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Le Gabon face à  la cybercriminalité: enjeux et défis


par Larry Warren DIYEMBOU BOUMAM'HA
Université Omar Bongo - Master Géosciences Politiques du Monde Contemporain 2019
  

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1.1.2 - Elément de réflexion sur la cybercriminalité comme Objet Géographique à Visibilité Réduite (OGVR31(*)) ?

La cybercriminalité pose un premier défi méthodologique très important et stimulant, car les difficultés à saisir ce phénomène seraient dues à la faible matérialité et au manque de lisibilité territoriale qu'il dégage. Assurément, les effets directs portés par la cybercriminalité doivent susciter chez les chercheurs géographes, la mise en oeuvre d'approches théoriques pour rendre compte par la suite des dynamiques nouvelles générées par les mécanismes de cette dernière. Ainsi posé, ce défi constitue le point de départ de notre hypothèse sur la cybercriminalité comme OGVR.

Principalement développé par Martial Pépin MAKANGA BALA, le concept d'OGVR «  se veut un instrument rendant compte des traductions socio-spatiales des TIC sur la base d'un discours novateur conforté par des perspectives applicatives opératoires »32(*). En d'autres termes, il renvoie à une réflexion théorique sur la nécessité d'appropriation des TIC par la géographie et les géographes. L'auteur du concept a pris la téléphonie mobile à l'échelle du Gabon comme élément central de son analyse. C'est donc partant de cette approche et en tenant particulièrement compte de la faible perception par l'observateur lambda ou le spécialiste en la matière des processus de la cybercriminalité, que nous pensons que cette dernière s'inscrit dans le champ des travaux théoriques déjà développés par des chercheurs travaillant sur la géographie de la société de l'information. A cet effet, en se basant quelque peu sur les travaux d'Henry BAKIS et sa géographie des télécommunications, il apparait clairement que « sur plusieurs échelles, de la plus grande à la plus petite, un ensemble d'éléments des télécommunications constituant des faits d'importance se présente à l'observateur averti ou non de façon peu visible, soit de façon invisible ou masquée »33(*). Ces éléments de télécommunications sont :

§ Les centraux téléphoniques ;

§ Les câbles téléphoniques supportés par des poteaux spéciaux ;

§ Les câbles téléphoniques associés aux câbles et poteaux électriques ;

§ Les armoires métalliques faisant le lien entre le central et les terminaux d'abonnés ;

§ Les tours hertziennes ;

§ Les stations de télécommunications spatiales ;

§ Les satellites de télécommunications ;

§ Les systèmes et réseaux des technologies du sans-fil.

A la suite de ces illustrations et comme nous l'avions déjà évoqué quelques lignes plus haut, la problématique de la visibilité des OGVR dépassant largement le cadre strict des TIC, nous sommes aussi d'avis à penser que le caractère immatériel de la cybercriminalité l'insère de ce fait dans cette perspective théorique développée par les travaux de chercheurs tels que MAKANGA BALA ou BAKIS Henry. Plus précisément, trois tournures fondamentales permettent de rendre compte de ce côté « difficilement cernable » de la cybercriminalité : la volatilité et la délicatesse des informations numériques, qui peuvent être effacées ou encore modifiées à tout moment et de n'importe quel endroit de la planète ; la très grande facilité du recours à l'anonymat sur le Web, qui rend tout aussi difficile la localisation et l'identification des auteurs d'actes cybercriminels, et enfin, le caractère transnational du réseau Internet qui octroie la possibilité au cybercriminel de pouvoir commettre une infraction de n'importe quel endroit du monde et ainsi, les éléments de l'infraction peuvent très facilement se retrouver dispersés de façon aléatoire sur les territoires de nombreux pays. Et la tâche se compliquerait encore un peu plus dans la mesure où ces pays ne seraient pas par exemple liés dans le cadre d'accords sécuritaires.

Il y a donc lieu de retenir au sortir de ces éléments d'analyse que, dans le cadre du postulat des OGVR comme innovation théorique en géographie (postulat se basant sur la téléphonie mobile comme instrument de démonstration), nous avons essayé d'identifier la cybercriminalité comme objet structurant d'un nouvel espace généré par la forte pénétration de l'objet TIC dans la société, mais dont les difficultés et faiblesses dans la capacité de les appréhender sont assez marquées.

Il est alors permis de dire que la cybercriminalité en tant que menace structurant le cyberespace, est un Objet Géographique à Visibilité Réduite (OGVR) car l'infrastructure du réseau qui la rend possible (antennes relais de systèmes de téléphonie mobile ou d'accès à Internet, câbles sous-marins de type fibre optique etc.), est parfaitement localisable à des points précis du globe et cette infrastructure peut par exemple faire l'objet d'une analyse relevant de la géographie politique.

* 31 Selon son auteur, les OGVR se présentent de la manière suivante : 1) OG pour Objets d'étude géographique au sens de Pierre GEORGE (étude de l'espace humanisé) ; les TIC étant la matrice principale, et la téléphonie mobile, la variable transversale, il s'agit dès lors de rechercher les dimensions géographiques de ces systèmes techniques qui n'apparaissent pas toujours comme tels afin de les mettre en perspective dans l'espace et dans la société ; 2) VR pour « à visibilité réduite » ; la visibilité étant à bien des égards souvent perçue comme un handicap attribué aux TIC, les OGVR s'appuient justement sur cet interface de l'espace visible amoindri ou quasi nul pour fonder et enrichir les analyses géographiques qui font le pont entre le visible et l'au-delà du visible. (MAKANGA BALA, 2010).

* 32 Martial Pépin MAKANGA BALA, « La téléphonie mobile au Gabon comme Objet Géographique à Visibilité Réduite (OGVR) : traductions socio-spatiales et nouvelles perspectives théoriques en Géographie », Revue Gabonaise de Géographie, n° 6, Juillet 2014, p. 60.

* 33 Henry BAKIS, « Quartiers défavorisés et télécommunications », in Annales de Géographie, Septembre-Décembre 1995, n° 585-586, p.465.

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