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Contrainte Psycho-Physiques et Electrophysiologiques sur le codage de la stimulation électrique chez les sujets porteurs d'un implant cochléaire

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par Stéphane GALLEGO
Université Lyon I - Doctorat 1999
  

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V/ Performances des sujets implantés cochléaires

Les études précédentes ont permis d'évaluer l'efficacité du traitement du signal effectué par l'implant cochléaire Digisonic® dans l'extraction des éléments permettant d'obtenir une bonne séparation des groupes de phonèmes. Nous avons aussi montré que l'information extraite par l'implant pouvait être traitée de la même manière par le système auditif qu'un signal de parole conventionnel.

Cependant, nous ne pouvons en conclure que le traitement du signal de parole effectué par l'implant apporte une bonne intelligibilité chez le sujets porteur de l'implant. Pour cela, seuls les résultats cliniques peuvent nous renseigner. Nous allons comparer les résultats obtenus par les patients à ceux mesurés par ordinateur ou chez les normo-entendants par reconstruction du signal.

Seize sujets porteurs de l'implant cochléaire Digisonic® ont participé à l'expérimentation consistant à évaluer les performances de reconnaissance de la parole. Quatre parmi les seize ont eu une insertion du porte électrode, difficile suite à une cochlée ossifiée (Dur, Fau, Pin, Rob).

a/ Apport de l'implant cochléaire avec ou sans aide de la lecture labiale

Plusieurs tests de reconnaissance ont été effectués. En premier lieu, nous avons voulu estimer l'apport de l'implant cochléaire sur la compréhension de la parole avec ou sans support de la lecture labiale.

Pour chaque sujet, nous avons mesuré le pourcentage de reconnaissance phonétique avec des listes de 34 mots tri-phonémiques proposées par Lafon. Celles-ci ont été prononcées par une orthophoniste dans trois conditions, avec lecture labiale seule, avec implant cochléaire sans lecture labiale, avec implant cochléaire et aide de la lecture labiale. Dans chaque condition, une liste parmi 20 était choisie aléatoirement.

Les résultats sont représentés individuellement figure 32. Les phonèmes sont reconnus en moyenne, à 44% (s.d. 5) avec la lecture labiale seule, 60% (s.d.6) avec l'implant cochléaire sans lecture labiale et à 81% (s.d. 3 %) avec l'implant cochléaire et la lecture labiale. Ces résultats sont comparables avec ceux obtenus sur d'autres types d'implants cochléaires (Tyler et al, 1997).

 

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Figure 32 Pourcentage de reconnaissance de listes de 34 mots tri-phonémiques pour 16 sujets
porteurs de l'implant cochléaire Digisonice, avec lecture labiale (LL) bâton vide, implant seul (IC) bâton
hachuré , lecture labiale plus implant (LL+IC) bâton quadrillé.

Les résultats sont inhomogènes, mais peuvent être déterminés en partie en fonction des antécédents de chaque sujet porteur de l'implant cochléaire (cochlée ossifiée, durée de privation). L'implant cochléaire apporte statistiquement (par comparaison par rapport à 0) de l'intelligibilité à tous les sujets testés. L'implant cochléaire sans lecture labiale apporte une information supérieure statistiquement (par anova) à la lecture labiale seule (individuellement par comparaison de moyenne LL<IC pour 8/16 sujets, LL>IC pour 1/16 sujets). L'implant cochléaire avec lecture labiale apporte une information supérieure statistiquement (par anova) à l'implant cochléaire seul (individuellement par comparaison de moyenne IC<IC+LL pour 14/16 sujets, LL>IC+LL pour 0/16 sujets). L'apport de la lecture labiale est d'autant plus important que les résultats avec l'implant seul sont faibles (sujets Pin, Fau, Roi).

Si l'on compare les performances obtenues par reconstruction acoustique (puis écoutés par des normoentendants) et celles des meilleurs sujets implantés, on trouve une grande similitude. Les résultats varient au alentour de 90 % de reconnaissance avec des plafonds de 95%. Par contre la reconnaissance par ordinateur a montré des pourcentages très proches de 100%. Cela voudrait dire que l'information envoyée par l'implant cochléaire est suffisante pour reconnaître 100 % des phonèmes, mais que la manière dont elle est codée n'est pas idéale pour le système auditif (5% à 10% des

phonèmes sont mal différenciés).

le La suppléance mentale

La reconnaissance phonétique de non-mots (Doumèche, 1997) ou logatomes est certainement le meilleur moyen chez des sujets porteurs de l'implant cochléaire pour estimer le traitement du signal transmis par les voies auditives. D'autres facteurs, tel que le champ lexical, la mémoire de travail et le temps d'accès au lexique conditionnent aussi les performances du sujet porteur de l'implant cochléaire dans des situations réelles telles qu'une conversation avec une autre personne.

Nous avons voulu étudier l'effet de la suppléance mentale dans la reconnaissance de la parole chez les sujets porteurs d'un implant cochléaire. Pour ce faire nous avons mesuré le pourcentage de reconnaissance phonétique pour trois tests de reconnaissance phonétique différents sans aide de la lecture labiale.

- Le premier test consiste à reconnaître des mots mono-syllabiques. La suppléance mentale n'intervient

pas pour ce type de tache, seuls des éléments phonétiques vont permettre la discrimination,

- Le deuxième test consiste à reconnaître des mots tri-phonémiques ( cf a/). La suppléance mentale joue un rôle limité,

- Le dernier test consiste à reconnaître les phonèmes contenus dans une liste de phrases. La suppléance mentale est ici importante.

Les résultats sont représentés individuellement figure 33. Les phonèmes sont reconnus en moyenne, à 53% (s.d. 6) pour les mots mono-syllabiques, 60% (s.d.6) pour les mots tri-phonémiques et à 70% (s.d. 8) pour les phrases.

Les phonèmes sont statistiquement (anova) mieux reconnus dans les phrases que dans les mots. Les phonèmes sont statistiquement mieux reconnus dans les mots tri-phonémiques que dans les mots mono-syllabiques.

Il existe de fortes corrélations entre les tests (test de Pearson R=0.88 p<0.001 entre les mots monosyllabiques et les mots tri-phonémiques, R=0.85 p<0.001 entre les phrases et les mots monosyllabiques, R=0.87 p<0.001 entre les phrases et les mots tri-phonémiques)

100
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Figure 33 : Pourcentage de reconnaissance phonétique sans lecture labiale
pour 16 sujets porteurs de l'implant cochléaire Digisonice, mots mono-syllabiques (bâton vide),
mots tri-phonémiques (bâton hachuré), phrases (bâton quadrillé).

La figure 34, représente les corrélations entre les reconnaissances phonétiques de la liste de mots mono-syllabiques et celles des deux autres tests. Il existe une relation linéaire entre les performances à partir des deux listes de mots et une relation non-linéaire entre les performances avec la liste de mots mono-syllabiques et la liste de phrases. La suppléance mentale pourrait expliquer cette non-linéairité. Il suffit d'avoir entre 50 à 60 % de reconnaissance phonétique avec des mots mono-syllabiques pour avoir environ 100 % de reconnaissance phonétique avec des phrases.

100 80 60 40 20


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·


·


·


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100

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80
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0 20 40 60 80 100

Mots mono--syllobiques (%)

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·
·
·
·


·


·


·
·


·

·

 

0 20 40 60 80 100

Mots mono--syllobiques (X)

Figure 34 : Relation entre la reconnaissance phonétique avec la liste de mots mono-syllabique et,
la liste de mots tri-phonétiques (gauche), la liste de phrases (droite)
pour les 16 sujets implantés cochléaires.

cl Speech tracking

Cette suppléance a un coût. Plus on supplée, plus on doit être attentif et moins l'on peut analyser de mots à la minute. L'objectif de cette partie est, d'étudier le nombre de mots à la minute que peut reconnaître chaque sujet implanté cochléaire par le test de "speech tracking". Nous cherchons également à savoir s'il y a une relation entre le taux maximum de mots analysés et la reconnaissance phonétique.

Les résultats sont représentés individuellement figure 35.

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80
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50

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30
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2

 

Figure 35 : Flux moyen de mots (speech tracking) analysés
pour chacun des 16 sujets porteurs de l'implant cochléaire Digisonice:

Le débit moyen de mots analysés par le groupe de sujets implantés testés est de 36 mots à la minute (s.d. 29). Il est compris entre 0 et 82 mots/minutes.

Comme l'indique la figure 36, de fortes corrélations existent entre les résultats des tests du "speech tracking" et les résultats des tests de reconnaissance phonétique (test de Pearson R=0.89 p<0.001 entre le speech tracking et les mots mono-syllabiques, R=0.82 p<0.001 entre le speech tracking et les mots tri-phonémiques, R=0.78 p<0.001 entre le speech tracking et les phrases).

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80

60 60

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Speech trocking (mot/min) Speech tracking (mot/min)

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20 40 60 80 100 Speech trocking (mot/min)

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2 80

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3 60 P.

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Figure 36 : Relation entre le speech tracking et la reconnaissance phonétique des trois tests
(mots mono-syllabiques, mots tri-phonémiques, phrases).

La relation entre le "speech tracking" et les tests de reconnaissance phonétique de mots est linéaire alors qu'elle est non-linéaire avec la reconnaissance phonétique de phrases. La suppléance mentale améliore la reconnaissance des phrases mais n'influe pas sur le flux maximum de compréhension. Ce débit correspond étroitement à la faculté de discriminer les phonèmes indépendamment du contexte.

di Compréhension dans le bruit

Nous avons quantifié l'influence de l'ajout d'un bruit sur les résultats. Douze des seize sujets ont participé à cette étude. Les signaux de parole sont des mots tri-phonémiques générés par ordinateur. Un bruit rose correspondant au spectre moyen de la parole vient se superposer au signal. Cinq valeurs de rapport signal sur bruit sont testées.

La figure 37, représente les discriminations phonétiques moyennes en fonction du rapport signal sur bruit (S/B).

Comme le montre la figure 37, les performances sont sensibles au rapport signal sur bruit (par Anova p<0.001 ; la reconnaissance est de 17% à S/B=-3dB, 25% à S/B=0 dB, 36 % à S/B=3 dB, 43% à S/B=6 dB, 54% sans bruit). Ces résultats moyens sont en deçà de ceux obtenus par reconstruction acoustique (cf article 8) ; par contre les résultats des 2 meilleurs sujets sont identiques (36% à --3 dB, 57% à +3 dB). L'extraction du signal dans le bruit par les meilleurs sujets testés semble être identique à celle effectuée par reconstruction acoustique chez les normo-entendants.

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-3 0 3 6 Without

Signal to noise ratio (dB)

Figure 37 : Pourcentage de reconnaissance phonétique en fonction du rapport signal sur bruit pour une
population de 12 sujets implantés cochléaires.

Comme l'indique le tableau V, la reconnaissance phonétique dans le bruit est moins reliée à la reconnaissance phonétique non bruitée de mots ou surtout de phrases qu'au débit maximum de compréhension du sujet (speech tracking).

S/B dB

Mots mono-syllabiques

Phrases

Speech tracking

+6

R=0.57

0.46

0.52

 

p=0.02

NS

0.09

+3

R=0.71

0.456

0.70

 

p=0.01

NS

0.01

0

R=0.48

0.235

0.60

 

p=NS

NS

0.04

-3

R=0.40

0.17

0.53

 

p=NS

NS

0.08

 

Tableau V : Corrélation par le test de Pearson entre la reconnaissance phonétique dans le bruit et,
les tests de reconnaissance de mots mono-syllabiques, de phrases,
de débit maximum de reconnaissance (speech tracking)
pour une population de 12 sujets porteurs de l'implant cochléaire Digisonic®.

Conclusion

- Des résultats montrent que l'information envoyée par l'implant cochléaire peut être décryptée de différentes manières suivant les sujets. Cela nécessite donc soit un codage redondant de l'information par l'implant cochléaire, soit un codage adapté à chaque sujet implanté.

- D'autres expérimentations montrent qu'un codage trop riche en informations détériore l'intelligibilité.

- Une comparaison entre les performances des sujets implantés cochléaires et celles obtenues par ordinateur montre qu'une partie de l'information transmise est mal décryptée par le sujet implanté cochléaire.

Malgré cela les résultats obtenus avec l'implant cochléaire sans aide de la lecture labiale indiquent que deux tiers de la population testée comprend plus de deux tiers des phonèmes contenus dans une phrase.

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"Il y a des temps ou l'on doit dispenser son mépris qu'avec économie à cause du grand nombre de nécessiteux"   Chateaubriand