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à‰tude des facteurs de dégradation de la forêt communautaire de Kandia dans le département de Vélingara et stratégie de gestion.

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par Moussa Mamadou BALDE
Gaston Berger de Saint-Louis (Sénégal) - Master 2 2012
  

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1.2. Lien entre agriculture et dégradation du couvert végétal

Si l'agriculture est la première activité qui fournit aux populations les ressources alimentaires et financières dans la communauté rurale de Kandia, il n'en demeure pas moins qu'elle reste un facteur de dégradation de l'environnement. En effet, le lien entre croissance démographique et dégradation du couvert végétal a été souligné par de nombreux chercheurs. Le rapport sur l'état de l'environnement au Sénégal (2005) souligne que « la pression humaine se traduit principalement par des pratiques culturales ou pastorales inadaptées ».Pour le plan d'action environnemental régional (PAER, 2007) cette pression se traduit en termes de défrichements abusifs et de dégradation des sols. Ce qui représente une menace pour la viabilité des systèmes de production.

Ainsi dans la Communauté rurale de Kandia, on observe ce type de pratiques agricoles. Il y'a une croissance démographique importante qui entraine une extension des champs à travers les défrichements. Le rapport du ministère de l'environnement et de la protection de la nature (MEPN) de 2005 estime que cette expansion agricole est due par les faibles performances de l'agriculture, la dégradation des sols et la nécessité de nourrir une population de plus en plus pauvre et à forte croissance démographique. D'ailleurs la population de la C.R de Kandia est passée de 18.111 habitants en 2004 à 22.582 habitants (PLD de Kandia, 2011). Les villages les plus peuplées se trouvent au nord de la C.R et entourent la forêt communautaire. La zone de Doubirou regroupe 43% de la population rurale de Kandia avec un taux d'occupation des sols de 70% (POAS de Kandia, 2012).

Cette situation constitue un facteur potentielle de défrichement et donc de déforestation. D'ailleurs ce qui est étonnant, c'est que dans le cadre de l'élaboration du POAS, la zone où se trouve la forêt communautaire de Kandia est classée en ZAPA (zone agropastorale à priorité agricole) et en ZAPE (zone agropastorale à priorité élevage). On remarque donc une contradiction flagrante entre la perception des populations et la volonté des autorités locales.

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En effet on peut s'interroger sur l'avenir de cette forêt communautaire dés lors qu'elle n'est pas prise en compte dans le plan d'occupation et d'aménagement des sols élaboré avec la participation des populations locales. Mais intéressons-nous aussi à l'organisation sociale de l'agriculture.

L'organisation de l'agriculture dans la zone permet d'identifier deux types de champs : les champs collectifs et les champs individuels. Les champs collectifs servent à l'alimentation de la famille en général. On y cultive essentiellement du sorgho, du mais ou du mil. Leur superficie varie en fonction de la taille de la famille. Ils sont appelés « maaru »10. Le « Kamagna »11 , quant à lui est le champ individuel. Il permet de satisfaire les besoins financiers par la vente de la récolte. Ici, plus le nombre de personnes de la maison est important, plus les superficies emblavées le sont aussi. L'augmentation de la population se traduit par une déforestation dans le but de trouver des terres à l'ensemble des personnes en âge de pratiquer l'agriculture au sein du ménage. Il y'a alors un phénomène de réduction des superficies cultivables ainsi que les jachères. Pour avoir une idée plus précise sur la question, nous avons mené des enquêtes auprès des populations en 2013 (graphique 7).

Graphique 7 : Types d'occupation en fonction des personnes interrogées

Propriétaire

Héritage

Cédée par le mari Champ familial Defrichement Héritage+défrichement

Source : Enquêtes de terrain

10 Nom qui désigne le champ collectif en milieu peul et sert de nourriture à la famille.

11 Champ individuel permettant au propriétaire de trouver des ressources financières par la vente de la récolte

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L'examen du graphique 7 montre les différents types d'acquisition de la terre par les populations. On remarque que 28% des personnes interrogées ont hérité leurs champs de leurs parents. C'est la proportion la plus importante, suivi de ceux qui affirment qu'ils sont les propriétaires de leurs terres, soit 24% de l'effectif total. Il apparait que l'essentiel des femmes interrogées ont obtenu leurs champs par « don du mari ». Ce qui met en lumière la difficulté des femmes à accéder à la terre en dépit de leur droit reconnu par la loi sur le domaine national.

L'occupation du sol par les deux modes d'acquisition : héritage+ défrichement représente 10%. Ce taux signifie que l'extension des terres de culture pour faire face à la croissance démographique ne connait pas encore des proportions démesurées.

En effet, pour la plupart des ménages interrogés, il ressort que l'augmentation de la population n'a pas eu comme effet une extension des champs de culture. Les personnes interrogées affirment qu'elles n'ont pas défriché de nouveaux terrains depuis plusieurs années. Selon elles, le fait de demander une autorisation préalable au niveau du conseil rural rend la situation plus compliquée. En effet, depuis l'adoption de la loi 96-07 du 22 mars 1996 portant transfert de compétences aux collectivités locales, on assiste à un renforcement des pouvoirs du conseil rural en matière de gestion domaniale. Désormais, les populations rurales doivent formuler une demande d'affectation adressée au président du conseil rural pour l'obtention d'une autorisation de mise en valeur de la terre. Toutefois, on note qu'il y'a un décalage entre ce que disent les textes de lois et la pratique sur le terrain. En effet, durant les enquêtes menées, certaines personnes ont avoué qu'elles n'étaient pas informées de ces dispositions relatives au foncier et s'adonnent à des défrichements non autorisés (photos 6 et

7). Photo 6 Photo 7

Photo 6 : Défrichement à des fins agricoles dans la zone de Doubirou, cliché BALDE M. M., 2013

On observe à travers ces images une déforestation pour un nouveau champ plus riche. Le bois mort jonche le sol. Les cendres témoignent ici de la pratique de l'agriculture sur brûlis.

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Ces images montrent qu'en dépit de l'interdiction de défricher à des fins de cultures sans l'autorisation du conseil rural, qu'il existe encore des pratiques qui font fi de cette mesure. Pourtant le chef de la délégation spéciale qui est au sein du conseil rural, nous confiait que les demandes de défrichement concernaient « des régularisations, en général ne dépassent pas 4ha ». En se rendant sur le terrain, on se rend compte que la situation est différente de celle qui est décrite par les autorités locales. Globalement le phénomène de recul du couvert végétal est plus accentué dans la partie Nord du massif forestier. On observe une distance plus importante entre les champs et le village (1,5à 2km) alors que la moyenne autour du massif est de l'ordre du kilomètre. C'est dans ce secteur que l'érosion éolienne est la plus manifeste car c'est un espace « désert ». Ce constat s'explique d'une part par le poids démographique de cette zone et d'autre part, par les moyens dont disposent ces populations en termes de possibilité de mise en valeur des terres.

En fait, ces villages sont habités par des sarakholés qui disposent des tracteurs et des moyens financiers conséquents pour cultiver des superficies relativement importantes en comparaison avec le reste de la Communauté rurale de Kandia. Ce sont des villages qui ont la chance d'avoir beaucoup d'émigrés et ces derniers à la veille de chaque hivernage envoient à leurs familles de l'argent pour l'achat d'intrants et aussi pour payer les services d'un tracteur. Il s'agit de Doubirou (village le plus peuplé de la C.R), Djida, Lambatara et Médina Mari Cissé.

Il est intéressant de mentionner que c'est dans ces localités que les ventes frauduleuses d'engrais ont lieu. Cela s'explique par le fait que certaines personnes n'ayant pas de ressources financières suffisantes pour assurer l'alimentation de leur famille en période de soudure, préfèrent détourner ces intrants pour les revendre à ces populations à des prix plus chers.

Une autre raison est que les villages situés dans cette partie Nord de la communauté rurale de Kandia ne bénéficient pas de l'engrais car la distribution de cet intrant obéit à la condition de cultiver du coton qui est commercialisé par la SODEFITEX. Or ces populations ont pour principales spéculations les cultures vivrières comme le mil, l'arachide, le maïs entre autres ; d'où la nécessité de recourir à l'achat d'engrais pour améliorer la fertilité des sols en dépit de la présence de cheptels bovins importants.

Par ailleurs, les résultats des enquêtes semblent montrer que la diminution de la durée des jachères est de plus en plus observée au sein des terres de cultures.

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En somme, l'analyse des informations recueillies sur le terrain aux moyens d'enquêtes et d'entretien dans la C.R. de Kandia permet de confirmer le rôle néfaste de l'agriculture pour le maintien de la végétation en termes de superficie dans un contexte de croissance démographique. D'ailleurs, on assiste à une réduction de la superficie du massif forestier au profit de l'extension des champs de cultures.

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