quête d'une identité officielle à partir des années 1990 dans l'Adamaoua ? Toutefois il sera question de restituer quelques séquences de l'histoire du Cameroun à travers la carte nationale d'identité. Un accent sera également mis sur les éventuelles réactions de la population et les écueils liés à l'établissement de la carte nationale d'identité dans l'Adamaoua.

IX-OBJECTIFS DE LA RECHERCHE.

Le choix d'un sujet comme le nôtre répond à des visées multiples et variées. Il se propose de contribuer au débat sur l'identification officielle au Cameroun avec pour perspective d'aborder une réflexion et des questions pouvant surgir, face à la frustration éprouvée devant les sources inexistantes ou très déficientes au Cameroun. Notre ambition, dans une perspective pratique, consiste à tenter de comprendre le présent à partir du passé relativement récent du Cameroun. Plus spécifiquement, il sera question de :

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- Faire ressortir les repères historiques des pièces d'identité au Cameroun tout en étudiant le contexte d'avènement de la carte nationale d'identité et les différentes modifications qu'a connu ce document.

- Étudier l'identification dans l'Adamaoua et analyser les différentes réactions de la population.

-Faire un bilan de l'identification et relever les écueils de la politique d'identification dans l'Adamaoua.

X-METHODOLOGIE.

Thuillier et Tulard relevaient61 : « Pas d'histoire sans source... ». Nous n'avons pas failli à cette tradition. Le sujet que nous étudions s'appuie amplement sur des sources écrites et les sources orales.

En ce qui concerne les sources écrites, nous avons exploité les documents qui ont un rapport plus ou moins étroit avec le sujet en question. Les sources écrites sont essentiellement des ouvrages, des thèses, des documents d'archives, des mémoires, des lois et décrets, des articles, des rapports et certains journaux.

À cet effet, la recherche des documents écrits a été réalisée dans les bibliothèques de l'université de Ngaoundéré notamment à la bibliothèque centrale, à la bibliothèque de la FALSH et au programme Ngaoundéré-Anthropos. Dans la ville de Ngaoundéré, nous avons consulté les ouvrages à la bibliothèque de SawtuLinjila.

S'agissant des documents d'archives, la collecte des données archivistiques s'est faite aux Archives Nationales de Yaoundé, dans les postes d'identification les plus anciennement créés de la Région de l'Adamaoua, dans les sous-préfectures et dans les commissariats.

L'enquête orale a été menée dans la région d'étude auprès des autorités administratives, militaires, traditionnelles, des personnels des postes d'identification et des populations. Cette catégorisation des informateurs a facilité la collecte des données car, auprès de chaque informateur, nous savions exactement sur quoi conduire

61G.Thuillier et J. Tulard, 1986, La méthode en histoire, Paris, PUF, p. 78.

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l'entretien. La collecte des informations était réalisée à partir des entretiens et des interviews portant sur des questions spécifiques. Cette démarche a un avantage dans la mesure où, elle permet d'entrer en profondeur des problèmes posés afin de saisir la substance du document à étudier. Un autre avantage lié à l'entretien est celui de juger les signes physionomiques de l'interlocuteur. Durant les entretiens, le mutisme des informateurs sur certaines questions soit dit gênantes, permettait de tirer certaines conclusions dans l'attente de leur vérification. Les démarches d'entretien et d'interview étaient adaptées aux stratégies de collecte des informations sur la question de la carte nationale d'identité, les formes de résistances de certaines personnes et les difficultés liées à l'établissement et à l'obtention de cette pièce dans la région de l'Adamaoua.

Une autre contrainte liée à l'adoption de la démarche par échantillonnage est le temps insuffisant accordé à la recherche de terrain. L'on n'a cessé de le dire, le temps du Master est extrêmement court. La péréquation entre le temps de recherche de terrain et l'espace à parcourir est disproportionnée car, la région de l'Adamaoua s'étend sur 63701km2 et compte 16 postes d'identification. Il a été donc nécessaire de procéder par échantillonnage pour réaliser ce travail. Néanmoins, les données orales collectées auprès des informateurs ont été essentielles pour la rédaction de ce mémoire de Master.

Du point de vue de l'analyse des données, nous avons mis en exergue l'approche diachronique et synchronique. L'approche synchronique a consisté à organiser les informations ou les données collectées sur le terrain en centre d'intérêt. Ce qui a facilité dans une certaine mesure la compréhension, l'explication et l'interprétation des faits. Un autre mérite de cette démarche synchronique est qu'elle permet de simplifier les variables pour retenir comme vérité historique, le noyau dur des informations recueillies. Conscient également du fait que, la question de l'identification est un champ culturel, la démarche synchronique a permis de comparer les informations autour d'un centre d'intérêt pour ne retenir que les informations concordantes.

L'approche diachronique a permis de situer chaque fait dans son contexte historique afin de dégager la dynamique de l'établissement des cartes nationales d'identité dans la région de l'Adamaoua. Cette analyse évolutive de l'identification a permis de placer les faits recensés dans leur contexte. De plus, nous avons également associé à la démarche susmentionnée, une approche pluridisciplinaire et

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interdisciplinaire. Les travaux de la sociologie, d'anthropologie, de la science politique, de la géographie et du droit ont été consultés et associés à ce travail.

Au chapitre des difficultés rencontrées dans la réalisation de ce travail, nous avons été confronté aux problèmes de la langue car, nous ne maîtrisons pas le fufuldé qui est la langue principale de communication dans la Région de l'Adamaoua. Pour pallier cette difficulté, nous avons souvent sollicité l'aide d'un interprète. Dans les centres de documentation de la région, il y a un manque criard d'ouvrages spécifiques portant sur l'identification officielle au Cameroun. Quelques travaux académiques, trouvés à Ngaoundéré-Anthropos, portent essentiellement sur l'état-civil. Pour surmonter cette difficulté, les données écrites ont été renforcées par les enquêtes orales réalisées auprès des acteurs de l'identification et auprès des autorités administratives de la région de l'Adamaoua.

L'identification des Camerounais est assurée par la police camerounaise. Dans l'acception commune, la police est un corps muet qui ne se livre pas facilement au jeu de question/réponse qui anime tout chercheur en sciences sociales. Il a été particulièrement difficile de recueillir les informations auprès de la police car, pour qu'un agent parle, il faut au préalable, une autorisation de sa hiérarchie. Tout au départ, on envisageait passer par voie formelle, c'est-à-dire passer par voie hiérarchique notamment les commissaires de police, les chefs de poste d'identification afin qu'ils puissent mettre à notre disposition, les éléments susceptibles de nous renseigner sur les questions essentielles pour la réalisation de ce travail.

Face à cette difficulté, nous avons réorienté notre stratégie de collecte des données en interrogeant ces personnels en dehors de leurs services et de façon individuelle. C'est ainsi qu'on a pu interroger, les agents operateurs de photographie et les chefs des postes d'identification. Une autre difficulté, pas de moindre est celle du manque des moyens de transport dans certains localités de la Région de l'Adamaoua. Ce qui rend particulièrement difficile les déplacements pour la recherche. Le mauvais état des routes reliant certaines villes de la Région et le nombre insuffisant des véhicules font en sorte que, le chercheur ne peut maîtriser son calendrier de recherche car il est soumis aux caprices des automobilistes. C'est ainsi que, nous avons mis deux jours sur le tronçon

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Tibati/Banyo. Le piteux état des véhicules, combiné au mauvais état des routes rendent la recherche tortueuse.

Ce travail réalisé à partir des enquêtes orales et la collecte des sources écrites, souffre du manque des données iconographiques et des synthèses de production des postes d'identification. Cependant, malgré le mauvais état dans lequel se trouvaient certaines archives, nous nous sommes quand même imprégné de leurs contenus.

Toutefois, les données collectées à partir des sources écrites et orales ont été suffisantes pour la réalisation de ce travail. Pour mieux appréhender les données collectées sur le terrain, nous les avons organisés autour de trois chapitres :

Le premier chapitre porte sur l'institutionnalisation de la carte nationale d'identité au Cameroun. Il analyse le contexte d'avènement de la carte d'identité au Cameroun tout en soulignant les différentes modifications qu'a connues ce document d'identité. L'analyse met en relief les procédures et les acteurs d'identification

Le deuxième chapitre porte sur l'identification dans la Région de l'Adamaoua. Il analyse les pratiques d'identification dans l'Adamaoua. Ces pratiques sont conjoncturelles et dépendent de l'évolution de la structure administrative de l'Adamaoua. Ils dépendent également de la politique d'identification au Cameroun.

Le chapitre trois en définitive aborde le bilan de l'identification dans l'Adamaoua. Il analyse l'impact de l'identification dans l'Adamaoua et soulève les questions liées à la politique d'identification.

CHAPITRE I:

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"Je voudrais vivre pour étudier, non pas étudier pour vivre"   Francis Bacon