WOW !! MUCH LOVE ! SO WORLD PEACE !
Fond bitcoin pour l'amélioration du site: 1memzGeKS7CB3ECNkzSn2qHwxU6NZoJ8o
  Dogecoin (tips/pourboires): DCLoo9Dd4qECqpMLurdgGnaoqbftj16Nvp


Home | Publier un mémoire | Une page au hasard

 > 

La gestion et la gouvernance des déchets dans la ville-province de Kinshasa

( Télécharger le fichier original )
par Evrard NKENKU LUAKA
Université de Kinshasa - Gradué en Sciences Economiques et de Gestion 2005
  

précédent sommaire suivant

Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy

1.2 Urbanisation dans la ville province de Kinshasa15(*).

L'urbanisation et la création de la ville de Kinshasa remonte en 1881 lorsque Henri Morton Stanley arrive sur les rives du Pool, commandité par le roi des Belges, Léopold II, et l'association Internationale Africaine. Il faut noter que la venue de cet explorateur anglais fut motivée par la création d'une de postes commerciaux. La rive méridionale fut partagé entre deux formes des puissances : les Teke, commerçante et monétaire et celle des populations Bahumbu, propriétaire du sol, dont le domaine s'étend de la rivière Inkisi au Pool, et qui gardent selon l'usage, sinon dans la réalité, la haute main sur la plaine et les collines.

En fait, l'évolution économique tend à bouleverser les rapports hiérarchiques et politiques anciennement établis. Ainsi, les grands centres économiques de la rive sud du Pool sont aux mains des Teke : Kintambo, Kinshasa, Kimbangu, kimpopo... Chronologiquement, le village de Kinshasa est le centre commercial le plus ancien. Kintambo est déjà une bourgade de 5.000 habitants et doit son développement à la personnalité de son chef Ngaliema, qui dispose d'un arsenal et en hommes fort importants pour se défendre et faire la guerre.

L'étude sur ce point du travail nous a permis de tenter de rendre compte de la dynamique des transformations ayant affecté la rive méridionale du Pool Malebo et les modes de vie des populations, dans une perspective de longue durée historique. Elle a essayé de décrire l'occupation progressive de l'espace, la construction progressive d'un milieu de vie, en partant de l'hypothèse que cette rive méridionale n'a pas toujours été une ville ; le visage qu'elle a revêtu à différentes époques, est le produit d'une interaction entre cadre géographique et cadre de vie. En insistant sur les interactions entre le niveau local et le niveau international, l'étude a tenté en même temps de retracer les trajectoires par lesquelles, un territoire tel que la rive méridionale du Pool Malebo s'est incorporé dans les structures des échanges internationaux tout en mettant en exergue les mutations progressives qui s'en sont suivies.

A l'aide d'une grille d'analyse liant l'histoire du développement de la rive méridionale à celle du capitalisme, cette recherche interdisciplinaire en sciences sociales a essayé de trouver dans l'histoire quelques clés de compréhension du changement social. La perspective choisie visait d'insister particulièrement sur une dynamique historique conflictuelle, puisqu'un territoire est ici considéré non seulement comme un espace naturel, un lieu de gisement des ressources, mais aussi comme un espace de vie où se confrontent des logiques multiples, où s'observent à diverses époques des conflits d'acteurs, latents ou ouverts, implicites ou explicites, qui ont parfois pris le visage des violences armées ou répressives. A chaque époque, il y a eu un jeu d'acteurs dominants/dominés, les dominés étant repoussés aux marges du système, et ayant alors accès aux ressources d'une manière déséquilibrée16(*).

Les traces d'occupation humaine au Pool Malebo, comme dans beaucoup de zones d'Afrique centrale, remontent à plusieurs siècles avant la découverte de l'embouchure du fleuve Congo par les portugais à la fin du quinzième siècle. L'isolement intercontinental dans lequel a évolué l'Afrique centrale avant l'arrivée des portugais, rend assez ardue l'étude dans la longue durée de la plupart de ses zones, à cause du manque des sources écrites relatives aux périodes très anciennes. Les premiers écrits qui concernent spécifiquement la rive méridionale du Pool Malebo par exemple, ne datent que du dix-septième siècle avec le voyage de quelques missionnaires italiens en provenance du Royaume Kongo17(*).

Mais c'est depuis le seizième siècle que le Pool Malebo fut rattaché à un vaste réseau d'interactions et d'échanges entre l'Afrique, l'Europe, et l'Amérique, insufflé par l'expansion capitaliste. Il disposait d'un marché régional important et joua particulièrement un rôle de premier plan dans le commerce des esclaves pendant la période de la traite négrière. Il a été le carrefour et la zone de transbordement d'un grand réseau commercial organisé le long du fleuve Congo. Son emplacement géographique particulier n'est pas étranger au rôle central qu'il a joué, -et jouera sans doute encore longtemps- dans les jeux de l'échange dans le bassin du fleuve Congo, se présentant comme un relais géographiquement logique et obligatoire du trafic à l'intérieur du pays.

Suite à son implication dans le commerce intercontinental, la rive méridionale du Pool Malebo connut d'importantes transformations, transformations qui furent accélérées par la mise en place du système colonial, inaugurée par la fondation du poste de Léopoldville. Le capitalisme colonial désorganisa complètement le réseau commercial congolais et permit le développement d'une ville sur cette rive méridionale. Il a fallu un demi siècle pour que le développement de deux postes coloniaux, Léopoldville et Kinshasa, donne naissance à une seule ville qui devienne la capitale du Congo Belge. En somme, l'urbanisation est une réalité récente et de durée relativement courte, puisqu'elle ne date aujourd'hui que de cent vingt cinq ans, si on la replace dans une perspective de longue durée, dans l'histoire d'une rive méridionale multiséculaire. Quoiqu'il en soit, la morphologie d'un milieu urbain comme Kinshasa aujourd'hui, ne peut être dissociée des différents conflits d'acteurs qui ont jalonné toute l'histoire de la rive méridionale du Pool Malebo où elle se situe.

Pendant les dix premières années suivant la fondation du poste de Léopoldville, il y eut une cohabitation difficile entre le pouvoir colonial et le pouvoir local Batéké, celui-ci étant jugé peu coopératif par le premier. Le pouvoir local a voulu garder son autonomie, alors qu'en signant des traités avec l'administration coloniale, il avait de droit transféré une partie de son autorité. Les tensions se sont exacerbées et transformées en conflits ouverts. Cette confrontation entre une logique de domination et une logique de résistance, s'est soldée par la victoire des acteurs dominants qui sont restés seuls maîtres à bord, les chefs Batéké ayant été contraints à l'exil. Les vainqueurs disposaient alors du territoire et de ses ressources pouvant les mobiliser à leur avantage, du pouvoir politique pouvant l'exercer à leur guise. Ils pouvaient ainsi réorganiser et recomposer les relations sociales en leur faveur. La colonisation fut perçue alors comme une rupture d'un ordre ancien qui lui était défavorable et l'initiateur d'un nouvel ordre.

Après l'exode des Batéké et de leurs chefs, les "nouveaux habitants" arrivant par vagues successives sur la rive méridionale, en provenance des différentes régions du pays et de l'Afrique, vont y faire l'apprentissage de l'urbanité, de la modernité, dans un contexte de colonisation. Séparés de gré ou de force de leur milieu d'origine, de leur cadre de vie matérielle, du type de socialisation qu'ils avaient connu jusqu'alors, ils vont essayer de s'adapter aux contraintes du changement imposé et incorporer des nouvelles règles de comportement socio-économique. Même si Léopoldville s'est greffée sur un réseau de peuplement existant, elle n'en reste pas moins, quoiqu'il en soit, une création coloniale, une réalité importée. Ainsi, Léopoldville rassemblait une population africaine, d'origine ethnique et régionale diverse, soustraite des milieux et influences coutumiers, sans réelle cohésion, mais partageant néanmoins l'espace de vie attribué par l'administration coloniale.

Léopoldville était une concentration humaine en constante augmentation selon les besoins de l'économie coloniale. Son peuplement s'est fait d'une manière que l'on pourrait qualifier d'artificielle, notamment par un recrutement forcé de la main d'oeuvre africaine de l'intérieur du pays. L'artificialité se remarque également dans la composition de la population ainsi que dans la sex-ratio. Léopoldville est peuplée essentiellement des populations immigrées, venues les unes d'Europe, et les autres de toute l'Afrique centrale, mais aussi de l'Afrique occidentale. Le sex-ratio est très déséquilibré dans les deux groupes de populations : la population féminine est le tiers de la population masculine, et celle-ci y est en majorité célibataire. En fait, jusqu'en 1930, l'installation en ville revêt un caractère provisoire aussi bien pour les européens que pour les africains. En plus, Léopoldville est une ville policée, quadrillée, où n'auront droit de cité que les africains justifiant d'une activité en relation avec la nouvelle économie. Léopoldville est ainsi jusqu'en 1930, une ville dont la population africaine est composée essentiellement de travailleurs et ouvriers, impliqués directement dans le circuit de production ou de commercialisation capitaliste.

La bonne conjoncture de l'économie internationale et nationale entre 1923 et 1929, permet une croissance rapide de la ville, et se clôture par l'installation définitive de la capitale du Congo Belge à Léopoldville. Mais l'effervescence que connaît la ville jusqu'en 1929, sera stoppée net l'année suivante, année de la grande récession économique internationale. Cette récession qui a frappé de plein fouet Léopoldville et qui a laissé entrevoir les contradictions et les faiblesses du système, inaugure à notre avis une nouvelle période de l'histoire du développement de la ville.

Face au phénomène mondial d'urbanisation, les villes auront à faire face à quatre types de défis : la mondialisation de l'économie, la ségrégation sociale et spatiale, une urbanité, et une gouvernance urbaine démocratique à inventer.

Le bon gouvernement des villes constituera une question capitale pour au moins trois raisons : d'abord parce que la complexité croissante des sociétés et des structures urbaines exigera un pilotage de plus de plus efficace ; ensuite parce que le développement économique sera de plus en plus dépendant de facteurs relationnels, qu'ils soient sociaux ou politiques. Enfin, la crise de la citoyenneté exigera de renforcer la transparence et la légitimité démocratique du gouvernement local.

Comment dès lors, susciter les conditions d'une démocratie participative ? A quelles différentes échelles territoriales ? Comment articuler les différentes échelles de gouvernance, du quartier jusqu'à la mégapole ? Quels partenariats faudra-t-il développer entre Etats et sociétés civiles ?

Face aux trois crises - crise sociale, crise de l'urbanité et crise de la représentation politique -, la France a tenté de mettre en place, depuis les années 80, une politique de la ville. Elle a présenté d'emblée un triple caractère : politique née de l'urgence et souvent destinée à répondre à des situations d'urgence, elle se veut une politique structurelle ; politique de lutte contre l'exclusion, elle ne se réduit pas à une seule politique sociale ; enfin politique de terrain à base territoriale (les quartiers puis les agglomérations), qui met au premier plan les acteurs locaux (élus, associations, etc.), elle est pourtant une politique nationale dans laquelle l'Etat remplit non seulement une fonction de régulateur mais d'animateur.

A travers la politique de contractualisation, notamment entre l'Etat et les collectivités locales, la politique de la ville a engagé une transformation non négligeable de l'action publique. Cette politique est aujourd'hui marquée par la volonté de favoriser la participation des habitants. Enfin, dans le cadre de son action internationale pour le développement des villes, la France soutient, notamment à travers l'Agence française de développement, de nombreux programmes de développement social et urbain.

* 15 Marc Pain, Kinshasa, la ville et la cité, Ed. de l'ORSTOM, Paris, 1984, p. 11

* 16 http://www.mmsh.univ-aix.fr/iea/clio/numero/18/sommaire18.html

* 17 http://fr.wikipedia.org/wiki/Kinshasa

précédent sommaire suivant






Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy








"Ceux qui vivent sont ceux qui luttent"   Victor Hugo