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Internet sous l'oeil des services de renseignement

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par Isabelle Laumonier
Université Paris I Sorbonne - DEA Communication, Technologie et Pouvoir 2003
  

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b. Les scandales récents

Les services américains font actuellement face à une des plus graves crises de leur histoire. Certes, le post-11 septembre leur a donné de nouvelles prérogatives, avec des possibilités d`intervention démultipliées, et des moyens financiers toujours plus importants. Cependant,

182 Pétition et signature des collectifs : http://www.iris.sgdg.org/actions/len/petition.html 183 11 septembre 2001 oe 11 septembre 2002, Internet en liberté surveillée, Rapport RSF, p.2

l`année 2003 s`est révélée une véritable année noire pour leur réputation. Un édifiant rapport d`enquête de la Commission spéciale du Sénat et de la Chambre des représentants, sur les attentats du 11/09, rendu public fin juillet 2003, a tout d`abord accusé les services d`incompétence. Les 850 pages du rapport mettent en lumière la profonde rivalité entre FBI et CIA, qui aurait conduit à une très médiocre circulation des informations rendant tout recoupement impossible. D`autre part, ce rapport attaque directement les capacités d`analyse et de traitement de l`information de la CIA et de la NSA. La CIA a en particulier « été incapable d`évaluer et d`utiliser les informations accumulées sur les pirates de l`air », de plus, « des interceptions de communications cruciales faites par la NSA n`ont jamais été transmises ou exploitées »184. Lucien Sfez, dans son ouvrage Technique et Idéologie souligne l`ambivalence propre à Internet :

« Le réseau est comme un filet qui attrape sa proie (l`information), permet de la stocker, de l`échanger. Mais si l`information peut entrer à tout endroit du maillage, il s`en faut de beaucoup pour qu`elle soit triée, traitée, sélectionnée, triée vers une décision »185. Bien que les principaux responsables des services américains se défendent, en expliquant que le fonctionnement des services a beaucoup évolué après les attaques, ce rapport a considérablement terni l`image des services de renseignement, auprès d`un public qui ignorait en très grande majorité les faiblesses relevées ci-dessus. James Wolsey, ancien directeur de la CIA, avouait déjà en 2000 que les services étaient confrontés à un problème assez sérieux de traitement de l`information : « Given the fact that the problem for the U.S. intelligence is that there`s a great deal of data that goes unanalyzed oe the problem is sorting through all this material »186

Quelle que soit la capacité certes étendue d`interception et de surveillance d`Internet des services de renseignement, il semble donc que l`association qui les lie au Réseau des réseaux n`ait pas nécessairement la capacité de renforcer le pouvoir de l`Etat, puisque il paraît impossible de capter toutes les informations et surtout d`en tirer des conclusions fiables. Dans une interview au Monde, en date du 26 juillet 2003, Pierre de Bousquet de Florian, directeur de la DST, affirme ainsi que « le fonctionnement traditionnel des services américains les amène à brasser des

184 Le Monde, 26 juillet 2003, Les services américains sous les feux de la critique.185 Lucien Sfez, Technique et Idéologie, p. 72186 --Le problème pour les services de renseignement US est qu`un grand nombre de données ne sont pas analysées oele problème est de trier toutes ces informations«. James Woolsey, Briefing at the Foreign Press, 7 mars 2000.

http://www.cabinetblanc.com/anglais/JamesWOOLSEY.pdf

quantités absolument considérables d`informations. Et ce n`est pas un secret de dire qu`ils peuvent avoir des problèmes de tri ».

Malgré le développement de nouveaux outils tels les logiciels renifleurs, comment être sûr de la véracité de l`information ? Comment vérifier les sources ? Les critères d`un bon renseignement sont : « la qualité de l`information, qui est la source [...], la rapidité de la transmission »187. Or si la rapidité est sans aucun doute assurée grâce au Réseau des Réseaux, la qualité, quant à elle, reste incertaine. Toute information en provenance d`Internet doit être prise avec des pincettes. De plus, la fiabilité des nouveaux outils, type « programme renifleur » n'est pas entièrement garantie, comme en témoigne le procès fait au FBI par l'association EPIC (www.epic.org) en 2000. EPIC avait en effet découvert que le logiciel Carnivore du FBI avait connu quelques "errements" lors d'une traque sur Internet contre le réseau Al-Qaïda. Carnivore avait intercepté des messages électroniques de personnes totalement étrangères au groupe terroriste.

L`activité des services de renseignement n`a cessé de se renforcer depuis le 11 septembre. Or, jusqu`à présent, ce renforcement a entraîné ce qu`il est convenu d`appeler des bévues, ayant fortement nui à l`image des services. Nous citions plus haut l`affaire des interceptions de mails concernant des membres de l`ONU. Mais cette polémique n`eut cependant pas le retentissement des scandales révélés après la fin de la deuxième Guerre du Golfe. On peut se demander si les services de renseignement constituent toujours de véritables leviers de pouvoir comme leur rôle dans l`application du Patriot Act pouvait le faire croire.

Ce qu`on est tenu d`appeler aujourd`hui l`« affaire » des armes de destruction massive a contribué à une remise en cause inédite des services de renseignement anglo-saxons. Les gouvernements américains et anglais se sont en effet appuyés sur l`existence, qu`ils prétendaient 100% sûre, d`armes de destruction massive pour déclencher la guerre contre l`Irak en mars 2003. Cette certitude provenait de rapports d`experts remis par les services de renseignement. Or près de six mois après la fin du conflit, aucune de ces armes n`a encore été débusquée.

187 Défense et Renseignement, sous la direction de Pierre Pascallon, L`Harmattan, Paris, 1995, p.44

C`est ce qui a peu à peu déclenché des interrogations à la fois dans le public et chez les médias. Les Etats-Unis, accompagnés de leur allié britannique auraient-ils menti, afin de pouvoir lancer l`assaut contre le régime de Saddam Hussein ? Plusieurs hypothèses ont alors été évoquées concernant les rapports des services de renseignement. Les Etats américains et britanniques se sont-ils « affranchis » des services en faisant appel à des preuves imaginaires, que les services n`avaient pu leur fournir ? Ou bien ont-ils profité de la complaisance des responsables du renseignement qui ont accepté les interprétations abusives de leurs rapports ? Dernière hypothèse possible: les agences se seraient-elles plier aux exigences de l`administration centrale, en orientant leurs conclusions en fonction de ses attentes ?

Bien que George Tenet ait formellement nié cette dernière accusation émise par de nombreux analystes188, elle pourrait bien être pertinente. Il est de toutes façons évident que, pour les services de renseignement, cette « affaire » sent le souffre...Le renseignement ne risque-t-il pas ainsi de devenir une sorte d`activité de polichinelle, sans effet véritable ?

Compte tenu des sommes engagées dans l`Intelligence par le gouvernement américain , la question peut paraître provocante. Pourtant les libertés prises avec les renseignements transmis par les services prouvent que le pouvoir décisionnel de l`Etat ne peut toujours s`accommoder des conclusions de ces derniers. Dans l` « affaire irakienne », il semble évident que le déclenchement de la guerre ait été une pure décision politique ; il s`agissait pour George W. Bush d`appuyer sa décision sur les rapports des services de renseignement. Il est aujourd`hui certain que les services ne détenaient aucune preuve irréfutable, et que leurs rapports ne contenaient que des intuitions et des suppositions concernant l`arsenal irakien.

Dans la continuité de cette première « affaire », les agences américaines ont de nouveau été montrées du doigt en juillet 2003. Elles ont dû faire face à de très violentes critiques émanant simultanément des médias traditionnels et des experts en renseignement. Au centre de cette nouvelle polémique, les déclarations de George W. Bush en janvier dans son discours sur l`Etat

188 New York Times, 4 juin 2003, art. « After the war : Intelligence ; Iraq Arms report now the subject of a CIA review », James Risen.

de l`Union. Il reprenait une information transmise par le MI6189 britannique, selon lequel l`Irak avait cherché à obtenir de l`uranium en Afrique. D`autres affirmations du président américain, également empruntées au MI6, prétendant que le régime de Saddam Hussein était en mesure de déployer des armes de destruction massive en 45 minutes, ont également alimenté la polémique. Un article du Monde nous apprend que « selon des responsables de l'administration [...], la Maison Blanche n'a pas cherché à obtenir l'approbation de la CIA avant de lancer cette accusation »190. Ici encore, l`affranchissement de l`Etat américain vis-à-vis des services semble bien en marche.

Ce que révèle cette polémique d`envergure, c`est essentiellement la difficulté des services de renseignement à obtenir des informations à 100% fiables. Le renseignement technique est une nouvelle fois violemment mis en cause. Selon Jacques Isnard, journaliste au Monde, le pouvoir politique dans le régime de Saddam Hussein s`apparentait à une véritable forteresse. Pour tenter de trouver une brèche, les services américains se sont concentrés sur le renseignement technique : « des moyens techniques ultrasophistiqués - écoutes tous azimuts, surveillance aérienne et spatiale optique, infrarouge et électromagnétique, et recueil informatique oe ont[...] été mobilisés, notamment par les Etats-Unis. Or, ils ne sont pas la panacée. En particulier, ils donnent peu de renseignements précis et crédibles sur la suite des événements et, surtout, sur ce qui se trame et s'élabore dans la tête même des dirigeants du pays ou des responsables d'activités «sensibles»191. Les limites de l`association Internet-Services de renseignement sont ainsi mises en lumière.

Si les services se sont longtemps concentrés sur un univers technologique en perpétuelle évolution, ils semblent aujourd`hui forcés de réviser leur stratégie. Certes leur présence sur Internet est indispensable, mais ils doivent admettre qu`ils sont en grande partie impuissants face au monstre tentaculaire qu`est devenu le Réseau. Pierre de Bousquet de Florian oppose les services français aux services américains en expliquant que « nous [les services français] fonctionnons d`une façon différente [des services américains], en travaillant davantage sur des sources humaines qu'en nous reposant principalement sur des sources techniques. Les

189 Services secrets britanniques
190 Le Monde, 21 juillet 2003, art. « George Bush est attaqué sur deux dossiers »191 Le Monde, 17 juillet 2003, art. « Les limites et fragilités des services de renseignement », Jacques Isnard.

sources humaines sont à la fois plus précises et plus faciles à exploiter »192. Bien sûr, il faut savoir relativiser ce jugement. Il est probable que si les services français avaient un budget plus conséquent, leur arsenal technique serait sans doute plus important. Néanmoins, le retour aux renseignement humain est aujourd`hui une constante. Winn Schwartau confirme cette théorie : « At the end of the day, though, Elint and Sigint have to give way to Humint as the best [...]9/11 modified a lot, and it showed that people are really the best intelligence »193.

La partie humaine du renseignement (HUMINT) connaît ainsi une sorte de renouveau, lié à ce que l`on pourrait appeler « la crise du renseignement technique ». Le Pentagone, par la bouche de son chef, Donald Rumsfeld, a annoncé en mars 2003 que le département de la Défense souhaitait renforcer son réseau d`agents. Si l`on peut y voir une forme de querelle avec la CIA (rattachée directement au Président) qui dispose de plus nombreux agents, il faut également considérer cette évolution comme la preuve que la place du renseignement humain est toujours vue comme fondamentale. Internet ne permet pas de tout intercepter. Pour le général Bruno Elie, directeur de la DRM, « l`amélioration des performances techniques, l`informatisation généralisée des systèmes d`exploitation accroissent certainement la qualité et le rendement, mais toutes les formes de renseignement demeurent nécessaires aujourd`hui comme hier »194. Autrement dit, il est impossible de mettre de côté le renseignement humain. Seul l`agent humain peut avoir accès aux canaux les plus discrets de communication, c`est-à-dire essentiellement les conversations orales, qui ne laissent aucune trace exploitable par un service d`interception. D`autre part, si la puissance de calcul de la machine est devenue indispensable pour le tri des informations provenant d`Internet, une barrière demeure cependant : celle de la langue. Tous les services de renseignement se concentrent aujourd`hui sur le recrutement de personnel maîtrisant des langues rares. Comme le précise le rapport Paecht : « L'utilisation d'une langue rare ou disparue renforce la protection du message ».

192 Le Monde, 26 juillet 2003 193 Interview par mail avec Winn Schwartau. 194 Bruno Elie, Défense Nationale, art. « La direction du renseignement militaire », 1998, p.12

Les services de renseignement sont aujourd`hui sur la sellette, notamment en ce qui concerne le renseignement dit technique. Cette situation prouve que l`association Internet/ Services de renseignement n`est pas toujours aussi fructueuse qu`on pourrait le penser. La fragilisation des services de renseignement est d`autant plus patente qu`on assiste à un phénomène profond et semble-t-il irréversible de privatisation de la fonction « renseignement ».

C. La progressive privatisation du renseignement.

Dès 1995, quand Internet devient un « phénomène » technologique de plus en plus prégnant, de nombreuses voix s`élèvent pour acclamer la révolution que va provoquer le réseau. Les gouvernants eux-mêmes présentent Internet comme une technologie structurante d`une nouvelle société. Internet permettrait en particulier un redéploiement des pouvoirs. Ce que les gouvernants n`avaient peut-être pas prévu, c`est que ce redéploiement atteindrait des fonctions traditionnellement dévolues à des services rattachés à l`Etat, et en particulier la fonction de « renseignement ». Le terme de « révolution » est bien souvent galvaudé, presque toute innovation technique en étant affublée. Internet révolutionnerait notre vie, aussi bien que le nouveau mixer à légumes présenté dans le télé-achat ! Il faut donc être prudent face à l`emploi de cette notion. C`est pourquoi, nous avons tenté de démontrer que l`Internet, comme objet technique, n`avait pas constitué à proprement parler une révolution, mais s`apparentait plutôt à une évolution logique. Néanmoins, il est assez judicieux de présenter l`OSINT (Open Source Intelligence) comme une révolution, car ses effets dans l`univers du renseignement sont considérables. L`OSINT a non seulement modifié certaines des missions des services, mais elle a aussi conduit à de fortes évolutions dans l`univers du renseignement, avec l`émergence progressive de cabinets privés concurrençant les services, dans un domaine particulier, l`intelligence économique.

L`enjeu est considérable : est-il possible d`imaginer que la fonction de « renseignement » soit un jour totalement privatisée ? Pour l`heure, le secteur privé s`est contenté d`investir le renseignement économique, mais cette étape n`est peut-être qu`un premier pas avant une privatisation généralisée.

a. Intelligence économique et développement des cabinets privés.

Le monde du renseignement devient un monde de concurrence. Les services de renseignement n`ont plus le monopole, car la guerre du renseignement se fait aujourd`hui essentiellement via l`OSINT, l`Open Source Intelligence. « Le développement de ces nouvelles technologies transforme la société en donnant au plus grand nombre, l`accès à toutes sortes d`informations auparavant réservées à des spécialistes »195. Si les nouveaux adversaires polymorphes l`ont bien compris, les marchés économiques aussi. Un quelconque individu peut désormais mener des investigations sur Internet, afin d`obtenir les renseignements les plus précieux. Cette évolution a conduit au développement massif de cabinets de renseignement. Ainsi la problématique née de l`utilisation d`Internet par les services de renseignement amène à s`interroger sur une possible « privatisation de la fonction de renseignement »196. Ce que nous souhaitons souligner, c`est le rôle essentiel qu`a joué Internet dans cette tendance lourde à la privatisation : « Ce mouvement de décloisonnement des activités de renseignement est fortement accentué par la révolution technologique de la communication numérique et de la « nouvelle économie » de l`information. Ce nouveau contexte technologique fournit, en effet, à tous les acteurs des moyens efficaces et de plus en plus performants pour acquérir et traiter l`information. En ce sens, la révolution numérique favorise les activités de renseignement et accroît la concurrence sur le marché entre tous les prestataires publics ou privés »197.

Avec Internet, tout le monde peut en principe avoir accès à l`information ; la veille économique et concurrentielle joue un rôle de plus en plus important ; l`utilisation des forums de discussion et des chats pour diffuser des messages de tout ordre (publicité, désinformation, manipulation...) est de plus en plus fréquente. Les sites Internet des entreprises deviennent de véritables vitrines. On trouve désormais de très nombreux sites internet spécialisés dans l`information économique. A n`en pas douter, le Web constitue une véritable poule aux OEufs d`or pour qui cherche à obtenir des informations sur telle ou telle entreprise.

195 Général Loup Francart, Communiqué de presse IHEDN, www.terrorisme.net 196 Regards sur l`actualité, janvier 1994, De la guerre économique à l`intelligence économique, Brigitte Henri 197 La Lettre de la Rue Saint Guillaume, art. « L`ardente obligation du renseignement », Bertrand Warusfel.

Le terme même d`« intelligence économique », en plein essor actuellement, traduit le rapprochement du civil et du militaire, du privé et du public. Pour Jacques Baud, ce concept apparu à la fin des années 80 exprime à la fois « le glissement des enjeux politico-militaires vers les enjeux économiques-industriels, la participation des agences de renseignement officielles à la recherche de renseignement de caractère industriel, et l`arrivée sur « le marché du renseignement » de firmes privées. Dans les faits, on constate que de très nombreux employés des services secrets vont désormais « pantoufler » dans le secteur privé. C`est ainsi qu`aux Etats-Unis, de nombreuses sociétés privées de veille économique ont recours à des anciens de la CIA.198

Les technologies développées par les services secrets sont elles aussi utilisées dans le privé : c`est le cas des logiciels TOPIC ou encore TAIGA (cf. supra). TOPIC est aujourd`hui utilisé par plus de 10 000 entreprises dans le monde ; un de ces dérivés récents le Topic websearcher cherche automatiquement, à partir de mots-clés, des informations sur le web, les traite puis les distribue aux personnes concernées. De plus en plus de firmes privées se spécialisent dans la mise au point de ces logiciels « chercheurs d`informations ». C`est le cas de Datops, basée à Aix. Ces logiciels peuvent parcourir en un temps limité un nombre de pages énorme ; ils sont programmés pour y trouver des mots-clés, rentrés par l`utilisateur. Au terme de cette recherche, ils peuvent présenter des données intelligibles. Le groupe Thales a également développé une société baptisée Kalima qui produit des logiciels multilingues d`analyse et de gestion de l`information. Le logiciel Kalima peut traiter des données issues de forums, de listes de diffusion, d`articles de presse,... et en tirent des informations ordonnées et cohérentes. Le monopole que détenaient les services de renseignement sur certaines technologies ne cesse donc de s`effriter.

D`autre part, les méthodes utilisées dans le secteur privé sont parfaitement symétriques de celles utilisées dans le secteur militaire. Il suffit ainsi de consulter le site www.intelleco.com, (Cabinet de conseil en intelligence économique) pour constater que les méthodologies sont similaires.

198 Jean Guisnel, Politique Internationale, n°74

On retrouve toutes les grandes étapes du cycle du renseignement :

- Expression des besoins

- Collecte

-Traitement

- Diffusion

Dans ce contexte de développement d`Internet et de l`intelligence économique sont apparues de très nombreux cabinets privés dédiées au renseignement économique. Certaines entreprises qui prospéraient déjà sur ce terrain ont acquis une renommée croissante avec le développement de l`OSINT via Internet. C`est le cas de l`agence Burns, créée dès la fin des années 1950 aux Etats-Unis. L`agence Kroll Associates a également profité de ce nouvel engouement pour le renseignement économique. Ces agences recrutent des « professionnels de haut niveau oeanciens avocats, cadres, ex-agents secrets reconvertis en consultants économiques- connaissant les milieux industriels et politiques »199. Elles sont capables de fournir des informations denses sur les stratégies de communication à adopter, l`état de la concurrence, etc...

On constate que cette révolution de l`information ouverte « contribue à banaliser les pratiques, puisque les services d`Etat ne peuvent plus revendiquer en cette matière le monopole juridique et opérationnel qu`ils détiennent encore sur les pratiques de recherche secrète »200.

199 Regards sur l`actualité, janvier 1994, p.15 200 La Lettre de la Rue Saint Guillaume, art. « L`ardente obligation du renseignement », Bertrand Warusfel. Bertrand Warusfel, id. p. 42

Extraits du site du Cabinet Kroll, http://www.krollworldwide.com

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Certains spécialistes du renseignement ont cependant un avis mitigé sur l`OSINT. Il nous semble important de citer ces autres voix, pour qui les cabinets privés ne sauront jamais prendre la place des services de renseignement, leurs compétences en matière de renseignement humain et électronique étant trop limitées, voire inexistantes. C`est notamment l`avis du Professeur Cees Wiebes : « Private firms simply do not have certain capabilities in the field of Humint, Sigint and Elint [...] Osint has become more important but not a way some like to portray »201.

Le principal secteur concerné par cette privatisation est jusqu`à présent le secteur économique. Les domaines militaire, diplomatique ou politique restent encore l`apanage des services officiels, bien que certains exemples témoignent d`une évolution.

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"Et il n'est rien de plus beau que l'instant qui précède le voyage, l'instant ou l'horizon de demain vient nous rendre visite et nous dire ses promesses"   Milan Kundera