WOW !! MUCH LOVE ! SO WORLD PEACE !
Fond bitcoin pour l'amélioration du site: 1memzGeKS7CB3ECNkzSn2qHwxU6NZoJ8o
  Dogecoin (tips/pourboires): DCLoo9Dd4qECqpMLurdgGnaoqbftj16Nvp


Home | Publier un mémoire | Une page au hasard

 > 

Quête bigmaniaque et légitimation politique locale des élites urbaines au Cameroun. Cas de l'arrondissement de Zoétélé.


par Julio Herman Assomo
Université de Yaoundé 2 - Master en Sciences politiques 2013
  

précédent sommaire suivant

Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy

B- Bigmanisme/ Quête bigmaniaque

Définir la notion de quête bigmaniaque19(*) nécessite au préalable une compréhension de celle de big man dont elle dérive. Notion conceptualisée en anthropologie par Marshal Sahlins20(*) lors d'une étude comparative entre des « grands hommes » de MELANESIE et de POLYNESIE, le big man est « une personne que les gens suivent dans la mesure où elle peut leur procurer des bénéfices ».20(*) Il s'agît d'un meneur, qui, par ses efforts a pu se distinguer de la masse et qui s'impose à un groupe par son charisme, sa propre force ou habileté et non par héritage de sa fonction d'un ascendant et jouit de ce fait d'une certaine influence. Yves Faure et Jean François Medard20(*) adaptent brillamment ce modèle au contexte africain pour mettre en exergue l'évolution de ses élites en milieux politiques et économiques. En effet, la quête bigmaniaque est ce processus perpétuel de quête de visibilité et de légitimité en politique qui amène les grands hommes en général, et les big men en particulier, à chercher à s'ériger et à demeurer des figures dominantes et indiscutées écrasant tout challenger en vertu des capacités supérieures de redistribution.21(*)

Dans le cadre de cette étude, il sera question de  s'attarder sur cette capacité de redistribution des grands hommes, c'est-à-dire, leurs différentes activités et actions socioéconomiques et symboliques au sein de leur localité contribuant de cette quête bigmaniaque. Aussi, il est important de relever que tout grand homme n'est pas nécessairement un big man du point de vue de Marshal Sahlins. En fait, le big man se distingue du grand homme par la pratique de l'évergétisme, c'est-à-dire, la forte capacité de redistribution pouvant lui permettre de se distinguer. Face à ce constat, notons pour plus de précision que toutes les élites politiques ne sont pas nécessairement des big men et n'ont pas, à ce propos, toujours eues recours à des logiques bigmaniaques pour se légitimer politiquement. Dans le cadre de la présente étude, l'aspect concurrentiel lié à cette quête bigmaniaque retiendra particulièrement notre attention. Quant au bigmanisme, il renvoie aux différentes actions menées par le big man ; notamment l'ensemble des activités économiques, politiques sociales, entre autres, permettant à ce dernier d'influencer son environnement, généralement en sa faveur, surtout du point de vu politique.

C- Légitimation politique

En ce qui concerne la légitimationpolitique, elle est le processus d'accession à la légitimité politique. Le processus ici renvoyantdans un sens très large, à «une évolution complexe, impliquant une coordination de causes et d'effets».22(*) La légitimité quant à elle, est du point de vue de D. Gaxie «l'état de ce qui est justifié d'exister»23(*) et qui est admis comme tel. A partir de cette acception générale, François Rangeons23(*) distingue deux types de légitimité : d'abord une légitimité liée à une activité qui serait considérée soit comme «naturelle», soit comme « normale » c'est-à-dire conforme aux normes sociales en vigueur, qu'elles soient ou non codifiées par le droit.Ensuite, une légitimité liée à un pouvoir qui serait a priori accepté, reconnu comme valide par la plupart de ceux sur lesquels il s'exerce, quels que soient par ailleurs les motifs de cette reconnaissance.

Par ailleurs, Max Weber distingue «trois fondements de la légitimité»23(*) (1959 : 102). Notamment la légitimité traditionnelle, la légitimité charismatique et celle légale ou rationnelle. Cet auteur souligne cependant que «dans la réalité, on ne rencontre que très rarement ces trois types purs» de légitimités, mais plutôt «des variétés, des transitions et des combinaisons embrouillées»23(*)de celles-ci. C'est dans cette optique que Karine Gatelier24(*) considère que la légitimité est diverse et de diverses natures dont la légitimité électorale, la légitimité traditionnelle, la légitimité idéologique et celle circonstancielle, entre autres. Cependant, précise cet auteur, dans un système démocratique, la légitimité vient essentiellement des élections, c'est-à-dire du type légal wébérien, bien que ce modèle de démocratie représentative par le suffrage universel doive cohabiter avec des pratiques de légitimation dites traditionnelles ou locales. Cette approche est celle qui se rapproche le mieux de la conception de la légitimation politique telle que retenue pour la présente étude, à la seule différence que dans notre contexte, la plupart des élites sont bureaucratiques et jouissent davantage d'une notoriété liée à leurs différentes réalisations dans la localité. Notons pour mieux nous entendre que dans les périphéries ou les localités, la légitimité est généralement due dans un premier temps, à l'autorité ou à l'influence charismatique propre à la conception wébérienne, ensuite à l'élection ou à l'obtention de suffrages au profit des partis politiques et candidats soutenus par ces élites. C'est dire que dans ce contexte la légitimation politique passe dans la plupart des cas par un double processus : le développement d'un charisme à traversdans un premier temps la recherche par l'acteur d'un capital social. Une fois acquis, ce dernier est converti en capital politique. A cet effet, Karine Gateliersouligne que « les processus de légitimité ne sont pas d'une seule nature mais la légitimation a souvent plusieurs sources qu'elle concilie et plusieurs modes ».25(*)

La clarification conceptuelle étant effectuée, il importe à présent de parcourir de précédents travaux scientifiques en rapport avec notre thème d'étude. D'abord pour en évoquer les différentes approches et apports, et ensuite pour en dégager la spécificité quant à notre étude.

* 19Notion développée par jean Pascal DALOZ en 1999 dans l'ouvrage collectif (dirigé par cet auteur) intitulé  Le (non-) renouvellement des élites en Afrique subsaharienne, Talence, Cean, Institut d'Études Politique de Bordeaux 

28SAHLINS M.; 1963, ·Poor Men, Rich Men, chief: political types in Melanesia and Polynesia· in Comparative studies in society and history, vol. 3, April.

29 MOUICHE I. ;2004,« Processus de démocratisation et rotation locale des élites au Cameroun » in Law and Politics in Africa, Asia and Latin America, N°4, pp 401-431

* 20FAURE Y.A. et MÉDARD J.F. ; 1995, « L'État- business et les politiciens entrepreneurs. Néo-patrimonialisme et Big men : économie et politique »in ELLIS et FAURE (dir), Entreprises et entrepreneurs

* 21DALOZ J.P.; 1999.Op. Cit.

* 22GRAWITZ, M. ; 1983, Lexique des sciences sociales, Dalloz, 2è édition.

33 GAXIE, D. ; 1996,La démocratie représentative, Paris, Montchrestien.

* 34RANGEON, F; 1991, La communication politique, Paris, PUF.

* 36WEBER, M. ; 1959,Le savant et le politique, Paris, Plon. P 102.

* 23Ibid.

* 24 GATELIER K. 2005. La représentation du pouvoir : la quête de légitimité politique.

* 25 Ibid.

précédent sommaire suivant






Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy








"L'ignorant affirme, le savant doute, le sage réfléchit"   Aristote