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Soignants, soignantes, prenons des gants pour le dire


par Karl LORIDO-POTTIER
Institut de Formation en Soins Infirmiers de Troyes - Diplôme d'État d'Infirmier 2015
  

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2. Questionnement et analyse de la situation :

Ces deux situations de soins m'ont interpellé sur ma pratique professionnelle mais également sur celle des professionnels qui nous encadrent, nous forment et qui, comme moi, ne respectent pas toujours les recommandations de bonnes pratiques en matière de port de gants. A l'issue de ce stage, j'ai d'ailleurs réalisé une analyse de pratique sur ce sujet, me permettant ainsi de me poser différentes questions et d'orienter mon thème de recherche :

- Pourquoi l'infirmier/l'infirmière ne porte pas de gants lors de certains

soins ?

- La relation soignant-soigné peut-elle avoir un impact sur nos pratiques
professionnelles ?

- Le gant peut-il être une barrière à la relation soignant-soigné ?

- Pourquoi l'infirmier/l'infirmière malgré ses connaissances prend des

risques ?

- Le gant nous protège-t-il véritablement des AES ?

- La spécificité du service influence-t-elle le port de gant ?

- Les gants altèrent-ils la dextérité du soignant ?

- Le port des gants est-il plus ou moins important chez les aides-

soigant(e)s que chez les infirmier(ère)s ?

- Quelle image renvoie les professionnels ne portant pas de gants aux
étudiants ?

A l'issue de ces multiples questionnements, nous avons pu déterminer nos différents axes de recherches et aboutir à la question de départ suivante :

En quoi certains facteurs influencent l'infirmier(ère) au respect du port de gant dans les soins à risque d'accidents d'exposition au sang ?

1. L'hygiène et les soins infirmiers :

1.1. Hygiène Hospitalière :

Fondamentalement, l'hygiène repose sur des précautions de bon sens : propreté des locaux, des objets et des personnes. Dans les établissements de soins, l'hygiène repose sur des règles professionnelles drastique dans le but de prévenir et de lutter contre les infections. L'hygiène est une discipline essentielle, au coeur des secteurs de soins.

1.2. Définition de l'hygiène :

Afin de définir le concept, d'hygiène, il faut partir de son étymologie. Le mot hygiène vient du grec « hygieinon » qui signifie « santé ». L'hygiène c'est un ensemble de règles individuelles ou collectives qui visent à prévenir ou à conserver la santé.3 D'après Léon Bernard, qui fut président du conseil supérieur d'hygiène de France, « l'hygiène n'est pas une science contemplative, mais une science faite d'actions »4.

L'hygiène hospitalière c'est donc l'ensemble des mesures relatives à la politique de prévention et de lutte contre les infections associées aux soins dont les infections nosocomiales font partie.

1.3. L'hygiène et l'infirmier(ère) :

Si l'on regarde les règles régissant notre profession, seul un article du code de la santé publique fait référence à l'hygiène. Il s'agit de l'article R.4312-11 « L'infirmier ou l'infirmière respecte et fait respecter les règles d'hygiène dans l'administration des soins, dans l'utilisation des matériels et dans la tenue des locaux. Il s'assure de la bonne élimination des déchets solides et liquides qui résultent de ses actes professionnels. »

3 UE 2.10, Mme Humbert, Infirmière Hygiéniste, « l'hygiène hospitalière », Septembre 2012

4 Encyclopedia Universalis Cd-rom, Hygiène, M. Maisonnet

L'hygiène est « une science au service des soins infirmiers, elle est également un comportement. C'est un savoir, un savoir-faire, un savoir être. C'est un tout qui va conduire à l'excellence. »5 Ainsi, la loi amène l'infirmier à justifier de sa propre compétence.

1.4. L'hygiène des mains avant tout :

Les mains représentent dans notre société la douceur, la sensualité. Le toucher est une intrusion dans la sphère intime. Le contact passe par le toucher c'est ce que l'on apprend dès le plus jeune âge. Pourtant les mains sont responsables de la conduite de germes qui se transportent « à la maison ».

C'est pourquoi, la peau, notamment celle des mains est la première protection contre les agents pathogènes. L'hygiène et les soins des mains sont essentiels dans la réduction de transmissions de germes à un patient. Toutes lésions des mains est une porte d'entrée potentiel pour des bactéries. Le lavage des mains (Annexe I) au savon doux liquide, reste la méthode de prévention la plus efficace contre la transmission des infections. Les solutions hydroalcooliques sont également très efficaces, si les mains ne sont pas souillées visuellement.

1.5. Les précautions « standard » en hygiène :

Les précautions standard6 ou universelles (Annexe II) s'appliquent par tous les soignants pour l'ensemble des patients quelle que soit leur pathologie et leur statut sérologique et ce, dans tous les lieux de soins.

Nous entendons par précautions standard : l'hygiène des mains, le port de gants, le port d'équipements de protection individuels (masques, charlottes, casaques...), la prévention des accidents d'exposition au sang ainsi que l'entretien des locaux et du matériels de soins.

2. Les gants à usage unique :

5 Nouveaux Cahier de l'infirmière - Hygiène - Ed. Elsvier Masson - Issy-les-Moulineaux-2007 - Pages 6

6 Resclin Champagne-Ardenne, Martine Blassiau, Les précautions standards, les ateliers du Resclin 2008-2009, Gestion du risque infectieux associé aux soins «Module correspondants en hygiène des établissements de santé».

2.1. Définition du gant :

Le gant se définit comme un objet fait de peau, d'étoffe ou de tout autre matériau qui épouse la forme de la main et des doigts et qui est utilisé comme accessoire de l'habillement ou comme protection dans diverses activités7.

Les gants médicaux, eux, sont la plupart du temps, définit comme des dispositifs à usage unique, utilisés lors des procédures de soins médicaux (Annexe III) nécessitant une barrière de protection8.

2.2. Historique du port de gant :

Les premières recommandations en matière de port de gants remontent au XVIe siècle, bien avant les travaux de Semmelweis sur l'asepsie des mains lors des accouchements et longtemps avant les travaux de Pasteur sur les microbes. En effet, c'est l'obstétricien Plenck qui recommanda le premier l'usage des gants au moment de la naissance d'enfants de mère syphilitique.

En 1889, le médecin américain William Halsted introduit le port de gants en chirurgie. C'est en 1975 que les gants deviennent à usage unique.

Avant cette date, ils étaient réutilisables. On les lavait et les stérilisait à la vapeur. C'est également à cette date que les gants de soins à usage unique ont été largement diffusés.

Depuis 1985, avec l'épidémie du SIDA, la fréquence du port de gants augmente et les premières intolérances, notamment au latex, apparaissent9.

Nous devons également l'apparition du port de gant à deux phénomènes, le premier est lié à l'évolution des matériaux, passant du coton à la soie pour obtenir finalement le caoutchouc de latex. En 2004, la consommation annuelle de gants en France était de l'ordre de 800 millions d'unités de gants d'examen et de 60 millions de paires de gants chirurgicaux. La proportion de gants en

7 http://www.larousse.fr/dictionnaires/francais/gant/36056 Consulté le 11/10/14

8 http://www.who.int/gpsc/5may/tools/training education/slcyh usage des gants fr.pdf Consulté le 11/10/14

9 http://www.infirmiers.com/pdf/le-bon-usage-des-gants.pdf Consulté le 11/10/14

latex de caoutchouc naturel est de l'ordre de 55% pour les gants d'examen et de 96% pour les gants chirurgicaux. Le second phénomène est la découverte par plusieurs médecins que le gant à usage unique était un dispositif médical clef dans la protection soignant-soigné et non plus exclusivement dans la protection du soignant10.

2.3 Les représentations sociales des gants :

Au niveau des représentations sociales11, historiquement serrer la main avec des gants pour saluer une personne était un manque de respect. De plus depuis toujours nous apprenons que le contact passe à travers le toucher. Ainsi la médecine développe donc deux aspects contradictoires avec le port de gants, la protection en termes d'hygiène et le toucher relationnel hors les gants entraîne une absence de contact chaleureux.

Dans l'esprit des patients, la main gantée fait mal (gestes invasifs) ou touche à l'intime (petite toilette). En ce qui concerne les soignants ils sont dans le questionnement, si j'en porte j'ai peur de faire mal, de me souiller. Si je n'en porte pas je valorise la relation, la confiance.

2.4. L'aspect technique des gants médicaux :

Il existe différents type de matériaux (Annexe IV) utilisés dans la fabrication des gants à l'usage des professionnels de santé. Le caoutchouc et ses dérivés

(latex, nitrile, néoprène...) et les polymères thermoplastiques12 (vinyle,
polyéthylène). L'ensemble de ces matériaux convient pour la protection contre les risques microbiologiques.

10 http://ansm.sante.fr/var/ansm site/storage/original/application/c0881702f5b28bed08f2c61f249 508fd.pdf consulté le 11/10/14

11 Germain Michel - L'épopée des gants chirurgicaux - Ed. L'Harmattan - Juin 2014 - p.

12 Matières plastiques qui se ramollissent sous l'action de la chaleur et se durcissent en se refroidissant de manière réversible.

13 nosobase.chu-lyon.fr/recommandations/cclin/.../1998_mains_CCLIN.pdf consulté le 19/11/14

14 Volume sanguin contenu dans l'aiguille

Les gants de soins non stériles doivent garantir une étanchéité contre les bactéries et les virus mais ils doivent également permettre aux soignants de garder une sensibilité tactile et être imperméables aux liquides et colorants.

A l'état neuf, et à condition de fabrication égale outre leur coût, les gants en latex, nitrile ou vinyle forme une barrière équivalente contre les microorganismes.

Toutefois, l'intégrité de la barrière résiste plus longtemps pour les gants à base de caoutchouc que pour les gants en vinyle. En effet, les gants en latex ou en nitrile possèdent une plus grande élasticité que les gants en vinyle, leur procurant ainsi une résistance aux sollicitations mécaniques importantes. Néanmoins nous savons qu'une porosité du gant apparaît au bout de 30 à 45 minutes, c'est pourquoi il est important de les changer régulièrement.

2.5. L'effet barrière du gant:

Les principales qualités que l'on attend des gants sont :

- Un gantage optimisé en conditions sèches et humides.

- Une souplesse et la résistance du matériau.

- Une surface micro-rugueuse permettant une préhension fine afin de ne

pas altérer la dextérité.

- Un rôle dans la protection croisée entre le soignant et le patient.

Sachant que 70 à 80% des infections sont manuportés13, les gants offrent une protection aux patients contre la flore microbienne d'autres patients, risquant d'être véhiculés par le biais des soignants. D'où l'importance de changer de gants entre chaque patients et de respecter l'hygiène des mains recommandée en matière d'hygiène hospitalière.

Les gants, lors d'une piqûre accidentelle retiennent 30 à 60% de l'inoculum14 contenu dans l'aiguille grâce à un effet mécanique d'essuyage du sang au contact du gant, évitant généralement la dissémination d'agents pathogènes

15 Pascal PRAYEZ, Julie ou l'aventure de la juste distance, éditions Lamarre, février 2013, page 29-30 consulté le 29/10/2014

dans l'ensemble de l'organisme. Toutefois l'inflammation locale après un AES est présente même avec les gants.

Mais outre leur barrière microbienne, les gants peuvent être une barrière émotionnelle. Le port de gant n'a pas pour but de se protéger du patient en tant que personne. En effet un recours systématique aux gants, par craintes du contact de l'autre, par exemple, risque de remplir un rôle de barrière relationnelle et de mise à distance défensive d'autrui15.

2.6. Les gants et la réglementation :

Le latex issu de caoutchouc naturel, peut être responsable d'allergies parfois sévère. Pourtant, on retrouve cette substance dans de nombreux dispositifs médicaux. Des contrôles qualité sont donc réalisés avant, pendant et après le conditionnement afin de contribuer à la sécurité globale du gant.

C'est pourquoi, afin de pouvoir être mis sur le marché les gants doivent répondre à deux normes européennes, qui ont été transposées en droit français. C'est l'usage auquel est destiné le gant qui définit la directive à laquelle il doit répondre.

La directive européenne n° 93/42/CEE sur les dispositifs médicaux (DM) concerne les gants médicaux qui sont destinés à la protection des patients.

La directive européenne n°89/686/CEE sur les équipements de protection individuelle concerne les gants de protection destinés à la protection du personnels, par exemple vis-à-vis des agents biologiques, chimiques ou des rayonnements ionisants.

Les procédures de mises sur le marché dépendent donc du type d'équipement de protection individuelle. Ils sont soumis à des essais de vérification de leur

conformité. Dans tous les cas la conformité aux directives est attesté par le marquage CE16.

· Les gants médicaux (Dir. n° 93/42/CEE)

Les essais de conformité sont réalisés selon la norme européenne EN455 qui comporte quatre étapes qui porte sur l'étanchéité des gants, sur leurs propriétés physiques, sur la biocompatibilité et sur la durée de conservation des gants à usage médical.

· Les gants de protection (Dir. n°89/686/CEE)

Les essais de conformité sont réalisés selon plusieurs normes européennes spécifiques aux risques susceptibles d'être rencontrés : risques microbiologiques et chimiques (EN374), mécaniques (EN388), thermiques (EN407), ionisants et radioactif (EN421).

3. Les soins à risques d'exposition au sang :

3.1. Définition :

Un risque d'accident d'exposition au sang (AES) se définit comme tout contact avec du sang ou un liquide biologique contenant du sang et comportant soit une effraction cutanée (piqûre ou coupure) soit une projection sur une muqueuse (oeil, bouche) ou sur une peau lésée (Annexe V). Le risque de transmission d'agents infectieux lors d'un AES concerne l'ensemble des germes véhiculés par le sang ou les liquides biologiques (bactéries, virus, parasites et champignons). Au regard de cette définition, nous pouvons donc constater que l'ensemble des soins peuvent se révéler à risque pour les soignant(e)s.

16 Le marquage "CE" (Conforme aux exigences) a été créé dans le cadre de la législation européenne. Il matérialise la conformité d'un produit aux exigences communautaires incombant au fabricant du produit. Il doit être apposé avant qu'un produit ne soit mis sur le marché européen.

3.2. Epidémiologie des AES :

Sur la base des données du rapport Raisin17, en 2011, 17 148 AES ont été recensés dans 849 établissement de santé (ES) pour un total de 260 372 lits d'hospitalisation, représentant 32,7 % des ES français et 62,7 % des lits d'hospitalisation. En 2012, 18 829 AES ont été recensés dans 1 019 ES pour un total de 300 047 lits d'hospitalisation, représentant 39,3 % des ES français et 72,3 % des lits d'hospitalisation.

Près de 60 % des AES sont rapportés par des personnels paramédicaux, 59,6 % en 2011 et 61,1 % en 2012.

Les accidents percutanés (APC) représentaient 8 AES documentés sur 10, essentiellement par piqûre 86,8 % en 2011 et 86,3 % en 2012. La tâche en cours était un geste infirmier dans près de la moitié des cas (48 % en 2011 et 49,6 % en 2012).

3.3 Réglementation en vigueur :

La réglementation en vigueur au niveau européen comporte trois directives :

La première18, concerne la mise en oeuvre de mesures visant à promouvoir l'amélioration de la sécurité et de la santé du personnel au travail ;

La seconde19, concernant les prescriptions minimales de sécurité et de santé pour l'utilisation par les travailleurs au travail d'équipements de travail ;

Et enfin la troisième20, concerne la protection des travailleurs contre les risques liés à l'exposition à des agents biologiques au travail ;

Cette réglementation européenne à été transposée en droit français. La législation française compte 7 textes de lois en lien avec les risques liés à l'exposition au sang pendant notre temps de travail.

17 Rapport RAISIN 2011-2012 concernant la Surveillance des accidents avec exposition au sang dans les établissements de santé français.

18 Directive 89/391/CEE

19 Directive 89/655/CEE

20 Directive 2000/54/CE

Il existe trois circulaires21 qui concernent la prise en charge des personnes exposées à un risque de transmission d'un virus (VIH, VHC, VHB) par le sang et les liquides biologiques notamment lors des soins dans les établissements de santé.

Toutefois, en cas d'exposition réelle, la loi22 prévoit une traçabilité de la part de l'employeur, avec la tenue d'un registre de déclaration des accidents du travail et la rédaction obligatoire du document unique (Le document unique, permet de recenser, lister et hiérarchiser tous les risques potentiels au sein d'un établissement).

Afin de limiter le nombre d'AES, le gouvernement a mis en place un programme national23 de prévention des risques, qui a pour objectif de diminuer de 25% le risque d'AES pour 100 lits d'hospitalisations.

4. Les comportements en matière de port de gant :

4.1. Définitions : observance et comportement.

L'observance se définit d'après le Larousse comme « l'action d'obéir à une habitude, de se conformer à un modèle, une coutume ; »24 Exemple l'observance du port de gant ou d'un traitement.

Un comportement d'après le Larousse est « une manière de se comporter, de se conduire ; c'est l'ensemble des réactions et des conduites d'un individu. »25

21 Circulaire interministérielle DGS/RI2/DHOS/DGT/DSS n° 2008-91 du 13 mars 2008 - Circulaire DGS/VS 2/DH/DRT n° 99-680 du 8 décembre 1999 - Circulaire n° DGS/DH/98/249 du 20 avril 1998

22 Article L.441-4 du code de la sécurité sociale - Article R. 4121-1 du code du travail - Décret no 94-352 du 4 mai 1994

23 Programme national de prévention des risques 2009 - 2013

24 http://www.larousse.fr/dictionnaires/francais/observance/55422 consulté le 29/11/2014

25 Le Petit Larousse Illustré - 2002 - Page 242

4.2. Facteurs déterminant le respect du port gant :

Comme nous l'avons vu depuis le début de notre mémoire, l'intérêt du port de gant remonte à plusieurs dizaines d'années maintenant. Son efficacité n'est donc plus véritablement à démontrer et pourtant le port de gant ne fait pas l'unanimité chez l'ensemble du corps infirmier. Mais quels sont les facteurs qui nous incitent à utiliser des gants lors de soins à risques d'AES ?

Au cours de notre formation, nous abordons le port de gants en première année dans le cadre de l'unité d'enseignement 2.10 Infectiologie et hygiène. Nous parlons du port de gants lors de l'hygiène des mains et particulièrement lorsque nous abordons les précautions standard et les AES.

L'hygiène des mains ainsi que le port de gants, font l'objet de nombreuses recommandations de bonne pratique de la Haute autorité de santé (HAS) ou de l'organisation mondiale de la santé (OMS). L'hygiène est la base de notre profession, elle a un rôle central. Aucun soignant, à l'heure actuelle, ne peut donc dire qu'il ne connait pas les risques qu'il prend lorsqu'il ne porte pas de gants, dans des soins où leur usage est recommandé.

Certains soins nécessitent d'être réalisés de façon stérile, la question du port de gant ne se pose donc pas. Le non-respect du port de ceux-ci conduirait le soignant à faire une faute d'asepsie. Il serait judicieux de se demander si les gants altèrent ou non la dextérité puisque certains soins stériles notamment ne peuvent être réalisés sans gants.

Le regard de ses pairs peut influencer le soignant à porter ou non des gants. Si c'est un service où beaucoup d'infirmier(ère) portent des gants lors des soins à risque d'AES le soignant aura tendance par effet de masse et de mimétisme à mettre des gants et inversement. Il serait donc préférable de convaincre plutôt que de contraindre.

4.3. Le risque :

Un risque, d'après le Larousse26, est la possibilité de survenu d'un fait, d'un événement considéré comme un mal ou un dommage. David Le Breton27 décrit le risque comme une conséquence aléatoire d'une situation, mais sous l'angle d'une menace, d'un dommage possible. Il écrit dans son livre28 : « Le risque est ce moment de la croisée des chemins, du franchissement d'un cap où un péril se pressent. »

Prendre un risque ne se résume pas à l'éventualité de périr ou d'être touché physiquement. Cela implique également l'estime de soi. Au quotidien la prise de risque permet de briser les routines de nos vies personnelles et/ou professionnelles. Prendre un risque donne un sentiment de maîtrise, (Je n'ai jamais eu d'accident de voiture depuis que j'ai le permis donc je peux rouler un peu plus vite que la vitesse autorisée).

Cela permet également de se sentir mieux protéger (ça n'arrive qu'aux autres) c'est un mécanisme de défense mis en place par l'humain pour faire face à certaines situations (Un fumeur sait que le tabac tue, pourtant il fume quand même parce qu'il ne se dit pas que ça peut lui arriver bien qu'il connaisse les dangers). Mais tester ses limites, se mettre en danger, aller contre les savoir qui nous est inculqué, cette prise de risque permet de se sentir vivant, d'être décideur, maître de nos actes. Comme le dit Haruki Murakami29 : « Bien sûr, il y a des risques. Mais le risque, c'est ce qui épice la vie ». La prise de risque renvoie le soignant à sa propre conscience professionnelle.

L'infirmier en ne portant pas de gants veut-il se prouver qu'il maîtrise le soin ou bien ne craint-il pas d'être contaminé par un virus (VIH, Hépatites...) ?

Suite à notre partie théorique, nous allons établir des axes de recherches dans le but d'affiner notre question de départ.

26 http://www.larousse.fr/dictionnaires/francais/risque/69557

27 David le Breton est un sociologue et anthropologue français, il étudie notamment l'anthropologie des conduites à risque.

28 Sociologie du risque - éditions Que sais-je ? - Janvier 2012 - Page n°3

29 Ecrivain Japonais, plusieurs fois favori pour le prix Nobel de la littérature

Suite à notre cadre théorique, nous avons pu établir 3 axes de recherches qui vont nous permettre de réaliser notre enquête de terrain. A l'issu de cette enquête, nous réaliserons une analyse des données obtenues afin de les croiser avec notre cadre théorique.

Notre premier axe de recherches sera : Identifier les facteurs qui influencent ou non l'infirmier(ère) au respect du port de gant dans les soins à risques d'AES. Au cours de nos recherches, nous nous sommes rendu compte que bon nombre de facteurs pouvaient intervenir dans le respect du port de gants mais alors qu'en est-il pour leurs non observance ?

Notre second axe de recherche sera : Identifier si la spécialité du service et la population accueillies influencent ou non l'infirmier(ère) au respect du port de gants dans les soins à risques d'AES. Etant donné que le port de gant peut être pour certains soignant une barrière dans la relation de soin, nous avons jugé intéressant de comparer les différentes pratiques au sein de plusieurs unités de soins dont les spécialités et le type de patients accueillis n'étaient pas les mêmes.

Notre troisième axe de recherche sera : Identifier si le port de gant n'est pas simplement utilisés pour protéger le patient et non pour se protéger des risques d'AES. Au fil de nos recherches, nous avons identifiés que pour réaliser certains soins notamment stériles le port de gant est obligatoire. Mais alors dans quel but portons-nous des gants ? Les soignants portent ils davantage de gants lorsqu'il s'agit de protéger les autres plutôt qu'eux-mêmes ? Est-ce pour se protéger, protéger l'autre ? Est-ce leur conscience professionnelle et leur valeur concernant le respect qui les poussent à mettre des gants pour protéger l'autre ? C'est ce que nous allons cibler à l'aide de cette axe de recherche.

1. Choix de l'outil d'enquête :

Au cours de notre mémoire de fin d'études, nous nous sommes interrogés sur l'outil d'enquête que nous allions utiliser. Nous avons décidés de conduire des entretiens semi-directifs dont l'objectif est de laisser s'exprimer les professionnels et interagir avec eux. Cela permet également de réajuster ou de relancer sur la question incomprise mais aussi de rebondir sur des éléments, que nous souhaiterions développer d'avantage.

Nous pensons que l'entretien peut apporter à notre travail de recherche une véritable mine d'informations grâce à l'expérience de chacune des personnes interviewées. Nous pourrons compléter les données récoltées en amont et ainsi aboutir à leur interprétation30.

Au cours de nos entretiens avec les professionnels, nous utiliserons, après accord tacite, un dictaphone pour enregistrer ce qui va se dire au cours de l'échange et ainsi faciliter la retranscription. Nous garantirons l'anonymat des personnes interrogées. Les entretiens durerons une trentaine de minutes, nous nous positionnerons face à face, dans le but de favoriser le dialogue et l'échange. Il s'agit donc, ici d'un mode d'accès direct31.

2. Choix de la population cible :

Au cours de nos entretiens, nous souhaitons recueillir l'expérience, la pratique de l'infirmier ou de l'infirmière en matière de port de gant.

Nous aimerions réaliser nos entretiens auprès d'un(e) infirmier(ère) de soins de suite post-interventionnelle (SSPI), un(e) infirmier(ère) de médecine, un(e) infirmier(ère) de pédiatrie et un(e) infirmier(ère) libéral(e). Et ce dans le but de

30 Blanchet A. et Gotman A. - L'enquête et ses méthodes, l'entretien - Ed. Nathan - Octobre 2005 - p. 47

31 Ibid - p.56

32 Ibid - p.40-41

33 Ibid - p.64

comparer les réponses des soignant(e)s en fonction de leur lieu d'exercice et de la population prise en soin.

3. Construction de l'outil :

A l'aide de notre grille d'entretien, (Annexe VI) nous poserons aux professionnels 6 questions qui pourrons au fil des entretiens s'affiner afin d'obtenir des réponses de plus en plus précises32.

Dans un premier temps, nous nous intéresserons à l'utilisation des gants par les soignants dans leur pratique quotidienne. Les réponses à cette question, nous permettrons d'identifier les éventuels écarts avec les recommandations de bonnes pratiques et également de voir si le port de gant est bien respecté par les soignants. Nous chercherons également à comprendre si les gants disponibles dans les unités de soins ont un impact sur le respect du port de gants.

Dans un deuxième temps, nous aborderons la question du risque, afin d'identifier si les soignants ont conscience qu'ils s'exposent à un risque en ne portent pas de gants dans les soins à risques d'accidents d'exposition au sang. Nous cherchons à déterminer l'attitude des soignants face au risque d'AES.

Enfin, afin de cerner davantage les personnes interrogées et d'observer l'impact des critères suivants sur leurs réponses nous demanderons : La date d'obtention de leur diplôme, la date d'arrivé dans le service et si ces soignant(e)s sont référent hygiène ou l'ont été.

Nous ne pouvons pas connaitre à ce stade le type de discours qui sera employé par les soignants interrogés puisque cela est variable d'un individu à un autre (vécu, éducation, argumentation...)33.

Afin de réaliser facilement l'analyse de nos entretiens, nous avons réalisés un tableau dans le but de répertorier les mots-clés utilisés par chaque soignants que nous avons interrogé afin de les comparer et de les analyser par la suite. A l'issue de cette étape de construction, nous allons détailler les modalités de ces entretiens.

4. Modalités de l'enquête :

Afin de pouvoir réaliser nos entretiens, nous avons au préalable contacté les cadres supérieurs des différents pôles où nous souhaitions réaliser nos entretiens. Une fois les accords obtenus, nous avons pris contact par courriel ou par téléphone avec les différents services où nous souhaitions enquêter afin de programmer un rendez-vous avec les infirmier(ère)s des unités de soins.

L'ensemble des soignants étaient prévenus de l'entretien et étaient ainsi disponible au moment de celui-ci. La durée de nos entretiens est assez variable en fonctions des réponses données par chaque soignant. A la fin de ces entretiens, nous avons fait remplir une autorisation d'enquête (Annexe VII).

Notre premier entretien en SSPI, s'est déroulé au sein même de cette unité, au niveau de l'ilot central au milieu des autres soignants et des patients. Deux infirmières ce sont présentées à moi. Elles ont répondu aux questions l'une après l'autres, rendant quelque peu complexe l'analyse de cet entretien. De plus nous pouvons supposer que la réponse de l'une pouvait influencer la réponse de l'autre. Cet entretien a duré 20 minutes. Malgré le contexte nous n'avons pas été dérangés au cours de l'entretien. Nous étions en face à face, séparé par la « paillasse ».

L'infirmière d'HDJ de pédiatrie m'a accueilli dans le bureau des infirmières, nous étions seuls, nous n'avons pas été interrompu au cours de notre échange qui a duré 10 minutes. Nous étions assis face à face, sans rien qui nous

Les 6 infirmier(ère)s interrogés, sont tous diplômés à des dates assez différentes. L'infirmière la plus ancienne à 30ans de diplôme d'état (DE), le plus

séparait, permettant ainsi un réel échange sans barrière à la situation de communication.

Les entretiens en cardiologie se sont déroulés l'un après l'autre. La durée de ces entretiens est sensiblement la même avec une durée moyenne de 12minutes.

Nous étions dans le bureau des infirmières, nous avons été parfois dérangés par le bruit des « scops », et le médecin. Nous étions en face à face sans bureau pour nous séparer.

Enfin le dernier entretien avec l'infirmier libéral (IDEL) s'est fait par téléphone, en effet nous avons eu beaucoup de difficultés à ce qu'un infirmier libéral puisse nous accorder un peu de son temps. Néanmoins grâce à une application sur notre smartphone nous avons pu enregistrer l'entretien avec l'accord de l'IDEL. Ce dernier entretien a duré 10 minutes, avec la distance crée par le téléphone on note une franchise un peu plus prononcé dans les réponses de ce soignant.

Une fois nos entretiens effectués, nous avons procédé à la retranscription de ces derniers (Annexe VIII). A la suite de cela nous avons rempli un tableau permettant de faciliter l'analyse de nos entretiens.

5. Présentations des résultats :

Afin de faciliter la lecture de nos entretiens nous avons choisi de donner des prénoms fictifs aux soignants. La première lettre du prénom indique le service dans lequel exerce l'infirmier(ère). Exemple : Sophie travaille en SSPI, Christelle en Cardiologie...

jeune a 5ans de DE. L'ensemble des entretiens ont durés entre 10 et 15 minutes.

Ils ont tous plusieurs années d'expérience au sein de leur service hormis Pauline l'infirmière de l'hôpital de jour de pédiatrie qui est à ce poste depuis 6 mois. Auparavant elle était en pédiatrie.

Au regard de notre premier axe de recherche : identifier les facteurs qui influencent ou non l'infirmier(ère) au respect du port de gant dans les soins à risques d'AES.

Aucunes des personnes interrogés ne nous a parlé des glycémies capillaires sans que nous leurs posions la question. En revanche l'ensemble des soignants parle des soins souillant ou sales.

En ce qui concerne la question de la prise de conscience du risque, seule une infirmière nous a confié avoir conscience de prendre un risque lorsqu'elle ne porte pas de gants.

L'ensemble des infirmiers (ère)s interrogé (e)s nous dise que les gants en vinyles sont trop épais, non élastique et qu'ils préféraient les gants en latex car ceux-ci étaient plus fins, permettant ainsi d'avoir une meilleur sensibilité et dextérité.

Concernant le choix des gants, les IDE ne savent pas vraiment comment choisir. Dans certains services de soins seuls les gants en vinyle sont à disposition. Pour les autres ils font références aux allergies possibles avec le latex.

Suite à notre second axe de recherche : identifier si la spécialité du service et la population accueillies influencent ou non l'infirmier(ère) au respect du port de gants dans les soins à risques d'AES.

Nous avons pu identifier que quelques soit l'unité de soins le port de gants n'est pas toujours respecté à bon escient comme indiqué par les recommandations de bonnes pratiques. Seule les infirmières de SSPI (soins de suite post-interventionnelle) nous disent porter plus de gants lorsqu'il s'agit d'enfant parce que les interventions des végétations ou des amygdales saignent beaucoup et que les enfants par conséquent crachent beaucoup.

Enfin suite à notre dernier axe de recherche : identifier si le port de gant n'est pas simplement utilisés pour protéger le patient et non pour se protéger des risques d'AES.

Nous n'avons pas pu répondre à cet axe de recherches avec précisions. En effet, les soignants interrogés ont eu quelques difficultés à s'exprimer sur ce sujet. Ils ont tous eu beaucoup de mal à parler du risque qu'ils prenaient, ils ne savent pas véritablement dire pourquoi ils portent des gants et pourquoi ils n'en portent pas. Néanmoins au regard des réponses nous pouvons dire que lorsque les gants sont utilisés le soignant cherche à se protéger lui en première intention.

Toutefois il faut noter que les réponses apportées par les soignants ne permettent pas d'identifier si les gants sont utilisés pour protéger le patient et non pour se protéger en tant que soignant. Cet axe de recherche reste donc à creuser.

6. Analyse des résultats :

6.1 L'analyse sémantique :

Au cours de nos cinq entretiens, l'ensemble de nos questions ont suscité de nombreuses onomatopées telles que : « bah », « euh », « oula » etc. On note également la présence d'autres mots comme par exemple : « voilà », « enfin » etc. Certaines de nos interrogations ont également provoqué des rires/sourires, des silences etc.

Les « bah » indiquent une hésitation, une gêne. Tant dis que les « euh » font référence à la réflexion, la personne cherche sa réponse. L'onomatopée « oula » désigne un étonnement, la surprise.

En ce qui concerne les mots « voilà » et « enfin » ils font référence au mode de pensée énumératif. Le mot voilà ponctue souvent la fin d'une phrase, d'un listing d'actes. C'est deux mots sont également souvent associés : « Enfin, voilà. ».

Les réactions que nous pouvons observer chez les soignants que nous avons interrogés sont compréhensibles puisque les professionnels n'avaient pas connaissance des questions de notre guide d'entretien. De ce fait, les réponses à nos interrogations nécessite de la réflexion et donc également des hésitations. Nous pouvons nous demander également si certaines hésitations ne traduisent pas l'envie de « bien » répondre à nos questions, bien qu'il n'existe aucune bonne ou mauvaise réponse.

Nos questions ont suscité beaucoup de gêne chez les soignants et soignantes interrogé(e)s. Deux personnes n'ont pas voulu être enregistrées pour que rien ne puisse réellement les identifier. Nous pouvons donc nous demander si le sujet que nous avons choisi pour notre mémoire de fin d'études n'est pas quelque peu tabou chez les infirmier(ère)s.

Au cours des différents entretiens que nous avons menés, nous avons eu l'occasion de noter que les professionnels alternaient entre le pronom « je », « on » ou encore « nous ».

L'utilisation d'un pronom ou d'un autre à une signification qui est la suivante :

? Le « on » : désigne l'équipe, le professionnel parle donc au nom de toute l'équipe. Le on est un pronom indéfini permettant parfois de se masquer derrière, pour ne pas parler de soi.

? Le « je » : le professionnel parle de lui, il se livre à nous.

? Le « nous » : désignent le soignant lui-même, l'équipe mais également les autres soignants nous y compris.

L'utilisation de ces différents thermes, nous permettes d'identifier l'implication du soignant dans son discours.

Lors de nos entretiens, certains mots ont été d'avantages évoqués que d'autres pas les infirmier(ère)s. Nous allons donc analyser ces termes, qui ont une importance dans le respect du port de gants. Parmi ces mots récurrents dans les différents discours des professionnels certains ont été énoncés dans notre cadre théorique.

Nous avons remarqué que le mot gants est très souvent répété alors que les soignants interrogés n'en portent pas souvent. Le mot risque lui est utilisé à de nombreuses reprise par les infirmier(ère)s. La sensibilité est également

récurrente dans nos entretiens. Nous pouvons nous demander si les gants à disposition ont un impact sur la sensibilité des professionnels infirmiers.

On voit également que toutes les personnes enquêtées font références à des soins sales, ou souillant. Nous pouvons donc supposer que les soignants décident de porter ou non des gants si le soin est souillant ou si l'environnement du patient est souillé.

Nous avons noté également que les soins cités de façon systématique sont les bilans sanguins ainsi que la pose de voie veineuse périphériques (VVP).

L'urgence est citée à trois reprises, ce qui nous amène à nous questionné sur la possibilité de mettre des gants en situation d'urgence et donc à se demander si des gants sont à disposition un peu partout dans les unités de soins.

Notre analyse sémantique va nous permettre de faire ressortir les thèmes principaux des entretiens que nous avons menés dans le but de réaliser une seconde analyse qui cette fois sera thématique.

6.2 L'analyse thématique :

A l'issue de nos entretiens, et après une analyse générale, les thèmes

principaux qui se dégagent de nos entretiens sont les suivants :

? Le type de gant

? La dextérité/sensibilité

? Les situations de soins

? Le risque dans les soins

En ce qui concerne le type de gants, 4 professionnels sur les 6 nous disent préférer le latex au vinyle pour une raison d'élasticité et d'épaisseur. Lilian l'infirmier libéral lui a fait le choix d'acheter et donc de porter des gants en nitrile.

Sur l'ensemble des professionnels interrogés aucuns ne sait choisir les gants adaptés en fonction des situations de soins rencontrés au cours de l'exercice professionnel. Nous pouvons donc nous demander si les soignants ont eu connaissance de la différence entre les différents types de gants disponible sur

Les deux infirmières de SSPI nous disent essayé de porter au maximum des gants mais que dans certains cas nécessitant une grande dextérité elles n'en

le marché. Nous pouvons également nous demander si la formation des infirmier(ère)s à ce sujet est suffisante.

En ce qui concerne les deux infirmières de cardiologie, le choix des gants ne se pose pas puisque celle-ci n'ont à disposition que des gants en vinyle. Christelle a évoquée à la fin de notre entretien, que les gants en latex avaient été supprimés en raison du risque d'allergies ainsi que de leur coût. Toutefois, elle nous avoue préférer les gants en latex disponible auparavant. En effet, elle nous précise que les gants vinyle qui sont dans l'unité où elle exerce sont trop épais ne permettant pas d'avoir la même sensibilité.

Pour les deux infirmières de SSPI et l'infirmière d'HDJ de pédiatrie, elles ont à disposition des gants en vinyle ainsi que des gants en latex. Toutes les trois me disent choisir les gants en latex car elles ne sont pas allergiques à celui-ci et qu'ils permettent une meilleure sensibilité que le vinyle.

Concernant le thème sur la sensibilité et la dextérité, l'ensemble des IDE que nous avons questionné nous ont dit ne pas avoir la même sensibilité, la même dextérité lorsqu'ils portaient des gants.

Pauline nous a indiqué que dans son service elles avaient besoin d'une très grande sensibilité pour sentir le capital veineux des nourrissons et enfants pris en soins. Elle nous confie que lorsqu'elle réalise des charges virales, ou si le patient est à risque elle porte des gants pour se protéger.

Les deux infirmières de cardiologie nous ont parlé de l'âge de leur patient ainsi que de leur capital veineux. En effet elles nous ont expliqué que chez les personnes âgées le capital veineux n'est pas toujours en bon état, et qu'il est dont moins aisé de réaliser les soins avec des gants, alors qu'elles ont besoin d'une grande sensibilité pour repérer les veines des patients.

portent pas. Toutefois l'une d'entre elle nous a confié une fois l'entretien et l'enregistrement terminé que pour elle avec ou sans gants elle réussissait les soins de la même façon. Elle nous dit que parfois c'est pour gagner du temps qu'elle n'en porte pas.

Lilian, l'IDEL, ne dit de façon explicite que les gants altèrent sa sensibilité et sa dextérité. Il nous dit que ce n'est pas facile de réaliser des soins avec des gants mais que pour les soins stériles nécessitant des gants il en porte.

Au vu de l'analyse de ce thème, nous pouvons nous demander si les gants altèrent véritablement la sensibilité, ou bien si c'est seulement par manque d'habitudes de réaliser des soins en portant des gants.

Les professionnels nous ont souvent cité les mêmes situations de soins dans lesquels ils portaient ou non des gants. Tous les soignants portent des gants lors de la réalisation de soins de nursing. Concernant les bilans sanguins aucuns d'entre eux n'en porte sauf Lilian l'IDEL, qui lorsqu'il réalise un prélèvement chez un enfant en porte parfois pour le distraire puisqu'il utilise des gants en nitrile de couleur bleu. Pour la pose de voie veineuse périphérique, là encore aucunes des personnes interrogées ne portent des gants.

Lors de la question de relance sur les glycémies capillaires, les IDE interrogé(e)s nous confie une nouvelle fois ne pas porter de gant pour ce soins. Tous ont précisé ne pas voir l'intérêt pour ce soin. Christelle l'infirmière de cardiologie, justifie le fait de ne pas mettre de gants en nous disant que lors d'un HGT on ne fait pas couler des litres de sang, et qu'elle n'a jamais eu de sang sur le mains en faisant ce soin.

Les deux infirmières de SSPI, Pauline ainsi que Camille nous disent mettre des gants pour fermer les poubelles. Nous pouvons donc nous demander si elles jugent que le risque est plus important lorsqu'elles ferment les poubelles que lorsqu'elles réalisent une pose de VVP. Dans cette situation les gants sont donc utilisés comme équipement de protection individuel.

Régulièrement, les professionnels introduisent leurs propos en disant « Bah pour les soins sales, souillant ».

Les infirmières de SSPI, l'IDE d'HDJ de pédiatrie et les deux infirmières de cardiologie nous ont dit porter des gants lorsqu'elles manipulent des bassins, des urinaux, lorsqu'un patient vomi. Nous nous posons donc la question des représentations, à savoir si l'infirmier(ère) pensant et/ou imaginant que le soin est sale ou souillant alors il ou elle portera systématiquement des gants.

Au cours de nos entretiens lorsque nous posons la question : « Dans votre pratique avez-vous des situations où les gants étaient nécessaires et où vous ne les avez pas mis ? » 4 soignant(e)s sur les 6 interrogé(e)s ont fait référence à l'urgence. Les infirmières d'SSPI nous ont dit ne pas porter de gants lors d'extubation en urgences, lorsqu'un patient vomi en jet, ou bien lors d'aspiration endo-trachéale en urgence. Lilian nous parle d'une situation où il a retrouvé une personne au sol, le visage ensanglanté. Il a donc paré à l'urgence en ne mettant pas de gants. Une des infirmières de cardiologie nous parle d'une sonde qui a explosé une fois au cours d'une urgence.

Cela nous amène à nous demander quelles sont les raisons lors de situation d'urgence, qui poussent les soignants à porter moins de gants. Nous pouvons également supposer que les soignants de par le stress de l'urgence, ont peut-être moins conscience du risque qu'ils prennent en voulant intervenir rapidement auprès du patient.

Le risque dans les soins est un thème qui ressort de l'ensemble de nos entretiens. En effet nous posions au cours de l'échange avec les professionnels la question suivante « Quand vous ne portez pas de gants pour des soins qui le nécessitent avez-vous conscience de prendre un risque ? ». Cette question a suscité bons nombres d'étonnements et de gêne chez les infirmier(ère)s interrogé(e)s.

Camille une des infirmières de cardiologie, commence sa réponse par : « Quel risque (en regardant ses pieds) ? » Elle poursuit ensuite par une autre question : « Est-ce qu'on n'est pas plus prudent sans gants ? ». Elle répond à sa question en disant : « Je crois, et puis de toute façon avec ou sans gants si on doit se piquer on se piquera ». Cette réponse fait référence à de l'auto-persuasion, comme si en se disant cela, camille se rassure. Il semblerait qu'elle a beaucoup de difficultés à nous dire que lors des soins où elles ne portent pas de gant elle ne pense pas au risque qu'elle prend.

Les infirmières de SSPI, l'IDE d'HDJ de pédiatrie ainsi que l'infirmier libéral nous confis ne pas avoir conscience du risque qu'ils prennent au moment où celui-ci est pris. Toutefois, ils nous disent qu'ils ont conscience que le risque existe. Cela semble assez paradoxal. Ils savent qu'il y a un risque et pourtant ils le prennent quand même, et d'après leurs dires, sans y penser.

Seule Christelle la seconde infirmière de cardiologie nous confie avoir conscience de prendre un risque pour elle, lorsqu'elle ne porte pas de gants pour de soins qui le nécessitent. C'est l'une des infirmières qui au vu de nos entretiens porte le plus de gants dans les soins à risque d'AES, sauf dans des situations où elle n'a pas assez de sensibilité. Nous nous demandons alors si les infirmiers qui portent plus de gant ont d'avantage conscience du risque qu'ils prennent pour eux.

La notion de risque est difficile à évaluer. Au moment de notre question concernant la prise de risque, les soignants sont embarrassés, regarde leurs pieds et hésites avant de répondre. Nous avons eu l'impression à plusieurs reprises que les professionnels cherchaient à nous donner une bonne réponse. Au cours des entretiens, les soignants parle de prise de risque, et du risque connu « quand on sait qu'il y a un risque... ». Pourquoi aborder le risque semble si compliqué ? Qu'est-ce que cette notion renvoi aux soignants ? La notion de risque pour le soignant est-elle suffisamment aborder dans la formation en soins infirmiers ?

7. Discussion :

A l'issu de notre analyse et au regard de notre cadre théorique nous pouvons remarquer certains écarts. Tout d'abord, nous nous sommes rendu compte que le choix de l'entretien, comme outil d'enquête n'était peut-être pas toujours pertinent. En effet, nous avons parfois été contraints de réajuster dès que les questions n'étaient pas comprises ou mal formulées. En réalisant l'analyse de nos réponses nous avons remarqué que notre outil manquait de précision et que nous n'avions pas prévus certaines relances au vu des réponses que nous ont apportées les soignants. Au cours de la réalisation des entretiens, nous pouvons remarquer que les apports théoriques se confirment à travers les réponses des professionnels interrogés, cela nous a permis de relancer les infirmier(ère)s sur le sujet que nous souhaitions traiter. Nous avons constaté que nos entretiens duraient en moyenne douze minutes contrairement à ce que nous avions prévu initialement. Pourquoi ont-ils duré moins longtemps que prévu ? Le sujet du port de gants est un sujet qui semble tabou au sein de la communauté infirmière. Ils ont eu parfois du mal à nous confier les véritables raisons pour lesquelles ils ne portent pas de gants. Ils avaient des difficultés à parler du risque qu'ils prenaient.

Au cours de la réalisation de notre cadre conceptuel, nous avons rencontré des difficultés à développer notre partie sur le risque. La complexité de ce concept ressort dans pratiquement l'ensemble des entretiens. Pourquoi aborder la notion de risque est-elle si compliquée ? Qu'est-ce que cette notion renvoie aux professionnels ? Pourquoi la notion de risque n'est-elle pas la même pour tout le corps infirmiers ?

Au moment de la question : « Dans votre pratique avez-vous des situations où les gants étaient nécessaires et où vous ne les avez pas mis ? » Trois infirmier(ère)s nous ont parlé de situations d'urgences. Dans notre cadre

théorique nous n'avons pas pris en compte que le contexte de soins pouvait être un facteur influençant le port ou non de gant.

Lorsque nous demandons aux professionnels comment ils choisissent leurs gants, aucuns des six infirmiers n'a su nous expliquer l'intérêt de porter un type de gant plutôt qu'un autre. Aucun d'entre eux ne sait que les gants en vinyle ne peuvent être utilisés pour la réalisation de soins infirmiers. Or, comme nous l'avons vu dans notre cadre conceptuel, le type de gant définit leur usage.

Néanmoins, ils nous ont tous confié que les gants en vinyle étaient plus épais et moins élastiques que les gants en latex, entrainant ainsi une moins bonne sensibilité et donc une moins bonne dextérité pour réaliser les soins. L'ensemble des infirmiers nous ont dit préférer le latex au vinyle.

Cela nous renvoi à notre partie théorique sur les gants à usage unique où nous abordons l'aspect technique des gants de soins non stériles à usage unique.

Grâce à ces informations, notre question de départ qui est pour rappel : « En quoi certains facteurs influencent l'infirmier(ère) au respect du port de gant dans les soins à risque d'accidents d'exposition au sang ? »

Nous avons pu la faire évoluer vers une question de recherche qui est la suivante : « En quoi la connaissance du risque lors d'un soin influence ou non l'infirmier(ère) à porter des gants lors des soins qui le nécessitent ? ».

Suite à cette discussion, nous avons émis deux hypothèses. En effet, d'après l'analyse que nous avons réalisé auparavant, nous avons déduis deux hypothèses.

La première est que nous avons le sentiment que lorsque les soignant(e)s ont conscience ou connaissance du risque, ils porteraient davantage de gants pour réaliser les soins. C'est cette hypothèse qui nous semble la plus pertinente.

La seconde est que le type de gants à disposition dans les unités de soins influencerait les infirmier(ère)s à porter davantage de gants dans les soins à risque d'AES.

Nous avons décidé de nous intéresser au cours de notre travail de recherche sur les différents facteurs qui influencent les infirmier(ère)s au respect du port de gants dans les soins à risque d'accidents d'exposition au sang. Nous avons réalisé des entretiens au près d'infirmier(ère)s de différents services dans le but de comparer les façons de faire en matière de port de gants.

Nous avons pu constater que les représentations sociales influencent de façon assez importante les infirmier(ère)s. En effet l'éducation reçue, les valeurs inculquées ont impact sur les représentations des soignants. Il ne faut pas oublier qu'avant d'être des professionnels de santé nous sommes des êtres humains avec un vécut, une histoire personnelle. Les soignants se protègent d'avantage de ce qu'ils voient, de ce qu'ils considèrent comme sale (l'urine, les matières fécales etc.)

Le thème de notre mémoire nous renvoi par l'idée de la responsabilisation, ce terme vient du latin « respondere ». Le responsable c'est la personne qui répond de ses actes, ou même d'obligations. Autrement dit la personne responsable assume ses actes ainsi que les conséquences possibles de ces actes. Cela nous renvoie à l'évaluation des pratiques professionnelles (EPP) qui se généralisent dans les établissements de santé. Cette technique d'évaluation permet un regard sur la pratique quotidienne, cela renvoi la personne à sa façon de faire les choses. Quel est l'impact des représentations sociales sur les soignants c'est ceux à quoi nous renvoie notre mémoire de fin d'études.

Ouvrages:

Blanchet A. et Gotman A. - L'enquête et ses méthodes, l'entretien - Ed. Nathan - Octobre 2005 - p.127

Des infirmières face au Sida : représentations et conduites, permanence et changements - Ed. INSERM - Décembre 1994 - p.265

Formarier M. et Jovic L. - Les concepts en sciences infirmières (ARSI) - Ed. Mallet Conseil - Lyon - 2012 - p.328

Germain Michel - L'épopée des gants chirurgicaux - Ed. L'Harmattan - Juin 2014 - p.218

Le Breton David - Sociologie du risque - Ed. Que sais-je ? - Janvier 2012 - p.127

Nouveaux cahier de l'infirmière - Hygiène - Ed. Elsvier-Masson - Juillet 2007 - p.208

Prayez Pascal - Julie ou l'aventure de la juste distance - Ed. Lamarre - Février 2013 -

p. 200

Reflex ST2S - Sciences et techniques sanitaire et sociales - Ed. Nathan - Mai 2009 - p.160

Articles :

Le port des gants en milieu hospitalier - Objectif soins & management (N°187) paru en Juin 2010 en pp. 18-21 aux éditions Wolters Kluwer France

L'usage des gants à l'hôpital règles et limites - Revue de l'infirmière (N°106) paru en Décembre 2004

Gants : prendre la sécurité en main - HMH. Hors-série (N°065) paru en Mars 2004 en 38 p.

Hygiène et prévention du risque infectieux - Paru en 2007 aux éditions Masson et MNH

Prévention et suivi des accidents d'exposition au sang - L'aide-soignante (N°114)

Paru en Février 2010 aux éditions Elsevier Masson

Webographie :

Effets barrière des gants - consulté le 25 Mars 2015 http://www.geres.org/docpdf/j22JHajjar4.pdf

Gants usage et mésusage - consulté le 11 Février 2014

http://www.hdf.usj.edu.lb/imag/clin/14/9%20Gants%20Usage%20&%20m%C3 %A9susage.pdf

Gants sous surveillance - consulté le 25 Mars 2014

http://www.sf2h.net/congres-SF2H-productions-2012/rencontre-avec-l-expertgants-et-soinsgants-sous-surveillance.pdf

Le bon gant pour le bon geste - consulté le 25 Novembre 2014 http://cclin-sudest.chu-lyon.fr/ZoneNord/2012/juin2012/5gant.pdf

Les gants à l'hôpital - consulté le 25 Novembre 2014

http://nosobase.chu-lyon.fr/.../cclin/cclinParisNord/1998mainsCCLIN.pdf

Les gants et les masques - consulté le 11 Novembre 2014 http://www.erpicum.com/c/c3/wtrav11/gants masques11.pdf

On sait qu'il n'y a pas de vrais risques - consulté le 10 Février 2014 http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/sosan 02940337 2005 num 23 3 1658

Quand soigner rend malade : des soignants face au risque infectieux à l'hôpital - Consulté le 19 Octobre 2014

http://www.cairn.info/revue-sante-publique-2008-hs-page-57.htm

Surveillance des accidents d'exposition au sang en établissement de santé - Consulté le 10 Février 2014 http://www.invs.sante.fr/Publications-et-outils/Rapports-et-syntheses/Maladies-infectieuses/2014/Surveillance-des-accidents-avec-exposition-au-sang-dans-les-etablissements-de-sante-francais

Liste des Annexes

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"L'ignorant affirme, le savant doute, le sage réfléchit"   Aristote