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à‰tude des facteurs de dégradation de la forêt communautaire de Kandia dans le département de Vélingara et stratégie de gestion.

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par Moussa Mamadou BALDE
Gaston Berger de Saint-Louis (Sénégal) - Master 2 2012
  

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3. Quelle perspective de gestion des ressources forestières dans le cadre du

développement durable ?

Tout d'abord rappelons que les ressources naturelles renouvelables (ressources aquatiques, ligneuses, halieutiques, cynégétiques, pastorales, produits forestiers non ligneux, etc.) se caractérisent par le fait qu'elles sont prélevées mais non produites. Dès lors, l'homme n'a que peu de moyens de peser sur les volumes disponibles, qui découlent essentiellement de la productivité de l'écosystème en question (sauf de façon indirecte, par protection). Une exploitation durable passe essentiellement donc par le contrôle des prélèvements, qui doivent rester inférieurs à la productivité de l'écosystème. D'où les débats sur la façon de contrôler ce taux de prélèvement, d'autant que, le « stock » étant limité, les ressources sont de type « soustractif » : tout ce qui est prélevé par un individu ne pourra pas l'être par un autre, d'où une concurrence entre usagers potentiels (Ph. L. Delville)19.

On peut essayer de s'appuyer sur des expériences de gestion menées ailleurs pour poser quelques pistes de réflexion. Au demeurant, précisons qu'on ne prétend pas jouer le rôle de consultant mais plutôt d'apporter une réflexion sérieuse sur la question car c'est un des défis qui se posent aux décideurs. Notons qu'il existe une diversité des formes de participation communautaire à la gestion des ressources naturelles qui ont fait leur apparition aux quatre coins du continent au cours des vingt dernières années (Roe D., Nelson F. et Sandbrook C. (sous la dir.), 2009 .

Cependant, dans le cadre d'identifier des pistes de solution pour une gestion durable des ressources forestières, on peut en premier lieu se référer aux différents projets et programme menés à l'échelle de la région de Kolda. Il s'agit particulièrement du Plan d'action pour l'aménagement forestier et l'approvisionnement durable en combustibles domestique élaboré par le conseil régional de Kolda pour la période 2013-2017.Ce plan est adossé à la Nouvelle politique forestière du Sénégal, évoquée un peu plus haut et au Plan d'action environnemental régional (PAER) qui sont des outils importants, des cadres stratégiques pour une gestion durable des ressources forestières de la région. Les objectifs visés à travers ce document sont entre autres :

~ l'aménagement des formations naturelles classées et de terroir pour asseoir durablement leur gestion et leur valorisation avec comme actions phares un inventaire et une description des peuplements afin de connaître les ressources forestières disponibles et les potentialités de régénération car comme le note la PFS (2005)

19 Delville Ph. L., 2001.Quelle gouvernance des ressources renouvelables ? La gestion des ressources naturelles dans le contexte de la décentralisation en Afrique de l'ouest

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l'évaluation de l'état actuel des ressources forestières se heurtent à l'absence d'inventaires nationaux du potentiel.

· Promouvoir l'utilisation de la meule Casamance pour une meilleure valorisation du bois ;

· Renforcer la lutte contre les feux de brousse et l'exploitation clandestine du bois.

Dans ce contexte, la communauté rurale de Kandia pourrait bénéficier l'appui de ce projet pour non seulement aménager ce massif et procéder à l'inventaire des peuplements végétaux. Ceci permettrait une meilleure satisfaction des besoins des populations en garantissant leur approvisionnement durable en combustible ligneux. Il appartiendra à la collectivité locale de Kandia de travailler dans ce sens avec ses partenaires pour arriver à cet objectif.

Dans ce même ordre d'idées, il faut dire que la région de Kolda a eu la chance de bénéficier un certain nombre d'expériences intéressantes dans la gestion des ressources forestières avec l'appui de ses partenaires. Certaines communautés rurales comme celle de Dioulacolon située dans le département de Kolda constitue un bon exemple. En fait, cette C.R est arrivé à mettre en place un dispositif de gestion des ses ressources forestières avec l'appui du PERACOD20. C'est un projet qui concerne la filière charbon de bois où les populations locales ont réussit à prendre en charge toutes les activités (de la coupe à la vente). C'est un cas très intéressant qu'on peut adapter à la C.R de Kandia.

En effet, la particularité de l'expérience menée à Dioulacolon est que les populations locales sont au coeur du dispositif de gestion de la filière. Elles se sont organisées en Comité villageois de gestion et en association et/ou GIE (groupement d'intérêt économique). Le tout est coordonné par un comité inter villageois (CIV). Précisons que c'est sur la base d'un contrat de gestion que le conseil rural de Dioulacolon a confié la gestion de la forêt au CIV ; c'est-à- dire qu'il est responsable de la mise en oeuvre du Plan d'aménagement et de gestion de la forêt. C'est donc le CIV qui est habilité à se faire délivrer au niveau du service forestier, les titres d'exploitation dans le cadre de la mise en oeuvre du plan de gestion. De même, c'est le CIV qui est habilité à délivrer les constats de production qui sont un préalable pour l'obtention des titres d'exploitation. Cependant la mise en oeuvre des filières mentionnées dans le plan d'aménagement est assurée par les GIE.

20 PERACOD : Programme de Promotion des Énergies Renouvelables, de l'Électrification rurale et de l'Approvisionnement en Combustibles Domestiques financé par la coopération allemande

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Donc, on le voit bien ce sont des mécanismes qui responsabilisent l'ensemble des parties prenantes. Ce qui laisse de place à aucune association d'exploitants extérieure de la Communauté rurale. Mais notons que si cette expérience à réussi, c'est que les populations locales y trouvent leurs intérêts et qu'elles ont été impliqué depuis le début du processus. D'ailleurs la clé de répartition des fonds issus de la vente du charbon s'établit comme suit : 80% sont destinés aux producteurs locaux, 10% au Comité inter villageois (CIV) pour financer l'exécution du plan d'aménagement à l'échelle du bloc (lutte contre les feux de brousse, reboisement, mise en défens, entretien des pare feux, régénération et 10% au conseil rural pour participation au budget du conseil rural. On remarque que cette exemple contribue non seulement à une meilleure gestion des ressources forestières mais aussi à améliorer le niveau de vie des populations notamment par les revenus tirés de cette filière.

Certes, la communauté rurale de Kandia n'est pas encore ouverte à la filière du charbon de bois. Néanmoins cet exemple d'implication des populations locales dans un processus tel que celui-ci peut être très intéressant. Car il a de fortes chances de parvenir à une implication effective des populations locales dans la gestion des ressources de leur terroir. C'est donc un modèle qu'on peut s'inspirer et l'adapter en fonction du contexte local qui est celui de l'exploitation clandestine des ressources forestières. On pourrait appuyer les populations à valoriser les ressources forestières non ligneuses comme la filière anacarde et par la même occasion les inciter à faire des reboisements. La clé de leur implication est de faire en sorte qu'elles prennent conscience du phénomène de dégradation de leur milieu ou qu'elles éprouvent un réel intérêt à le faire. D'ailleurs, c'est dans ces conditions qu'est apparue ce que V. Etienne (1998) appelle « une expérience spontané, endogène de construction institutionnelle pour la protection de la couverture ligneuse » au Burkina Faso. Essayons de voir l'originalité de cette démarche.

En effet, il s'agit d'un comité inter villageois de gestion d'une brousse constitué par 6 villages. Ce comité a été en fait, initié par un villageois autochtone qui n'est ni un chef de village, ni un chef de terres mais qui avait travaillé en Cote d'ivoire. Certainement son expérience acquis durant son séjour a beaucoup pesé dans le cadre de cette initiative. En outre, la particularité de ce comité est qu'il s'est constitué en dehors de toute aide financière et fonctionnait jusque-là sans ressources financière extérieure. C'est une réponse endogène des populations face à « une dégradation importante de la brousse et devant l'incapacité des autorités de réglementer ce types de problèmes, que les autochtones Nuni, les migrants Mossi et gourmanché, et les éleveurs peul se sont accordés à la fois sur un ensemble de règles de

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gestion de la brousse, sur les sanctions à prendre en cas de non respect du règlement, ainsi que sur la manière de faire respecter la loi (p.180) ».

Il est important de retenir ici que ce sont les populations qui ont pris conscience du phénomène de dégradation de leur milieu de vie pour se mettre d'accord sur un ensemble de règles de gestion ; une convention locale. C'est toute la portée de ce cas car ce ne sont pas des personnes venues d'ailleurs qui leur ont donné cette de prise conscience. En plus, les initiateurs du projet n'ont aucun pouvoir ou influence au niveau local. C'est après un diagnostic et une autocritique de leurs pratiques que les habitants de ces villageois ont estimé nécessaire qu'il fallait agir sans chercher un appui extérieur. Dés lors, « l'argumentaire selon lesquelles seules les populations locales peuvent avoir un intérêt à préserver une ressource à long terme, et qu'elles ne peuvent le faire que si elles y ont un intérêt objectif, que si elles ont un droit exclusif sur la ressource, ainsi qu'une capacité à définir et faire appliquer des règles d'accès et d'exploitation semble incontestable » (Delville, 2001 : 24).

Une autre originalité de cette expérience locale de gestion de la brousse réside dans le fait que les règles établies ne sont pas uniquement coercitives ; elles comportent également un volet de réparation de la faute commise. Par exemple, dans le cadre de la coupe du bois, toute personne pris en flagrant délit va non seulement planter un arbre et l'entretenir mais aussi payer une somme prévue par le règlement. Enfin pour donner plus de crédibilité à cette convention, les responsables ont sollicité l'approbation du préfet qui sert de dernier recours en cas de refus d'un individu de se plier aux règles établies. C'est donc un exemple très intéressant de gestion de ressources par les populations locales.

Dans le cas du POAS de la Communauté rurale, il faut dire qu'il y'a certes des règles qui sont établies mais elles relèvent plus d'une vision technicienne plutôt que celle des populations. Aussi, ce n'est pas une initiative des populations locales mais plutôt du conseil rural. Même pour l'application, les mesures sont plutôt coercitives. Or il ne suffit pas d'imposer ce type de règles pour avoir l'adhésion des populations. Cela d'ailleurs peut entrainer un effet contraire à l'objectif recherché. Par ailleurs, le POAS, n'indique pas les mécanismes qui feront respecter les règles. Donc il faudrait encore que le conseil rural se donne les moyens de faire respecter cette convention au niveau local.

Au total, ces quelques exemples de gestion des ressources naturelles dans lesquelles les populations locales sont impliquées constituent des cas qui peuvent servir de point de départ pour asseoir une gestion durable des ressources naturelles dans la Communauté rurale de Kandia.

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"Piètre disciple, qui ne surpasse pas son maitre !"   Léonard de Vinci