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Partage de gouvernance et démocratie participative dans les projets pour adolescents: de nouveaux enjeux pour les professionnels du spectacle vivant


par Marguerite Corrieu
UCO Angers - Master Spectacle Vivant, gestion de projets culturels 2021
  

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Annexes

Table des annexes

ANNEXE 1 : Entretien avec Gurval Reto 109

ANNEXE 2 : Entretien avec Anne Courel 112

ANNEXE 3 : Entretien avec Nicolas Drouet 116

ANNEXE 4 : Entretien avec Enora Davodeau et Adèle Thivillier 121

ANNEXE 5 : Entretien avec Solène Bodereau 126

ANNEXE 6 : Entretien avec l'équipe du Labo des cultures 129

ANNEXE 7 : Entretien avec Catherine Le Moullec 136

ANNEXE 8 : Entretien avec Edith Coutant 140

ANNEXE 9 : Entretien avec Carmen Camboulas 142

ANNEXE 10 : Entretien avec Nathalie Jan 144

ANNEXE 11 : Bilan de la première année de partenariat avec JEV 146

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ANNEXE 1 : Entretien avec Gurval Reto

Date : 27 janvier 2021

Présentation : Gurval Reto est le directeur et le programmateur du THV, Théâtre de l'Hôtel de Ville à Saint-Barthélémy-d'Anjou315.

Gurval Reto : « Je suis arrivé il y a deux ans au THV et il y a toujours ce qui s'appelle le spectacle des abonnés qui est un spectacle choisi avec les abonnés. On leur propose trois spectacles et la population doit choisir. C'est un projet qui me questionne depuis que je suis arrivé car comment est-ce qu'on choisit un spectacle sur un bout de vidéo, sur un bout de document ? çà veut dire quoi ? Moi c'est mon métier par exemple, je vois beaucoup de spectacles, j'ai une réflexion globale sur comment programmer. [...] Et donc du coup, on est arrivé sur un projet qui s'appelle Les infiltrés. C'est un projet qui va se mettre en oeuvre là, [...] C'est dix pré-ados de 9 à 12 ans qu'on rencontrera au mois de juin. C'est un projet sur un an et demi, ils rencontrent l'équipe, visitent le théâtre,... Le 3 juillet moi je les vois, je leur explique c'est quoi programmer, pourquoi programmer, comment j'en sais rien, chacun fait comme il veut, comme il peut, ... Après ces enfants je les amène à Avignon avec moi durant quatre jours. C'est au sein d'Avignon, enfants à l'honneur avec Assitej-France. Ils verront cinq spectacles et vivront donc l'Assitej « classique ». Au mois de septembre moi je les réinvite ici et ils vont choisir un des cinq spectacles qu'ils auront vus. On va débattre : Pourquoi ils le choisissent, pour quelle tranche d'âge, à quel moment dans la saison, quelles actions de médiation à mettre autour et là on commence le travail vraiment avec eux. Ils auront les clefs du théâtre pour ce spectacle. Ils seront en lien avec l'administrateur pour les contrats, en lien avec la médiatrice pour l'action de médiation à mettre en oeuvre, en lien avec la chargée de communication pour écrire les textes de la plaquette, du site internet ... Il seront présents lors de la présentation de saison aux habitants, c'est eux qui viendront présenter, défendre leur projet. Ils seront présents aussi sur l'accueil du spectacle dans un an et demi, soit la saison d'après, et comment à un moment donné c'est un projet de A à Z où ils sont infiltrés à l'équipe parce qu'ils vont voir tous les postes. A la technique, c'est eux qui seront là aussi. Donc avec les professionnels de l'équipe [...] Ils ont été actifs vraiment, ils ne sont pas venus juste pour une médiation, ils ont compris l'ensemble du cheminement de qu'est-ce que programmer [...] On essaie de les impliquer totalement dans la prise de décision et dans assumer le choix d'un spectacle. Peut-être que demain certains de leurs camarades leur diront « je n'ai pas aimé » et oui, que veut dire « je n'ai pas aimé » et que veut dire « j'ai aimé ». Eux ils auront compris, ils auront vu cinq spectacles et sur les cinq il y en aura un qui sera le leur. Et moi je m'engage que sur cinq spectacles il y en est un qui soit le leur. Et çà sera le leur mais avec l'ensemble de l'équipe qui sera derrière pour y travailler. On est vraiment sur un projet de citoyen de demain et de compréhension de l'ensemble du secteur culturel. [...]

315 Commune située dans le département de Maine-et-Loire.

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Marguerite Corrieu : J'aurais voulu savoir d'où est venue l'impulsion du partage de la gouvernance ? Des projets existaient-ils déjà avant votre arrivée au THV? Est-ce la mairie qui a impulsé cette dynamique ?

Gurval Reto : Ce choix de programmation avait été impulsé avant mon arrivée. On est dans une volonté à inviter le public à être acteur et pas seulement consommateur. Cela est d'autant plus flagrant aujourd'hui. Moi je n'ai pas envie que les gens viennent consommer du spectacle. Ils viennent partager un moment, vivre un moment, échanger avec les artistes, ... Qu'est-ce que l'oeuvre qu'ils auront croisée leur apporte à eux, les questionne ? [...] C'est facile de diriger, c'est beaucoup plus complexe et long de partager la gouvernance. Après c'est aussi des évolutions générationnelles. Ce qu'on a appelé les barons de la culture sont maintenant à la retraite et la génération qui est maintenant à la tête des institutions et des projets culturels a appris plus longtemps qu'il fallait coconstruire, co-porter avec les équipes aussi. Moi j'ai une vraie question de la gouvernance au sein de l'équipe. Un partage, une réflexion globale. Les questions des fonds sont partagées. Là on va être une scène conventionnée d'intérêt nationale et il faut donc déposer un dossier au ministère. Ces dossiers c'est le projet du directeur ou de la directrice. J'ai eu du mal à l'écrire car on me demandait de dire « je » et j'ai appris depuis longtemps à dire « nous ». J'ai donc mis longtemps à l'écrire car cela me demandait de comprendre où était la place de chacun dans cet équilibre du THV. Donc à un moment donné, le projet du THV ce n'est pas le projet de Gurval Reto. Alors que oui c'est mon projet et cette notion de gouvernance en fait partie mais j'écrivais « nous ». Et le ministère de la culture m'a dit : « Gurval, il faut que tu écrives en « je » ». Donc j'ai réécrit en « je », et çà été pour moi un vrai questionnement car d'un coup c'était réaffirmer une gouvernance descendante. Et les outils aujourd'hui sont de plus en plus des outils de gouvernance partagée. En même temps, la gouvernance veut quand même dire à un moment les connaissances et les capacités : Nous sommes des professionnels. Sur la notion de programmation partagée par exemple, mon métier c'est directeur de lieu mais aussi programmateur. Quand quelqu'un vient me dire « Tu dois programmer çà parce que je l'ai vu et c'est génial ! » et bien je me dis : « Tu as vu combien de spectacles pour pouvoir le comparer et me dire que c'est super ? », « et bien un seul » « eh bien moi j'en vois 250 des spectacles par an et je suis capable de dire pourquoi je programme cela ». Ce que je veux avec ces enfants qu'on amène à Avignon c'est qu'ils soit eux aussi en capacité d'affirmer leurs choix, de les expliciter, et dans la gouvernance et le travail commun il faut que chacun ait les même capacités et les mêmes armes d'échanges. Il n'y a rien de pire qu'une pseudo gouvernance partagée et déguisée entre les sachants et les non-sachants.

Marguerite Corrieu : Quels sont selon vous les autres enjeux et les limites de la gouvernance ?

Gurval Reto : Les limites elles sont dans la personnification et la confiance. Si l'on prend le THV, c'est 900 abonnés qui à un moment donné me font confiance. Je suis contractuel et pas fonctionnaire et le jour où j'ai été recruté j'ai dit aux élus « laissez-moi programmer ». Parce que si la programmation ne convient pas, c'est moi le responsable. Et les limites elles sont dans la notion de responsabilité et que dans la relation, il y a cette confiance envers les gens. On n'est pas dans un théâtre de tête d'affiche, au contraire on est sur un théâtre de découverte et que la

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programmation, l'équipe est en confiance avec les gens. [...] Donc çà pour moi c'est un questionnement et encore une fois ca a beaucoup bougé. On n'est pas dans les années 80 où on était dans une personnification complète du directeur qui avait « La culture ». La culture à la Malraux elle est finie, avec ceux qui sont détenteurs de la culture. Je ne crois plus en ça. Et en même temps, j'ai besoin de créer une relation de confiance avec les gens.

Marguerite Corrieu : Il y a encore peu d'équipes artistiques qui partagent leur gouvernance avec les publics. Selon vous pourquoi ?

Gurval Reto : Alors c'est très politique. J'y ai beaucoup réfléchi car je travaillais sur l'agenda des cultures à Angers. Je pense que c'est une peur aussi. Et il faut faire attention selon moi à une certaine démagogie. Les limites elles sont dans la démagogie. C'est important de partager, coconstruire mais avec des groupes repérés et pas dans une construction globale avec « qui vient fait » parce que là on arrive dans la démagogie.

Marguerite Corrieu : Plus spécifiquement sur le jeune public et les publics adolescents : quand dans votre parcours vous êtes-vous intéressé à ces publics ? Quels sont selon vous les enjeux que soulèvent adolescence et théâtre ?

Gurval Reto : Le titre du festival du THV c'est Zone de Turbulence et l'adolescence est une période de turbulence. C'est l'une des périodes où l'on a le plus envie et besoin de se confronter aux interdits, à nos propres limites, de tester nos limites et comment à un moment donné, le spectacle vivant permet ça. On est sur des périodes où lorsqu'on est adolescent, on a envie de vivre sans limite et le spectacle va ouvrir de nouveaux horizons. On ne gère pas forcement nos émotions quand on est adolescent. C'est une période de possible total et le spectacle vivant peut les ouvrir. Il faut se dire que c'est possible. [...]

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"Il faudrait pour le bonheur des états que les philosophes fussent roi ou que les rois fussent philosophes"   Platon