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Le Gabon face à  la cybercriminalité: enjeux et défis


par Larry Warren DIYEMBOU BOUMAM'HA
Université Omar Bongo - Master Géosciences Politiques du Monde Contemporain 2019
  

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1.1.3 - Internet : support d'une cybercriminalité aux frontières diffuses

Selon les représentations, la notion de frontière peut avoir une multitude de sens. En effet, elle peut à la fois désigner ce qui délimite (une frontière séparant deux Etats par exemple) et ce qui rapproche (la frontière entre le rêve et la réalité). Cependant, « Le mot frontière n'a pas attendu le numérique pour être polysémique. Plusieurs sens lui sont aisément attribuables. Un fleuve est une frontière naturelle ; un mur est une frontière matérielle »34(*). Et il est vrai que la cybercriminalité est une menace qui ne s'accoutume pas des frontières géographiques traditionnelles connues.

Aidée d'Internet, elle se mue alors en un phénomène à résonnance mondiale. Ceci est dû au fait que « techniquement, l'Internet est un système mondial de dispositifs interconnectés utilisant la norme de suite des protocoles Internet (TCP/IP), pour servir plusieurs milliards d'utilisateurs partout dans le monde »35(*). Il serait dans ce cas de figure, possible d'attribuer à l'Internet une dimension géographique particulière car « à travers lui, on peut aussi retracer les flux, les itinéraire, les sources, les destinations, les noeuds. Internet n'est pas un réseau virtuel »36(*). Ce qui laisse à penser que du fait de son caractère ouvert au monde, sur Internet, il n'y aurait « plus d'emprise étatique directe, plus de monopole évident ou naturel, peu de contrôle public : un réseau ouvert en principe à toutes les entreprise, à tous les pays, à toutes les langues, à tous les usages, des plus bénéfiques aux plus nuisibles »37(*). Nous sommes néanmoins d'avis à penser ici que cette conception organiciste d'un développement d'Internet en relation avec le réseau géographique, s'avère quelque peu idéalisée, voire utopique car elle contraste grandement avec les menaces que fait peser la cybercriminalité sur cet espace tel que conçu et perçu par Gabriel DUPUIS.

Or, depuis son apparition au sein du système international, le « Réseau des réseaux » est rapidement devenu l'un des principaux moteurs de la mondialisation économique. Aussi, il présente des caractéristiques diverses qui le rendent tour à tour, aussi efficace que fragile. Cela est dû notamment aux ambitions opposées de ses utilisateurs quoi aboutissent sur une véritable difficulté pour garder un niveau stable de sécurité. Et pour Alexis BAUTZMANN en effet, « l'infrastructure physique qui supporte Internet et l'ensemble des services numériques connexes demeurent particulièrement vulnérables »38(*). Pour illustrer cet état des faits, il est possible de se référer à la « panne »39(*) du 30 janvier 2008.

En dépit du fait qu'Internet et cybercriminalité soient profondément liés, et que cette dernière s'affranchirait de toute restriction ou encore délimitation sur le plan géographique, il est néanmoins possible d'imputer à la cybercriminalité quelques éléments de similitude de base d'avec la géographie. Ces éléments revoient notamment à une certaine proximité des notions mais surtout une démarche commune qui respecte une logique d'échelle spatiale (espaces et territoires, Web), relie les hommes entre eux (réseaux), mais surtout organise et structure les espaces géographiques et cybernétiques (noeuds, serveurs, maillage, axes, autoroutes). Et c'est cette union entre Internet et la géographie, que nous appellerons la « cyber-géographie ».

Au final, il est important de retenir qu'Internet étant un écosystème extrêmement dynamique, « la cyber-géographie est ainsi une nouvelle thématique scientifique dont le sujet est le cyberespace, sa structure, ses cybernautes, ses phénomènes et ses évolutions. La cyber-géographie reste une géographie : même-si une large part du cyberespace est virtuelle, Internet reste solidement ancré dans la terre et donc fortement modelé par les activités humaines, physiques, économiques et politiques »40(*). Et tout ceci favorise bien entendu l'apparition de la cybercriminalité.

* 34 Serge AGOSTINELLI et Evelyne LOMBARD, « Entre virtualité et réalité. Quelles frontières numériques ? », in HACHOUR Hakim (s.dir.) et al, Les frontières numériques, L'Harmattan, (Coll. « Local & Global »), 2014, p. 18.

* 35 Papa GUEYE, op.cit., p. 265.

* 36 Gabriel DUPUIS, Internet, Géographie d'un réseau, Paris, Ellipses, 2002, p. 137.

* 37 Ibid.

* 38Alexis BAUTZMANN, « Géopolitique de la cybercriminalité », Les grands Dossiers de Diplomatie : Géopolitique de l'information, n°2, Avril-Mai 2011, p. 81.

* 39 En ce qui concerne cette fameuse panne, il faut dire que dès le 30 janvier 2008, de nombreux pays principalement du Moyen-Orient et de l'Asie, ont vu leurs services internet brutalement interrompus suite à la rupture quasi simultanée de huit câbles de télécommunications sous-marins en eaux profondes, qui auraient été rompus en Méditerranée et dans le Golfe Arabo-Persique. En Inde, près de 50% du réseau Internet fut rendu inopérant. Plusieurs pays de la région du golfe Arabo-Persique furent également lourdement affectés (Emirats arabes unis, Koweït, Arabie Saoudite Qatar etc.), bien qu'ayant pour la plupart - mais sans grand succès - tenté de rediriger leurs communications internet vers d'autres canaux de diffusion (notamment par satellite). Ces incidents eurent des répercussions indirectes jusqu'en Europe et aux Etats-Unis. Cette grande panne, dont les causes précises restent encore floues, rappelle qu'aucune région du monde n'est à l'abri en cas d'endommagement d'une partie critique de l'infrastructure internet, qui demeure par nature particulièrement fragile, qu'il s'agisse de causes naturelles (séisme etc.) ou humaines (sabotage, censure politique, incident de pêche etc.). Cf., BAUTZMANN Alexis, Ibid.

* 40 Kavé SALAMANTIAN, « Internet et la réinvention de la géographie », La Nouvelle Revue de Géopolitique, n°8, Janvier-Février-Mars 2013, p. 55.

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