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Intervention des nations unies en Haïti de 2004 à  2017, au regard de la constitution haïtienne en vigueur et des normes juridiques internationales.


par Nem Jean-Baptiste
Faculté de Droit des Sciences économiques et de Gestion du Cap-Haïtien, Université d'état d'Haïti - Licence en Droit 2012
  

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INTRODUCTION

En occident où il a fait ses débuts, l'État s'est construit dans le but de répondre aux besoins de sécurité des populations. Les fonctions de base de l'État vont devenir avec le temps la défense du territoire face aux invasions extérieures, le maintien de la loi et de l'ordre, la garantie de la stabilité de la monnaie. Après la seconde guerre mondiale, l'État a intensifié son rôle dans l'économie notamment. Il s'efforcera de stabiliser l'économie, de maintenir le plein emploi, de favoriser la croissance, d'assurer la stabilité des prix et de favoriser l'équilibre extérieur (Lachapelle et Paquin, 2004, p. 3). C'est ainsi que l'État souverain, tel que conçu par la doctrine classique, s'est vu confier toute une gamme de fonctions dites « fonctions régaliennes de l'État ».

Selon la littérature politique, diplomatique et juridique, ces fonctions sont notamment le maintien de l'ordre, la sécurité, la justice, la défense, le respect de ses engagements extérieurs, (Illy, 2015, p. 55). Ainsi, le fait pour l'État de pouvoir accomplir tout cela dans les limites de son territoire signifie que, dans l'ordre interne et international, il est indépendant et souverain et donc exempt de toute intervention étrangère.

Cependant, de nombreux chercheurs restent tout étonnés devant la crise épistémologique, juridique, politique que traverse l'État actuellement. T. Christakis dira même avec dédain : « Qu'est-ce que l'État ? Quand personne ne le demande, je le sais ; dès qu'il s'agit de l'expliquer, je ne le sais plus » (Khadre-DIOP, 2017, p. 1). Cette difficulté de conceptualisation amène plus d'un à peindre l'État comme une réalité difficilement saisissable.

En effet, dans le contexte actuel des choses, beaucoup d'études ont pu mettre en lumière les difficultés énormes auxquelles font face les États, sujets originaires du droit international public et donc de la Société internationale. De plus en plus, les États, souverains au sens du droit international, ne parviennent plus à maitriser leurs difficultés intérieures. La défaillance des États est devenue de plus en plus perceptible : ce qui influe sur leur souveraineté réelle. Paradoxalement, la faillite des plus faibles États ne fait qu'accroitre la convoitise des plus puissants qu'eux. Cet état de fait s'était même soldé par la chute de la SDN qui s'est révélée impuissante quand, par exemple, l'Italie entreprit la conquête de l'Éthiopie, et l'Allemagne annexa l'Autriche. La règle sacrosainte des relations internationales reste donc : tous les États son égaux en droit mais inégaux dans les faits. Or, au milieu de tous ces contrastes, le pilier des relations internationales demeure toujours l'État souverain. Cependant, comme le souligne le

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rapport de la commission internationale de l'intervention et de la souveraineté des États (2001, Sommaire) :

La souveraineté des États implique une responsabilité, et c'est à l'État lui-même qu'incombe, au premier chef, la responsabilité de son peuple. Par ailleurs, Quand une population souffre gravement des conséquences d'une guerre civile, d'une insurrection, de la répression exercée par l'État ou de l'échec de ses politiques, et lorsque l'État en question n'est pas disposé ou apte à mettre un terme à ces souffrances ou à les éviter, la responsabilité internationale de protéger prend le pas sur le principe de non-intervention.

C'est ainsi que depuis que les Nations unies occupent le devant de la scène des relations internationales, le maintien de la paix et de la sécurité internationale est devenu un enjeu politique majeur. Cependant, s'il constitue la véritable mission de l'organisation depuis sa création en 1945, l'ONU a été défaillante dans la plus importante des affaires du maintien de la paix depuis la Corée : la guerre au Viêt-Nam (Chaumont, 1968, p. 76). Et, les interventions onusiennes sont souvent perçues comme une entrave à la souveraineté des États membres de l'organisation.

Toutefois, en dépit de la montée en puissance des interventions internationales et des inégalités qui existent entre les États, l'indépendance et la souveraineté demeurent le couronnement de l'existence internationale d'un peuple (Chaumont, p. 86). Mais comme il est clairement exprimé dans le rapport de la commission internationale de l'intervention et de la souveraineté des États, (p. 9) :

Il est communément admis que la souveraineté implique une double responsabilité : externe - respecter la souveraineté des autres États - et interne - respecter la dignité et les droits fondamentaux de toute personne vivant sur le territoire de l'État. [...] . La souveraineté considérée comme responsabilité représente désormais la condition minimale à remplir pour les États désireux de montrer qu'ils sont capables de se comporter en bons citoyens de la communauté internationale.

À regarder le niveau de fierté qui a servi d'encrier pour écrire au sein de nos différentes Constitutions, y compris celle de 1987, qu'Haïti est un État souverain et indépendant, nous nous demandons si les constitutionnalistes ont songé à cerner toutes les subtilités du concept « souveraineté ». Car si nous laissons résonner les verves de l'histoire politique d'Haïti au lendemain de l'Indépendance, le doute persistera.

En effet, depuis son accession à l'indépendance le 1er Janvier 1804, Haïti fait face à toute une série de problèmes dont les plus pertinents constituent aujourd'hui encore des points d'ombre

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que de nombreux chercheurs n'arrivent toujours pas à élucider. Une de ces préoccupations est bien évidemment l'intervention de puissances étrangères dans des questions qui relèvent exclusivement de sa compétence nationale. Des exemples comme ça, l'histoire en a retenus plusieurs : en 1915, les États-Unis d'Amérique se décident à intervenir en Haïti, une mésaventure qui s'étendait sur 19 ans et dont les conséquences sont aujourd'hui encore fortement ressenties. Plus près de nous en 2004, le Conseil de Sécurité de l'Organisation des Nations Unies, aux termes de la résolution 1542, autorise cette dernière à intervenir en Haïti à travers une Mission à la fois civile et militaire (MINUSTAH) qui s'étendra sur 13 longues années (2004 à 2017). Beaucoup de travaux de recherche et de débats intellectuels ont pu avoir lieu sur cette mission. Devons-nous alors conclure que la problématique de l'intervention onusienne en Haïti de 2004 à 2017 est suffisamment débattue et résolue, et donc qu'il n'y a pas lieu d'investiguer la question?

Malheureusement, soulignons-le, en dépit de la très abondante littérature qui serait disponible sur l'ensemble des actions onusiennes en Haïti à travers la MINUSTAH, son explication juridique nous échappe encore. Or, il est clair que la non-maitrise d'une telle question constitue un vide juridique et scientifique d'une importance capitale. C'est ici que notre travail de recherche intervient.

Nos principales préoccupations sont exprimées à travers les questionnements suivants : quels peuvent être les différents facteurs qui ont déterminé cette intervention ? Est-elle le produit de l'irresponsabilité de l'État haïtien ou s'inscrit-elle dans une politique impérialiste visant à maintenir l'État haïtien dans la dépendance, affaiblissant ainsi sa souveraineté interne et externe ? L'intention qui est à la base de cette recherche consiste alors à tenter de trouver des éléments de réponse à l'ensemble de ces questionnements et beaucoup d'autres.

Cette étude veut alors proposer une nouvelle forme d'analyse qui s'appuie sur de nouvelles hypothèses. Nous nous tâchons de vérifier d'abord l'existence de l'intervention avant de préciser ses impacts sur la souveraineté même de l'État haïtien garantie par la Constitution et les normes juridiques internationales. Nous établissons par la même occasion le lien qui pourrait exister entre la faillite de l'État haïtien et l'intervention des Nations unies en Haïti entre 2004 et 2017.

En effet, il importe de souligner que tant que ce trou existe dans notre connaissance du phénomène, Haïti pourra continuer de sombrer un peu plus chaque jour dans la fragilité, dans la défaillance, dans la faillite. Fort de toutes ces considérations, et compte tenu de la récurrence des

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interventions onusiennes dans l'Histoire politique récente d'Haïti, nous pensons qu'il est tout à fait judicieux d'approcher autrement le problème, de proposer de nouvelles pistes de réflexion, d'appréciation et d'analyse en vue d'une meilleure compréhension de la question. Pour ce faire, nous adoptons une démarche scientifique.

Cette démarche nous amène à mener notre recherche suivant un plan scientifique mais aussi diagnostic contenant deux parties répartie en cinq chapitres. La première partie s'intéresse à la conception théorique de la recherche. Elle contient deux chapitres qui précisent le problème, le champ d'études et la conception théorique de la recherche. La deuxième présente le cadre opératoire de la recherche. Elle se développe en trois autres chapitres qui traitent de la méthodologie adoptée, de la présentation, l'analyse et l'interprétation des résultats avant de terminer sur la formulation de propositions en rapport avec les problèmes étudiés.

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"Aux âmes bien nées, la valeur n'attend point le nombre des années"   Corneille