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à‰tude des facteurs de dégradation de la forêt communautaire de Kandia dans le département de Vélingara et stratégie de gestion.

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par Moussa Mamadou BALDE
Gaston Berger de Saint-Louis (Sénégal) - Master 2 2012
  

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2. Le climat

Le climat est l'un des composants qui permet d'expliquer la dynamique du milieu naturel. Il exerce une forte influence sur le type de végétation, la biomasse et les types de sols. Selon Escourrou G. (1980 cité par Cissé A., 2008), l'explication du climat d'un lieu nécessite de s'intéresser à des échelles plus vastes avant de prendre en compte certains facteurs locaux. Dans la communauté rurale de Kandia, les éléments du climat sont à l'image de ceux qui s'observent au niveau de la région de Kolda.

C'est ainsi que le climat est de type soudanien, avec deux saisons contrastées : la saison sèche de novembre à mai et la saison des pluies de juin à octobre. De novembre à janvier, la région est balayée par l'alizé continental communément appelé harmattan, qui est un vent chaud et sec. De mai à juillet, l'anticyclone saharien se mue en dépression. Ceci permet l'irruption à partir de juin de l'alizé maritime issu de l'anticyclone de Sainte-Hélène dans l'hémisphère sud. Ce vent chaud et humide souffle sur la région jusqu'en octobre novembre.

Il est communément appelé mousson. La mousson, humide de son long parcours océanique, est responsable des pluies continues d'Août et de Septembre. D'une manière générale, la pluviosité augmente d'est en ouest et du nord au Sud (PAER, 2007). Les températures relativement élevées tournent autour d'une moyenne de 28°, avec de fortes amplitudes thermiques. Les températures sont très fortes et s'accompagnent d'une évapotranspiration importante. Mais intéressons- nous aux différents éléments du climat durant ces dernières années pour avoir une idée de son évolution et ainsi tenter de comprendre ses impacts sur le couvert végétal.

2.1 La pluviométrie

La pluviométrie est considérée comme un facteur essentiel qui permet aux paysages végétaux non seulement de se développer mais aussi d'être dans les conditions optimales de régénération pour satisfaire les besoins de l'homme. L'eau est à la base de la vie sur terre : «Sans elle, rien ne pousse. Sans elle, la vie n'est pas possible pour une raison précise : c'est avec l'eau que les autres éléments de la terre s'associent pour constituer la matière vivante

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végétale, animale et humaine. »6 Ces mots montrent le rôle indispensable de l'eau dans la vie humaine mais également celle des végétaux. Les précipitations sont d'une importance capitale pour la végétation car ce sont elles, qui différencient les milieux biogéographiques ; sans eau, il n'ya pas de végétation. La baisse de la pluviométrie entraine une fragilisation du couvert végétal qui devient progressivement plus mince et plus clairsemé dans les milieux arides. On parle d'aridification du milieu.

Ainsi l'analyse des données pluviométriques recueillies à la station de Vélingara qui couvre notre zone d'étude montre une répartition qui est irrégulière dans le temps. Dés lors, il semble intéressant de voir le comportement de cette série dans le temps.

Graphique 2 : Evolution des précipitations à la station de Vélingara de 1995 à 2010

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1995199619971998199920002001200220032004200520062007200820092010

Années

P(mm)

Source : d'après les données de l'A.N.A.M.S

L'analyse de la figure 2 montre que l'évolution de la pluviométrie entre 1995 et 2010 à la station de Vélingara alterne des périodes de déficits et d'excédents par rapport à la moyenne de la série. Ainsi on observe 7 années (1995, 1997, 2000, 2001,2002 ,2006 et 2007) qui sont déficitaires. On note également que durant cette même période, certaines années ont enregistrées des totaux pluviométriques qui dépassent les 1000mm. C'est le cas en1999, 2003, 2004,2009 et 2010. Cette situation confirme le caractère irrégulier des précipitations dans le temps et dans l'espace. La moyenne de la série est de 896.5mm. Cependant elle cache

6 Dupriez H. et Leener Ph., 1990. Les chemins de l'eau : ruissellement, irrigation, drainage (manuel tropical), L'harmattan, 380p.

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des disparités importantes avec des extrêmes qui varient de 609.2mm en 2001 à 1316.1mm en 1999.Donc on remarque une baisse notable de la pluviométrie après l'année record de 1999.

La comparaison de ces chiffres par rapport à la moyenne fait apparaitre un excédent de 46,8% (écart moyen relatif) pour la même année et un déficit hydrique de l'ordre de 31,07% en 2001. Cette fluctuation des pluies dans la zone n'est pas sans conséquences pour le couvert végétal. En effet selon Dupriez Hugues et Leener Philipe (1990) « Les plantes ne réagissent pas en fonction de normes ou de moyennes de pluies annuelles ou mensuelles, mais bien en fonction des quantités d'eau disponibles au jour le jour dans le sol raciné. » Or ces quantités disponibles sont mal réparties à travers les années et particulièrement durant l'hivernage. Dans le massif forestier de la C.R de Kandia, l'essentiel des pluies se concentre durant les mois de juillet, d'août et de septembre. L'étude de l'évolution des cumuls pluviométriques enregistrés durant ces mois peut nous éclairer davantage sur le caractère irrégulier de cet élément du climat.

Graphique 3 : Comparaison des courbes d'évolution des précipitations durant les mois de juillet, d'août et de septembre.

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1995 1996 1997 1998 1999 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010

JUILLET AOUT SEPTEMBRE

Source : d'après les données de l'A.N.A.M.S

Ce graphique représente l'évolution de la pluviométrie durant les mois les plus arrosés de l'année : la courbe du mois de juillet est en bleu ; celle d'août en rouge et le mois de septembre en vert clair.

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L'observation des courbes permet de constater une évolution très variable de la pluviométrie pendant les mois de juillet, d'aout et de septembre durant cette période. En effet, on remarque des pics qui correspondent à des maximums de précipitations pour le mois d'août. Il s'agit de des années 1996, 1999, 2003 et 2009 avec respectivement 570mm ; 574mm ; 459mm et 479mm. On note que la quantité record de pluie tombée (574mm) correspond à l'année 1999 où l'on a assisté au maximum de précipitations dans la zone avec un total estimée à 1316mm. Il existe donc une corrélation entre les quantités de pluies tombées au mois d'août et le cumul pluviométrique annuel. D'ailleurs c'est durant ce mois que les quantités de pluies les importantes sont enregistrées pour la période 1995-2010. Cette situation s'explique par le fait que cette période correspond au milieu de l'hivernage. Toutefois, on note qu'en termes de moyennes enregistrées pour la période c'est-à-dire 19952010 c'est le mois de juillet qui est le plus arrosé avec une moyenne de 373mm, août 324mm et septembre 215mm. On remarque une baisse des précipitations annonçant le retrait progressif du front intertropical (FIT) responsable de la pluviométrie.

Au total une étude approfondie des différentes courbes montre des variations parfois importantes au cours des années. On retrouve une alternance des périodes d'excédents pluviométriques et de déficits.

On retiendra en ce qui concerne les différentes courbes : pour le mois d'août, la tendance est à la baisse des quantités de pluies observées. Il y'a un raccourcissement de la période des précipitations qui se concentrent vers la 2eme quinzaine du mois. Quant aux mois de juillet et de septembre, on constate une tendance stable sinon légèrement à la hausse des précipitations. Cette situation peut s'expliquer par le fait que le mois de juillet est souvent considéré comme un mois très pluvieux ainsi que celui de septembre sans une longue période de repos ou d'accalmie de la pluie. Par contre pour le mois d'août, on constate chaque année une période d'arrêt des précipitations qui ne reprennent que vers la fin du mois. Globalement, il faut dire que ces différentes observations dépendent des caractéristiques pluviométriques de chaque année.

Ainsi, ce phénomène de déficit hydrique d'une année à l'autre oblige les végétaux à développer des stratégies d'adaptation face ces conditions hostiles du milieu. C'est ce qui fait qu'on observe en saison sèche un stress de la végétation dans la forêt communautaire de Kandia. Ce qui conduit à une perte des feuilles pour la majorité des arbres durant les mois les plus secs de l'année. Les photos suivantes illustrent bien le phénomène de perte des feuilles observé dans le massif forestier. En effet, il s'agit d'une végétation caducifoliée.

Photo1 : Feuilles d'arbres sèches Photo2 : Phénomène de stress végétal

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Clichés : Baldé M. M., juin 2013

 
 

Ces deux photos ont été prises durant le mois de juin dans la forêt communautaire de Kandia. On observe sur la première des feuilles d'arbres sèches qui jonchent le sol à cause du manque d'eau. La deuxième montre un stress végétal des arbres qui sont dépourvus de leurs feuilles. Pourtant, les premières pluies étaient déjà enregistrées. Mais cela n'a pas encore changé l'état de la végétation. Il faut que noter la saison sèche est une période très longue et chaude éprouvant ainsi durement la végétation.

Concernant le manque d'eau pour la végétation, DIAW A. T. (sous la direction)7 note que « La végétation souffre énormément de ce déficit pluviométrique très accusé qui correspond, en réalité, à des changements très visibles dans l'aspect, la composition et la biologie des formations forestières qui font ressortir un net rapport de causalité» . En outre, Monique Mainguet (1985) identifie un certain nombre de signes de vulnérabilité du couvert végétal observés lors de la sécheresse des années 1970. Cette vulnérabilité s'exprime par :

- un départ retardé de la feuillaison ;

- un retard dans l'apparition des fruits ;

- une chute précoce des feuilles, donc une durée de la période de feuillaison réduite pour certaines espèces ;

- une diminution du pourcentage et de la période de floraison ;

- une réduction du poids de matière sèche, de la production foliaire en particulier pour les arbres les plus jeunes entre autres.

Ceci montre l'importance de l'eau pour la végétation c'est-à-dire sa disponibilité en quantité suffisante pour le maintien normal des organismes vivants. Dans ce même ordre d'idées, selon les auteurs de l'étude sur la péjoration climatique et la dégradation des formations forestières en Haute- Casamance « Ce déficit hydrique profond et prolongé amplifie les effets de

7 DIAW A. T. non daté (sous la dir.). Péjoration Climatique et dégradation des formations forestières en Haute Casamance (Sénégal) ,40p.

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l'évaporation, aggrave le déficit de la vapeur d'eau dans l'atmosphère et accroît la transpiration des végétaux surtout en saison sèche. Cette situation est en partie à l'origine de la réduction de la floraison, de la feuillaison et de la fructification ». Par ailleurs, d'après Demangeot (1992 cité par A. Cissé, 2008), les formations forestières ne peuvent exister que lorsque les conditions climatiques fournissent un minimum de précipitations et de vents pas violents, par conséquent, si ce minimum n'est pas atteint, l'écosystème se dégrade. Ceci conforte l'idée selon laquelle le déficit pluviométrique est en partie responsable de la dégradation de la forêt communautaire de Kandia. Mais l'évaporation a également sa part de responsabilité dans ce processus.

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"Aux âmes bien nées, la valeur n'attend point le nombre des années"   Corneille