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Le bien-fondé d'une juridiction internationale spécialisée en droit de l'environnement.

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par Anne-Sophie LE GALL
Université de Strasbourg - Master 2 Droit de là¢â‚¬â„¢environnement, des territoires et des risques 2016
  

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Chapitre I : Le détournement des règles du droit international économique

Les règles du droit international économique prévoient en théorie la possibilité d'une réciprocité avec les règles du droit international de l'environnement.

Le commerce international est extrêmement important pour une utilisation efficiente des ressources naturelles, mais aussi pour une circulation plus large des produits et des services à faible empreinte environnementale78. Les règles en matière de commerce international ont depuis longue date envisagé ces interactions, mais les questions environnementales ont été intégrées d'une manière plus claire au sein de l'Organisation Mondiale du Commerce (OMC). Un groupe de travail sur les mesures environnementales et le commerce international, créé par les Etats parties à l'Accord général sur les tarifs douaniers et le commerce (GATT) de 1947, a par exemple servi de matrice pour la création du Comité du commerce et de l'environnement de l'OMC.

En particulier, l'article XX du GATT de 1947 prévoit des exceptions générales aux règles de l'accord de l'OMC en matière environnementale. Cet article énonce que sous réserve que ces mesures ne soient pas appliquées de façon à constituer soit un moyen de discrimination arbitraire ou injustifiable entre les pays où les mêmes conditions existent, soit une restriction déguisée au commerce international, rien dans l'accord ne sera interprété comme empêchant l'adoption ou l'application par toute partie contractante des mesures :

b) nécessaires à la protection de la santé et de la vie des personnes et des animaux ou à la préservation des végétaux;

g) se rapportant à la conservation des ressources naturelles épuisables, si de telles mesures sont appliquées conjointement avec des restrictions à la production ou à la consommation nationales.

Cette possibilité de réciprocité a aussi été consacrée par l'Organe de règlement des différends (ORD) de l'OMC.

En outre, dans l'affaire des crevettes--tortues, Inde etc./Etats-Unis, de l'Organe d'appel de l'ORD de 1998, l'ORD a clairement dit qu'au titre des règles de l'OMC, les pays ont le droit de prendre des mesures commerciales pour protéger l'environnement (en particulier la santé des personnes, des animaux ou la préservation des végétaux) ainsi que les espèces en voie d'extinction et les ressources épuisables79. Il a donc admis la possibilité théorique de faire des entorses à la concurrence en vertu de motifs environnementaux80.

78 Pierre-Marie Dupuy et Jorge E. Viñuales, Introduction au droit international de l'environnement, p 443.

79 Site internet de l'OMC, Inde etc./Etats-Unis : l'affaire «crevettes--tortues».

80 Pierre-Marie Dupuy et Jorge E. Viñuales, Introduction au droit international de l'environnement, p 449.

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Le bien-fondé d'une juridiction internationale spécialisée en droit de l'environnement

Ainsi, en théorie, il est possible de déroger aux règles du droit international économique en vertu de l'objectif de protection de l'environnement. Pourtant, jusqu'à présent, cette possibilité n'a jamais été admise in concreto sous l'angle de l'article XX81. Le fait que cette possibilité ne reste que théorique peut s'expliquer par plusieurs facteurs, notamment le détournement des règles économiques par les Etats.

En pratique, nombre d'Etats en voie de développement perçoivent l'attitude environnementale de certains Etats développés comme une tentative de recherche d'avantages concurrentiels sur leurs produits et leurs investissements, sous couvert du drapeau de la protection environnementale82. En effet, certains Etats invoquent la protection de l'environnement comme justification de leur législation nationale, alors même que leur objectif réel est de permettre une atteinte au principe de non-discrimination en matière commerciale.

Ce fut notamment le cas des Etats-Unis dans l'affaire des crevettes--tortues précitée. L'ORD a considéré que cette justification était possible, mais que, dans les circonstances de l'espèce, les conditions n'étaient pas remplies, en particulier du fait des exigences du « chapeau » de l'article XX. Le chapeau de l'article XX prévoit en outre que les mesures ne doivent pas être appliquées de façon à constituer un moyen de discrimination arbitraire ou injustifiable entre les pays où les mêmes conditions existent.

Dans cette affaire, les Etats-Unis ont interdit l'importation de crevettes et de produits à base de crevettes, sous couvert de la protection des tortues marines. Cependant, ils accordaient aux pays de l'hémisphère occidental - essentiellement dans les Caraïbes - une assistance technique et financière et des délais de transition plus longs pour que leurs pêcheurs de crevettes se mettent à utiliser des dispositifs d'exclusion des tortues, tandis qu'ils n'accordaient pas les mêmes avantages aux quatre pays d'Asie (Inde, Malaisie, Pakistan et Thaïlande)83.

Cela peut aussi s'expliquer par l'interprétation que fait l'ORD de l'article XX.

En effet, dans le cas de la justification par l'article XX (b), l'ORD fait en outre une application très stricte du critère de nécessité, comme le prouve l'affaire des conditions d'octroi de préférences tarifaires aux pays en développement, Inde etc./Communautés européennes, de l'Organe d'appel de l'ORD de 200484. L'ORD fait aussi une interprétation stricte du critère de rapport de la justification par l'article XX (g), comme le montre l'affaire essence, Venezuela et Brésil/Etats-Unis, de l'Organe d'appel de l'ORD de 199685.

Ainsi, la réciprocité des obligations économiques avec les obligations environnementales apparaît pour le moment plus virtuelle que réelle.

81 Pierre-Marie Dupuy et Jorge E. Viñuales, Introduction au droit international de l'environnement, p 449.

82 Pierre-Marie Dupuy et Jorge E. Viñuales, Introduction au droit international de l'environnement, p 435.

83 Site internet de l'OMC, Inde etc./Etats-Unis : l'affaire «crevettes--tortues».

84 Site internet de l'OMC, WTO Analytical Index on GATT Article XX, paragraphe 895.

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85 Site internet de l'OMC, WTO Analytical Index on GATT Article XX, paragraphe 938.

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86 Site internet de l'OMC, Portail des textes juridiques.

87 Mémorandum d'accord sur les règles et procédures régissant le règlement des différends, Article 1er, paragraphe 1.

88 Site internet de l'OMC, Portail des textes juridiques.

89 Accord général sur les tarifs douaniers et le commerce de 1994, Paragraphe 1.

90 Mémorandum d'accord sur les règles et procédures régissant le règlement des différends, Article 2, paragraphe 1.

91 Mémorandum d'accord sur les règles et procédures régissant le règlement des différends, Article 4.

92 Mémorandum d'accord sur les règles et procédures régissant le règlement des différends, Article 5.

Le bien--fondé d'une juridiction internationale spécialisée en droit de l'environnement

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