Quête bigmaniaque et légitimation politique locale des élites urbaines au Cameroun. Cas de l'arrondissement de Zoétélé.par Julio Herman Assomo Université de Yaoundé 2 - Master en Sciences politiques 2013 |
VI- CONSIDERATIONS METHODOLOGIQUESA- Les méthodes d'analyse : l'ethnométhodologie et la méthode interactionnisteD'après Madeleine GRAWITZ52(*), la méthode est l'ensemble des opérations intellectuelles par lesquelles une discipline cherche à atteindre les vérités quelle poursuit, les démontre, les vérifie.Dans le même ordre d'idées, Mucchielli lui, la définit comme étant une « procédure de réflexion [...] qui mène à une meilleure connaissance d'un phénomène »53(*). Dans notre cas, elle permettra, à travers l'agencement de « certaines techniques d'investigation propres à larecherche »54(*), une meilleure appréhension du phénomène étudié, notamment la légitimation politique locale des élites urbaines dans l'arrondissement de Zoétélé. 1-L'ethnométhodologieL'ethnométhodologie, dont les principaux précurseurs sont Talcott Parsons et Alfred Schutz, a été développée par Garfinkel dans les années 1960 aux Etats unis. Ce dernier met en exergue le concept des ethno méthodes, c'est-à-dire, des procédures qui constituent ce qu'il appelle « le raisonnement sociologique pratique » des acteurs sociaux eux-mêmes. A propos des recherches en ethnométhodologie, Garfinkel les définit et les situe ainsi : « celles-ci analysent les activités de la vie quotidienne en tant que méthodes des membres pour rendre ces mêmes activités visiblement rationnelles et rapportables à toutes fins pratiques, c'est-à-dire « descriptibles » (accountable) comme organisations des activités ordinaires de tous les jours ».55(*) En effet, l'ethnométhodologie s'institue sur la reconnaissance de la capacité réflexive et interprétative propre à tout acteur social ; autrement dit, sur la « connaissance pratique »56(*). Elle substitue le concept de modèles à celui de processus. Garfinkel pense à cet effet que là où d'autres voient des données, des faits, des choses, l'ethnométhodologie voit un processus à travers lequel les traits de l'apparente stabilité de l'organisation sociale sont continuellement créés. Ainsi, l'une des principales quêtes de l'ethnométhodologie est l'observation attentive et l'analyse des processus dans les actions et interactions des acteurs sociaux qui permettent de décoder les procédures d'interprétation de la réalité sociale. Ellese concentre sur le sens que des personnes donnent à leurs actes, même s'ils sont parfois en contradiction avec ce que leur entourage pourrait penser ou déduire ; Garfinkel parle alors de « rendre visible des scènes banales »57(*)Coulon(1987, 124, citant Garfinkel) ajoutera à ce propos que « La réalité objective des faits sociaux, en tant que toute société est produite localement, est naturellement organisée, est réflexivement descriptible, est un accomplissement continu et pratique, en tant que cette réalité objective est partout, toujours, seulement, exactement et entièrement le travail des membres, elle est le phénomène fondamental de la sociologie »58(*) L'ethnométhodologie nous permettra donc de prendre avec la plus grande attention, le point de vue des acteurs concernés, mieux, impliqués et influencés par notre objet de recherche à savoir l'impact du bigmanisme sur le processus de légitimation politique locale des élites urbaines dans l'arrondissement de Zoétélé ; en effet cette méthode d'analyse, au regard de ses postulats dont la pratique quotidienne, la réflexivité, la notion de membre entre autres, permettra de mieux appréhender le sentiment et le vécu, bref le sens que les différents acteurs (actifs et passifs) du jeu politique dans l'arrondissement de Zoétélé donnent à leur implication dans ce processus. Aussi, cette méthode nous permettra de mieux éprouver, au-delà du jeu politique la manière avec laquelle les populations concernées perçoivent, vivent et ressentent les effets du bigmanisme politique, tant du point de vue socioéconomique que socioculturel. Il s'agira en fait, de comprendre leur appréciation du développement de l'arrondissement lié à la quête bigmaniaque ou alors des tares apportées par cette dernière. * 52GRAWITZ. M. 1993. Op cit. * 53MUCCHIELLI, A ; 1996, Dictionnaire des méthodes qualitatives en sciences humaines et sociales, Paris : Armand Colin. 2e édition. * 54DORTIER, J.F, 2005, Dictionnaire des sciences humaines. Paris : Editions Sciences Humaines. * 55GARFINKEL.H.1967. «Studies in ethnomethodology». Englewood Cliffs, New Jersey: Prentice-Hall. * 56Ibid * 57GARFINKEL H. 1967. Op cit. * 58COULON A. ; 1987, L'ethnométhodologie, Paris, PUF |
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