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Les déterminants de la croissance économique au Sénégal.

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par Oumar DIOUF
Université Cheikh Anta Diop de Dakar - Master 2 en Méthodes Statistiques et Econométriques 2013
  

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2. Les limites du modèle économique sénégalais et les contraintes à la croissance

a. Les limites du modèle

L'instabilité de la croissance économique au Sénégal est davantage expliquée par les limites de son modèle économique que par les difficultés émanant du contexte international.

De plus, la croissance économique est trop centrée sur les services. L'économie sénégalaise fabrique depuis plusieurs année d'une part du déficit courant imputable au fait que les services sont faiblement exportables, et d'autre part de l'inflation importée issue de la combinaison d'une productivité agricole trop molle et d'une forte demande de produits alimentaires. Cette faible productivité, qui entraine une absorption très lente de la main d'oeuvre excédentaire dans les zones rurales, génère un accroissement des inégalités de revenus et maintient les déficits publics. L'Etat, en tentant de corriger l'augmentation des inégalités de revenus, crée un modèle de l'assistanat.

Du côté du financement de l'économie, depuis la fin des avances statutaires de la BCEAO, le système financier domestique consacre de plus en plus de ressources au financement du déficit public de sorte que le financement des investissements lourds est en partie contraint par la disponibilité de l'épargne extérieure. Le schéma actuel du marché de la dette publique risque de créer des « Lazy Banks » et centraliser les effets d'éviction sur l'investissement privé.

En somme, la présence de déséquilibres macroéconomiques occasionne une trajectoire de croissance marquée par des mouvements pendulaires de type « stop and go».

b. Les contraintes2 à la croissance

- Coût élevé de la main d'oeuvre

Au Sénégal, le marché du travail est fortement marqué par un coût élevé de la main d'oeuvre. Selon une étude de la Banque mondiale portant sur l'évaluation du climat des investissements en 2006, la rémunération mensuelle moyenne est de 281,9 dollars dans le secteur manufacturier et de 431,5 dollars US dans les services. Contrairement aux pays concurrents comme la Chine, l'Inde, la Tanzanie et le Kenya ces taux sont très élevés.

Un des facteurs majeurs qui contribuent à l'accroissement des coûts de production, est le salaire élevé des ouvriers non qualifiés. Ce qui est dangereux à la compétitivité des entreprises. Dès lors, un marché du travail plus efficace peut découler d'une plus grande formation des travailleurs et la construction du pacte social apaisé bâti dans le cadre de l'existence de

2 Les contraintes ont été analysées par la DPPE (Direction de la Prévisions et des Etudes Economiques) du Sénégal

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conventions collectives et d'accord globaux négociés entre le patronat et les syndicats. L'efficacité du marché du travail peut provenir d'une plus grande formation des travailleurs et la construction d'un pacte social apaisé. L'analyse de l'évolution des salaires laisse apparaître de fortes hausses qui sont supérieures à celles des prix. Les salaires au Sénégal ont progressé de 3,9% en moyenne entre 1980 et 2009 avec de grandes disparités entre les secteurs. Plus spécifiquement, sur la période 1995-2009, les salaires ont augmenté de 5,4% contre une progression de 2,6% des prix à la consommation. De plus, il est établi un décrochage entre la productivité du travail et l'évolution des salaires. C'est-à-dire que l'évolution des salaires ne reflète pas la productivité du travail, ce qui entraine une réduction des gains de productivité de l'ère post-dévaluation.

- Déficit d'infrastructures

Avec ses 14825 km en 2009, le réseau routier du Sénégal assure l'essentiel des déplacements intérieurs des personnes et des marchandises. Le réseau routier sénégalais est faible à cause d'une absence de politique d'extension, des investissements peu élevés et trop axés dans la capitale. Cette politique freine le développement de l'agriculture et accentue la faible productivité en milieu rural. Les difficultés de mobilité urbaine et la pollution poussent à envisager d'autres options notamment le chemin de fer qui joue un rôle marginal dans les transports au Sénégal. Comparativement à celui du Ghana (953 km), de la Tunisie (2260 km), de la Corée du Sud (3123 km) et de la Malaisie (1622 km), le réseau ferré du Sénégal (long de 906 km en 2000) est peu développé. Les chemins de fer se sont fortement dégradés et n'assurent que le fret vers le Mali. Le paradoxe au Sénégal revient à vouloir se développer dans un pays plat sans recourir au chemin de fer. Concernant le secteur énergétique, la fin de la décennie 2000 a été marquée par la question des délestages. Le déficit énergétique est devenu une contrainte majeure pour la croissance économique et le développement du secteur privé. Les estimations évaluent les pertes, en termes de croissance économique, imputables aux délestages à 1,4%. La persistance des problèmes de fourniture d'électricité poussent les entreprises vers l'achat de groupes électrogènes du fait des manques à gagner importants. Le Plan Takkal, plan de restructuration et de relance du secteur de l'énergie, qui fait l'objet d'un large soutien des partenaires techniques et financiers, a permis de réduire considérablement les délestages mais la question du coût de l'électricité n'est pas entièrement réglée.

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- Marché financier

Dans une activité économique, les marchés de capitaux occupent une place essentielle dont le financement. C'est par l'innovation technologique et l'accumulation de capital qu'ils contribuent à la croissance économique. Un système financier bien développé peut mobiliser l'épargne et l'orienter vers des investissements rentables à grande échelle, tout en offrant aux épargnants une liquidité élevée. Au Sénégal, le financement des entreprises locales par le système bancaire est trop faible, ce qui constitue une entrave majeure pour le développement de l'initiative privée et de promotion de la croissance économique. Le climat des affaires est également caractérisé par le financement des projets des entreprises sur fonds propres. 64% des entreprises sénégalais ont accès au crédit. La distribution des crédits bancaires est plus axée vers les entreprises qui disposent plus de visibilité ou évoluant dans les sous-secteurs « commerce, bars, restaurants », les activités de rente ou celles qui sont de nationalité étrangère. Ces constats découlent de la faiblesse de l'approfondissement du marché financier sénégalais. En effet, le ratio de la masse monétaire au sens large au PIB est passé de 34,1 % en 2004 à 39,2 % en 2011 alors que le ratio du crédit intérieur au secteur privé au PIB affiche une évolution similaire, passant de 22,7% en 2006 à 25,9% en 2010. En même temps, les pays à revenu intermédiaire d'Afrique au Sud du Sahara dont le Sénégal fait partie ont vu leur ratio de la masse monétaire au sens large au PIB passer de 57,6% en 2004 à 69,2% en 2011. Le marché boursier du Sénégal a connu une croissance modérée ces dernières années et sa taille demeure modeste. Sa capitalisation en pourcentage du PIB est passée de 24% en 2006 à 31% en 2010 et la liquidité est restée très faible par rapport à d'autres bourses d'Afrique subsaharienne. Par contre en 2011, le marché des titres publics a été un segment très dynamique du secteur financier depuis la suppression des avances statuaires de la BCEAO. Les émissions annuelles de titres publics du Sénégal constituaient près de 6,1% du PIB et 32,4% des recettes fiscales. Le volume d'émission prévu en 2012 est d'un montant de 518 milliards FCFA soit 7,2 % du PIB et 36,7 % des recettes fiscales. Elles ont progressé tant en termes nominaux qu'en pourcentage du PIB et des recettes fiscales respectivement de 55,2 %, 46,1 %, 42,1 % entre 2009 et 2012. Toutefois, les emprunts publics restent dominés par les titres de court terme.

- Un taux de change générant une faible croissance

La crise de la dette souveraine en Zone euro a fait naître dans les pays de l'UEMOA toute sorte de rumeur et de spéculation. Selon les analystes, les pays de l'UEMOA, ont plus à craindre, dans un avenir proche, de la récession qui sévit en Europe que d'un changement de parité du

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FCFA. Cette Situation qui correspond au fait que les mouvements de taux de change effectif réel (TCER) ne sont pas cohérents avec les fondamentaux sur la période 1995-2005 avec une tendance forte vers la surévaluation. A partir de 2005, le Sénégal a enregistré une surévaluation du TCER, estimée à 2% en 2006, 9% en 2007 et de 17% en 2008. Cette situation reflète bien la détérioration accentuée notée au niveau de certains fondamentaux du Sénégal notamment le solde commercial. Dans un autre registre, la détermination de la durée moyenne de passage dans les régimes (sous-évaluation, surévaluation) indique qu'au Sénégal, les périodes de sous-évaluation durent en moyenne 6,8 années contre 12 années pour les périodes de surévaluation. Il découle de ce constat que la période de surévaluation constatée depuis 2006 risque de durer si elle n'est pas interrompue par la mise en place de politique de compétitivité efficace.

Depuis plus d'un demi-siècle, le Sénégal n'a pas réussi à faire face aux nombreux défis économiques. L'analyse de sa trajectoire économique a montré les maigres performances réalisées (stagnation du niveau de vie des populations) alors que des pays ayant le même niveau de développement que lui dans les années 60 (Tunisie, Corée du Sud) y sont parvenus. C'est pourquoi, les pouvoirs publics qui ont des objectifs d'améliorer le niveau de vie et le bien-être social de la population doivent engager les transformations structurelles idoines pour une croissance économique soutenue et durable.

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"Le doute est le commencement de la sagesse"   Aristote