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De la diversité culturelle, linguistique et migratoire à  l’établissement du locuteur en langue franà§aise. Cas d’adultes migrants à  Bruxelles.


par Stéphanie NASS
Université de Bourgogne - Master 2 Recherche didactique du franà§ais  2014
  

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Chapitre 1 : Situation actuelle des locuteurs migrants en Belgique

Dans ce premier chapitre, nous aborderons le domaine conceptuel de la migration. Cette dernière sera utilisée comme l'un des outils d'analyse de nos entretiens autobiographiques. Il est bon de rappeler que les processus linguistiques sont autant associés à l'histoire qu'au phénomène de l'immigration. « Cette exploration dans l'univers sensible des mondes de la diversité s'impose aujourd'hui dans un contexte national [...] » (Bencharif, 2006: 63) attendu que le flou référentiel identitaire est au coeur de notre problématique.

1.1. Approche historique succincte

Depuis toujours, les individus ont tenté d'accéder à un manifeste espoir de mieux-être. De la préhistoire à aujourd'hui, par la primauté qu'ils ont généralement octroyée à l'existence d'un ailleurs prospère, les migrants se sont inscrits dans un paradigme nomadique trans-situationnel. Ces formes de déplacement des pays d'origine au(x) pays d'accueil dévoilent des réalités différentes les unes des autres. Les déplacements dans l'espace public belge en constituent un exemple digne d'intérêt. La genèse des migrations en Belgique correspondant au « poids de l'histoire » (Martiniello, Rea, 2012: 7), s'amorce dans l'après-guerre, avec le recrutement de travailleurs venus de nations étrangères. Ces derniers ont pour lourde mission de remporter « la bataille du charbon » 13 au sein des charbonnages. Les conventions

13 La période qui succède immédiatement à la Deuxième Guerre mondiale exige une

reconstruction intensive ; en découle la nécessité de renforcer les capacités industrielles et donc énergétiques. Il s'agit de la «bataille du charbon» : l'objectif consiste à produire, comme avant 1940, plus de 100.000 tonnes de charbon par jour. Cité dans : http://www.blegnymine.be/PDF/La%20Bataille%20du%20Charbon.pdf, p.20, visité le 16.07.14.

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bilatérales14 fixées entre 1956 et 1970, avec l'Espagne, le Maroc, la Turquie, la Tunisie et l'Algérie accélèreront le mécanisme du départ. Concomitamment une immigration pour nécessités démographiques est organisée. « La population belge avait tendance à décroître. Démographes et économistes préconisent, pour faire face à cette situation, l'évolution d'une politique d'immigration centrée sur l'importation de main-d'oeuvre [...] » (ibid. : 15). D'un point de vue social, cet intérêt s'est concrétisé par des interventions étatiques variées : aides financières à la migration familiale (allocations familiales, sécurité sociale), respect de la liberté religieuse. La fin des années soixante est marquée par l'émergence de l'Europe. « Une nouvelle législation organisant l'attribution du permis de travail est adoptée ; elle vise à mieux contrôler et à réguler les flux d'entrées d'immigrés au regard des besoins économiques » (ibid. : 18). Les migrants de Belgique seront alors catégorisés de la façon suivante : ceux issus de pays européens et ceux provenant d'états non-membres de l'Union Européenne. Ces derniers ne bénéficieront donc pas des droits occidentaux. En cela, « Ce changement juridique implique aussi une modification de leur identité dans la mesure où [...] » (ibid. : 20) les populations d'origine européenne sont assimilées comme européennes et non comme italiennes par exemple. Contrairement aux habitants des pays tiers15 qui se voient, à double titre, enracinés dans une désignation de migrant. Aujourd'hui, et même si la transplantation ethnique est inscrite dans l'espace commun belge, les nouveaux arrivants ne s'avèrent pas considérés mais plutôt affectés. Nous notons en effet que, au cours de l'histoire, les discours médiatiques ou politiques les assignent d'identités grammaticalement individuelles et indéterminées : « autres de l'intérieur », « immigrés », « personnes d'origine étrangère » (ibid. : 49). Pourtant selon Xhardez16 la région de Bruxelles-Capitale a toujours oeuvré pour une politique d'intégration universaliste. Elle se concentrerait moins sur le public migrant que sur

14 Une convention bilatérale est un contrat signé entre deux États et dans lequel sont repris les fruits d'une négociation sur divers sujets. Les conventions bilatérales des migrations portent par exemple sur la durée après laquelle un travailleur peut faire venir son épouse s'il est marié, le nombre de migrants accepté par an, les modalités de recrutement de la main d'oeuvre. Cité dans Martiniello et Rea, 2012: 62.

15 Les « pays tiers » regroupent tous les autres pays du monde qui ne sont pas compris dans l'UE-27.

16 Présentation sur L'accueil des primo-arrivants à Bruxelles : vers une politique régionale ?, tenue le vendredi 28 mars 2014 à l'université Saint-Louis de Bruxelles.

En partenariat avec les Midis de l'IRIB (Institut de Recherches Interdisciplinaires sur Bruxelles). Animé par le directeur de thèse de l'université Saint-Louis : Vanderborght Y. Intervenante : Xhardez C., doctorante en sciences politiques à l'université Saint-Louis.

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la lutte contre le racisme et la langue. D'ailleurs le phénomène le plus notable est incontestablement l'apparition, dès 1966, des premières associations d'immigrés. Ces dernières, conformément aux convergences politiques en vigueur, sont financées pour les activités d'insertion sociale qu'elles dispensent. Ainsi, les nouveaux arrivants se sentent moins isolés et se fédèrent autour d'une identité commune. En général, les associations de migrants reproduisent à l'identique la structure des établissements de leur communauté. Pensées comme provisoires, elles travaillent en relation avec le pays d'origine.

Ce bref examen diachronique nous a permis d'appréhender la structuration de l'immigration au sein de la zone sociolinguistique de la capitale belge. Encore davantage, ce premier point exprime aussi la dualité entre immigration choisie et immigration subie. Les populations migrantes, sous l'effet des bouleversements modernes, oscillent entre la notion de terre d'accueil, d'asile ou d'entraide. Mais qui sont-ils, ces locuteurs du voyage ? En vue d'esquisser le visage multiculturel de la Belgique, il faut avant toute chose, décrire la taxinomie récente des sujets parlant17 qui la constituent.

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"Il ne faut pas de tout pour faire un monde. Il faut du bonheur et rien d'autre"   Paul Eluard