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La pression foncière face aux enjeux de la gestion des ressources naturelles dans la province du Kadiogo.


par Youssouf TIENDREBEOGO
Universite Ouaga I Professeur Joseph KI ZERBO - MASTER II Géographie option Gestion des Ressources Naturelles 2017
  

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Introduction partielle

Cette partie est consacrée à la revue de littérature. Elle présente les travaux déjà réalisés sur le sujet, ce qui a permis de cadrer l'étude avec des concepts appropriés susceptibles de faciliter la compréhension. Elle expose les milieux physique et humain et est subdivisée en deux chapitres. Il s'agit du cadre théorique ; le cadre géographique de l'étude et l'approche méthodologique.

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CHAPITRE I : LE CADRE THÉORIQUE DE L'ÉTUDE

Ce chapitre situe le cadre théorique de l'étude. Il développe la problématique, les hypothèses, les objectifs de la recherche et la revue de littérature.

I. I. La problématique

Cette partie est essentiellement consacrée au contexte de l'étude et aux questions qui ont guidé la réalisation de la recherche.

I. I. 1. Le contexte de l'étude

Les pays d'Afrique situés au sud du Sahara sont confrontés concomitamment entre autres à la gestion des ressources humaines et celles des ressources naturelles. La dernière revêt une importance capitale en raison des aléas climatiques, de la croissance démographique et de la forte pression qui pèsent sur elles (TOURE EL H., 2011). Elles subissent également une pression croissante, du fait de leur commercialisation accrue, des changements dans les systèmes de production et dans l'écologie (BAGRE S. A. et al., 2003).

L'Afrique de l'Ouest est dotée d'importantes ressources naturelles. Celles-ci font vivre beaucoup de populations à faible revenu (CSAO, 2008). Cependant, force est de constater que la pression exercée par les populations locales sur ces ressources conduit le plus souvent à leurs dégradations. Le processus de dégradation des terres en partie lié à la modification des conditions du peuplement (accroissement de la population, migrations et urbanisation, diminution de la durée des jachères) a accentué la dégradation du milieu. Dans ces pays, les manifestations les plus visibles de ce processus de dégradation sont l'accélération de l'érosion, l'appauvrissement et la salinisation des sols, la réduction de la diversité et de la productivité des ressources végétales, la modification de l'équilibre des écosystèmes naturels. Ces phénomènes aggravent la paupérisation des communautés humaines dépendantes de ces écosystèmes (CSAO, op. cit.).

Le Burkina Faso est l'un des pays africains à fort taux de croissance démographique 3,1 % (recensement général de la population et de l'habitation (RGPH 2006)). Selon ce même recensement, le pays enregistrait en moyenne 435 000 habitants supplémentaires par an et sa population aurait atteint 18 450 494 individus en 2015. Ce dynamisme de la population a engendré principalement dans le centre du pays une densification du peuplement et une consommation rapide de l'espace agricole. Cette pression démographique s'est faite parallèlement à la dégradation des conditions de production (DRABO I. et al., 2003).

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Par ailleurs, l'augmentation de la population engendre des besoins sociaux, notamment alimentaires. Malheureusement, la production agricole des paysans, ne pouvant pas satisfaire cette demande, mettait ainsi le pays dans un déficit agricole. Face à cette situation, l'État burkinabè a initié à la fin des années 90 une politique incitant le privé à investir dans la production agricole afin de surmonter les insuffisances de l'agriculture familiale considérée comme peu performante, peu ouverte aux innovations et à la professionnalisation agricole. Depuis lors, de nombreux acteurs non ruraux, qualifiés d'agrobusiness men ou de nouveaux acteurs se sont engagés dans l'acquisition des terres agricoles en milieu rural et particulièrement dans des zones proches des grands centres urbains (ZONGO M., 2010). Il estime que les grandes entreprises agricoles privées sont plus productrices que les exploitations familiales (ADAMCZEWSKI A. et al., 2013). Dans cet élan de promotion de l'agriculture intensive avec des moyens modernes adéquats, le gouvernement encourage les investissements tous azimuts. Rappelons que le Premier Ministre burkinabè (4 juin 2007 au 18 avril 2011) n'a cessé de répéter pendant l'hivernage de 2009 : « il faut donner la terre à ceux qui ont les moyens de la cultiver » (LEGMA A.V., l'indépendant n° 806 du 17/02/09, cité par OUDET M., 2009). Ce qui veut dire que la terre au Burkina Faso doit être à la disposition de ceux qui peuvent la valoriser. Dans cette catégorie de nouveaux propriétaires figurent des membres du gouvernement et des hommes d'affaires (OUDET M., op.cit.). Cette situation a permis aux « nouveaux riches » de s'accaparer des domaines fonciers à l'intérieur du pays et peu à peu à la périphérie de Ouagadougou, dans la province du Kadiogo. Ce phénomène, qu'il soit l'oeuvre d'investisseurs nationaux ou étrangers, risque d'entraîner la disparition de la classe paysanne productive et la naissance d'un prolétariat agricole précarisé, à travers l'expulsion à termes des producteurs et des communautés de leurs terres (GBAGUIDI L., 2010).

La province du Kadiogo abritant la capitale politique du pays (Ouagadougou) renferme 12,3 % de la population du Burkina Faso. Elle se caractérise par une densité exceptionnellement importante de 615 habitants au km2. La plus grande proportion de sa population (85,4 %) habite la ville de Ouagadougou (RGPH, 2006). La croissance démographique et la migration des populations vers les grandes villes sont des éléments qui contribuent à accroître la population urbaine. Ce poids démographique a certainement eu un impact sur l'espace urbain (COMPAORE G., 1993). De 1904 (fin de la mise en place de l'Administration coloniale) à nos jours, la ville de Ouagadougou a connu de profondes mutations démographique et spatiale (TRAORE Y., 2010). En effet, sa population est passée de 8 000 habitants en 1904 sur une superficie de 1500 hectares à 2 000 000 habitants en 2010

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sur un espace de 54 400 hectares, soit un taux d'extension de 3626.66 %. Cette extension est imputable au développement de l'habitat dit « spontané » et aux « lotissements » de grande envergure (KEDOWIDE C. M. G. et al., 2010).

La croissance démographique couplée à la pauvreté des citadins et à la disponibilité d'espace engendre du coup l'extension spatiale de la ville (KABORE I., 2013). Aussi, l'accroissement de la population en général et celle des zones urbaines en particulier entraînent des besoins nouveaux tels que les infrastructures socio-économiques, les équipements, les voies de communication, les emplois, les logements, etc. Pour réussir ce challenge de l'habitat décent, l'État ou des partenaires privés procèdent périodiquement à des lotissements. Mais, ces aménagements posent souvent des problèmes environnementaux qu'il convient de bien analyser. Également, les populations achètent des terrains non bâtis, en dehors de tout cadre légal, qu'ils mettent en valeur à leur façon (zone non lotie).

L'extension de la ville de Ouagadougou empiète sur les espaces cultivables. En effet, les besoins en terrains à bâtir ont poussé les néo-citadins et les citadins eux-mêmes à se lancer dans une spéculation foncière effrénée au détriment de la production agricole (COMPAORE G., 2003). Au fur et à mesure, certains champs sont transformés en lieu d'habitation. Les paysans qui exploitaient les espaces cultivables proches de la ville sont alors obligés de se mettre à la recherche d'autres emplois, car les travaux champêtres deviennent de plus en plus difficiles. Par ailleurs, l'agriculture extensive pratiquée sur les terres peu fertiles sous l'effet des aléas climatiques n'arrive pas à satisfaire les besoins alimentaires de la population qui augmentent d'année en année (OUATTARA S. et al., 2004 ; TIENDREBEOGO Y., 2013).

L'occupation des sols analysée à partir des images satellitaires (spot de 1986), indique, que les ressources naturelles subissent une pression croissante. Cela est certainement due à leur commercialisation accrue, à l'augmentation de la population, aux changements dans les systèmes de production et dans l'écologie (BAGRE S. A. et al., 2003). Cette situation a pour corollaire la dégradation continue des ressources naturelles se traduisant ainsi par la régression de la couverture végétale, l'ensablement des retenues d'eau, la dégradation des sols, etc. L'intervention de l'homme dans le milieu à travers les activités indispensables qu'il mène pour sa survie (agriculture sur brûlis) et les actions non viables qu'il pose y prennent souvent l'aspect de véritables agressions. Aujourd'hui, la province du Kadiogo se trouve installée dans un processus cumulatif de détérioration du milieu biophysique.

L'influence de Ouagadougou s'exerce fortement sur ses alentours immédiats (50 km) et même lointain. La dégradation progressive du couvert végétal devient alors un problème préoccupant. Elle résulte pour une bonne part des interférences des activités humaines sur la

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couverture végétale de type savanesque, donc particulièrement sensible (COMPAORE G., 1993). L'utilisation des ressources naturelles, notamment de la terre et la signification de sa fonction pour les différents acteurs évoluent avec le temps. Ainsi, la gestion des ressources naturelles devient de plus en plus difficile dans un contexte marqué par une émergence de nouveaux propriétaires terriens dans cette partie du pays et particulièrement à la périphérie de Ouagadougou. L'exploitation irrationnelle ou exagérée de ces terres peut contribuer à la dégradation du milieu, voire la disparition de certaines ressources. Par ailleurs, la privatisation des terres à grande échelle diminue les surfaces cultivables des paysans.

La pauvreté touche 50,7 % des habitants du Burkina Faso et est l'un des principaux obstacles aux efforts de développement du pays (INSD, 2010). En effet, la pauvreté de la population les amène à adopter des méthodes de production et de consommation non viables et défavorables à l'environnement (FEM-FIDA, 2002 ; TIENDREBEOGO Y., 2013). L'insuffisance de revenus limite l'accès des enfants à l'éducation et des personnes malades aux soins de santé (Politique Nationale de la Population, 2000). Bien que cette population rurale soit pauvre, elle possède encore un bien précieux (la terre) d'où elle tire l'essentiel de sa subsistance. La vente des terres sans investissement producteur accentuerait la pauvreté de cette population qui vit déjà dans des conditions difficiles.

La terre est l'élément fondamental des ressources naturelles, car c'est sur elle que reposent d'autres éléments (eau, flore, faune, etc.). C'est en ce sens que sa gestion rationnelle doit être une condition nécessaire pour parvenir au développement durable. Or, dans le contexte actuel de développement au Burkina Faso, surtout dans sa partie périurbaine et rurale, la question foncière reste préoccupante (SOME B. F., 2002). Selon FRATICELLI M., (2012), les ressources naturelles étaient autrefois gérées de façon plus ou moins collective au sein des communautés villageoises. On pouvait parler de « biens communs » à un ou à plusieurs groupes sociaux. Aujourd'hui, les habitants périurbains de Ouagadougou se trouvent dépossédés de leurs terres agricoles. Quelle serait alors la situation d'une telle population vivant déjà dans des conditions difficiles ? En plus, les nouveaux acheteurs du foncier exploitent la terre à des fins commerciales. Alors, quelle place accordent-ils à la gestion des ressources naturelles ? Aussi l'exploitation des terres par les agrobusiness men à la périphérie de Ouagadougou doit-elle être faite sans tenir compte de l'équilibre environnemental, pour permettre une régulation de l'air dans la ville et une gestion durable des ressources naturelles ? Ainsi, pour comprendre les enjeux liés à la pression foncière sur la gestion des ressources naturelles dans un contexte de développement durable, nous nous sommes intéressé à l'étude des problèmes que peut engendrer la privatisation des terres dans la province du Kadiogo,

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notamment à la périphérie ouest de la ville de Ouagadougou. Également, dans cette étude, il est question de connaître les stratégies développées par les paysans pour assurer leur ration quotidienne malgré la diminution de leurs espaces cultivables.

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"Ceux qui rêvent de jour ont conscience de bien des choses qui échappent à ceux qui rêvent de nuit"   Edgar Allan Poe