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De la diversité culturelle, linguistique et migratoire à  l’établissement du locuteur en langue franà§aise. Cas d’adultes migrants à  Bruxelles.


par Stéphanie NASS
Université de Bourgogne - Master 2 Recherche didactique du franà§ais  2014
  

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1.2.Une typologie des locuteurs migrants

Au cours des dernières années, le phénomène de la migration a été caractérisé par différentes typologies. Ce qui rend compte de la pluralité des contextes de mobilité. En nous intéressant à cet aspect, notre objectif est de sortir du cadre étroit de l'inventaire des migrations en termes d'espace, de milieu ou de civilisation (Dumont, 1995).

Mais la meilleure typologie est sans doute celle qui, loin d'être construite artificiellement autour de critères abstraits, a une valeur explicative utilisable pour le contexte que l'on étudie. À l'heure de la mondialisation, une typologie distinguant les formes, les facteurs et les objectifs de la mobilité est peut-être la plus pertinente (Wihtol de Wenden, 2001: 12).

Aborder le concept de locuteur non confirmé depuis la perspective migratoire revient à s'interroger sur les agents qui engendrent cette expérience, les desseins envisagés et la nature des déplacements. Nous l'avons évoqué, la migration « c'est une recherche d'équilibre, dans

17 Dans le sens où l'entend Benveniste c'est-à-dire un sujet qui est conscient de la nature et de la signification de son activité langagière.

17

un monde où le bien-être, la sécurité, les ressources, les droits, sont inégalement répartis » (CIRE, 2012: 4). Grâce aux lectures et aux investigations de terrain réalisées, nous avons repéré sept facteurs propices au voyage.

- économique : les migrations liées aux usages du commerce et du tourisme, à la planification budgétaire actuelle, aux situations d'indigence des pays tiers ;

- professionnel : les déplacements en vue de l'obtention d'un emploi vital ou amélioré ; - familial : les liens affectifs tels que le mariage exogame ou le rapprochement parental ; - de genre : les mobilités qui sont les corollaires de la condition féminine dans certains

pays du Maghreb ;

- de sécurité publique : les situations de conflits ainsi que l'instabilité politique qui
touchent plusieurs nations ;

- de formation / apprentissage : les convictions des migrants qui organisent leurs projets professionnels et humains à l'horizon d'une migration de retour ;

- utopique : l'attrait culturel et linguistique qui empaquette le pays d'accueil comme une référence à « la volonté nue de l'homme » (Lacroix, 1994: 105).

En pratique, on constate que les multiples causes du départ s'entrecroisent, avec une tendance à la superposition des raisons qui conduit à ce choix. Vis-à-vis de cette étape de vie, il y a à la fois une idéalisation incontestable et une angoisse de la nouvelle société nourricière. Alors vers quoi tendent les nouveaux nomades18 ? Telle est la question que pose la récurrence des mouvements de populations.

Dans le rapport à autrui et pour l'estime de soi, pour s'expatrier, il faut émettre des objectifs valables, ou à défaut, être confiant en ses projets. Voilà donc un élément qui pèse dans la balance : celui du projet en tant qu'être social qui facilitera, ultérieurement, l'« être » en langue in posse.

Si l'on reprend la logique précédente, nous relevons sept intentions de mobilité :

- aspirer à une vie économiquement décente ;

- acquérir des compétences professionnelles, obtenir un ou plusieurs emplois ;

18 Dans la mesure où un groupe humain ne se déplace plus au rythme des saisons, de façon permanente et organisée, mais selon les aléas des conjonctures modernes.

18

- retrouver l'unité avec ses proches au travers du regroupement familial ;

- s'émanciper en tant que femme, en termes d'indépendances sociale et affective ;

- vivre sans la peur du régime politique en vigueur ;

- se préparer en terre d'accueil pour un retour triomphant chez soi ;

- échapper à son identité et se réinventer dans un espace physique où tout reste encore

possible.

« Immigrer vers quoi ? » apparaît comme une expression chargée d'émotions, de déterminations, de croyances et d'espoirs. Elle s'inscrit dans un tissu de représentations liées au vécu collectif et individuel. Néanmoins, la décision de partir s'effectue envers cette réalité, au motif qu'il n'y a plus d'autres options envisageables et cela se décèle dans les diverses natures de migrations rencontrées.

L'exode international va de pair avec les évènements économiques, politiques, démographiques et sociaux. Est-ce la structure des déplacements qui permet au locuteur de s'intégrer ou est-ce que ce sont les intérêts du pays amphitryon qui engendrent les troubles identitaires des nouveaux arrivants ? On ne saurait le dire. Cependant il est certain que le mouvement des peuples ne s'exprime pas de façon unilatérale en Belgique. En liaison avec les besoins de main d'oeuvre, une migration comprenant surtout des travailleurs s'est développée. Se déplaçant tout d'abord isolément, les immigrés, après avoir stabilisé leur situation, ont permis la venue en terre d'accueil de leur femme et de leurs enfants. On parle alors de regroupement familial, la démarche la plus notable en matière d'accès au Royaume. De nos jours, ce sont majoritairement les Guinéens, les Camerounais et les Ougandais qui sollicitent cette procédure. À présent, la loi s'est durcie et de nouvelles conditions d'ordre économique et familial sont entrées en vigueur19. Un autre aspect de la mobilité se rapporte à la dualité voyage choisi/voyage subi. L'asile politique est le second recours pour peu que l'on réponde aux critères liés à cette situation particulière c'est-à-dire craindre pour sa vie et celle de ses proches dans son pays natal. Ainsi, en 2013, les demandeurs Russes étaient, en général, déboutés du droit d'asile alors que les Afghans, les Guinéens, les Congolais et les Syriens

19 International Organization for Migration (IOM) Country Office for Belgium and Luxembourg, 2012: 14.

19

bénéficiaient du statut20. Quant au visa de courte durée (de trois mois) dit « touristique », il reste difficile à acquérir si l'on vient d'un pays de l'hémisphère Sud. Enfin, la forte migration illicite actuelle concerne des personnes qui ne possèdent pas de document de séjour en règle (« les sans-papiers ») ainsi que des individus qui ne remplissent pas les conditions nécessaires pour accéder au territoire (« les irréguliers »). Les principaux citoyens touchés sont ceux en provenance des continents d'Afrique subsaharienne, d'Europe de l'est et d'Asie de l'ouest (Vause, 2014: 154).

Du reste, certains entretiens à réaliser pour notre travail de recherche impliquaient des sujets parlant aux origines et répertoires langagiers divers. Arrivés d'Algérie, du Liban ou de Slovaquie, en situation irrégulière, ils furent expulsés en novembre 2013 vers des hébergements d'urgence ou vers l'Office des Étrangers 21. En effet, ils occupaient, avec quelques deux cents personnes, un ancien couvent du quartier Saint-Josse. Ces locuteurs « illicites » s'étaient inscrits dès septembre, à l'association Avenir, avec le projet d'apprendre le français.

Certes, le nombre de ressortissants étrangers n'a de cesse de croître en Belgique mais force est de constater qu'il s'accélère fermement à Bruxelles.

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"Les esprits médiocres condamnent d'ordinaire tout ce qui passe leur portée"   François de la Rochefoucauld