B. DES DISPOSITIFS QUI VALORISENT LES PRATIQUES
DÉMOCRATIQUES
1. Des médias sociaux rythmés par
l'agenda démocratique
40Entretien téléphonique avec Marion,
collaboratrice parlementaire, 28/08/2020
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Plutôt que de fragiliser la démocratie et la
participation politique, les médias sociaux permettraient de mettre en
lumière un certain nombre de pratiques démocratiques et notamment
ses temps forts : les élections.
Roginsky et Perrier affirment en ce sens que « les
messages publiés sur Twitter et Facebook par les députés
européens sont ainsi rythmés par le calendrier législatif
du Parlement européen41 ». Cette observation est
transposable à l'échelon national pour toutes les
élections. Durant cette période, les élus, candidats ou
soutiens, utilisent les médias sociaux comme canaux de diffusion des
programmes, idées et débats politiques.
Les semaines et les mois avec mon parlementaire sont
rythmées selon l'activité parlementaire ou l'activité
militante et oscillent en cadence entre ces deux moments de la
démocratie. Comme le soulignent une nouvelle fois Roginsky et Perrier,
« s'il devient indispensable d'apparaître sur ces dispositifs, nous
constatons cependant que leur utilisation ne modifie pas fondamentalement la
manière de concevoir la communication : les messages sur les
médias sociaux reprennent souvent les formes et les thématiques
traditionnelles Ð comme l'agenda du député, les passages
radio ou télévision, l'information parlementaire et les
réactions à l'actualité politique ».
Les médias sociaux constituent une sorte d'incubateur
des moments forts de la démocratie et la modifient en surface.
2. Une modification superficielle de la
démocratie
Les médias sociaux ont été
intégrés au jeu démocratique, au moyen notamment d'une
législation qui adapte leur utilisation avec les règles
électorales. Cet élément semble accepté par mon
parlementaire :
« La législation en terme de campagne
électorale laisse peu de place à la souplesse. De
plus, l'utilisation des réseaux sociaux en politique est encore assez
récente. Il y a de plus en plus de
41 ROGINSKY Sandrine et PERRIER Valérie-Jeanne, « La
fabrique de la communication des parlementaires européens. "Tweet ton
député" et les "ateliers du député 2.0" »,
Politiques de communication, vol. 3, no. 2, 2014, p. 105
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contentieux sur ce sujet. Les élus sont donc assez
frileux sur l'utilisation des réseaux sociaux en période de
campagne, pendant laquelle selon le canal utilisé, il convient de garder
une certaine
neutralité42 »
La rigidité évoquée par la
législation actuelle semblerait avoir placé les médias
sociaux dans un cadre précis et probablement inadapté aux
évolutions rapides de ces médias et de leur utilisation par les
acteurs politiques.
Pour Jonathan Chibois, l'apparition des médias sociaux
et notamment de Twitter ne bouleverse pas le paysage médiatique mais ne
serait que la conséquence des évolutions de celui-ci : «
Twitter s'intègre opportunément dans des usages
médiatiques qui lui préexistaient. C'est un dispositif
sociotechnique dont l'appropriation n'est pas la cause d'une évolution
des usages, mais constitue plutôt une conséquence de ces usages
qu'elle vient prolonger à sa manière43 » .
Les médias sociaux sont perçus par mon
parlementaire comme apportant une part de la réponse à la crise
de la représentation alors même que ces dispositifs sont assez
bien intégrés dans les pratiques démocratiques.
Enfin, si les médias sociaux restent populaires parmi
des acteurs politiques tels qu'un parlementaire, c'est parce qu'ils
réincorporent certains procédés traditionnels de
domination qui leur permettent de gagner et de conserver le pouvoir.
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