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Quelle place pour la psychologie dans une culture traditionnelle africaine ?

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par Manon Le Flour
Institut Catholique de Paris - DU Solidarités Internationales : action solidaire et dialogue interculturel 2016
  

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1. La culture : une notion phare des sciences sociales

Il est impossible de nier la complexité du mot « culture » dans la langue française. Il suffit d'ouvrir le Dictionnaire de la langue française pour se rendre compte des nombreux sens que nous pouvons attribuer à ce mot. Au premier coup d'oeil, nous remarquons qu'il faut alors prêter attention aux différents sens propres mais aussi figurés de ce mot.

Afin de mieux comprendre le sens de ce mot et l'évolution de ce dernier au cours des derniers siècles et son apparition dans les sciences sociales, Denys Cuche (2010)14 lui a consacré un ouvrage. Comme le dit si bien l'auteur, « les mots ont une histoire et, dans une certaine mesure aussi, les mots font l'histoire. Si cela est vrai de tous les mots, cela est particulièrement vérifiable dans le cas du terme « culture » » (2010, p.9). En effet, tout débute au cours du XIIIème siècle où le mot « culture » fait son apparition dans la langue française. Il relève alors d'un sens propre et correspond aux soins que les individus apportaient aux champs et aux bétails. Au fil des années, son sens va petit à petit se modifier. Quelques siècles plus tard, l'idée d'action sera alors associée au terme culture et il se définira comme « l'action de cultiver la terre, travail visant à la rendre productive » (Le Dictionnaire du Français, 1996, p.412)15.

Ce n'est qu'au milieu du XVIème siècle que va émerger le sens figuré du mot « culture ». La culture n'est alors plus seulement une action, mais elle définit également un état. C'est pendant le siècle des Lumières que le terme « culture » va commencer à connaître son essor. Il est alors utilisé au singulier et représente alors l'universalisme et l'humanisme des philosophes qui ont marqué ce siècle. Il va alors être associé à la dimension éducative et la culture est alors définie par les penseurs comme « la somme des savoirs accumulés et transmis par l'humanité, considérée comme totalité, au cours de son histoire » (Cuche 2010, p.11).

Cependant, le mot « culture » va avoir moins de succès qu'en Allemagne et a du mal à s'imposer face au terme « civilisation » qui rencontre un réel succès en France. Ces deux mots qui appartiennent au même champs sémantique sont très souvent associés et pourtant différents. En effet, comme le précise D. Cuche dans son ouvrage (2010), la « culture » fait

14 Cuche, D. (2010). La notion de culture dans les sciences sociales. Paris : La Découverte

15 Moingeon, M. (1996). Le Dictionnaire du Français - 60 000 Mots. Paris : Hachette

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plus référence aux progrès individuels, alors que la « civilisation » est plus associée aux progrès collectifs.

C'est au XIXème siècle que le terme culture va devenir un concept scientifique avec la naissance de la sociologique, et plus particulièrement de l'ethnologie, qui se penchent sur la question de la culture, mais aussi des cultures. Cette dernière science tente d'expliquer objectivement la diversité humaine à travers l'unité des hommes. De nombreux auteurs et chercheurs se confrontent à l'exercice et de nombreux courants théoriques naissent de ces recherches.

La première approche à voir le jour est menée par Edward Tylor, anthropologue de formation, qui propose une conception universaliste de la culture. Il sera alors le premier à définir le terme de culture dans un de ses ouvrages :

« Culture ou civilisation, pris dans son sens ethnologique le plus étendu, est ce que tout complexe qui comprend la connaissance, les croyances, l'art, la morale, le droit, les coutumes et les autres capacités ou habitudes acquises par l'homme en tant que membre de la société »

Edward Tylor, 1871, p.116

Cette définition nous permet de voir que E. Tylor prend en considération tous les aspects de la vie sociale de l'individu lorsqu'il parle de « culture » et de « civilisation ». Pour cet auteur la culture est donc acquise par l'individu au cours de son existence, tout en lui accordant une dimension inconsciente tout de même. De ce fait, il était en accord avec les théories évolutionnistes puisqu'il considérait que l'être humain acquérait au fil des expériences de nouvelles compétences mais aussi la culture et ses règles et valeurs. Il est intéressant de noter que E. Tylor croyait à l'aspect universaliste des êtres humains, ainsi l'homme réagit de façon plus ou moins identique dans des situations semblables. C'est de cette manière qu'il expliquait les ressemblances observées dans des sociétés pourtant très différentes.

Les travaux de E. Tylor vont pousser d'autres anthropologues à se questionner sur le concept de culture. C'est le cas de Franz Boas qui est le premier à mener des observations en situation qui le poussent à proposer une conception particulariste de la culture. Comme le

16 Tylor, E. (1871). La civilisation primitive. Paris : Reinwald

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précise D. Cuche (2010, p.21), F. Boas « s'aperçut que l'organisation sociale était plus déterminée par la culture que par l'environnement physique ». A travers son travail il cherche à montrer l'absurdité de la notion de « race ». Selon lui, il n'y a pas de lien entre les traits physiques de l'individu et les capacités mentales de chacun. Les différences que nous pouvons observer entre des populations de diverses sociétés sont dues à la culture et non pas à des différences génétiques. C'est pour cette raison que F. Boas préfère utiliser le terme de « culture » qui permet de souligner la diversité humaine. Il utilise même le concept de « culture » au pluriel en évoquant « les cultures ». F. Boas rejoint Tylor en attribuant une dimension plutôt acquise que innée à la culture. Ainsi, chaque culture est singulière et c'est cette dernière qui permet de comprendre les coutumes particulières de certaines sociétés puisqu'elle influence les comportements de l'individu dans une société particulière.

Le concept de culture va continuer à être étudié par différents chercheurs. C'est Emile Durkheim, éminent sociologue de la fin du XIXème siècle, qui va consacrer son travail afin d'étudier le « fait social » dans toutes ses dimensions, et donc la dimension culturelle. E. Durkheim propose alors une approche unitaire des faits de culture. Cependant il est intéressant de noter que dans ses travaux, E. Durkheim ne fait que rarement référence au concept de « culture ». En effet, il préfère utiliser le concept de « civilisation », mais de manière flexible. De ce fait, il définit la civilisation comme :

« Un ensemble de phénomène sociaux qui ne sont pas attachés à un organisme social particulier ; ils [ces phénomènes] s'étendent sur des aires qui dépassent un territoire national, ou bien ils se développent sur des périodes de temps qui dépassent l'histoire d'une seule société ».

Emile Durkheim, 1969, p.68217

Selon Durkheim, l'humanité est un tout et ce sont toutes les civilisations dans leurs spécificités qui contribuent à la civilisation humaine dans son entité complète. Il crée d'ailleurs le concept de « conscience collective » qui existe dans chaque société et qui permet l'union et la cohésion d'une société. Cette théorie culturelle suppose que la conscience collective s'impose à l'individu à travers les représentations collectives, les idéaux et les valeurs que partagent les individus vivant dans une société commune.

17 Durkheim, E. (1913). « Note sur la notion de civilisation », Journal sociologique, Paris : PUF, p.681-685

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En parallèle de l'anthropologie culturelle mis en lumière par les américains, en France, Claude Lévi-Strauss travaille lui aussi sur le concept de « culture » et propose une analyse structurale de la culture. Il s'appuie sur les théories américaines vues précédemment et définit la culture comme :

« Toute culture peut être considérée comme un ensemble de système symbolique au premier rang desquels se placent le langage, les règles matrimoniales, les rapports économiques, l'art, la science, la religion. Tous ces systèmes visent à exprimer certains aspects de la réalité physique et de la réalité sociale, et plus encore, les relations que ces deux types de réalité entretiennent entre eux et que les systèmes symboliques eux-mêmes entretiennent les uns avec les autres. »

Claude Lévi-Strauss, 1968, p.1718

Son but premier est d'observer et d'analyser l'invariabilité de la Culture et cherche alors à répertorier ce qui ne change pas entre les différentes sociétés. Selon lui, chaque culture spécifique a besoin de la Culture, qu'il considère alors comme le capital commun de l'humanité. L'être humain a besoin de vivre en société mais il est nécessaire que des règles, explicites et implicites, existent pour assurer le fonctionnement de cette dernière. L'approche structurale de la culture va alors tenter de répertorier ce qu'il appelle les « invariants », c'est-à-dire ce qui est similaire et commun à chaque culture. Comme le précise D. Cuche (2010) dans son ouvrage, la prohibition de l'inceste est l'exemple le plus caractéristique de ces règles universelles. A travers son travail, C. Lévi-Strauss va alors tenter de présenter la relation entre l'universalité de « la » Culture et la particularité « des » cultures.

La multitude de courant scientifique proposant de définir la culture nous permet de mettre en avant certaines caractéristiques d'une culture. Tout d'abord, la culture contient des codes communs qui permettent à l'individu de comprendre son environnement et de s'adresser à autrui. La seconde caractéristique est que chacun ne possède pas une culture mais plusieurs identités culturelles qui s'entremêlent créant l'identité individuelle. Enfin, la culture est en perpétuel mouvement face à des influences multiples et variées. De ces caractéristiques découlent des fonctions précises que la culture possède. En effet, la culture joue un rôle clef dans la compréhension de l'environnement par l'individu lui permettant de se sentir en

18 Lévi-Strauss, C (1968). « Introduction à l'oeuvre de Marcel Mauss », in Mauss Marcel, Sociologie et Antrhopologie. Paris : Presses Universitaires de France

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sécurité et en confiance. De plus, la culture est le lien qui existe au sein de la communauté qui la partage puisqu'elle permet aux individus de communiquer les uns avec les autres. De ce fait, elle est également un facteur d'appartenance et d'insertion sociale puisqu'elle permet aux membres de la société de se reconnaître les uns et les autres. Enfin, elle fournit également la matière qui va permettre à chacun de construit sa personnalité individuelle.

Les différents courants théoriques abordés précédemment nous permettent de comprendre un peu mieux le concept de culture et son évolution au cours des derniers siècles. De ce fait, nous pouvons dire que l'Homme est avant tout un être de culture et qu'il a besoin de celle-ci pour se construire. Il va alors acquérir au cours de son existence les règles fondamentales afin de pouvoir s'adapter à son milieu.

Lévi-Strauss parle de la Culture universelle en comparaison avec les cultures existantes. Chaque société globale se différencie par sa propre culture, mais il existe également des « sous-cultures » qui se rencontrent au sein d'une même société.

Beaucoup de travaux ce sont basés sur l'observation des cultures dites « primitives » par rapport aux cultures occidentales où sont nés ces différents courants scientifiques. Ayant effectué mon expérience à l'étranger en Afrique Subsaharienne, il me semble inévitable d'évoquer la culture traditionnelle africaine et ses grandes différences par rapport à nos cultures occidentales.

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"Il existe une chose plus puissante que toutes les armées du monde, c'est une idée dont l'heure est venue"   Victor Hugo