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La constitution tchadienne du 04 mai 2018 et la consolidation de l'état de droit.


par Keumaye Tchiakika
Université de Dschang Cameroun - Master 2 en droit public 2020
  

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Paragraphe 2 : L'impartialité menacée du juge

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L'indépendance et l'impartialité sont des valeurs séparées, mais elles sont étroitement liées256. L'indépendance des juges et des tribunaux renvoie à l'absence de lien de soumission envers le législateur et le Gouvernement dans l'exercice de la fonction judiciaire. L'impartialité quant à elle, renvoie à un état d'esprit ou une attitude du juge faisant abstraction de toute autre considération que celle d'appliquer aux faits la règle de droit pertinente. Cette impartialité est organisée par un texte257.

Ce sont des facteurs objectifs qui créent l'indépendance des juges et des tribunaux, mais cette indépendance n'a de valeur que parce qu'elle établit certaines des conditions nécessaires pour assurer l'impartialité des décisions de justice en éliminant les possibilités d'ingérence du Législatif et de l'Exécutif. Mais elle ne suffit pas à elle seule à écarter toutes les interventions externes susceptibles de compromettre l'impartialité du juge dans une affaire précise, ou encore l'apparence d'impartialité de la juridiction au sein de laquelle il exerce sa fonction. Les circonstances susceptibles de compromettre l'impartialité des juges sont les pesanteurs hiérarchiques (A), la nomination et le renouvellement du mandat (B) font parties également des obstacles.

A - Les pesanteurs hiérarchiques

Le Professeur BADARA FALL Alioune affirmait qu'« Il peut paraitre curieux et même paradoxal d'évoquer la notion de hiérarchie en matière de justice dès lors qu'elle implique une idée de subordination qu'il est difficile de concevoir dans ce domaine. Il faut cependant accepter l'idée que la justice, en tant que service public, est également concernée par la hiérarchie »258. Ainsi, l'organisation hiérarchique permet non seulement de structurer le corps judiciaire, mais elle protège le citoyen contre l'arbitraire grâce au recours qu'il pourra éventuellement exercer lorsqu'il fait l'objet d'une décision de justice qui ne lui donne pas satisfaction.

Ce principe de la hiérarchie touche à la fois les magistrats (qui forment ainsi un corps hiérarchisé) et les juridictions ; il permet de situer les responsabilités et donne une certaine cohésion au corps judiciaire. En matière de justice toutefois, cette hiérarchie est particulière et n'entraîne pas une dépendance du juge à l'égard de ses supérieurs ou de sa juridiction

256 DUPLE Nicole, « Les menaces externes à l'indépendance de la justice », in L'indépendance de la justice, 2007, Dakar, p.11.

257 Article 4 de la loi n°11/PR/2013 du 7 juin 2013 portant Code de l'organisation judiciaire au Tchad « l'impartialité des juges est garantie par les dispositions du présent code ainsi que par les règles d'incompatibilité fixées par le statut de la magistrature »

258 BADARA FALL Alioune, « Les menaces internes à l'indépendance de la justice », op. cit., p.12.

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lorsqu'il s'agit des juges du siège. Tel n'est pas le cas pour les magistrats du parquet qui obéissent à d'autres règles à ce sujet.

La hiérarchie au sein des juridictions ne soulève pas de problèmes particuliers. La meilleure justice est celle permettant au requérant qui n'est pas satisfait de la décision rendue par la première juridiction, de saisir la juridiction hiérarchiquement supérieure. Et si celle-ci devait rendre une décision contraire, cela ne constituerait pas une atteinte à l'autonomie de la décision de la juridiction inférieure dès lors que chaque juridiction est libre de statuer comme elle l'entend et quelle que soit sa place dans la hiérarchie259.

En revanche, la hiérarchie entre les personnes crée des rapports plus complexes et soulève plus de questions quant à l'indépendance du magistrat. D'abord, ce pouvoir hiérarchique ne concerne nullement la prise de décision ; celle-ci relève de la seule conscience de chaque juge qui n'a de compte à rendre ni à son chef de juridiction, ni à qui ce soit. Cela dit, les chefs de juridictions sont investis de pouvoirs administratifs qui peuvent constituer des menaces à l'indépendance du juge s'ils ne sont pas limités aux nécessités du service. Il leur revient en effet le pouvoir de réglementer l'organisation des audiences, de pourvoir aux affectations et d'évaluer l'activité professionnelle de magistrats placés sous leur autorité (élément important pour leur avancement). Même si des garanties entourent ces pouvoirs pour éviter tout arbitraire de leur part, le juge n'est pas à l'abri de pressions ou de sanctions de la part de ses supérieurs hiérarchiques, si les rapports qui les lient dans le service ne sont pas d'une parfaite sérénité.

Ces pesanteurs hiérarchiques ne favorisent pas l'épanouissement du juge dans l'exercice de sa mission qui est celle de garant des libertés individuelles. Il faudra repenser au fonctionnement de la justice de telle manière que l'impartialité du juge ne soit pas compromise par les pesanteurs hiérarchiques. Si ces dernières compromettent l'impartialité du juge, il n'en demeure pas moins en ce qui concerne la nomination et le renouvellement de mandat.

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"Là où il n'y a pas d'espoir, nous devons l'inventer"   Albert Camus