Quête bigmaniaque et légitimation politique locale des élites urbaines au Cameroun. Cas de l'arrondissement de Zoétélé.par Julio Herman Assomo Université de Yaoundé 2 - Master en Sciences politiques 2013 |
IV- HYPOTHESES DE L'ETUDEL'hypothèse d'après Raymond Trembley et Yvan Perrier47(*), est une supposition qui est faite en réponse à une question de recherche. Dans cette perspective, notre étude s'articule autour d'une hypothèse principale, suivie de quelques hypothèses secondaires. L'hypothèse principale est la suivante : La quête bigmaniaque se déploie dans l'arrondissement de Zoétélé à travers la mise en exergue de leur capital social, économique et symbolique par les élites urbaines. Il s'agit d'une mobilisation de leur influence et de leurs ressources matérielles, financières et économiques au service de la communauté à travers diverses réalisations et apports en vue de gagner davantage en capital social. Hypothèses secondaires : La quête bigmaniaque est un facteur important, quasi indispensable dans le champ politique de l'arrondissement de Zoétélé au regard de la place qu'elle occupe dans le processus de légitimation des élites urbaines. Les élites urbaines contribuent au développement de l'arrondissement de Zoétélé à travers l'activité bigmaniaque à laquelle elles se livrent pour la plupart, notamment pour les candidats qu'elles soutiennent, lorsqu'elles ne sont pas elles-mêmes candidates auxdits postes électifs. Les élites urbaines s'investissent politiquement en soutenant d'autres acteurs politiques dans l'espoir de tirer profit de la réussite desdits acteurs, ou pour conforter leurs propres positions. Enfin, bien qu'étant un élément capital dans le processus de légitimation politique au sein de l'arrondissement de Zoétélé, la recherche bigmaniaque n'est pas toujours porteuse d'attendus positifs au regard des dysfonctionnements auxquels elle peut aboutir, dont le sous-développement, des luttes factionnelles, cause de nombreuses frustrations, etc. V- LA DETERMINATION DU CHAMP DE L'ETUDEZoétélé (en langue fong : Eléphant debout) se situe dans la région du Sud Cameroun, dans le département du Dja et Lobo. La ville est le chef-lieu de l'arrondissement qui porte le même nom. Créée, du point de vue historique en 1954, le village d'OyonoEyamo, grand chef du peuple fong que l'on avait surnommé « Zoétélé » c'est-à-dire l'éléphant debout, à cause de sa grande stature et de son charisme, a en effet été érigé en poste administratif le 08 juillet 1954, puis en district en 1958 et enfin en arrondissement en 1962.Cet arrondissement compte de nos jours une population d'environ 50000 habitants dont 13000 dans le centre urbain.48(*) L'arrondissement de Zoétélé est un terroir fong, sous-groupe ethnique béti. Les fong sont en effet une société lignagère par excellence et factionnelle, l'autorité coutumière chez les fong est généralement détenue et exercée par les patriarches qui en maîtrisent les contours. Ce sont en effet les gardiens et les héritiers de la tradition. Le peuple fong est composé de différents clans et groupements (quelquefois en compétitions pour des raisons socioculturelles et/ou politiques) parmi lesquels : - le groupement MvogMezang; - le groupement MvogZomo; - le groupement Mvog Ella; - le groupement MvogZang; - le groupement Esse; - le groupement Yemfeck. La scolarisation dans cet arrondissement connait quelques difficultés à cause du déficit infrastructurel, surtout en zone rurale. Notons néanmoins qu'on y compte quarante-huit (48) écoles primaires dont trois (03) privées et quarante-cinq (45) publiques, huit (08) écoles maternelles. Le centre urbain abrite quatre (04) écoles publiques dont deux privées et trois (03) écoles maternelles. L'enseignement secondaire compte trois (03) collèges d'enseignement secondaire (CES), un lycée d'enseignement général, un (01) lycée d'enseignement technique. L'activité socio-économique ici est diverse bien que n'étant pas très développée, elle est souvent exercée à l'échelle familiale. On y exerce l'agriculture,la pêche, la chasse (légalement encadrée), l'élevage. D'autres activités plus lucratives s'y exercent aussi. Il s'agit de l'agro foresterie, la foresterie, la micro finance regroupant plusieurs associations dont des tontines et des groupements d'initiatives communes (GIC), entre autres ; enfin le commerce et l'artisanat. Du point de vue politique, Zoétélé est une arène politique très active, surtout en période électorale. Le RDPC49(*), parti au pouvoir y est fortement installé et compte dans ses rangs la plupart des grands hommes et des membres de l'élite politico-administrative, économique et traditionnelle de l'arrondissement, entre autres. Ces différentes catégories d'acteurs se livrent une concurrence farouche soit pour la conquête des positions de pouvoir, soit pour de l'influence. A côté de ce parti, on compte des partis dont l'influence est relative, tels que le SDF50(*) et l'UNDP51(*), entre autres. Zoétélé est un arrondissement qui rencontre de nombreuses difficultés infrastructurelles et économiques qui souvent, deviennent de grands enjeux quant à la légitimation politique locale des élites urbaines dont les populations attendent souvent des réalisations, qu'elles soulagent leurs difficultés ; c'est le cas notamment en ce qui concerne les infrastructures routières, scolaires, les besoins en eau, en électricité, etc. C'est donc dire que la redistribution ici est un élément important quant à ce processus de légitimation. * 47TREMBLEY R. & PERRIER Y. ; 2006, Savoir plus : outils et méthodes de travail intellectuel, Les éditions de la Chenelièreinc. 2e édition. * 48 Source : www.zoétéléactu.com (Site visité le 07 juin 2015). * 49 Rassemblement démocratique du peuple camerounais. * 50 Social Democratic Front * 51 Union Nationale Pour La Démocratie et Le Progrès. |
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