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Pour l'amélioration des performances des entreprises publiques camerounaises: le rôle du conseil d'administration

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par André Marie MBILI ONANA
Université de Yaoundé II SOA - DEA ès Sciences de Gestion, option Finance 2004
  

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Le conseil d'administration dans le courant du gouvernement
d'entreprise

La réflexion sur le conseil d'administration, considéré comme le mécanisme principal du gouvernement d'entreprise31 a fait l'objet de beaucoup de travaux. Le CA constitue

l' « épine dorsale » du gouvernement d'entreprise du fait que l'on suppose une relation entre ce dernier et la performance financière de l'entreprise ou encore l'efficience économique (Labelle R. et Raffournier B., 1999). En effet, de nombreuses mesures visant à modifier la composition et le rôle du CA ont été mises en oeuvre ou proposées dans l'optique d'améliorer la gestion des entreprises (Charreaux, 1990). Ces mesures font suite à une vague de critiques à l'encontre du fonctionnement de cet organe. En France par exemple un certain manque de vigilance du conseil quant au contrôle de l'utilisation effective des capitaux par les dirigeants a été au centre des débats (Jensen, 1993).

On remarque cependant que ces travaux sont l'apanage de milieux professionnels ; les rapports Viénot I et II (1995,1999) ont été mis en oeuvre par l'Association Française des Entreprises Privées (AFEP), le Mouvement des Entreprises de France (MEDEF) et le Conseil National du Patronat Français (CNPF). Les Etats-Unis quant à eux ont eu recours aux services de l'American Law Institute, de la National of Corporate Directors (1996)32. Ce constat ne devrait cependant pas conclure à une absence de corpus théorique devant animé le débat sur le CA.

Ce chapitre se veut donc une introspection au sein des théories explicatives du CA qui elles-mêmes relèvent du paradigme de l'efficience. Nous opposerons de ce fait les théories contractuelles (financière et partenariale) du CA aux théories stratégiques (section II). Pour les premières, le CA joue un rôle purement disciplinaire, tandis que pour les secondes, le CA constitue un instrument cognitif aidant à la création de

31 Le gouvernement d'entreprise constitue en effet une autre dimension de l'entreprise, différente de la dimension management. Elle sera développée ultérieurement.

32 Pour une synthèse des milieux professionnels ayant traité des problèmes de gouvernance d'entreprise, voir Caby J. et Hirigoyen G., (2001), p. 57.

compétences. Toutefois, il convient il convient de présenter le champ disciplinaire dans lequel s'inscrivent les travaux sur le CA : le gouvernement d'entreprise (section

I).

I- Le gouvernement d'entreprise : l'autre dimension de l'entreprise

Le management a pendant longtemps été la seule dimension mise en valeur dans l'entreprise. Mais avec les travaux de Berle et Means (1932), eux-mêmes inspirés par les travaux d'Adam Smith (1776) et de Baumol, l'entreprise s'est révélée sur un tout autre plan, celui du gouvernement. L'entreprise est sous cet angle considérée comme un Etat, et comme tel elle doit disposer en son sein d'un ensemble de dispositifs ayant pour objet de réglementer les actions des uns et des autres. Ce paragraphe tente de dresser le bilan de l'évolution de cette dimension de l'entreprise. Pour en comprendre la portée, il convient de revisiter le champ << conflictuel >> des relations entre dirigeants et créanciers résiduels. De ce débat, il ressort que l'approche de l'homme fondamentalement opportuniste mobilisée par la théorie contractuelle des organisations peut être relativisée en ce sens que le dirigeant peut vouloir agir dans l'intérêt du mandant à la seule différence que les schémas mentaux peuvent être divergents : c'est l'approche cognitive.

I-1 L'opportunisme33 managérial

C'est une hypothèse fortement mobilisée par les théories contractuelles des organisations34, notamment la théorie des coûts de transaction (TCT) et la théorie positive de l'agence (TPA). Ces théories contractuelles sont également liées au développement de la théorie du gouvernement d'entreprise (GE). Cette assimilation peut porter atteinte à la pertinence de ce champ théorique d'où le recours à l'approche cognitive du conflit.

33 Voir aussi l'hyper rationalité.

34 Ainsi, Donaldson (1990, p. 373), faisant explicitement référence à Jensen et Meckling (1976) et Williamson (1975), dit la chose suivante: << organizational economics creates a theoretical scenario in which managers act opportuniscally, and any other type of behavior falls outside of the theory [...] such behavior is assumed in the fundamental axioms, rather than treated contingently or empirically, all managers are presumed to act in this fashion.>>

I-1-1 Opportunisme et conflit d'intérêts dans les théories contractuelles

Le conflit sera appréhendé par la théorie des coûts de transaction et la théorie positive de l'agence.

I-1-1-1 Le conflit d'intérêts dans la TCT

Williamson (1975, 1985) développe une approche particulière de la TCT qui justifie l'existence d'un conflit d'intérêts latent, par la possibilité d'un comportement opportuniste de la part des parties prenantes à une transaction. L'opportunité est dans ce contexte plus fort que la simple poursuite des intérêts personnels de chacun au détriment des autres. En effet, l'opportunisme au sens de Williamson constitue une représentation extrême du comportement humain, qui, motivé par la recherche d'avantages personnels, serait caractérisé par une tendance à tricher et à transgresser les règles éthiques. L'opportunisme, selon Williamson toujours, relève d'une démarche consciente, comme le relève l'emploi de la notion d' « effort calculé » (Williamson, 1985, p.47, cité par Ghoshal et Moran, 1996, p.18).

Remarquons cependant que, Williamson se contente d'évoquer la simple possibilité d'un comportement opportuniste, sans pour autant supposer que chaque individu se conduise forcément de manière opportuniste. C'est cette précision qui conduit Ghoshal et Moran (1996, p.19) à observer que la TCT n'a pas besoin de postuler que tous les individus sont opportunistes, mais que seulement certains le sont parfois, et qu'il est à priori impossible de distinguer les opportunistes des autres. Par conséquent, loin de supposer naïvement que tous les partenaires d'une transaction ont une tendance innée à chercher leur avantage en nuisant volontairement aux intérêts des autres par des moyens douteux, Williamson met seulement l'accent sur cette éventualité pour conduire ses explications.

I-1-1-2 Le conflit d'intérêts dans la TPA

L'opportunisme des acteurs n'est pas explicitement mobilisé dans la théorie de l'agence. Pour elle, il n'est pas indispensable de prendre un tel positionnement extrême pour parvenir à des schémas théoriques comparables. Ainsi, le modèle REM (resourceful, evaluative, maximizing) du comportement humain (Jensen et Meckling,

1994), sur lequel se fondent implicitement les explications avancées par la TPA repose sur quatre postulats, dont aucun ne fait explicitement référence à l'opportunisme. Simplement, selon REMM (resourceful, evaluative, maximizing Model), chaque acteur cherche à maximiser de façon dynamique son utilité ou son intérêt personnels. Dans ce contexte, il n'est d'ailleurs pas exclu que la fonction d'utilité d'un individu intègre partiellement les intérêts des autres parties prenantes, car Jensen et Meckling (1994) citent explicitement l 'altruisme comme source potentielle d'utilité.

En effet, pour Baumol (1959), plus connu pour sa théorie des marchés contestables, et partant des théories managériales de la firme, la fonction d'utilité des managers35 serait différente de celle des propriétaires en ce sens qu'elle n'intègre pas les mêmes éléments.

Figure III-1 Exemple de fonction d 'utilité des dirigeants

P2

Ud2 Ud1

P1 C1

Pouvoir des dirigeants

C2

A1 A2

Sécurité d'emploi, rémunération

Source: Paquerot M., (1996), Stratégies d 'enracinement des dirigeants et prises de contrôle d 'entreprises, thèse de doctorat en sciences de gestion, option finance, p.167

35 Les managers sont ici définis comme ceux qui ont le pouvoir de décision dans l'entreprise : ils représentent les cadres dirigeants qui décident de la stratégie en accord avec le CA et les responsables des centres de responsabilité de l'entreprise qui ont pour tâche de gérer le travail des opérationnels. Ils représentent ce que l'on appelle dans le milieu professionnel le top-management d'une part et le middle-management d'autre part. Ils se distinguent des purs opérationnels (désormais dans le langage courant « managers ») qui sont jugés sur des résultats qu'ils ne maîtrisent pas toujours complètement.

Lorsque les dirigeants augmentent leurs performances, la courbe de choix passe de C1 à C2, passage leur permettant aussi d'augmenter leur utilité. Dans le schéma ci-dessus, avant l'augmentation des performances de l'équipe dirigeante en termes de profit, la courbe d'utilité des dirigeants Ud1 est tangente à C1. Après l'augmentation, leur utilité croît aussi jusqu'à un niveau Ud2 tangente désormais à C2. Initialement les dirigeants avaient choisi la combinaison (A1 ; P1) et ne pouvaient augmenter A sans diminuer P et réciproquement. Le passage à Ud2 grâce à l'augmentation du profit va leur permettre de choisir (A2 ; P2) avec A2>A 1 et P2>P 1.

I-1-2 L'enracinement : une nouvelle approche de l'opportunisme

Le cadre théorique a déjà été abordé (TCT et TPA), nous nous attarderons sur les principales contributions en la matière.

Shleifer et vishny36, suite à un article paru en 1988 dans le Journal of Economics Perspectives, partant de la notion d'investissements spécifiques qui rendent le remplacement de ceux qui les réalisent coûteux, constatent que les dirigeants peuvent ainsi réduire leur probabilité d'être remplacés, et obtenir des salaires plus élevés ou une plus grande latitude dans la gestion de la firme et notamment dans le définition de la stratégie. La spécificité des investissements est matérialisée par la complémentarité de ceux-ci avec le capital humain des dirigeants. De ce fait, les mécanismes de contrôle tels que le CA, le marché des dirigeants et les OPA hostiles sont partiellement inefficaces.

L'approche de Castanias et Helfat est complémentaire de celle de Shleifer et Vishny (1989) et Morck, Shleifer et Vishny (1990), cependant leurs conclusions sur le comportement des dirigeants et les effets sur la richesse des actionnaires sont assez différentes. Ils fondent leurs propos sur les rentes managériales, proposées par la théorie du capital humain de Becker37 (1964). Les auteurs supposent que les dirigeants disposent de compétences spécifiques à la firme, disposent également de compétences spécifiques à la branche et des compétences générales. De même, les dirigeants qui disposent de compétences spécifiques à la branche disposent de compétences générales

36 Shleifer A. et Vishny R.W., (1988), « Value maximization and the acquisition process », Journal of Economics Perspectives, Vol.2, N°1 ,pp.7-20

37Becker G., (1964), Human capital, Columbia University Press.

en gestion, permettant alors de créer des rentes pour l'entreprise. Le modèle de Stiglitz et Edlin38 fondée sur la notion d'asymétrie d'information est une illustration mathématique des stratégies d'enracinement. Quelle que soit l'approche, l'enracinement se traduit de la sorte (Cf. figure III-2).

Tableau III-1 Tableau de synthèse des analyses de Shleifer et Vishny, Morck, Shleifer et Vishny et Castanias et Helfat

Eléments de l'étude

Morck et Vishny et Morck, Shleifer et Vishny

Castanias et Helfat

Connaissances Spécifiques du dirigeant

Source de l'enracinement pour les dirigeants

(augmentation de la dépendance des actionnaires)

Source de rentes pour les dirigeants, la firme et les actionnaires

Acquisitions D'entreprises

Motivées par les stratégies d'enracinement des dirigeants

Motivées par les comportements de recherche de rentes des raiders

Marché des prises de contrôle

Peu efficace en raison de l'enracinement des dirigeants qui la limite

Efficace, car il contraint les dirigeants à distribuer les rentes lorsqu'ils n'ont pas d'opportunités d'investissement rentable

Augmentation de la rémunération

Résultat du comportement opportuniste des dirigeants

Légitime rémunération des dirigeants générant des rentes grâce à leurs compétences managériales

Mesures de protection contre les prises de contrôle

Néfastes pour les actionnaires, réduisent la concurrence des dirigeants sur le marché de l'emploi et augmentent en conséquence l'enracinement de l'équipe en place

Incitent les dirigeants à investir dans des compétences rares pour générer des rentes en leur permettant de se protéger des raiders motivés par l'appropriation des rentes

Parachutes dorés

Diminuent la richesse des actionnaires et reflète les abus de pouvoir, à l'égard des actionnaires, des dirigeants enracinés

Garantissent les dirigeants du

paiement des rentes associées à leurs compétences managériales et les incitent à investir dans ces

compétences spécifiques

 

38 Stiglitz J.E. et Edlin A.S., (1992), « Discouraging rivals: managerial seeking and economic efficiences », working paper N°4 145, National Bureau of Economic Research.

Source: Paquerot M., (1996), p.86, op. cit.

Figure III-2 Courbe d'enracinement des dirigeants

Réputation des dirigeants

Niveau de pouvoir maximisant la réputation des dirigeants

Mérite Enracinement

Pouvoir des dirigeants par rapport aux actionnaires

Source: Paquerot M., (1996), p. 161, opt. Cit.

Il s'agit en effet d'un surplus de pouvoir par rapport aux performances réalisées. Sa conséquence sur la valeur de la firme ne fait pas l'unanimité. Pour les uns (Shleifer et Vishny, 1989 ; Morck, Shleifer et Vishny, 1990 ; Paquerot, 1997), il est source d'inefficacité. D'autres (Castanias et Helfat, 1992 ; Charreaux et Desbrières, 1997 ; Hirshleifer D., 1993 ; Garvey G.T. et Swann P.L., 1994) ne voient pas nécessairement en l'enracinement une altération de la performance. Il existe une autre tendance relativisant l'impact de l'enracinement sur la performance de l'entreprise, en fixant un seuil d'enracinement à partir duquel l'enracinement devient préjudiciable et en dessous duquel il ne l'est plus (Pigé B., 1998). Stamford P. (1997) distingue dans le même sillage l'enracinement positif qui n'influence pas la performance et à côté l'enracinement négatif. Nous résumons ces contributions dans le schéma qui suit.

Figure III-3 L 'enracinement et la performance de l 'entreprise

Enracinement opportuniste

Variables du CA

CA inefficace

Enracinement

Performance de

l'entreprise

Enracinement légitime

Variables Du CA

CA efficace

Influence négative Influence positive
Source: construction de l'auteur.

I-2 L'approche cognitive de l'opportunisme

Le conflit d'intérêts entre différentes parties prenantes de la firme est potentiellement de nature variée. Il peut d'abord être réel. En tant que tel, dans sa forme extrême, il trouve son origine dans l'opportunisme de certains acteurs (TCT de Williamson), sinon, il découle simplement de la divergence des fonctions d'utilité (TPA). Cependant, des arguments au sujet du cadre d'efficience dynamique (Wirtz P., 1999) montrent qu'on ne peut pas écarter l'éventualité d'un conflit d'intérêts seulement apparent. C'est le leitmotiv du courant cognitif des conflits d'intérêts et qui constitue une révolution en finance ( Salem R. et Hamza N., 2003).

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"Aux âmes bien nées, la valeur n'attend point le nombre des années"   Corneille