VI. PROPOSITIONS DE REHABILITATION DES POTENTIALITES
DEGRADEES
6.1. INTRODUCTION
Pour la IVème série de Mekna et en se
référant aux différents résultats obtenus
après l'étude faite, il se dégage que diverses pratiques
humaines ont affecté, de façon plus ou moins irréversible,
les équilibres et le fonctionnement des écosystèmes. Les
conséquences sont évidentes : réduction du couvert
végétatif, accroissement de l'agressivité des facteurs
érosifs, chute de la productivité des terres et de leur
fertilité, troncature plus ou moins prononcée des horizons
supérieurs du sol, modification des états de surface avec
apparition des croûtes salines et disfonctionnement hydrique très
prononcé. Pour remédier à cette situation alarmante, on
doit prendre un certain nombre de mesures en vue d'identifier les options
politiques et institutionnelles et suivre certaines directives dont :
- la mise en oeuvre d'une politique cohérente
d'actions sur les systèmes extensifs.
- l'intensification des actions d'aménagements
pastoraux
- l'amélioration de l'efficacité des
aménagements en consolidant les liens entre recherche et
développement avec une meilleure articulation entre besoins
exprimés par les usagers surtout éleveurs et les agents
développeurs.
- Le développement et la gestion rationnelle des
ressources fourragères en se basant sur des paramètres pertinents
relatifs au secteur de l'élevage et ses ressources alimentaires
Les différentes mesures de restauration ou de
réhabilitation doivent être installées sur le plan
forestier, pastoral et sol et accompagné d'une législation
administrative qui permet de conserver le patrimoine forestier contre la
dégradation. La législation est la meilleure solution de
s'opposer contre les chutes remarquables des potentialités qui
interviennent dans la réhabilitation des terrains de parcours
dégradés peut ne pas être une opération très
coûteuse et cependant indispensable pour des motifs
d'intérêt général. Une telle opération peut
n'être pas rentable ou ne le devenir qu'à longue
échéance. Sans même parler de soutien financier qui peut
devenir indispensable pour transformer la zone pastorale en pâturage
amélioré. Cependant, à un fait économique on a
besoin de la disposition d'une législation qui vise les portions des
terrains de parcours comprises dans les limites des forêts, ces
dispositions formeront en fait une partie intégrante de la
législation forestière.
6.2. Réhabilitation sur le plan pastoral
6.2.1. Adaptation du bétail à la nature
du terrain de parcours et sa végétation
Ce n'est pas seulement la nature du bétail, petit ou
gros, qui doit être prise en considération pour déterminer
le quel est le mieux adapté aux possibilités du terrain de
parcours. Sa race est également importante, puisque certaines races sont
mieux adaptées non seulement à des conditions climatiques
déterminées, à la résistance à certaines
maladies, mais aussi aux conditions topographiques. Non moins important est
l'usage au quel on destine le bétail et l'époque de sa vie
pendant la quelle il utilise le terrain. Il y a souvent un avantage certain
à introduire plusieurs espèces de bétail en même
temps, et l'on peut citer des cas où l'utilisation du terrain de
parcours par une seule espèce, notamment par des moutons seulement, a
entraîné sa dégradation.
L'utilisation mixte si elle est convenablement
contrôlée et aménagée a pour résultat une
meilleure utilisation du fourrage existant, généralement
composé de végétaux très variés et dont
l'évolution est différente au cours de la saison de
végétation.
6.2.2. Capacité de charge et ajustement du
nombre de têtes de bétail au fourrage disponible
La capacité de charge est le facteur le plus important
de l'aménagement pastoral. Une charge insuffisante est du point de vue
économique. Mais la surcharge qui peut affaiblir les essences
fourragères à tel point qu'elles ne peuvent se reproduire d'une
année à l'autre et qu'elle disparaisse peu à peu,
découvrant un sol privé d'humus, soumis à un
piétinement excessif et facilement entraînable par
l'érosion, a pour conséquence non seulement la dégradation
du terrain mais aussi celle du troupeau qui l'utilise, réduit à
subsister si le nombre de tête reste le même, sur un
approvisionnement en fourrage insuffisant ou seulement composé
d'espèces de faible valeur.
Il existe des méthodes variées pour
évaluer la charge qu'un terrain de parcours déterminé peut
supporter dans son état actuel. Il est possible, par exemple,
d'enregistrer pour un certain nombre d'années, sur un terrain
d'expérience convenablement choisi, les données relatives au
nombre de têtes de bétail qui ont utilisé ce terrain sans
détérioration de la pelouse, à leurs diverses productions
et à l'utilisation du fourrage. En utilisant ces données comme
guide, il est possible, si l'on peut déterminer la production moyenne de
fourrage sur un terrain quelconque de même type et soumis à des
conditions analogues de sol et de climat, de calculer une excellente estimation
de sa capacité de charge.
6.2.3. Améliorations pastorales
Les travaux d'amélioration qui peuvent être
exécutés sur les terrains de parcours ont pour but de restituer
leurs valeurs pastorales dégradées par l'ancien abus, ou pour
augmenter ces valeurs. Les objectifs des améliorations pastorales
pourraient être les suivants :
- Reconstitution des potentialités disparues et
enrichissement de la pelouse.
- Création de ressources fourragères.
- Compensation pour les mises en défens.
- Plus grande facilité des rotations.
6.2.3.1. Reconstitution et enrichissement de la
pelouse
Si on parle de la reconstitution et l'enrichissement des
pelouses c'est avec l'ensemencement des graines et des engrais. La provenance
et la qualité des graines utilisée ont évidemment une
très grande importance. Pour les terrains de parcours le point essentiel
est que les espèces introduites soient capables de se maintenir et de se
régénérer de façon permanente. L'utilisation des
engrais peut être utile pour l'établissement des espèces
introduites et pour éviter le retour de la végétation
ligneuse envahissante.
6.2.3.2. Création de ressources
fourragères
Les terrains utilisés actuellement pour la
céréaliculture devraient être convertis aux culture
fourragères, il sera possible non seulement d'augmenter les
possibilités en fourrage mais aussi de limiter nettement les dangers
d'érosion. Il sera cependant possible, dans un premier temps de
réaliser ce qui avait déjà été prévu
depuis plusieurs années à savoir l'introduction des
jachères labourées avec l'utilisation des plantes qui s'adaptent
avec le milieu.
L'opération pourrait être subventionnée
dans un premier temps et rendue obligatoirement par la suite dans toute l'aire
des usagers.
6.2.3.3. La mise en défens
Les difficultés rencontrées pour l'application
des mises en défens ne proviennent pas uniquement de la disproportion du
volume du bétail par rapport aux possibilités du domaine
forestier. Ces difficultés proviennent aussi des rapports actuels qui
existent entre l'administration forestière et les populations, de la
façon dont sont exécutés les mises en défens.
Dans l'immédiat il est douteux que l'on puisse agir
dans le sens d'une réduction du volume du bétail, mais il sera
possible de transformer les relations entre l'administration et les populations
et d'organiser les mises en défens. Ces transformations se situeront
dans le cadre des unités sylvopastorales et des groupements
d'usagers.
Une meilleure information des usagers et une plus grande
rigueur dans l'action administrative peuvent contribuer au respect des mises en
défens dans un premier temps. L'application de la législation en
ce qui concerne tout particulièrement la collaboration avec
autorités locales constituera une seconde étape.
6.2.3.4. La rotation
Il s'agit d'une technique permettant une meilleure mise en
valeur des parcours susceptible d'améliorer le système de gestion
de l'espace pastoral qui mobilise généralement très peu
d'investissements financiers.
La rotation fait progressivement son entrée, dans
l'aménagement sylvo-pastoral et l'ambition du technicien est de tout
faire pour que cette technique gagne du terrain par la mise en oeuvre d'un
simple schéma de déplacement dans les différents terroirs
de parcours qui tienne compte du niveau de production fourragère.
La mise au repos est encore loin d'être bien comprise de
tous et la fermeture cyclique de certaines parcelles dans un système
d'élevage qui s'organise n'est acceptée la plupart du temps
qu'à contrecoeur.
Les efforts doivent se poursuivre dans le sens d'un affinement
de la technologie qui tient compte du climat, de la saison, de la flore et de
la composition du troupeau. Les techniciens ont tendance à limiter
l'approche, tout au moins les premières années, à des
rotations mécaniques et à n'agir dans son introduction dans le
système d'élevage traditionnel que progressivement, afin que les
ayants droit se familiarisent avec elle et l'adoptent. Cet objectif sera
d'autant plus facilement atteint, que la vulgarisation réussira à
faire comprendre aux éleveurs les avantages que présente la
rotation pour rationaliser l'utilisation de l'espace pastoral dans un souci de
prolonger la période de pâturage en foret et améliorer sa
contribution dans le bilan fourrager.
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