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Impact de la crise libyenne sur la communauté des états sahélo-sahariens (cen-sad).

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par Olognidé Ronic Enoch AKPONIKPE
Ecole Nationale dà¢â‚¬â„¢Administration et de Magistrature (ENA Bénin) - Licence en Diplomatie et Relations Internationales 2012
  

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Chapitre premier :

L'INFLUENCE DE LA

LIBYE AU SEIN DE LA

CEN-SAD

Réalisé par Olognidé Ronic Enoch AKPONIKPE

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Impact de la crise libyenne sur la Communauté des Etats Sahélo-Sahariens (CEN-SAD)

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La Libye, sous l'impulsion de son leader, s'est fortement impliquée dans la naissance et le fonctionnement de la CEN-SAD, que d'aucuns appellent le « bébé » de Kadhafi, comme ce fut le cas dans toutes les autres organisations dont elle est membre. Ainsi, de l'Union du Maghreb Arabe (UMA) à la CEN-SAD, la Libye a été un chantre de l'Intégration Africaine et c'est ce qui lui accorde autant d'influence au sein de la CEN-SAD.

Nous nous attacherons dans le présent chapitre à exposer dans un premier temps un aperçu de l'emprise libyenne sur la CEN-SAD (section 1) et dans un second temps à dégager les composantes de la déstabilisation de la CEN-SAD à la suite de la crise libyenne qui a emporté l'initiateur et le promoteur de cette dernière, le colonel Kadhafi (section 2).

Section I : L'emprise libyenne sur la CEN-SAD

La participation active de la Libye à la vie des organisations d'intégration africaine et l'implication personnelle du Président Kadhafi dans la création de la CEN-SAD à travers sa vision et ses nombreuses contributions lui ont permis d'asseoir son emprise sur ladite communauté. En cela, la Libye jouit d'une position diplomatique et financière dominante au sein de la CEN-SAD et par ricochet étale son autorité et sa suprématie de sorte à transformer la communauté en un point d'appui pour l'affirmation de son influence dans la partie subsaharienne du continent et même au-delà.

L'objectif de notre premier paragraphe est de présenter l'autorité libyenne dans la création de la CEN-SAD d'une part puis de mettre l'accent sur la manifestation de cette autorité libyenne dans l'univers institutionnel et structurel de la CEN-SAD d'autre part. Nous évoquerons dans un second paragraphe le pouvoir financier libyen dans la CEN-SAD afin de mieux apprécier le poids et la place de la Libye au sein de la communauté avant le déclenchement de la crise libyenne en février 2011.

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Paragraphe 1 : L'influence libyenne dans la création de la CEN-SAD

La présence et les actions de la Libye dans la création, la survie et le fonctionnement des organisations d'intégration africaine et les idéaux défendus par le colonel Kadhafi ont permis à la Libye d'acquérir une grande autorité dans la CEN-SAD dès sa création. Cette autorité sera appréhendée tant dans la genèse de la CEN-SAD (A) qu'à travers son univers institutionnel et structurel (B).

A. La genèse de la CEN-SAD et les raisons réelles de sa création

La création de la CEN-SAD n'est rien d'autre que la concrétisation de l'idée algérienne de créer une organisation comprenant l'ensemble des Etats riverains du Sahara. Cependant, dans la reprise de cette idée par le colonel Kadhafi, celui-ci a omis d'associer l'Algérie. Cette omission de l'Algérie peut être perçue comme l'expression même d'une quête de leadership écartant ou prévenant toute velléité concurrentielle. Le fait pour le colonel Kadhafi de ne pas associer l'Algérie constitue déjà une démonstration de son autorité sur les autres Etats signataires du traité de Tripoli.

Une autre preuve de cette autorité réside dans les raisons inavouées de la création de la CEN-SAD sous la houlette de Kadhafi. En effet, la création de la CEN-SAD est un moyen pour la Libye d'asseoir une autorité sur l'espace subsaharien du continent. C'est donc pour un meilleur positionnement de la diplomatie prééminente de la Libye en Afrique que la CEN-SAD a été créée. Le professeur Frédéric Joël AIVO ajoute que : « c'est cette posture quasi messianique du président Kadhafi qui permet d'expliquer le choix de la Libye d'affirmer son leadership en Afrique et dans le monde au moyen d'une

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organisation aussi ouverte, aussi large et aussi représentative du continent que l'Union Africaine ».

Dans la quête d'un tel positionnement de sa diplomatie, la Libye foulera à ses pieds les textes et les idéaux qui sont à la base de la création de la communauté. C'est le cas de la liberté de circulation des personnes, des capitaux et des intérêts des ressortissants des Etats membres. C'est surtout le cas de la liberté de séjour, de propriété et d'exercice d'activités économiques des citoyens des pays membres de la communauté. Mais la plus grande violation des textes, même si elle profite à certains Etats dont le Bénin, est relative à l'élargissement concurrentiel de l'espace communautaire en principe exclusiviste et fermé au gré du Président Kadhafi.

Cependant, analysée au-delà du métissage qui caractérise sa composition, la CEN-SAD est, en réalité, génétiquement une organisation exclusive et fermée. En principe, son adhésion devrait être réservée seulement aux États ayant en partage le Sahel et le Sahara. Dans ces conditions, on imagine mal comment, et sans difficultés, elle serait ouverte, en qualité d'États membres, aux pays insulaires ou encore à ceux implantés à proximité de la forêt équatoriale. Ainsi, comme l'indique sa dénomination, la Communauté des États sahélo-sahariens ne peut être une organisation continentale. Elle ne peut non plus être, stricto sensu, une organisation sous régionale au sens des communautés et unions chargées de conduire, selon la formule du professeur Mahiou, « les intégrations régionales préalables »6. Il est alors tout indiqué de faire observer qu'« il n'est pas rationnel de mettre les divers regroupements régionaux sur le même pied d'égalité »7, car tout en étant une organisation du générique « sous régional », la CEN-SAD n'est pourtant structurellement pas du même type que les autres entités sous régionales, a fortiori l'Union

6Lire l'analyse du professeur Mahiou consacrée aux logiques et dynamiques d'intégration régionale en Afrique à travers notamment l'action de la Communauté économique africaine (op. cit., pp. 798-819). 7 In LA COMMUNAUTE DES ETATS SAHELO SAHARIENS (CEN-SAD) : ACTEUR COMPLEMENTAIRE OU CONCURRENTIEL DE L'UNION AFRICAINE ? Frédéric Joèl AIVO. Annuaire française de droit international. LV-2009-CNRS éditions, Paris. P 474.

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africaine. Plutôt subrégionale, elle est une organisation qui a donc vocation à n'accueillir et ne fédérer que quelques États du continent, sans doute provenant d'aires géographiques et de sous-régions diverses, mais essentiellement sahélo-sahariens. La nature « subrégionale »8 de la CEN-SAD est ainsi théoriquement conditionnée par sa vocation non continentale et juridiquement encadrée par son propre acte de naissance. Ce qui n'est pas sans rapport avec la dynamique formellement complémentaire et non concurrentielle de son action.

Normalement, à l'instar des organisations sectorielles, la carte de l'espace communautaire de la CEN-SAD découle de l'adjectif « sahélo-saharien » contenu dans sa dénomination et précisé dans le préambule du traité portant création de la CEN-SAD. Ainsi, l'organisation ne devrait-elle s'ouvrir en principe qu'aux Etats désignés par la géographie et qui juridiquement exercent une souveraineté sur une portion de la zone ainsi désignée. Autrement dit, ne devront être membres de la CEN-SAD que les Etats établis sur l'aire géographique du Sahel et du Sahara. Ce principe respecté, on n'aurait pas plus de douze Etats membres dans cette communauté ; on aurait principalement l'Algérie, le Burkina Faso, l'Egypte, la Libye, le Mali, le Maroc, la Mauritanie, le Niger, le Sénégal, le Soudan, le Tchad et la Tunisie.

C'est donc l'exercice de l'autorité dont jouit la Libye au sein de la CEN-SAD et la soif d'influence de son ex leader dans sa perpétuelle quête d'avoir un espace qu'il maîtrise et qu'il dirige à sa guise qui ont conduit à l'élargissement anarchique de la communauté et par ricochet de sa zone d'influence. Une telle autorité et liberté de prendre des actes selon ses humeurs, son bon vouloir et de faire adhérer qui voulait devenir membre de la communauté et en formulait la demande, a fini par assimiler la Libye au seul maître à bord de la communauté.

8 Le professeur Joël AIVO,in « Communauté des Etats Sahélo-Sahariens (CEN-SAD) : acteur complémentaire ou concurrentiel de l'Union Africaine ? CNRS édition, Paris, 2009.

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Enfin, sachant dès la création de la CEN-SAD ce en quoi lui serait profitable cette organisation qui se veut intégratrice, la Libye a mis toutes les chances de son côté en respectant tous les engagements pris dans le cadre du bon fonctionnement de la communauté. Afin de ne rien avoir à se reprocher ou pour éviter d'être indexée par les observateurs, elle s'est empressée de mettre toutes les machines étatiques internes à contribution. C'est dans ce cadre que, grâce à son pouvoir législatif interne, la Libye a ratifié presque tous les accords et conventions de la CEN-SAD comme en témoigne le tableau de l'état des accords et conventions CEN-SAD au 20 janvier 2010 (voir annexe III). Mais, comme le souligne le Secrétaire général de la CEN-SAD, Mohamed AL-MADANI AL-AZHARI, « parmi les textes adoptés depuis la création de la Communauté, en dehors du Traité Constitutif, aucun n'est définitivement entré en vigueur du fait de l'insuffisance du nombre requis de ratifications »9.

Pour expliciter cette réticence des Etats à ratifier les textes, une étude menée en 200810 a révélé que la plupart des Etats membres évoquent des difficultés internes de ratification. Or, en réalité, la plupart des Etats ne déclenchent même pas à l'interne la procédure conduisant à la ratification des accords. Pour illustration, nous avons le cas du Bénin qui n'a jamais pris un décret de transmission à l'Assemblée Nationale pour la demande d'autorisation de ratification des accords signés dans le cadre de la CEN-SAD.

La Libye étant le seul Etat à avoir ratifié presque tous les accords, se présente comme un modèle. Ainsi, forte de cette position, elle exprime son autorité dans la CEN-SAD, persuadée que nul ne pourra lui reprocher un manquement à ses devoirs de membre.

L'autorité libyenne au sein de la CEN-SAD ne se manifeste pas seulement au niveau de son élargissement mais également à travers l'univers institutionnel et structurel de la communauté.

9In Rapport annuel d'Activités du Secrétaire général (juin 2007 - mai 2008) p.70.

10 DONKPEGAN Christel Fourier : « la CEN-SAD en dix ans d'existence : problèmes et perspectives. »

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"Ceux qui vivent sont ceux qui luttent"   Victor Hugo