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Dynamique professionnelle et transformations de l'action publique. Réformer l'organisation des soins dans les prisons françaises. Les tentatives de spécialisation de la « médecine pénitentiaire » (1970-1994).

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par Eric FARGES
Université Lyon 2 - Sciences Po - THESE EN SCIENCES POLITIQUES 2013
  

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ANNEXE 40 : ENTRETIEN AVEC MYRIAM EZRATTY

Myriam Ezratty, magistrate et directrice de la DAP d'avril 1983 à juillet 1986. Président honoraire de la cour d'appel de Paris lors de l'entretien réalisé le 8/02/2008 à son domicile à Paris. Durée : 3H30.

Ne sont cités ici que des extraits choisis.

E.F : J'aimerais déjà savoir la première fois où vous avez été confrontée à la question des prisons de façon directe ?

M.E : J'ai commencé ma carrière à la Chancellerie à ce qui s'appelait alors l'Education surveillée. Je m'intéressais plus à la prévention qu'à la répression. J'avoue n'avoir même pas fait comme on devait le faire quand on avait passé le concours de la magistrature, y avait un stage d'un mois je crois dans une prison.... que je n'ai pas fait tout simplement parce que je suis partie en vacance à l'étranger. Je me moquais complètement de ce que voulait l'Administration [rires] Ils m'ont gardé quand même. Ce qui fait que je n'ai connu qu'une toute petite prison qui était celle de Fontainebleau où j'étais juge suppléante à un moment donné. Et j'avais d'ailleurs été horrifié. C'étaient des petites cellules. Mais ce n'était pas d'ailleurs une des plus mauvaises prisons parce qu'elle était si l'on peut dire familiale. Elle se gérait en famille. Mais les détenus peignaient dans leur cellule, il n'y avait même pas d'atelier, ils peignaient dans leur cellule des soldats en plomb dans des conditions... Avec des produits extrêmement dangereux, ça m'avait beaucoup frappé. Mais c'était mon seul contact avec la prison. Et j'ai requis des peines de prison, qui étaient d'ailleurs peut-être un peu sévères à l'époque... Du moins qui me paraissaient sévères. Je n'avais finalement pas d'expérience. Je suis arrivée très jeune, à 22 ans, dans la magistrature. C'était comme ça, je ne me rendais pas trop compte... Alors, il faut dire que j'étais très liée avec Simone Veil qui me parlait beaucoup, nous étions le bâtiment à côté, et elle me parlait notamment de la santé en milieu pénitentiaire. Je suis rentrée au moins par conversation à l'intérieur de la prison. Le temps a passé. J'ai quitté l'Education surveillée pour rentrer aux Affaires civiles où je m'occupais des professions juridiques. J'avais complètement quitté ce milieu mais le virus de l'Education surveillée m'avait déjà touché et je m'intéressais à ces questions là, ou plutôt à son contraire c'est-à-dire à tout ce qui était non prison. C'est-à-dire à qu'est ce qu'on pouvait faire en matière de prévention. Ensuite, j'ai quitté la Chancellerie pour rentrer dans le cabinet de Simone Veil qui m'avait demandé de m'occuper notamment de la partie rédaction de textes.

E.F : A ce moment là, vous n'étiez pas conseiller uniquement sur la question pénitentiaire ?

M.E : Non pas du tout. Mais le premier dossier que m'avait donné son directeur de cabinet, Dominique Le Vert, était sur la médecine pénitentiaire. Premier essai, je n'ai pas réussi réellement à quoi que ce soit parce que le ministère de la Justice ne s'intéressait pas du tout à cet aspect à cette époque. Et régnait sur la prise en charge médicale des détenus l'inspectrice générale Solange Troisier. Son principal souci à l'époque dans ses relations avec le ministère de la Santé, je me rappelle, était de créer près de Marseille un lieu pour y coller les jeunes drogués. Moyennant quoi on n'a pas, pour un tas de raisons, et des raisons éthiques, prêter la main en quoi que ce soit, et moi notamment, pour aider à ce projet qui me paraissait ni réaliste, ni déontologiquement. Ce qui fait que tout est tombé dans un trou et je me suis occupée d'un tas d'autres choses. Une quantité de choses, mais je ne me suis pratiquement pas occupée des prisons parce que le contact, de part et d'autre d'ailleurs... Déjà pour les relations, les gens du ministère de la Santé étaient paniqués à l'idée d'avoir à faire à la Justice. Et à la Chancellerie, on avait plus de relations sur des sujets sur le droit des consommateurs mais rien à voir avec les prisons. Si vous voulez, pour eux, parce que la Chancellerie était à l'époque essentiellement peuplée de magistrats, c'était plutôt de l'ignorance. Donc c'était pas des collègues, c'était pas... Vis-à-vis d'un autre ministère déjà les liaisons sont pas toujours commodes et pourtant ce sont des énarques qui souvent se connaissent. Tandis que là, ils n'osaient pas téléphoner, des choses comme ça. C'est moi qui le faisait. C'était surtout de l'ignorance. Et puis la Justice... Y avaient des liaisons mais pas sur le domaine du pénal.

E.F : Et c'était quelque chose d'assez nouveau qu'un magistrat soit nommé au cabinet du ministère de la Santé ?

M.E : Oui. A l'époque, d'abord, ils étaient peu étoffés en juristes et même au cabinet, alors Colette Même était magistrate du Conseil d'Etat mais, magistrat judiciaire, non. Maintenant, c'est beaucoup plus fréquent mais à l'époque, c'était tout à fait l'exception. D'ailleurs, j'étais moi-même au départ, pas orpheline mais parmi les membres du cabinet, j'étais de ce côté là différente.

E.F : Et est ce que vous vous rappelez les conditions dans lesquelles ce dossier était arrivé entre vos mains ?

M.E : Solange Troisier avait probablement des contacts au ministère de la Santé mais ça n'était pas du tout dans un objectif de réforme. Et je crois qu'au ministère de la Justice à l'époque, ils avaient d'autres problèmes que la médecine pénitentiaire. Simone Veil s'intéressait au contraire et aurait probablement souhaité qu'on fasse quelque chose mais ce n'était pas facile d'y rentrer, même pour moi. Ce n'était pas une direction que je connaissais et ensuite il faut que le ministre de la Justice soit aussi disposé. Donc on n'a pas pu faire de ce côté-là quoi que ce soit [...] A l'époque au ministère de la Santé, c'était le néant. Il faut dire à leur décharge, qu'à l'époque, la direction de l'Administration pénitentiaire vivait en circuits fermés. Solange Troisier était un médecin mais elle n'était pas sur un projet quelconque de réforme. En tous cas, je puis assurer que pour eux, comme pour le commun des mortels, la prison était un monde étranger dans lequel on ne pénétrait pas. C'était vraiment complètement cloisonné. D'ailleurs le mot « médecine pénitentiaire » ne veut rien dire. La médecine, c'est la médecine. Médecine dans les prisons on pourrait dire. Parce qu'à l'époque c'était vraiment médecine pénitentiaire. Le gros problème était de savoir qui a la responsabilité de quoi ? Et l'idée de M. Badinter, je crois quand il est devenu ministre, c'était de ne pas autonomiser la médecine pénitentiaire et faire en sorte que cette compétence et les médecins relèvent du ministère compétent [...] Quand je suis arrivée, je n'ai pas tout de suite pris ces fonctions à la Pénitentiaire. Et c'est juste après mon arrivée, qu'on a supprimé son poste de médecin inspecteur pour justement passer à des corps de santé qui dépendaient du ministère de la Santé. Quand j'ai été nommée en avril 83, Badinter m'avait demandé de prendre la direction de l'Education surveillée. Mais ce n'était absolument pas mon objectif de prendre l'Administration pénitentiaire. Ce n'était pas un sujet forcément très bien compris et ce qui m'a passionné, quand j'ai accepté le poste à l'Education surveillée, j'étais président de chambre... mais là y avait un sujet qui m'avait énormément passionné et c'est pour ça que j'ai dit oui, c'était la politique de Bonnemaison qui était un type formidable. Il a vraiment conçu l'idée de prévention globale notamment à partir du Centre international de prévention de la criminalité. C'était vraiment pour moi une passion et j'avais fait tout un plan, j'avais fait une circulaire sur la décentralisation et puis Robert Badinter m'a demandé de prendre la direction de la pénitentiaire. Et là j'ai beaucoup résisté parce que je n'en avais aucune envie et en plus aucune connaissance [rires] Un des membres de son cabinet m'a dit et a fait valoir que c'était la première fois qu'on donnait cela à une femme. Et je dois dire que l'argument m'a convaincu. Je ne peux pas vous dire que j'y suis allé au départ enthousiaste [...]

E.F : Et est ce qu'il y a quelque chose qui vous tenait à coeur quand vous êtes devenue directrice de l'AP ?

M.E : Oui c'était la partie sanitaire. Alors là vraiment je me suis... Pas seulement la santé. Mais c'était la politique de Robert Badinter. Mais autrement je n'aurai pas marché. C'était vraiment l'enjeu... Je voyais l'autre côté du miroir par rapport à l'Education surveillée et autant l'Education surveillée, on avait réussit à ouvrir sur le monde extérieur... Alors pas autant que je le croyais naïvement. Mais le but était d'ouvrir la Pénitentiaire de son état d'espèce d'enfermement, y compris celui des surveillants. Il n'y avait rien de comparable avec l'Education surveillée. Même les relations avec les syndicats à l'Education surveillée c'était du psycho-drame. Je les connaissais extrêmement bien puisque j'avais été chef de Bureau. Je ne dis pas que ça n'était pas sérieux mais on pouvait comprendre un langage réciproque. A l'Administration pénitentiaire, il n'y avait rien de tel. C'était une administration comme l'armée. L'Education surveillée, c'était un peu le désordre... On privilégiait la créativité, les contacts et c'est ça d'ailleurs qui était passionnant. On y croyait tous. On allait sur le terrain ce qui était simple. Tandis que pour rentrer dans les prisons. Et moi, ce qui m'a le plus frappée, à tel point que je suis encore allergique aux clefs... Mais il fallait sortir, pas seulement pour ça, mais pour la culture. On a fait des expositions de peinture, des ateliers de bande dessinée. Pour moi la santé, ça a été quelque chose où j'ai très peu délégué. C'est une énorme maison où il faut souvent déléguer. Mais ça, je l'ai suivi de très près, très personnellement [...] Il faut dire que c'était important qu'on ait le terrain entre guillemets libre pour faire ces réformes. C'est pas tellement commode de les faire avec l'ancien groupe... Ce n'est pas de mauvaise foi mais... Bon. Alors Favard avait déjà commencé à entreprendre des choses avec la Santé mais on ne peut pas dire qu'ils aient été enthousiastes. La collaboration n'a pas été spontanée. De la part notamment de la DGS. Parce que c'était d'abord un fardeau supplémentaire. Un monde fermée. « On a peur ». Autant quand j'étais à la Santé, c'étaient plutôt les portes des prisons qui étaient fermées, autant là on peut dire que les portes des administrations, notamment sanitaires, étaient pas très ouvertes à quelques exceptions près. Le directeur de la Santé, Roux, n'était pas libre, il avait autre chose à faire... La première chose que j'ai souhaité faire c'était l'état des lieux et j'avais demandé à l'IGAS de faire un audit de toutes les choses qu'on devait réformer. Et le rapport était catastrophique. C'était la première fois qu'on faisait ça. Et je dois dire très objectivement que pour la Pénitentiaire, ils ont été épatants. Ils n'ont pas du tout caché, saboté... Ils ont, au contraire, montré les plaies. J'ai poussé j'ai et demandé moi-même cet audit. Le constat était épouvantable. Et à partir de là j'ai adopte une méthode qui me semblait indispensable. C'était de faire morceau par morceau les réformes. Au lieu de pleurer, avant de faire des circulaires, je leur ai demandé de faire sur chaque branche des propositions [...] Alors pour faire que les gens se parlent entre eux, j'avais décidé de créer le Comité justice santé. Je l'ai fait officieusement. Il faut dire que le cabinet me laisser complètement... J'avais la libre gestion. J'ai travaillé en pleine association avec Jean Favard.

E.F : Il y avait quand même un intérêt du ministère de la Santé au cours des réunions Santé Justice ?

M.E : Alors ça dépendait des directions. J'ai assisté à toutes les séances. Je ne me suis jamais fait remplacer. J'aurai souhaité que les directeurs des autres directions viennent aussi mais... Il faut dire que j'avais un intérêt plus direct que le leur. Et j'avais vraiment l'ambition d'obtenir pour les détenus la Sécurité sociale, qu'elle se poursuive. Là je me suis beaucoup heurtée à la Direction de la Sécurité sociale et Chemla avait été chargé de faire un audit. Et ça a finit pas arriver avec les lois de 94, qui ne se sont pas faites facilement. La signature en 94, vous avez pu voir qu'il y avait Simone Veil. J'avoue lui avoir passé un coup de fil pour la prévenir qu'il y avait ce texte. Ce n'est pas de la concussion mais il y avait une telle résistance à ces réformes. Et on avait prévu aussi la modification du statut des médecins. On a tenté de faire tout ce qui pouvait se faire [...] L'inspection générale n'avait même pas de problème. Je n'avais à l'époque voulu accuser personne mais la Santé avait tenté de mettre ça sur le dos... enfin sur moi pour ne pas aller plus loin quand même. Mais, pour eux, ça montrait une séparation très forte des services. Ça n'est pas à mon avis un problème politique parce que les résistances venaient de bien autre chose et c'est l'idée après tout que la prison est une chose fermée. Même nous, on a pas eu plus d'aide, sauf sur le principe. Mais ça venait de la Justice et notamment de Badinter et de Favard [...] Alors pour le choix des médecins, nous voulions qu'il soit approuvé par la DDASS. Les médecins étaient avant déconsidérés car ils étaient pénitentiaires et il fallait qu'il puisse faire carrière ailleurs. On recrutait des médecins à la petite semaine. Certains étaient trop incrustés. La formation n'était pas surveillée. On a envoyé le directeur de Fresnes faire la formation de directeur d'hôpital et il est devenu directeur d'hôpital. C'est une très bonne chose. Alors le texte qui a permis... c'était la première étape... non pas de la déconcentration mais disons de la sortie de la santé du giron pénitentiaire. L'idée était de faire de l'hôpital de Fresnes non pas un hôpital pénitentiaire mais un hôpital public à vocation d'héberger des pénitentiaires. Ce n'est pas la même chose. De même que moi, je ne voulais plus non plus qu'on dise médecine pénitentiaire, « Je suis médecin pénitentiaire ». Je ne vous dis pas qu'on a réussi très bien là dessus. Mais je sais que parfois les mots comptent parfois, en tous cas pour le principe. Là aussi, ça a été épouvantable. Alors la Santé encore ne disait trop rien. Ils n'étaient pas ravis mais enfin ne disaient trop rien. Mais c'étaient les Finances qui ne voulaient pas qu'on crée de nouvelle catégorie d'établissements public. Alors le cabinet était intervenu. On avait préparé un texte pour mettre dans un wagon de ces mesures que le conseil constitutionnel n'en veut plus, vous savez les petits ajouts dans les lois. Il fallait accrocher ce paragraphe dans une loi de santé publique, une des lois sociales. Alors ça commençait très mal car les Fiances sont quand même plus robustes que la Justice et la Santé. Et le texte qui était très long... On avait été débarqué à l'Assemblée nationale et le Sénat adorait à l'époque les séances de nuit parce que c'était payé double. Je reçois un coup de fil. On me dit : « Le texte passe ce soir, probablement après 20 heures ». Moi, j'avais été au concert avec ma famille, je les avais mis au perchoir et le texte est passé vers minuit ou une heure du matin. Il n'y avait personne des Finances, on était tout seul. Je passe ma fiche et le matin je vous dis pas, ils étaient furax les Finances... Mais c'était passé. Le problème c'est que ce sont des petites choses et ça arrive souvent quand on présente un texte qu'on perde des choses. Mais il est passé. Je ne sais pas du tout ce qui se serait passé si les Finances avaient envoyé quelqu'un...

E.F : Et il n'avait pas été envisagé d'en faire à l'époque un établissement seulement sanitaire ?

M.E : Mais c'était le cas !

E.F : Oui mais il y avait quand même une direction bicéphale...

M.E : Si vous voulez, ce n'est pas le problème. Parce que c'est quand même un établissement où il faut garder des gens qui ne veulent pas sortir. Ce qui était important pour nous c'était pas le régime. Actuellement dans les hôpitaux vous avez un directeur et un médecin-chef. Bon. Etant donné que ce sont des détenus, vous pouvez dire que les hôpitaux de Paris ne sont pas équipés pour former des gens responsables d'une sécurité particulière. Alors... Il faut être réaliste. Evidemment, on peut dire « Fresnes est un hôpital comme un autre », mais c'est impossible. C'est pour ça que le statut était tout à fait spécial. Les Finances, c'était pas par méchanceté pour la Pénitentiaire mais c'était pas principe, ils ne voulaient pas d'une nouvelle catégorie d'établissement. Alors ça, ça a été une des premières étapes. Et il est certain qu'en 86, je n'avais pas obtenu grand-chose, si ce n'est de poser les bases. Moi je suis d'avis qu'on doit commencer les choses officieusement pour pouvoir les essayer. Et selon le sujet... On a quand même à la suite de ça, fait une circulaire... Alors ça a marché ou pas. Mais tout de même. On essayait pour la première fois d'améliorer le système de distribution des médicaments. Je me suis efforcé de demander aux gens de la Pénitentiaire d'appliquer ce que nous demandait le ministère de la Santé...

E.F : Il y avait des ministères plus ou moins volontaristes ?

M.E : Oui, mais je crois que c'est moins les ministères que localement. Il en était de même si vous voulez pour les directeurs régionaux. C'est pour ça que dans le choix, cet aspect, du moins à l'époque, jouait quand même, du moins dans les avis au comité technique paritaire... Je regardais quand même le degré d'ouverture des gens. Il y avait aussi à ce moment là le problème des infirmières qui se mettaient une blouse blanche. Alors on a choisit en comité technique paritaire un costume avec les intéressées. J'avais demandé une étude qui avait permis de montrer que elles-mêmes se sentaient dévalorisées dans leur métier.

E.F : Et par contre ces différentes transformations allaient dans le même sens selon vous ?

M.E : C'était complètement commun. Je crois que Giscard a proclamé qu'être en prison, c'est être privé de liberté. Je crois que c'est utopique parce que nécessairement on est transformé. Je crois qu'on ne peut pas dire ça en fait. Il faut au moins mettre à disposition tous les moyens pour pouvoir être traité, je dirais, tout simplement normalement... Alors, en fait, c'est pas vraiment vrai parce qu'il y a des précautions et les problèmes de sécurité selon les époques envahissent plus ou moins...

E.F : Et cette idée d'ouverture était déjà bien ancrée quand vous êtes arrivée à la tête de l'Administration pénitentiaire?

M.E : Alors, non justement. Et ce problème santé s'intégrait là dedans. Il y a eu des réformes d'amélioration auparavant mais la prison en tant que telle restait sur des règles qui lui étaient propres. Dans la plupart des domaines. C'était surtout une question de mentalité. Il fallait ouvrir. Quand les gens voient... Là aussi j'avais tenté de rajeunir et puis de diversifier les gens qu'on mettait. Ce n'est pas facile d'en trouver. Et notamment pour des gens en activité. Alors on a pas abordé le côté de la psychiatrie où on a pas de quoi se vanter de ce qu'on a pu faire. On avait tenté... J'avais lancé un travail... L'idée, qu'on n'avait pas inventée, était de faire un truc continu entre le dedans et le dehors. C'est-à-dire un détenu qui a des troubles psychiatriques en prison qu'il soit suivi. On avait pondu des circulaires. C'est le Dr Lamothe qui m'avait instruit [...] On voulait arriver à faire la chaîne. Et là, honnêtement, je crois que le résultat. Il aurait fallu une continuité. Y compris de la direction. Et la séparation des services... Alors il y avait une question d'ailleurs qui se posait à l'époque qui était de dire : faut-il un corps des psychologues pénitentiaires. Et pour ma part, je suis parti sans que le problème soit résolu et je préférerais qu'il ne le soit pas parce que personnellement je suis contre. Parce que je pense qu'à ce moment là c'est l'enfermement du psychologue. Il faut qu'il y ait des clients dehors. Il me semble pas que ce soit très bon sur le plan de la démarche. [...] Ils [les psychologues] voulaient avoir un statut. Il faut dire que ce n'était pas très commode pour eux car leurs conditions d'embauche n'étaient pas évidentes. Mais personnellement, je ne l'aurais jamais soutenu ça. Qu'on leur donne une sécurité et qu'on les paye correctement, je comprends mais c'était une autre démarche. Favard était d'accord. Et pareil, pour un médecin. Il faut qu'un médecin puisse faire une carrière ou la Pénitentiaire ne soit qu'un morceau ou un temps. Et qu'ensuite il puisse retrouver un poste honorable ailleurs. Je peux vous raconter un exemple qui serait comique s'il n'était pas tragique pour expliquer la situation des milieux hospitaliers. C'était à Grenoble. Nous avions, je dis nous parce qu'au fond j'ai toujours dit nous au sujet des prisons... Nous avions à Grenoble un type qui était incarcéré pour escroquerie. Il était aux cuisines ou en comptabilité. Ce type là tombe malade. On l'emmène à l'hôpital et il descend une infirmière avec un couteau. Vous savez ce qui s'est passé. Le directeur m'appelle et me dit : « Ils nous le rendent. Oui car ils disent que c'est un délinquant! » [Silence] Ils n'en ont pas voulu ! En psychiatrie. Et c'est un peu ça [...] C'était quand même une politique d'ensemble. Je sais qu'on a souvent tendance à dire cela à posteriori mais là... tout ce qui pouvait être externalisé on était d'accord. Et la Pénitentiaire, à quelques exceptions près, il y a toujours des bourriques partout, mais en gros c'est pas la Pénitentiaire qui a mis... On s'est heurté à des choses, à des questions de sécurité [...] Mais y a des choses dont ils aimeraient bien être débarrassés et la Santé en faisait partie.

E.F : Comment vous étés vous assurée que ces directives étaient suivies au niveau local ?

M.E : C'est une très bonne question. La Pénitentiaire par rapport aux autres administrations que j'ai connues est probablement l'une des administrations, c'est un peu comme l'armée, les plus respectueuses du règlement. Je ne dis pas qu'elle l'applique toujours comme il faut et qu'il n'y pas de sabotage, mais il faut regarder et surtout marquer l'intérêt qu'on y porte. Je pense que, comment dire, c'est toujours très difficile de voir ce qu'il se passe. Il y a le problème aussi de recevoir des plaintes et nous avions regardé cela, qu'on puisse écrire directement. Et puis il faut circuler et regarder même si on ne voit qu'une partie. Il faut surtout être déterminé.

E.F : Il y a un terme qui est souvent revenu à cette époque c'est celui de « décloisonnement » ?

M.E : Ben, c'est exactement ça ! C'est le mot qu'on a employé à l'époque. Le décloisonnement culturel, le décloisonnement... Et la santé a vraiment été le numéro un, je pense en tous cas en ce qui me concerne, dans l'échelle des priorités. Ça a vraiment été une question privilégiée. Ça et l'enseignement.

E.F : Y avait des magistrats qui à part vous étaient moteur dans ce décloisonnement ?

M.E : Ah tout à fait. Jean-Pierre Robert que j'avais volé à la direction des affaires criminelles. On avait créé le bureau de l'action communautaire. Le terme a changé maintenant. J'avais insisté qu'on y mette le mot communautaire qui marque l'action envers le monde extérieur. La première chose qu'on a faite d'ailleurs, avec Jean Favard, c'était de changer l'organigramme. En plus j'avais fais venir un certain nombre de gens de l'Education surveillée. J'ai pêché ailleurs des personnes... Le chef du bureau des ressources humaines, François Antonioni était mon collaborateur à l'Education surveillée. Ça avait fait quelques remous. Il fallait des gens motivés à tous les niveaux [...]

E.F : Et beaucoup de médecins à l'époque n'assuraient qu'une faible partie de leurs vacations ?

M.E : Oui alors... On avait changé carrément... On n'a pas pu le faire partout. On a tenté de faire un peu de propagande pour montrer que les gens pouvaient faire carrière... Enfin carrière... En tous cas, rendre plus attractif ces postes. Et l'exemple du Dr Espinoza était un peu un signal. Monter qu'on pouvait travailler en prison sans être défavorisé. Alors, il avait des fonctions de conseiller. Il faisait en plus la liaison avec le ministère de la Santé. Justement, comme il avait été choisi d'un commun accord, il avait cette fonction. On avait eu l'argent, ce qui était déjà impensable, de le payer.

E.F : Le Comité santé justice, c'était plus dans l'optique de traiter des problèmes précis ou des questions ...

M.E : Non, c'était des questions d'ordre général. C'est-à-dire qu'on avait un sujet à chaque fois à partir de ce qui m'était signalé. C'était vraiment un comité de réflexion et de proposition. C'était vraiment très sympathique. Alors la participation était un peu irrégulière mais c'était très décontracté. On tenait un très très court petit procès verbal. C'était quelque chose de libre. Chacun donnait son avis. C'était tellement décontracté, qu'on ne négociait pas sur l'heure. On avait eu une réunion totalement sur le sujet de la pharmacie. Pour moi, c'était l'occasion d'être informée. C'est d'ailleurs pour ça que j'y allais. J'y allais parce que ça m'apprenait beaucoup de choses. Je ne suis pas du métier et en plus c'était un moyen de contrôler pour voir ce qu'il se faisait [bibliothèques] Gategno il nous avait affecté une bibliothécaire. Il y avait une personne, je crois tout à fait honorable qui est restée jusqu'à sa retraite, mais qui s'occupait de tout centraliser dans la pénitentiaire. Tandis que là c'était quelqu'un qui était de l'extérieur. Et qui s'était occupé de faire la politique du livre pour les établissements.

E.F : Donc quand vous êtes arrivée à la DAP, il y avait certaines personnes qui avaient tendance à tout centraliser à l'AP ?

M.E : Oui. Oui. Alors, il faut être franc. J'ai aussi centralisé les problèmes car si vous voulez appliquer une politique. Mais pas les détails... Je ne peux pas dire que c'était décentralisé. D'ailleurs dans cette maison, ça n'est pas vrai de toutes les directions, on rencontre des surveillants, chefs, directeurs. Et ça, j'avais tenté au moins au niveau des directions régionales... En disant « on ferme le parapluie ». Alors certains ont pris des initiatives mais... Il fait dire qu'ils risquent gros. Mais c'est vrai que j'aurai souhaité que certains soient un peu plus libres. Mais à l'époque, ça n'était pas dans l'esprit de la maison [Évoque son parcours et entée dans la magistrature]

E.F : Vous étiez syndiquée à l'époque ?

M.E : Je l'ai été la première ou la deuxième année et puis quand je suis rentrée au cabinet de Simone Veil, je me suis dit : « On ne peut pas mélanger les genres ». Mais j'étais abonné au journal [Justice] et puis de toute façon quand je suis devenu directrice j'avais dit que j'étais la directrice de tout le monde. Du coup je n'ai pas repris ma cotisation. Je n'ai pas été d'accord d'ailleurs avec certaines positions du Syndicat... On m'avait beaucoup reproché aussi quand je suis arrivée à l'AP que bon... On allait voir ce qu'on allait voir... que... Alors sur le plan des choix, c'est vrai que j'ai pris des gens qui étaient plutôt... Enfin. Toujours avec sérieux. Je n'ai pas fait de discrimination. J'ai viré dés le début le magistrat chargé du bureau des personnels mais pour entente avec les syndicats car ce qu'il faisait... Alors là ça a fait une petite histoire quand je l'ai remplacé justement par ce François et je savais qu'il ferait les choses honnêtement. Vous êtes obligé aussi, si vous ne faites pas un petit peu confiance... Si vous n'êtes pas entouré de gens qui ont votre confiance, ce n'est pas possible [...]

E.F : Et justement par rapport aux prises de position du SM sur les prisons, à l'époque, c'était globalement les idées que vous partagiez ?

M.E : Oui et non justement. Ils ont protesté quand j'ai commencé à faire des changements de personnel. Mais alors là j'ai crié plus fort qu'eux en disant qu'on ne pouvait pas prôner des politiques et faire avec des gens... Mais j'ai surtout eu affaire aux syndicats pénitentiaires [...] Sur certaines positions je trouvais qu'ils allaient trop loin. Le syndicat a beaucoup apporté quand il s'est créé. Ça a apporté quand même... Et là il n'y a plus vraiment de réflexion des jeunes. C'est comme Mai 68, ça me semblait très important. J'étais plus âgé mais Joinet et les autres ont apporté quelque chose de nouveau

E.F : Et Mai 68 ça représentait quoi pour vous de façon plus générale ?

M.E : Ecoutez, beaucoup. Moi ça m'a beaucoup... Alors les gens me regardaient de travers car vu ma génération. J'étais à l'administration civile et .... Moi ça m'a paru formidable. La profession, moi quand je l'avais connue, au début cette profession c'était vraiment... C'était en province mais c'était... On n'osait même pas montrer le journal qu'on lisait ! Vous n'avez pas idée ! Moi je débarquais, je n'ai pas de famille de magistrat et je découvrais. La part de l'inventivité est selon moi importante dans la profession [...]

E.F : Et Simone Veil quelles étaient ses fonctions à l'Administration pénitentiaire ?

M.E : Elle était comme moi substitut au ministère de la Justice. Elle travaillait avec Perdriau qui était sous directeur. Elle connaissait Solange Troisier mais je ne crois pas qu'elles étaient... Pas du tout même ! C'est un personnage curieux, très discutable mais qui en même temps a joué un rôle... C'est difficile de faire le bilan. Mais je crois qu'il était nécessaire pour faire une réforme pénitentiaire qu'elle ne reste pas. C'était quelqu'un d'assez particulier [...] Malheureusement, j'aurai souhaité faire quelque chose. J'étais très déçue. Mais Solange Troisier était un personnage... très complexe ! Mais en même temps, par certains côtés, je ne dis pas insupportable. Mais elle vivait autour d'elle-même, elle tenait énormément à son emprise. Elle était très soutenue en plus, elle, politiquement et je faisais très attention à ne pas trop la mêler. Simone Veil... En fait je faisais le tampon, enfin pas le tampon mais disons que c'est moi qui la recevais [rires] Il faut dire aussi que tout en étant sensible à cela, je n'étais pas sensibilisée au problème comme je l'ai été par la suite parce que contrairement à Simone Veil c'était un milieu que je ne connaissais pas et j'avais mis, je ne dis pas une barrière entre l'E.S et la Pénitentiaire, au contraire... Mais y a eu de ça. Je ne peux pas dire que je me suis accrochée à devenir. Très honnêtement. Je ne connaissais pas le milieu et c'est pour cela que j'avais refusé les deux premières fois d'aller prendre cela [la direction de l'AP]. Ça n'était pas la peur. Et je dois dire un de mes collègues m'avait dit : « Mais vous êtes folle Myriam » quand je lui avais dit que je quittais l'E.S et je lui avais répondu : « Oui je suis folle ! ».

INDEX

A

ADDD (Association de défense des droits des détenus) 16, 103, 105, 107, 143, 160, 168, 530, 641

AGRET Rolland 274, 530

AMOR Paul 31, 76, 79, 145, 158, 184, 185, 295, 575, 595, 609, 619, 620

ANCEL Marc 185, 595

ANTONIONI François 314, 445, 526

APM (Association professionnelle des magistrats) 16, 385, 386, 402, 583

APSP (Association des personnels soignant des prisonniers) 16, 429, 449, 450, 451, 452, 453, 454, 455, 456, 457, 464, 471, 520, 521, 582, 585

ARPAILLANGE Pierre 149, 151, 321, 386, 390, 391, 392, 403, 442, 479, 538, 583

Auxiliaires (surveillants) 47, 69, 121, 259, 268, 328, 396, 409, 454, 462, 463, 505, 510, 611, 635, 649, 665

AYME Jean 206, 603

B

BADINTER Robert 19, 30, 57, 66, 70, 71, 93, 149, 229, 235, 297, 299, 303, 304, 305, 306, 307, 308, 309, 310, 311, 312, 313, 318, 319, 323, 325, 327, 329, 330, 331, 333, 335, 339, 362, 366, 368, 385, 391, 422, 465, 473, 474, 492, 499, 516, 526, 529, 534, 535, 537, 540, 581, 667

BARZACH Michèle 431

BAUMETTES (prison des) 17, 27, 43, 54, 60, 77, 111, 118, 123, 189, 192, 241, 252, 256, 262, 272, 286, 308, 338, 341, 356, 360, 361, 362, 363, 367, 376, 377, 381, 401, 422, 426, 433, 435, 436, 437, 438, 468, 486, 520, 534, 535, 544, 554, 555, 556, 557, 558, 562, 576, 582, 588, 603, 619, 623, 647, 648, 649, 654, 655, 671, 672, 673

BELJEAN Georges 111, 115, 149, 151, 152, 213, 312, 523, 579, 598

BENEZECH Michel 419, 420, 421, 423, 424, 425, 426, 428, 429, 431, 434, 490, 674

BEZ Gabriel 435

BLANC Alain 30, 314, 315, 317, 322, 327, 350, 386, 391, 392, 393, 474, 478, 479, 480, 482, 491, 493, 559

BLOCH Etienne 66, 85, 99, 100, 103, 136, 143, 145, 153, 154, 160, 243, 519, 613, 641, 642, 643, 644, 645

BOIS D'ARCY (M.A de) 27, 54, 253, 254, 267, 272, 372, 373, 378, 379, 380, 381, 416, 424, 435, 439, 445, 447, 451, 453, 537, 538, 554, 555, 556, 557, 617, 645, 671, 672, 673

BONALDI Hubert 127, 143, 320

BOUCHER Philippe 92, 93, 94, 151, 186, 317, 532, 533, 535

BOUYSSIC Roger 77, 598

BRUNET Jean-Baptiste 421, 436, 675

BUFFARD Simone 116, 161, 165, 177, 201, 248, 266, 267, 554, 557, 600, 601

C

C.A.P (Comité d'action des prisonniers) 16, 155, 159, 160, 164, 169, 175, 176, 185, 195, 196, 267, 268, 269, 275, 278, 316, 318, 414, 533, 545, 578, 580, 614, 645

CANNAT Pierre 609, 620

CANO Marie-Joëlle 370, 379

CAP (Commission d'application des peines) 16, 249, 250, 578, 665

CASTERET Anne-Marie 343, 346, 535, 630, 631

CERFI 89, 90, 103, 136

Certificat médical 95, 230, 231, 253, 260, 275, 277, 336, 339, 398, 409, 460, 504, 510, 600, 614, 637

CGT (Confédération générale du travail) 127, 306, 308, 320, 321, 535

CHALANDON Albin 70, 299, 383, 386, 387, 388, 389, 405, 407, 408, 412, 432, 479, 524, 537, 538, 582, 583

CHANCEL Jacques 123, 128, 135, 140, 227, 274, 601

CHODORGE Gilbert 486, 487, 488, 491

CISIH (Centre d'information et de soin de l'immunodéficience humaine) 16, 431, 435, 437, 440, 441, 442, 584

CISMP (Conseil international des services médicaux dans les prisons) 16, 233, 412, 520, 580, 583

CLAVEL Maurice 92, 94, 588

CMPR (Centre médico-psychologique régional) 16, 61, 79, 99, 109, 118, 162, 165, 195, 199, 202, 204, 205, 206, 207, 208, 211, 317, 324, 364, 418, 419, 420, 424, 426, 429, 431, 550, 557, 577, 580, 585, 595, 596, 597, 616, 624, 625, 635, 663, 664, 665

COLCOMBET François 87, 126, 127, 540, 642

COLIN Marcel 116, 117, 140, 180, 323, 410, 576, 591, 596

COLIN Michèle 152, 161, 200, 201, 202, 218, 404, 410, 412, 478, 479, 480, 482, 484, 490, 491, 493, 521, 560, 563, 564, 577, 591, 668, 669

CONCOURS MEDICAL (LE) 62, 117, 171, 217, 237, 248, 545, 548, 550

CONSEIL DE L'ORDRE (des médecins) 46, 115, 119, 123, 234, 332, 346, 391, 396, 452, 527, 607, 608, 631

Contention 49, 95, 102, 117, 119, 122, 123, 128, 136, 137, 141, 143, 197, 203, 258, 283, 363, 364, 631, 639

COSYPE (Coordination syndicale pénale) 3, 16, 65, 70, 298, 304, 311, 315, 316, 317, 318, 319, 320, 321, 322, 323, 324, 326, 327, 328, 347, 385, 386, 392, 421, 471, 473, 474, 478, 519, 540, 559, 581, 615, 646

CRF (Croix-Rouge française) 16, 54, 120, 121, 185, 230, 372, 391, 449, 527, 528, 557, 558, 575, 576, 585, 589, 607, 609, 619, 620, 621, 626, 628, 658, 659, 660

Criminologie 55, 78, 117, 118, 146, 170, 176, 180, 183, 201, 202, 223, 228, 231, 240, 250, 251, 273, 277, 288, 296, 410, 412, 426, 543, 546, 547, 549, 550, 577, 591, 596, 600, 668

CSJ (Comité Santé/Justice) 372, 378, 380, 381, 386, 394, 395, 417, 424, 436, 494, 495, 557, 671, 673, 676

D

DABLANC Christian 211, 240, 284, 290, 332, 525, 580, 642

DAESCHLER Philippe 189, 524

DARMON Marco 528, 585, 627

DAYANT Charles 59, 106, 107, 109, 127, 128, 129, 130, 136, 217, 223, 532, 578

DDASS (Direction départementale des affaires sanitaires et sociales) 582

DE FELICE Jean-Jacques 96, 104, 157

Décloisonnement 23, 31, 32, 34, 42, 51, 68, 69, 70, 71, 81, 117, 144, 148, 178, 179, 180, 181, 182, 183, 184, 185, 186, 187, 188, 189, 190, 191, 192, 193, 194, 204, 205, 207, 210, 212, 218, 225, 237, 285, 289, 290, 295, 296, 297, 298, 299, 304, 309, 314, 315, 322, 323, 326, 327, 338, 339, 348, 349, 350, 364, 365, 366, 367, 384, 385, 386, 387, 392, 402, 405, 406, 407, 409, 413, 414, 426, 440, 445, 465, 469, 471, 473, 474, 475, 478, 479, 492, 495, 496, 512, 542, 545, 623, 646, 657, 754

Défense sociale 146, 155, 595, 609, 664

DEFERT Daniel 90, 156, 159, 160, 414, 442

DELEUZE Gilles 105, 122, 157, 160, 532

DEROBERT Léon 230, 411, 577, 590

DGS (Direction générale de la santé) 16, 203, 370, 371, 372, 391, 392, 394, 395, 396, 400, 418, 419, 423, 426, 435, 441, 452, 457, 477, 482, 483, 484, 485, 487, 490, 520, 521, 526, 557, 560, 663, 665, 666, 667, 673, 675, 677

DIENNET Marcel 59, 109, 128, 129, 130, 134, 136, 140, 530, 579

DINTHILLAC Jean-Pierre 190, 374, 379, 390, 428, 527, 583

DOMENACH Jean-Marie 100, 143, 156, 532, 601

DORLHAC DE BORNE Hélène 151, 188, 289

DOUSTE-BLAZY Philippe 488, 489

DRASS (Direction régionale des affaires sanitaires et sociales) 16, 369, 379, 423, 502, 504, 526

DSS (Direction de la sécurité sociale) 16, 174, 365, 366, 485

E

EMMANUELLI Xavier 26, 397, 434, 436, 444, 445, 458, 461, 462, 463, 464, 465, 466, 467, 468, 480, 486, 492, 493, 538, 556

ENAP (Ecole nationale d'administration pénitentiaire) 16, 145, 218, 237, 274, 441

ERBES Jean-Marc 115, 190, 265, 523

ESCOFFIER LAMBIOTTE Claudine 235, 427, 534, 537, 630, 631

ESPINOZA Pierre 26, 366, 367, 368, 378, 379, 380, 417, 418, 423, 428, 429, 440, 441, 449, 450, 451, 452, 453, 454, 456, 466, 467, 468, 481, 490, 493, 554, 555, 652, 653, 670

EVIN Claude 435, 436, 439, 441, 442, 469, 482, 484, 492, 523, 561

EZRATTY Myriam 191, 192, 238, 287, 288, 309, 313, 314, 322, 327, 340, 348, 349, 350, 354, 359, 361, 364, 365, 368, 369, 378, 379, 382, 389, 408, 418, 422, 424, 456, 474, 519, 524, 526, 536, 559, 581, 612, 653, 676, 678, 729

F

FAVARD Jean 30, 57, 66, 70, 84, 190, 211, 229, 235, 298, 299, 310, 311, 312, 313, 318, 319, 321, 322, 330, 331, 332, 334, 335, 338, 341, 343, 347, 349, 350, 351, 358, 360, 369, 378, 382, 413, 422, 437, 456, 473, 474, 524, 525, 529, 560, 642, 713

Fioles 400, 440, 459, 463, 655, 656, 658, 660

FLEURY-MEROGIS (M.A de) 22, 27, 78, 84, 95, 102, 113, 123, 124, 125, 126, 131, 136, 145, 154, 163, 167, 169, 175, 197, 200, 202, 203, 204, 206, 211, 239, 252, 258, 268, 269, 270, 274, 276, 308, 310, 316, 328, 341, 344, 352, 373, 375, 376, 380, 397, 408, 420, 424, 432, 434, 435, 436, 437, 438, 442, 444, 445, 446, 451, 457, 458, 460, 461, 462, 463, 464, 467, 468, 471, 486, 496, 506, 527, 529, 533, 535, 536, 537, 538, 539, 541, 544, 545, 551, 555, 556, 557, 560, 577, 579, 581, 582, 586, 587, 591, 614, 624, 633, 638, 639, 644, 645, 656, 664, 670, 672

FO (Force ouvrière) 127, 143, 310, 319, 320, 420, 421

FORGET Daniel 630, 631

FOUCAULT Michel 37, 38, 39, 41, 87, 90, 91, 92, 96, 97, 98, 100, 120, 126, 127, 129, 147, 159, 160, 177, 305, 511, 512, 540, 566, 567, 601, 616

FOURNIER Etienne 411, 536, 587

FOYER Jean 84, 145, 146

FRESNES 487

G

GASTAUT Jean-Albert 433, 437, 438, 588

GENTILINI Marc 434, 436, 463

GIP (Groupe d'information sur les prisons) 16, 65, 84, 87, 89, 90, 91, 92, 95, 96, 97, 99, 100, 101, 102, 103, 104, 107, 108, 109, 121, 122, 126, 129, 136, 137, 139, 143, 156, 159, 160, 164, 166, 175, 176, 185, 267, 313, 389, 529, 541, 568, 612, 641

GIRARD Jean-François 480, 482, 487, 521

GISCARD D'ESTAING Valery 68, 81, 129, 145, 146, 147, 150, 151, 152, 154, 173, 186, 194, 210, 211, 213, 273, 303, 304, 311, 313, 322, 348, 473, 533, 551, 579, 646

GMP (Groupe multiprofessionnel des prisons de Paris) 16, 125, 126, 133, 134, 140, 161, 165, 166, 167, 169, 175, 177, 182, 195, 316, 317, 320, 455, 531, 555, 556, 613, 614, 641, 645

GMQP (Groupe multiprofessionnel pour les questions pénitentiaires de Lyon) 16, 65, 161, 162, 163, 164, 165, 166, 167, 181, 182, 266, 316, 455, 578, 579, 616, 641

GOFFMAN Erving 34, 35, 36, 37, 38, 176, 177, 511, 566, 569

GONIN Daniel 26, 77, 78, 79, 80, 115, 134, 135, 140, 141, 162, 163, 170, 200, 201, 206, 211, 237, 244, 249, 251, 266, 409, 410, 477, 494, 554, 555, 584, 591, 600, 668, 669, 679

GOT Claude 434, 439

GRADIGNAN (M.A de) 416, 419, 420, 426, 429, 434, 435, 537, 547, 548, 582, 587, 674

Grève de la faim 85, 88, 89, 91, 118, 137, 144, 221, 230, 235, 246, 248, 252, 261, 269, 274, 325, 427, 449, 510, 527, 531, 534, 545, 548, 576, 578, 582, 588, 593, 594, 629, 630, 631

Groupe d'information des travailleurs sociaux (GITS) 138, 175

H

HCSP (Haut comité de la santé publique) 22, 23, 51, 66, 457, 468, 478, 486, 487, 489, 492, 522, 544, 560

HERVE Edmond 362, 526, 677

HIVERT Paul 104, 105, 109, 118, 141, 200, 205, 208, 250, 317, 324, 524, 577, 595, 596, 664, 665

HUGUENARD Pierre 329, 342, 343, 345, 346, 461, 530, 581, 650, 652

I

IGSJ (Inspection générale des services judiciaires) 16, 26, 492, 504, 676, 677

Institution totale 34, 35, 36, 37, 39, 176, 512

J

JACQUETTE Philippe 317

JAP (Juge d'application des peines) 16, 136, 139, 531, 641, 662

JEAN Jean-Paul 30, 393, 401, 404, 434, 435, 436, 437, 438, 439, 442, 469, 482, 484, 485, 487

JOURDAIN-MENNINGER Danièle 485

K

KARSENTY Jean-Claude 400, 479, 480, 527, 538, 559, 584

KOUCHNER Bernard 42, 482, 485, 486, 488, 494, 607, 676

KOUPERNIK Cyrille 216, 217

L

LA SANTE (M.A de) 80, 85, 89, 104, 106, 109, 118, 124, 127, 128, 129, 130, 131, 133, 140, 167, 194, 196, 198, 205, 253, 254, 258, 261, 267, 268, 272, 281, 289, 316, 325, 347, 438, 445, 529, 532, 533, 555, 556, 557, 578, 595, 617

LACASSAGNE Alexandre 410

LALLE Yvonne 262, 264, 522, 523, 623

LAMOTHE Pierre 412, 506

LAZARUS Antoine 124, 125, 126, 127, 134, 165, 166, 167, 177, 224, 253, 257, 276, 281, 316, 554, 555, 579, 614, 615, 616, 618

LE BOULAIRE Jean-Michel 40, 316, 317

LE CORNO Henri 108, 111, 140, 149, 256, 577

LECANUET Jean 151, 152, 186, 288, 533

LEGER Philippe 400, 491

LIVROZET Serge 159, 318, 578

LOCHEN Axel 161, 163, 579

LUCAS Michel 364, 374, 375, 377, 378, 379, 435, 441, 456, 461, 521, 522, 526, 527, 609, 651, 678

M

MAI 68 84, 85, 86, 88, 92, 96, 123, 124, 125, 127, 130, 137, 312, 316, 568, 600, 601, 606, 607, 616, 617, 618

MAJ (Mouvement d'action judiciaire) 16, 104, 168, 611, 612

MATAGRIN Dominique 379, 385, 386, 388, 390, 559

MEGARD Marc 115, 224, 236

MEGRET Jacques 145, 152, 153, 190

MEROT Jacques 200, 203, 206, 624

MICHELET Edmond 213, 522, 589, 590

MIRVAL Patrick 126, 167, 168, 316, 533, 540, 579, 614, 615, 638

Mitard 101, 149, 195, 226, 251, 252, 256, 263, 277, 371, 382, 399, 405, 449, 460, 615, 617, 645

N

NAU Jean-Yves 235, 346, 408, 534, 536, 538, 630, 631

NICOLAS Guy 22, 51, 66, 468, 482, 486, 488, 560

NICOT Xavier 161, 163, 190, 528, 572

O

OBRECHT Olivier 22, 31, 496

OIP (Observatoire international des prisons) 22, 268, 542

P

PASTRE Aimé 127, 320

PERDRIAU André 595, 612

PETIT Jacques 133, 180, 189, 221, 254, 528, 585, 591, 626, 627

PEYREFITTE Alain 69, 149, 175, 187, 209, 236, 258, 260, 275, 290, 297, 303, 306, 310, 311, 312, 315, 316, 318, 338, 385, 386, 473, 529, 534, 537, 642, 644, 646

PIAL Gilles 427, 430, 537, 538

PINATEL Jean 184, 185, 619

PLEVEN René 88, 89, 91, 94, 95, 96, 106, 109, 127, 143, 149, 157, 160, 191, 226, 525, 531, 532, 641

PONTOISE (M.A de) 54, 230, 231, 252, 355, 372, 373, 381, 419, 425, 468, 544, 554, 555, 557, 558, 641, 658, 659, 660, 670, 671, 672

POTTIER Philippe 3, 311, 316, 317, 318, 319, 321, 322, 323, 326, 392, 519, 559, 645, 646

Programme 13.000 70, 71, 299, 357, 386, 387, 391, 392, 393, 394, 395, 396, 397, 400, 401, 402, 403, 404, 473, 478, 479, 480, 520, 521, 522, 543, 553, 562, 583, 584

Psychotropes 49, 102, 114, 118, 194, 197, 198, 257, 258, 276, 278, 280, 378, 393, 398, 400, 448, 451, 459, 461, 462, 547, 550, 616

Q

QHS (Quartier de haute sécurité) 17, 252, 278, 289, 534

QUOTIDIEN DU MEDECIN 5

R

RENE Louis 391, 632

ROCHE Louis 117, 202, 410, 411, 577, 600, 668, 669

ROSE Edith 106, 117, 119, 120, 121, 122, 123, 136, 204, 216, 217, 288, 311, 550

ROUEN (M.A de) 203, 240, 269, 400, 425, 436, 507, 534, 554, 557, 558, 560, 587, 600, 655, 663, 665, 666, 672, 673

ROUX Jacques 362, 365, 526, 667

ROZENBAUM Willy 675

RPDP (Revue pénitentiaire et de droit pénal) 17, 57, 80, 118, 136, 141, 146, 155, 158, 172, 180, 183, 184, 185, 187, 188, 190, 191, 192, 200, 205, 216, 222, 228, 230, 231, 241, 248, 249, 250, 289, 308, 317, 324, 348, 350, 585, 590, 591, 593, 595, 596, 609, 619, 620, 621, 626, 663

RSCDP (Revue de sciences criminelles et de droit pénal comparé) 17, 80, 585, 620

RUFFIE Jacques 674

S

SCHMELCK Robert 95, 108, 122, 123, 143, 151, 305, 399, 400, 527, 577, 578, 590

Secret médical 28, 64, 115, 122, 144, 250, 254, 274, 276, 323, 342, 345, 362, 363, 378, 380, 402, 438, 442, 443, 446, 447, 452, 453, 454, 459, 462, 471, 491, 505, 506, 539, 549, 597, 634, 663, 665, 671, 754

SECURITE SOCIALE 16, 28, 31, 65, 68, 76, 81, 142, 150, 168, 171, 172, 173, 174, 190, 191, 210, 216, 239, 244, 285, 339, 342, 365, 366, 379, 383, 401, 435, 467, 469, 471, 478, 485, 487, 493, 522, 540, 546, 547, 579, 586, 661, 669

Sida 22, 23, 29, 61, 63, 70, 299, 395, 398, 401, 402, 412, 413, 414, 415, 416, 417, 418, 419, 420, 421, 422, 423, 425, 428, 429, 430, 431, 432, 433, 434, 435, 436, 437, 438, 439, 440, 441, 442, 443, 444, 446, 450, 451, 452, 453, 461, 462, 463, 466, 467, 468, 471, 475, 477, 481, 484, 487, 490, 491, 492, 493, 494, 496, 519, 523, 537, 538, 539, 544, 546, 547, 551, 563, 566, 568, 583, 588, 634, 670, 672, 673, 674, 675, 676, 677, 754

SM (Syndicat de la magistrature) 17, 161, 312, 313, 314, 315, 316, 317, 322, 323, 329, 386, 390, 392, 583, 611, 612, 614, 640, 641, 642, 643, 644, 754

SMPR (Service médico-psychologique régional) 17, 203, 400, 429, 451, 506, 507, 557, 560, 582, 663, 665, 666, 673

SNEPAP (Syndicat national des éducateurs et des personnels de l'administration pénitentiaire) 3, 17, 136, 137, 311, 316, 317, 318, 319, 321, 322, 323, 324, 326, 392, 519, 530, 531, 559, 644, 646

SOCIÉTÉ GÉNÉRALE DES PRISONS (SGP) 158, 183, 186, 189, 289, 308, 317, 326, 567

SPH (Syndicat des psychiatres des hôpitaux) 17, 205, 206, 665

T

TABUTEAU Didier 482, 483, 484, 485, 521

TAITTINGER Jean 113, 149, 172, 186, 204, 268, 522

TCHERIATCHOUKINE Jean 359, 379, 394, 433, 456, 485, 527

TEULADE René 485, 486, 561, 676

THEOLLEYRE Jean-Marc 91, 164, 532

TONUS 181, 195, 217, 223, 342, 454, 455, 467, 534, 538, 548, 631

TUFFELLI Jacqueline 458, 459, 460, 464, 486, 487, 554, 556, 560

U

UCSA (Unité de consultation et de soin ambulatoire) 17, 19, 20, 21, 27, 449, 501, 502, 504, 505, 507, 555, 556

V

VARAUT Jean-Marc 129, 168, 172, 536, 612

VAUZELLE Michel 482, 486, 487, 493, 494, 538, 561, 676

VEIL Simone 35, 41, 42, 83, 150, 174, 191, 193, 194, 204, 207, 238, 241, 264, 287, 288, 309, 314, 349, 389, 411, 487, 488, 489, 494, 548, 566, 567, 568, 584

VERIN Jacques 146, 183, 184, 185

VOULET Jacques 595

W

WEIL Jean-Albert 36, 222, 593

Z

ZAKINE Yvan 84, 153, 204, 306, 307, 309, 312, 313, 315, 316, 319, 329, 330, 332, 333, 351, 382, 524, 525, 529, 559, 581, 589, 590, 612, 642, 643

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