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à‰tude des facteurs de dégradation de la forêt communautaire de Kandia dans le département de Vélingara et stratégie de gestion.

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par Moussa Mamadou BALDE
Gaston Berger de Saint-Louis (Sénégal) - Master 2 2012
  

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3.3. Les feux de brousse

Les feux de brousse constituent un fléau au Sénégal comme dans les autres pays du Sahel. Ils sont reconnus comme une des sources principales de dégradation des ressources forestières (Decleire, 1999). 14 D'après lui, différentes études basées sur le suivi des placettes permanentes ont permis de constater que les zones affectées par les feux de brousse de façon répétée se caractérisent par :

- une diminution progressive de la diversité des essences représentées et des potentialités de régénération des essences plus sensibles au feu

- des dégâts de feu plus important sur les arbres de petits diamètres

- une plus grande diminution du stock de bois vivant et du stock de bois mort sur pied dans les forêts les plus dégradées

- une plus grande proportion d'arbres morts sur pied dans les savanes arborées moins dégradées.

Toutefois, Michel Petit (1990) nous apprend que les feux de brousse ou d'herbe sont l'objet de controverses et possèdent une double fonction :

- débarrasser le sol du feutrage que constitue l'accumulation sur place de matière sèche qui ralentit ou élimine les jeunes pousses ;

- nettoyer le sol des animaux nuisibles.

Mais il note que le vrai problème se trouve dans les excès car le feu est indispensable. Car au-delà des effets directs causés par les feux, leur répétition est à l'origine d'une évolution régressive des superficies boisées. Cette évolution se traduit par un dégagement de chaleur qui accroit la vitesse de minéralisation de la matière organique qui perd ainsi son rôle stabilisateur : « la destruction des agrégats organo-minéraux, qui favorisent l'infiltration, rend les sols battants. De la même façon, la chaleur entraine un durcissement superficiel qui s'oppose à la pénétration des eaux lors des premières averses. Ce qui fait qu'on observe un accroissement du coefficient de ruissellement pernicieux en saison des pluies ».

14 Il s'agit d'une étude menée par Yanek Decleire en novembre 1999 pour l'ONG allemande GTZ sur le développement de la gestion des feux de brousse au Sénégal

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Ainsi à travers ces deux auteurs, il ressort que les feux de brousse présentent des effets dangereux pour le couvert végétal. On peut même dire que les feux de brousse constituent un indicateur de désertification dans la mesure où il s'attaque principalement à la biomasse végétale et les arbustes. En effet, l'ampleur du feu est souvent fonction de l'importance de la biomasse végétale. Le Centre de Suivi Écologique (1999)15 estime que dans les zones de grand incendie, la quantité de biomasse mesurée à l'hectare dépasse les six tonnes par endroits. C'est ce qui explique que la majorité des incendies repérés au Sénégal sont localisés dans la partie Sud et Sud-est du pays. Selon ce même document, la densité de la végétation dans la partie sud du territoire peut justifier la fréquence et le caractère violent des incendies qui surviennent parfois lors des préparations agricoles. Toutefois, selon le rapport du MEPN de 2005, en zone soudanienne, l'impact de ces feux sur la strate herbacée est moindre. En effet, des études faites sur les effets des feux de brousse dans la communauté rurale de Bandafassi, en savane soudanienne, montrent qu'en dépit de la destruction de la couverture herbacée, la végétation se reconstitue quelle que soit la période de mise à feu (Diatta, 1998 cité par le même rapport).

D'après les observations de terrain, on peut dire que le massif forestier de Kandia présente des conditions écologiques favorables à l'émergence d'incendies violents. Cette partie de la communauté rurale de Kandia n'échappe pas à cette situation. Elle est soumise à des feux de brousse répétées et particulièrement violents. A ce titre, selon les enquêtes de terrain, les feux de brousse apparaissent comme la deuxième cause de dégradation du massif forestier (voir graphique 8). D'ailleurs, certains villages sont souvent victimes de ces incendies. Notons au passage que c'est durant les mois de janvier et de février que le pic des feux de brousse qui ravagent des centaines de milliers d'hectares de terres propices à l'agriculture est atteint (ibid.).

Photo 16 : Photo 17 :

15 Il s'agit d'une étude menée par Y. Decleire en 1999 sur le développement de la gestion des feux de brousse au Sénégal et qui a cité le Centre de Suivi Écologique.

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On voit ici que la couvert végétale est détruite ainsi le tapis herbacé par les flammes qui ont tout balayé sur leur passage dans la forêt communautaire, cliché BALDE M. M., 2012. Pourtant, beaucoup d'efforts de reboisement avaient été accomplis par les populations riveraines appuyés par le service des eaux et forêts de Vélingara.

Mais on peut s'interroger sur les causes de ces feux ?

Il existe une littérature assez importante sur les feux de brousse. On retiendra que l'analyse des causes de feux renvoie toujours à la présence d'activités humaines. Les feux de brousse sont très liés à certaines formes de mobilité qui relèvent des activités humaines, à travers des modes de vie, de mise en valeur de l'espace ou d'appropriation des biens et des ressources naturelles. Cette observation est corroborée par l'importance relative des zones brûlées dans les parties du Sénégal les plus concernées par ces stratégies de mobilité (Ferlo, Sud-est et frontières) et leur faible ampleur dans le quart occidental où la sédentarisation est plus marquée. 16

Ajoutons que parmi les modes d'appropriation des ressources, la récolte du miel est souvent citée comme étant une des causes principales des feux de brousse dans la C.R de Kandia. Mais il y'a aussi les exploitants forestiers qui sont responsables de ces incendies. Ce qu'on remarque dans la zone, c'est que ces derniers passent la journée dans la forêt à couper des troncs d'arbres. Et le plus souvent, ils profitent pour faire du thé en allumant du feu. Parfois, ce feu allumé est laissé pendant plusieurs jours sans être éteint. D'où l'apparition d'incendies incontrôlés. En outre, la mobilité des personnes autour des marchés hebdomadaires (loumas) et la dispersion subséquente qui y suit sont considérées comme un risque potentiel d'incendie.

Or la communauté rurale de Kandia entretient des relations très dynamiques avec la Gambie.

Ces relations sont fondées sur des échanges commerciaux rendus possibles grâce à l'existence de deux marchés hebdomadaires en territoire gambien mais accessibles aux sénégalais. Cette situation peut être un élément qui participe à la recrudescence des feux dans la forêt communautaire de Kandia. Ceci est renforcé par le fait que lors de notre première visite de terrain au moins de décembre, le phénomène des feux de brousse n'était pas encore perceptible. Mais nous avons été surpris de constater lors du second séjour de terrain que les flammes avaient emporté tout sur leur passage alors que cette zone était pourtant à l'abri des

16 Centre de Suivi Écologique cité par Y. Decleire en 1999

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feux depuis plus de 4 ans. Ce qui a anéantit tous les efforts qui avaient été menés par le service des eaux et forêts de Vélingara, les autorités communautaires et les populations environnantes. L'objectif était de sauvegarder cet écosystème en incitant les populations à effectuer des campagnes de reboisement et à entretenir les espèces reboisées par l'établissement de pare-feux. La violence de l'incendie a tout détruit. C'est toute la particularité des feux de brousse qui ont le pouvoir de détruire des années d'efforts en quelques minutes au détriment de tous ceux qui tiraient leur subsistance de cet espace. Dés lors, les feux de brousse dans la communauté rurale de Kandia doivent faire l'objet d'une attention particulière de la part des populations pour sauvegarder les efforts consenties dans le cadre de la préservation de l'environnement et des ressources naturelles.

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"Les esprits médiocres condamnent d'ordinaire tout ce qui passe leur portée"   François de la Rochefoucauld