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Activités agricoles et perceptions des populations de Nassian face aux changements et variabilités climatiques.


par Kadjo RaphaàƒÂ«l KOBENAN
Université Félix HOUPHOUET BOIGNY Abidjan - Cocody - Master de Géographie physique et Environnement (Climatologie) 2018
  

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CHAPITRE 3 : RESULTATS ET DISCUSSIONS

3.1. Perception des changements climatiques par les paysans et des personnes ressources

En général, les populations paysannes définissent le climat en se référant à leur environnement et surtout à leurs activités agricoles. Pour elles, le climat s'identifie aux paramètres météorologiques courants à savoir la pluie, la température et, dans une moindre mesure, le vent. La perception paysanne du changement climatique est appréhendée dans cette étude à travers l'analyse de ces trois facteurs comparativement à la situation qu'il y avait 25 à 30 ans auparavant dans la sous-préfecture de Nassian.

3.1.1. Perception paysanne des changements pluviométriques

La pluie est un facteur important du climat qui conditionne l'exercice de la profession agricole des agriculteurs en Côte d'Ivoire notamment ceux de la région du Nord-Est. En effet, les conditions climatiques déterminent celles de l'agriculture, principale activité des populations.

Les populations paysannes entretenant des liens étroits avec leur milieu environnant possèdent une parfaite connaissance du climat, de ses manifestations et des modifications intervenues. De ce fait, il existe de nombreux concepts relatifs au climat en général et à la pluie en particulier pour désigner les différentes manifestations pluvieuses clés dont les survenances déterminent des périodes spécifiques dans l'année. Ces déviances de la normale, des manifestations pluvieuses obtenues lors de la séance de clarification conceptuelle sont exprimées par les agriculteurs de l'échantillon de recherche dans la perception qu'ils ont des changements et variabilités climatiques. Cette perception se traduit par des péjorations pluviométriques telles que résumées :

Pour 54,28% des paysans, la saison des pluies démarrait au mois d'Avril, il y a trente ans alors que 32,14% pensent que c'est au mois de Mars (Figure 7a). Seuls 3,57% situent ce démarrage beaucoup plus précoce, au mois de Mai tandis que 10% d'entre eux disent ne pas savoir dans quel mois ces pluies démarraient à cette période. Actuellement, plus de la moitié (58,57%) des paysans interrogés affirment que le démarrage de la saison des pluies a lieu en Mai alors que 22,14% le situe en Juin et seulement 8,57% en Avril (Figure 7c). Aussi, 10,71% de ces agriculteurs affirment également ne pas savoir quand elle commence actuellement.

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En ce qui concerne la fin de la saison des pluies il y a 30 ans, plus des 2/3 des agriculteurs enquêtés (67,14%) indiquent qu'elle intervenait en Novembre, 17,85% en Décembre, 10,71% en Octobre et 4,28% disent qu'ils ne savent pas quand elle prenait fin (Figure 7b). Pratiquement les mêmes proportions d'agriculteurs affirment que cette fin de saison intervient actuellement mais de façon plus précoce, avec un mois d'avance : Octobre (62,14%), Novembre (7,14%) et Septembre (25%) (Figure 7d). A cette proportion s'ajoute, celle n'ayant aucune idée de la fin actuelle de la saison des pluies (5,71%). Cette situation entraine la non-opérationnalisation du calendrier agricole empirique.

Aussi, pour la quasi-totalité des enquêtés (89,3%), la saison pluvieuse est devenue plus courte (3 mois de pluies au lieu de 4 ou 5 mois comme auparavant). Selon eux, les pluies démarrent tardivement. Ce qui conduit à l'abandon de certaines variétés de cultures à cycle long comme l'igname N'za et Bertai-bertai.

Par ailleurs, 87,9% des enquêtés affirment que ces trente dernières années, les hauteurs pluviométriques sont en baisse comparativement aux trente années précédentes. Pour eux, cette baisse s'observe au fil des ans notamment pendant la période de la saison des pluies. La plupart des agriculteurs (70,7%) affirment même que, le nombre de jours de pluies au cours des trente dernières années est en diminution.

Les pluies se concentrent sur un temps court et du coup, les cultures ne tirent pas profit de toutes les quantités d'eau tombées au cours de la saison pluvieuse. Ceci, pressent énormément les agriculteurs quant à l'installation des cultures.

De même, on assiste une rupture de pluie de 1 à 2 mois après le démarrage au cours de la saison d'une année à l'autre pour 69,3% d'entre eux. Ceux-ci perturbent la bonne installation des cultures et induit des pertes de récolte selon les personnes enquêtées.

Au niveau de la répartition des pluies au cours de la saison, 82,9% des enquêtés estiment qu'elle est devenue plus variable. Quant aux poches de sécheresse, 97,2% des paysans sont unanimes qu'elles sont de plus en plus fréquentes. Pour les 2/3 des paysans, il y a une occurrence des pluies qui sont très fortes et violentes ces dernières années accompagnées de grands vents ayant pour conséquence le démolissage des maisons et la destruction des plantes de maïs.

a

4%

Mars Avril Mai Ne sais pas

54%

10%

32%

b

Octobre Novembre Décembre Ne sais pas

18%

4%

67%

11%

50

a. Début de la saison il y a 30 ans b. Fin de la saison il y a 30 ans

C

avril Mai Juin Ne sais pas

11%

22%

9%

58%

d

Septembre octobre Novembre Ne sais pas

7%

62%

6%

25%

c. Début actuel de la saison d. Fin actuel de la saison

Figure 7 : Perception paysanne de la date de début et de fin de la saison des pluies (enquête de terrain
KOBENAN K. Raphaël, septembre 2018
)

Les agriculteurs se sont également prononcés sur la longueur de la saison sèche. Pour 85,6%, elles deviennent de plus en plus longues avec de fortes chaleurs dans la journée. Aussi, les agriculteurs montrent clairement que l'eau dans les marigots débordait pendant la période de pluies (juin-août). Ainsi, l'eau restait jusqu'en saison sèche pour abreuver les animaux. Ce qui n'est plus le cas à cause du tarissement des marigots selon les paysans.

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"Aux âmes bien nées, la valeur n'attend point le nombre des années"   Corneille