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Pragmatique, narrativité, illocutoire et délocutivité généralisées.

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par Jean Robert RAKOTOMALALA
Université de Toliara - Doctorat 2004
  

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4. SYNECDOQUE ET LANGAGE DES OEUVRES D'ART

RÉSUMÉ

Le but de cet article est de rompre avec la confusion entre synecdoque et métonymie en montrant que la synecdoque est une figure du tout pour la partie ou de la partie pour le tout au sein d'une totalité inaliénable. Par contre, la métonymie s'organise entre éléments contigus au sein d'un ensemble conventionnel. L'objet d'illustration de cette différence est un poème de Jean TOULET

Mots clés : synecdoque, métonymie, préservation de la face, illocutoire, décomposition sémantique.

ABSTRACT

The goal of this article is to break with muddle between synecdoche and metonymy in showing that synecdoche is a figure of all for the part or the part for the all among a totality inalienable. On the contrary, the metonymy is organized between adjoining elements within a conventional whole. The illustration object is a poem of Jean-Paul TOULET.

Key words: synecdoche, metonymy, face work, illocutionary, semantic component

4.1. CADRE THÉORIQUE

Le but de ce projet est de montrer que la synecdoque, en tant qu'essence du langage, peut servir d'herméneutique dans l'analyse des poèmes considérés comme des oeuvres d'art. Pour tester cette hypothèse, nous allons prendre comme preuve de la démonstration le diptyque de Jean Paul TOULET suivant :

"Étranger, je sens bon. Cueille-moi sans remords :
Les violettes sont le sourire des morts."5

Pour commencer, prenons une des définitions la plus citée de la synecdoque, celle qui se trouve dans Sémantique de la métaphore et de la métonymie (LE GUERN, 1972) :

« La synedoque est donc une espèce de métonymie, par laquelle on donne une signification particulière à un mot qui, dans le sens propre, a une signification plus générale ; ou, au contraire, on donne une signification générale à un mot qui, dans le sens propre, n'a qu'une signfication particulière. En un mot, dans la métonymie, je prends un mot pour un autre, au lieu que dans la synecdoque je prends le plus pour le moins ou le moins pour le plus. » (LE GUERN, 1972, p. 12)

Il s'agit là d'une définition empruntée à DUMARSAIS. Cette définition date de 1730. Mais elle a le mérite de faire la distinction entre la métonymie et la synecdoque, selon la remarque de LE GUERN lui-même. Une distinction dont la postérité a eu du mal à maintenir compte tenu

5 http://www.florilege.free.fr/toulet/les_contrerimes.html

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de la confusion des exemples qui sont tantôt présentés comme métonymiques, tantôt relevant de la synecdoque.

Parmi ces confusions, la plus célèbre nous semble être celle d'un ouvrage de référence destiné au milieu universitaire. Il s'agit du Dictionnaire de linguistique et des sciences du langage par DUBOIS, Jean ; GIACOMO, Mathée ; GUESPIN, Louis ; MARCELLESI, Jean-Baptiste et Christiane et MEVEL, Pierre (DUBOIS J. e., 1994). Ouvrage hexacéphale mais qui donne sous l'entrée « métonymie » l'exemple de « une voile à l'horizon ». Puis, à l'entrée « synecdoque », nous lisons ceci :

« Quand un locuteur, intentionnellement, notamment pour des raisons littéraires, ou une communauté linguistique, inconsciemment, assignent à un mot un contenu plus étendu que son contenu ordinaire, il y a synecdoque : « voile » pour « navire » [...] »

Dans le domaine de la rhétorique, il est admis généralement que la synecdoque est une sorte de métonymie et que de la sorte elle finit par être absorbée par cette dernière. Dès lors, ce qui explique la confusion, c'est la polarisation sur la métaphore et la métonymie qualifiée par Gérard GENETTE de rhétorique restreinte (GENETTE, 1970), une polarisation favorisée par l'observation de deux mécanismes opposés entre les deux. La métaphore opère au niveau de la sélection, donc de l'axe paradigmatique pour faire trope et la métonymie s'organise au niveau de la contiguïté, donc de l'axe syntagmatique.

Roman JAKOBSON est un de deux qui légitiment cette confusion. D'abord en définissant, suite au schéma de la communication, la fonction poétique comme la projection des équivalences paradigmatiques sur l'axe syntagmatique (JAKOBSON, 1981 (ed. or. 1964), p. 221). Ensuite en reprenant dans Essais de linguistique générale (Ibid.) l'article « Deux aspects du langage et deux types d'aphasie » publié en 1956.

C'est l'attitude générale jusqu'à la publication par le Groupe de Liège (DUBOIS, Jacques ; EDELINE, Francis ; KLINKENBERG, Jean-Marie ; MINGUET, Philippe ; PIRE, François et TRINON, Hadelin de la Rhétorique Générale (DUBOIS J. , et al., 1982). Dans cet ouvrage il est démontré que la métaphore est une double synecdoque.

Si la réhabilitation de la synecdoque est ainsi généralement admise, elle n'empêche pas la confusion de s'installer. Aussi, cette communication est-elle un projet de désambiguïsation. En passant par la synecdoque, elle visera la métaphore dans ce diptyque. En effet, il est très curieux de constater que les auteurs qui acceptent la position de la Rhétorique Générale se contente de reprendre le même exemple qui sert d'illustration à la métaphore, parmi eux TODOROV (TODOROV, 1970) et LE GUERN (LE GUERN, 1972)

Cette reprise du même exemple peut être comprise, selon le principe du détachement du sens de Benoît DE CORNULIER (CORNULIER, 1982, pp. 125-182), comme un acte de langage dans lequel, le récitant ne fait qu'un acte locutoire sans s'engager sur la validité de la théorie qui a permis d'écrire l'exemple. En conséquence, il rejette la théorie.

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On peut résumer de la sorte la règle du détachement du sens : si quelqu'un dit une chose et que par des procédures diverses, allant de l'implication à l'interprétation explicite, assigne à ce qui est dit la valeur d'un autre signe, on peut conclure que ce que signifie cet autre signe est accompli de manière illocutoire.

Voyons cette règle à l'oeuvre dans l'exemple suivant.

3. La terre est ronde, et cela est une affirmation des scientifiques6.

En ce qui concerne cette dissociation annoncée, nous pouvons rendre compte du détachement du sens à partir des textes de LE GUERN qui écrit ceci de sa lecture de la Rhétorique générale du groupe u :

« Pour ces auteurs, « la métaphore se présente comme le produit de deux synecdoques ». Un exemple permettra de mieux comprendre leur manière d'analyser ce mécanisme : si un « bouleau » est transformé métaphoriquement en « jeune fille », on aura abouti à la métaphore par une synecdoque généralisante faisant passer de « bouleau » à « fragile » puis une synecdoque particularisante remplaçant « fragile » par « jeune fille » (LE GUERN, 1972, p. 13)

Or, cette métaphore du « bouleau » pour référer à « jeune fille » est exactement le même exemple qui sert au Groupe de Liège d'illustration au fait que la métaphore est une combinaison de deux synecdoques. Pourtant de la manière que LE GUERN l'insère dans son analyse, on ne peut pas trouver d'indice, même au niveau typographique, qui signale qu'il a emprunté l'exemple à ces auteurs.

De ce point de vue, au niveau énonciatif, on peut croire que le commentaire souscrit au sens du commenté. Car tout se passe comme s'il y avait une adhésion à la théorie commentée par appropriation énonciative de l'exemple. C'est ce qu'indique l'absence d'indice permettant de le rattacher aux auteurs de la Rhétorique générale.

Nous avons, en insérant les propos dans le cadre de la règle du détachement du sens :

4. Voici un exemple, j'affirme la théorie par cet exemple

Quand il ajoute quelques lignes plus loin, dans la même page :

« Cette théorie, séduisante par son ingéniosité, présente toutefois un grave inconvénient : elle ne semble pas compatible avec les résultats obtenus pas JAKOBSON à partir de l'observation clinique des cas d'aphasie » (Ibid.),

on peut conclure de la même manière que l'énonciateur accomplit l'acte de rejeter la théorie sans qu'il faille chercher dans la séquence un verbe performatif qui soit équivalent à rejeter. Car c'est la combinaison des deux passages cités dans le texte en cours et dans le texte d'origine qui fait signe et que ce signe renvoie au rejet par le caractère globalement dépréciatif de la dernière citation. En tout cas, dire d'une chose qu'elle a un grave

6 C'est de cette manière que la règle du détachement du sens prend en charge le classique exemple : les scientifiques affirment que la terre est ronde.

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inconvénient et démontrer cet inconvénient dans le même discours, équivaut à conseiller de ne pas prendre cette chose au sérieux.

C'est exactement une extension au niveau discursif de ce qui est produit dans l'exemple conversationnel suivant :

5. Pouvez-vous me passer le miel ?

Pour gloser cet exemple dans le cadre du détachement du sens, nous allons emprunter à KERBRAT-ORECCHIONI son analyse du pareil exemple : « Sans croyance à la littérarité, il ne peut exister de trope. Semblablement :

« Tu peux me passer le sel ? » n'est à considérer comme une requête « indirecte » qu'à la condition d'admettre « normalement » toujours, une telle structure (de par en l'occurrence son schéma prosodique) sert à réaliser un autre acte de langage (demande d'information), et que plus généralement, certaines « formes de phrases » ont pour vocation d'exprimer telle valeur illocutoire plutôt que telle autre - [...] » (KERBRAT-ORECCHIONI, 1994, p. 59)

Ce qui signale, en effet, à la réception de (3) qu'il ne faut pas le prendre pour ce qu'il est : une interrogation sur la capacité de passer le sel est l'évidence de cette possibilité, alors la question serait une tautologie du possible, car l'autre option qui consiste à demander à un handicapé physique grave la possibilité de passer le sel est une pure cruauté. C'est ainsi que l'interrogation s'engage dans le trope illocutoire puisque :

« Dans le « trope illocutoire », les contenus engagés dans ce mécanisme de renversement hiérarchique sont de nature pragmatique (ce sont des valeurs illocutoires), et non sémantique - mais cette différence mise à part, le phénomène est à bien des égards similaire à celui qui caractérise la métaphore ou l'antiphrase ». (KERBRAT-ORECCHIONI C. , 1994, p. 58)

Ce qui veut dire que de l'interrogation, comme acte affiché, dérive un autre illocutoire. Ce qui permet d'identifier cet illocutoire dérivé, est l'échec pragmatique de l'illocutoire affiché. Ce qui revient à dire que demander quelqu'un sur la possibilité de faire quelque chose, c'est lui demander de le faire. C'est cela qu'il faut entendre par requête.

Ce qui veut dire que l'illocutoire dénoté est la requête et que l'interrogation devient du connoté dans (3). Ce qui veut dire que ce trope illocutoire est commandé par une question de préservation de la face laquelle permet de recourir, au cas où l'illocutoire dérivé connaît une mauvaise réception, à l'illocutoire affiché. C'est ce qu'implique DUCROT en ces termes :

« Le problème général de l'implicite, (...) est de savoir comment on peut dire quelque chose sans accepter pour autant la responsabilité de l'avoir dit, ce qui revient à bénéficier à la fois de l'efficacité de la parole et de l'innocence du silence. » (DUCROT, 1972, p. 12)

Cette migration des données de l'analyse conversationnelle vers l'analyse de discours se réalise à la manière d'une homothétie. Au fait, il s'agit de réduire leur différence de n'être plus que celle de la forme du corpus. Elle permet de rendre compte dans ce travail du rejet de la

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position du Groupe p. par LE GUERN qui a également du mal à faire la différence entre synecdoque et métonymie. Il cite comme exemple de métonymie « voix », de son occurrence dans l'extrait de texte de Zola suivant :

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"Soit réservé sans ostentation pour éviter de t'attirer l'incompréhension haineuse des ignorants"   Pythagore