WOW !! MUCH LOVE ! SO WORLD PEACE !
Fond bitcoin pour l'amélioration du site: 1memzGeKS7CB3ECNkzSn2qHwxU6NZoJ8o
  Dogecoin (tips/pourboires): DCLoo9Dd4qECqpMLurdgGnaoqbftj16Nvp


Home | Publier un mémoire | Une page au hasard

 > 

Habitat indigne. Le traitement technique et social de l'insalubrité et de ses conséquences sanitaires.


par Emeline TASSAN
Université des Sciences et Technologies Lille 1 - Master 2 Sciences et Technologies  2012
  

précédent sommaire suivant

Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy

52

2 / L'humidité

Citation extrait de"l'Inhabitable" de Joy Sorman et Eric Lapierre: " La famille Sun a déserté Canton pour rallier Paris en 2005 avec ses deux enfants. Elle loge au rez-de-chaussée dans 3 petites pièces en enfilade séparées les unes des autres par des cloisons contreplaqués et placoplâtre. Les murs sont pelés, colonisés par les moisissures. J'accompagne Annie, l'infirmière de la SIEMP, qui s'occupe des enfants. Ils souffrent du froid continuel et de l'humidité. Ce matin nombre d'entre eux reniflent et toussent, paupières brûlantes et gonflées par le pus. Un garçon de 5 ou 6 ans est couché au fond de la pièce, il respire bruyamment, est pris de convulsions: Annie diagnostique une crise d'asthme. Elle passe en revue tous les gamins, comme un gradé ses réservistes, relève en quelques minutes des problèmes respiratoires et dermatologiques provoqués par les moisissures, consulte les carnets de santé pour vérifier que les vaccins sont à jour. Ils sont toujours malades ces gosses, toute l'année, affirme-t-elle".

Un problème récurrent touchant les ménages français

Le logement fait l'objet d'une enquête de l'INSEE tous les 4 à 5 ans en France. Cette enquête a montré qu'en 2006, 20% des ménages de France métropolitaine signalaient des signes d'humidité dans leur logement. Ce défaut, en recul de quatre points par rapport à 2002, demeurait le plus observé dans les logements. La prévalence des problèmes d'humidité dans l'habitat s'explique avant tout par l'époque de la construction et l'état des façades et des vitres qui multiplient par six le risque par rapport aux logements récents et en bon état. Près d'un tiers des logements construits avant 1948, et près de la moitié de ceux dont la façade est en mauvais état, présentaient des signes d'humidité selon l'enquête réalisée par l'INSEE en 2006.

De tous les facteurs, la période de construction est le plus pénalisant. La proportion de logements humides est croissante avec l'âge du bâti. Ces logements ont en règle générale une mauvaise isolation de la toiture ou de la façade. Le risque est également plus élevé pour les logements mal chauffés (équipements absents ou défectueux) et ceux utilisant un système de chauffage supplémentaire ainsi que les logements mal ventilés.

Le surpeuplement dans le logement est aussi une cause d'humidité. Un logement fortement surpeuplé augmente le phénomène de condensation par une production accrue de vapeur

53

d'eau liée à la respiration des occupants et à l'utilisation accrue d'eau chaude sanitaire qui dégage de la vapeur d'eau dans l'atmosphère. L'inadéquation entre la production de vapeur d'eau dans le logement et son évacuation vers l'extérieur (peu d'ouverture vers l'extérieur, absence de fenêtres, absence ou mauvaise ventilation du logement) entraîne une humidité importante. Celle-ci peut également être favorisée par des modes de vie spécifiques (les familles d'origine africaines cuisinent par exemple essentiellement à la vapeur et n'ont pas toujours de hotte). Ainsi, on constate qu'en 2006, moins d'un cinquième des logements sous-occupés étaient humides contre plus d'un tiers des logements surpeuplés.

Outre la taille du ménage et son adéquation avec la taille du logement, l'humidité dépend aussi de la présence plus ou moins longue des occupants dans les lieux. Les ménages composés de personnes inactives, donc plus présentes dans leur logement au quotidien, souffrent moins de l'humidité que les ménages actifs dont le logement est chauffé moins constamment. L'enquête montre également que les propriétaires occupants souffrent en moyenne deux fois moins de l'humidité que les locataires. Les propriétaires occupants font en effet plus facilement de travaux dans leurs logements que les propriétaires bailleurs puisqu'ils en jouiront directement.

L'humidité dans les logements est donc le défaut principal de l'habitat dégradé. Les professionnels de la santé s'accordent à dire que l'humidité excessive au sein de l'habitat a un impact direct et indirect sur la santé de ses occupants: direct par les pathologies respiratoires et indirectes par l'apparition d'autres désordres dans le logement tels que les moisissures, les acariens et autres nuisibles néfastes pour la santé des occupants.

54

L'humidité à l'origine de désordres dans le logement

Un taux d'humidité trop élevé dans le logement va provoquer plusieurs désordres au sein de celui-ci. Au premier rang de ces désordres se trouvent le développement de cryptogamiques qui peuvent prendre la forme de moisissures, de champignons simples ou de champignons plus complexes et élaborés. On constate que les moisissures se développent essentiellement dans les milieux mal ventilés, manquant de luminosité et humides. On les retrouve sur les murs et les plafonds notamment au niveau des angles, moins bien ventilés, ou des ponts thermiques (zones moins bien isolées donc plus froides et plus sujettes à condensation). Il existe plusieurs types de moisissures, parmi les plus répandues se trouvent les moisissures toxinogènes qui peuvent provoquer des allergies ou des problèmes respiratoires et les moisissures infectieuses qui peuvent provoquer des affections cutanées. Les moisissures vont également produire des substances toxiques qui sont des polluants atmosphériques ayant des conséquences sur la santé, notamment allergiques.

Moisissures qui se développent au niveau des angles

http://www.lamy-expertise.fr

Des champignons plus élaborés peuvent également apparaître dans le logement. On constate qu'une quarantaine de champignons peuvent infester les bois d'une habitation. Ils peuvent causer des dégâts importants notamment dans les charpentes et les planchers. Ils se développent de manière générale derrière les plinthes et sous les revêtements. Il convient

55

d'identifier le champignon infestant une habitation afin de prendre les mesures efficaces pour l'éradiquer.

Plus l'humidité dans l'habitat sera importante et plus le champignon en développement sera allergène :

- Ce sont d'abord les " aspergillus " qui vont développer. On les reconnaît par leur couleur vert foncé.

- Vient ensuite, le " pénicillium ", de couleur verte. -Le " cladosporium ", de couleur noire verdâtre - Et enfin, le " phoma ", de couleur noire.

Classification des champignons
www.anah.fr

Dans les cas les plus graves, l'humidité au sein du logement, pourra favoriser l'apparition de mérules. Les mérules sont les champignons les plus dangereux, car ils ont moins besoins d'eau que les autres pour subsister. En effet, la " mérule pleureuse " fabrique l'humidité dont elle a besoin en captant dans l'atmosphère la vapeur d'eau et en créant, à l'extrémité

56

de ses filaments de mycélium, l'humidité nécessaire à leur développement sous forme de gouttes d'eau. Par le biais de ces filaments de mycélium, les mérules sont capables de transporter l'eau au travers des murs ce qui leur permet de se développer de façon très rapide et importante. On a par exemple pu observer le développement de mérule sur trois étages en deux ans en partant de l'infestation d'un élément de chien-assis.

La présence de certains acariens ou de certaines variétés de blattes pourront également être favorisée par la présence d'humidité. Les blattes possèdent sur leurs pattes des poils qui sont de véritables éléments allergènes et peuvent favoriser l'asthme chez les plus jeunes.

Les conséquences sanitaires de l'humidité

Un habitat humide peut très rapidement constituer un risque grave pour la santé des personnes sensibles en favorisant des pathologies respiratoires et des problèmes dermatologiques. Les problèmes de santé liés à cet habitat dégradé sont multiples puisqu'on y retrouve notamment les allergies, l'asthme, les rhinites, les bronchites, les conjonctivites, des problèmes dermatologiques, des sifflements ou un encombrement des poumons ou d'autres symptômes ORL ou de type rhumatisme.

Campagne Fondation Abbé Pierre sur le logement indigne

www.fondation-abbe-pierre.fr

57

Prenons quelques exemples:

La rhinite peut être allergique ou chronique et développe des congestions nasales, des problèmes d'irritation et de toux. Contrairement à une idée reçue, la rhinite allergique n'est pas seulement une gêne occasionnée par les pollens. D'autres allergènes (acariens, moisissures, blattes...) peuvent en être aussi à l'origine. Dans ce cas, la rhinite, est provoquée par une très mauvaise isolation de l'habitat, un taux d'humidité constant et élevé et la présence trop importante d'acariens ou d'animaux.

L'asthme est une maladie relative à des problèmes respiratoires. Cette maladie est souvent aggravée par le manque d'entretien du logement (présence importante d'acariens, poussières...). L'asthme est aujourd'hui un problème mondial, et le nombre de personnes atteintes est en constante augmentation. D'après un rapport de l'OMS, c'est la maladie chronique la plus fréquente chez l'enfant. Dans le monde, 300 millions d'individus sont actuellement touchés par cette maladie, et ce chiffre pourrait atteindre 400 millions en 2025. C'est une maladie qui touche davantage les couches défavorisées de la population avec des manifestations cliniques souvent graves chez ces patients en raison d'un environnement propice au développement de la maladie et au manque de prise en charge suffisant.

On constate une certaine corrélation entre ces deux pathologies puisque 20% des personnes souffrant de rhinite allergique font également de l'asthme et 80% des asthmatiques ont aussi une rhinite. Depuis plusieurs années, la compréhension du phénomène asthmatique a évoluée et les traitements disponibles ont beaucoup progressés. Malgré tout, 50% des patients ne suivent pas correctement le traitement prescrit. Il faut donc prendre en compte les aspects culturels, sociaux, psychologiques et économiques de la maladie si l'on veut approcher au plus près les réalités des personnes et optimiser l'ensemble de la prise en charge de la maladie allergique en modifiant les comportements des individus.

Depuis une vingtaine d'année, le lien entre la charge en allergènes et en polluants domestiques de l'habitat et l'asthme ou la rhinite a été démontré. Cependant,une problématique existe toujours. La question est de savoir si l'habitat insalubre est à l'origine de la maladie. Il est en effet établi qu'un habitat insalubre aggrave les problèmes de santé et

58

notamment l'asthme chez les enfants. Mais il est beaucoup plus délicat de montrer que cet habitat est uniquement responsable de la maladie. L'habitat est d'ailleurs rarement reconnu comme l'élément déclencheur d'une maladie sauf dans les cas de saturnisme, affection liée au plomb que nous avons traité précédemment.

précédent sommaire suivant






Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy








"I don't believe we shall ever have a good money again before we take the thing out of the hand of governments. We can't take it violently, out of the hands of governments, all we can do is by some sly roundabout way introduce something that they can't stop ..."   Friedrich Hayek (1899-1992) en 1984