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Histoire de la production du coton dans les cercles de la moyenne vallée du fleuve Sénégal de 1920à  1960.

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par Insa BA
Université Cheikh Anta DIOP - Master 2 2014
  

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II.3 : Résistance des paysans

L'intensification des réquisitions de l'Etat sous forme de denrées, de coton, de tirailleurs et de main d'oeuvre n'allait pas sans une certaine résistance de la part de la population locale. Dans le rapport politique et économique de la vallée du fleuve en 1920, le commandant de cercle écrivait que « certains chefs ont opposé la force d'inertie à ses ordres »114(*)Il constatait que la résistance venait des chefs qui croyaient « posséder » les gens que le gouvernement colonial leur permettrait d'administrer. De plus les « chefs de famille », avec plus de raisons cette fois, pensent que nous diminuons leur force de production en leur enlevant des instruments de travail »115(*)

Les agissements quotidiens entrepris par les paysans tels que les cultures hors casiers ou la liquidation de la récolte sur le marché parallèle, peuvent être considérée comme une forme de résistance des paysans au contrôle que l'administration coloniale tentait à exercer sur leur vie. Mais les paysans ont aussi mis en place des actions plus extraordinaires pour échapper aux demandes ou même changer la politique de l'administration.

En 1946, l'évasion individuelle ou collective était la forme de résistance la plus commune. L'administration cherchait à minimiser les fuites, plaçant des gardes-cercles pour surveiller les routes et punissant les membres de la famille de ceux qui avaient fui116(*). Cependant, chaque année l'administration perdait en moyenne 4 pour cent .Après les reformes de 1946 et jusqu'en 1949, l'administration a perdu le plus grand nombre de paysans .Pendant cette période sa population était réduite de 20 pour cent.

Si la fuite individuelle était une forme d'opposition très commune avant 1946, les actions collectives étaient les plus menées .Le premier effort de résistance collective, est venue en 1935 quand les villageois recrutés par l'administration de la vallée ont tenté de quitter les champs.

Les colons se sont plaints d'avoir perdu les bonnes terres de n'avoir pas d'argent pour payer les impôts ; de n'avoir rien à manger ; et d'être interdits de chercher du travail en dehors de leur terroir. L'administration choquée par cette menace, a augmenté le prix du coton, distribué des vivres et promis de ne pas redistribuer les terres.

Après 1946, la menace de fuite n'était plus utilisée par les colons et d'autres actions orientées vers une amélioration des conditions sont devenues plus communes .Les paysans ont refusé de faire certaines tâches et ont exigé des changements dans la commercialisation et le paiement de redevances. Les revendications ; les manifestations des colons pour les redevances et des augmentations pour le prix du coton sont devenues étroitement liées à la résistance et à l'opposition des paysans de la vallée.

Pour vaincre la résistance des paysans face à la culture forcée, l'administration coloniale prit trois mesures .La première consistait à offrir des prix intéressants aux producteurs de façon de les insister à augmenter leur production pour le marché. Le gouverneur général exprima ce raisonnement dans une lettre aux gouverneurs de l'A.O.F : « l'indigène de l'A.O.F n'est pas autrement fait que le reste de l'humanité .Il est venu offrir son travail et ses produits chaque fois qu'on lui a offert des prix rémunérateurs. Par contre, il s'est refusé à travailler chaque fois qu'il estimait son salaire insuffisant. On a pu dire sans exagération, que le rendement des récoltes, était en A.O.F ; fonction non du climat, des prix payés à la récolte précédente »117(*)

Contrairement à cet exemple de discours valorisant la rationalité paysanne, les producteurs de coton étaient rarement rémunérés pour leur travail. L'argent obtenu pour la vente du coton allait habituellement aux chefs de village et de canton .Si des prix plus élevés devaient inciter à augmenter la production, le colonisateur aurait dû payer les producteurs individuellement. Mais l'utilisation des chefs comme intermédiaires et les avantages de la monoculture perpétuaient la pratique des champs collectifs et des paiements des chefs de canton et de village. Ainsi, les relations de production en vigueur exigeaient que les paysans et l'Etat suivent une deuxième voie qui avait fait ses preuves : inciter les chefs à intensifier la production agricole en leur offrant crédits, primes et commissions.

Une troisième manière d'augmenter les rendements, consiste à accentuer la coercition .Exiger que les productions augmentent la surface cultivée devint une pratique courante.

Mais l'extension de la surface cultivée en coton ne garantissait pas une augmentation de la production .Dès lors, l'Etat devait renforcer ses contrôles .Une fois ensemencés, les champs étaient facilement négligés.

* 114 ANS, 1R. /0035. Note au sujet de la culture du coton dans la vallée du fleuve Sénégal, 02aout 1937, pièce 158, 11 p.

* 115 Id., Ibid.

* 116 Henri ((L), op. cit, pp. 230-231.

* 117 Henri ((L), op. cit, p240.

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