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Le viol au sein des catégories stigmatisées: L'exemple des femmes albinos violées de Brazzaville

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par félicité mireille nkanza nzenza
Université Cheikh Anta Diop - Master 2005
  

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Chapitre 3.3 : Caractéristiques des témoins et des auteurs de viols sur les albinos

Ce point s'intéresse à la fois aux témoins des viols des albinos et aux personnes ayant commis ces agressions. Il s'agit ici d'identifier les témoins et les auteurs tout en précisant leurs caractéristiques principales.

Témoins

Tableau 10 : Répartition des enquêtés selon qu'ils sont témoins ou non du viol.

Les résultats de l'enquête montrent que sur les cinq témoins soit 5,26% tous de sexe masculin, deux connaissent la victime contre trois qui ne la connaissent. Et les différents témoins ont l'âge compris entre 20 et 29ans. Ils entretiennent des connaissances banales avec les victimes.

C. M., chargeur de bus de 25ans : `' il était à peu près 22h passées de 30 minutes quand j'ai entendu des cris en provenance d'une maison inachevée. Et la victime était une albinos. En réalité, cela ne m'avait pas choqué. Car je connaissais non seulement la victime mais son violeur également. Mais je me disais plutôt que c'était une bonne chose pour elle, car dans son état, tout le monde l'évitait. Surtout les hommes y compris moi-même. Pour moi... le violeur était très cool et très courageux je dirais.... Il a agit ainsi par compassion, je pense.''

Auteurs de viols

Sur l'effectif de 95 enquêtés, nous avons pu identifier 3 auteurs de viols. Ils ont respectivement l'âge de 19, 22 et 36ans. 2 soit 66,66% d'auteurs ont un niveau d'instruction 2e degré secondaire contre 1 soit 33,33pour_cent qui a un niveau supérieur. Ils sont dans la majorité des célibataires et exercent dans le commerce (2) et la politique (1). Ils font tous partie des églises de réveil et ne connaissent pas leurs victimes.

M.K. : auteur de 22ans et commerçant : `' Nous ne sommes pas obligés de connaître toutes les femmes avec lesquelles on couche. Le plus important c'est de prendre son pied...elle (victime) m'était inconnue et je préfère. Tout du moins son ombre ne pourra pas hanter mes nuits... Dans ce cas, elles doivent se réjouir, nous leur faisons ressentir des sensations inédites et fortes...''

Chapitre 3.4 : Caractéristiques des victimes ; Description des circonstances et moyens utilisés.

a) Caractéristiques des victimes albinos :

Ce point s'intéresse aux femmes victimes des viols. En ce qui concerne les victimes, il s'agit de procéder à l'examen de leur situation matrimoniale, religieuse et leur niveau d'instruction.

La répartition des femmes victimes de viols sur l'ensemble de Makélékélé dans la présente enquête montre qu'un effectif de 15 femmes albinos a été identifié. Le viol des albinos est donc un mal social répondu sur l'ensemble du territoire national. Toutes les victimes identifiées ici sont de nationalité congolaise, à l'exception d'une seule ressortissante du Congo démocratique.

-Age des victimes albinos :

L'âge des victimes qui ont été interviewées varie entre 15 et 32ans. Dans l'ensemble, c'est le groupe d'âge de 15-19ans qui est le plus touché avec un pourcentage de 54,5% des cas enregistrés. Vient ensuite celui de 20-24ans avec un pourcentage de 21,7%. Les groupes d'âge de 25 et plus représentent 5%. Si ce groupe d'âge 15-19 ans est le plus touché, cela pourrait être lié au fait qu'à cet âge, les filles n'ayant aucun moyen de résistance se trouvent exposées à ces agressions. Or, au delà de 19ans, l'aspect physique de la femme ou de la fille peut influencer l'agresseur qui hésiterait à commettre son acte. En outre, les résultats de l'enquête ont révélé également que les filles mineures albinos c'est-à-dire celles dont l'âge est inférieur à 15ans n'ont pas été épargnées par les agresseurs et elles ont subi cette agression dans une proportion de 17,6%.

- Situation matrimoniale

Les résultats de l'enquête montrent que les victimes albinos sont dans leur écrasante majorité des célibataires soit 90,9%.

(S.H., victime) : `' la couleur de ma peau me condamne à mourir en célibataire''.

(N., victime) : `' je ne suis pas mariée et je n'y pense pas. Car pour moi le mariage est une utopie. Je resterai célibataire à vie. A quoi bon rêver...''

-Le fait d'avoir des enfants ou non

La majorité des femmes violées soit 47,3% déclarent n'avoir aucun enfant.

(P.H., 23ans)`' J'ai très peur d'affronter la réalité en face. Imaginez un seul instant que je mette un albinos au monde. Je ne le supporterai pas. Donc je préfère ne pas faire subir le pire à l'enfant que je mettrais au monde. Je n'ai pas d'enfant.''

Cela confirme leur statut de célibataire et donc sont plus prédisposées au viol. Néanmoins, 39,4 % d'autres femmes affirment avoir des enfants (26,4% suite au viol), alors que 5,8% ne déclarent rien à ce sujet. Ce mutisme pourrait se justifier, entre autres, par la stérilité qui caractérise souvent des jeunes filles albinos consultées à l'Association Congolaise du Bien Etre Familial (ACBEF) au niveau des antennes locales et surtout la peur de mettre au monde un enfant albinos. Les femmes avec enfants sont surtout celles ayant l'âge compris entre 17 et 25ans.

-Appartenance religieuse des femmes violées

Dans l'ensemble, on enregistre une forte appartenance religieuse des victimes avec un pourcentage de 80,1%. Deux grands groupes religieux dominent. Il s'agit du groupe constitué par les catholiques qui représentent 24,4%. Et celui des protestantes avec 19,8%. Ensuite, vient le groupe religieux constitué des autres églises dites de réveil avec un pourcentage de 35,9%.

`'Mes parents étaient catholiques. J'ai quitté la religion catholique pour intégrer une assemblée de réveil. Là où je suis-je sers à quelque chose. Nous travaillons pour le compte de l'assemblée, il n'y a aucun problème. Il m'arrive des fois aussi d'adopter des comportements difficiles, mais les gens qui sont avec moi là bas me comprennent, ce n'était pourtant pas le cas ailleurs. Le pasteur m'a même prêté une chambrette que je partage avec mon enfant. La chambre n'est pas grande mais c'est mieux que de dormir à la belle étoile...'' (P. la victime)

La forte proportion des autres églises peut s'expliquer par le fait qu'aujourd'hui, avec la prolifération des églises de réveil, les acteurs sociaux pensent et trouvent facilement des réponses à leurs problèmes dans ces nouvelles églises.

-Niveau d'instruction

La majorité des femmes violées 81% ayant répondu à la question relative au niveau d'instruction ont été à l'école. Le niveau le plus représenté est celui du primaire76, 2%. Suivi du secondaire premier degré 4,5%. Les femmes violées sans instruction représentent un pourcentage de 18,3%.

(N.: victime)`'Je n'ai pas eu la chance de me retrouver sur le banc de l'école comme les autres enfants normaux, car mes parents avaient honte de moi. Elle (sa maman) a été répudiée par mon père juste après m'avoir accouché et n'avait pas de soutien financier pour m'envoyer à l'école. Donc j'étais obligée de rester à la maison.''

-Situation économique

Les femmes victimes de viols sont en majorité sans activités économiques génératrices de revenus. Parmi les 15 femmes violées, la majorité soit 43,5% sont occupées, elles travaillent dans le secteur agricole, viennent ensuite, celles qui sont dans la couture soit 19,1%, le secteur du commerce occupe les femmes violées dans une proportion de 16,8%

La situation est aussi difficile, pour toutes les victimes albinos, le dénominateur commun est `'la débrouillardise'' pour survivre, une autre victime nous confie ceci :

`'Je m'appelle A.T, j'ai 23ans. Je suis issue d'une famille de 4 enfants et je suis la seule avoir cette couleur. Je suis mise à l'écart. Pour survivre, je m'efforce de travailler, en aidant les vieilles mamans dans les travaux champêtres. Depuis longtemps je suis là, je travaille nuit et jour, sept jours sur sept. Je suis très fatiguée, car c'est un travail pénible. Dans mon état je travaille sans relâche sous le soleil alors que cela est préjudiciable à ma santé. Et cela je ne puis m'empêcher de le faire parce que mon fils compte sur moi. Mes parents sont décédés pendant la guerre, et tout le monde m'accuse et pense que j'ai `'bouffé'' mes parents. Ce que je fais là ne me plaît pas, je n'ai pas le choix. Mais lorsqu'on a un enfant sans père à entretenir, toutes les possibilités sont bonnes. Si seulement, les autres pouvaient être moins cruels à mon égard, je ne souffrirais pas tant. J'ai besoin de l'aide, car cela affecte de beaucoup ma santé et j'ai très peur pour mon enfant.''

-Présentation physique et vestimentaire des auteurs estimée par les victimes.

Les résultats de l'enquête révèlent que la majorité des agresseurs 70,2% se sont présentés en civil et sans armes. Autrement dit, sans avoir présent à l'esprit l'idée d'éliminer physiquement la victime en cas de refus. Une victime nous confie ceci :

(S.H., victime) :'' je me souviens bien de ce jour là. En effet, j'étais très malade et étant donné que je n'avais pas de soins, je me trouvais coucher dans une petite ruelle. Soudain, j'ai vu deux hommes bien vêtus s'approcher de moi et aussitôt ils avaient compris que j'étais souffrante et m'ont placé dans leur véhicule. J'étais inconsciente. A mon réveil, j'étais dans une petite chambre plus ou moins mal entretenue. Quelques temps bien après, j'avais vu un homme m'apporter des médicaments...Quatre jours plus tard, je me sentais bien, mais j'étais toujours enfermée. Donc en un mot, je suis restée enfermée dans cette maison pendant dix jours. Mais entre temps, je voulais m'enfouir, mais je n'en avais pas la possibilité. Toutefois, il continuait à me donner des tisanes dont j'ignorais la nécessité. Ce fut le jour où j'ai été violée par leur `'chef'' que j'ai tout compris. En réalité, les tisanes qu'on me donnait c'était pour permettre la sortie des menstrues. J'ai été violée par cet inconnu. C'était un véritable rituel : il était question que cela se passe pendant mes menstrues et pendant la pleine lune. Durant l'agression il ne cessait de réciter quelques formules mystiques. Entre Temps, j'avais des yeux bandés. Mais je me souviens d'une chose, il n'était pas en tenue militaire...''

Il n'en demeure pas moins que les agresseurs en tenue militaire et avec armes en mains occupent un pourcentage de 14,5%. L'analyse de l'agression indique par ailleurs, que certaines femmes ont été violées par des personnes en tenue militaire, armées et masquées soit 20,09%.

(A.T) : `' les deux agresseurs étaient habillés comme les cobras (une milice privée). Ils étaient tous les deux en tenue militaire, armés et masqués...''Autrement dit, les agresseurs avaient la crainte ou la peur d'être reconnus par les victimes.

-L'âge des agresseurs estimé par les victimes.

La majorité des femmes 42,7% ont été violées par des personnes dont l'âge se situe entre 20ans et 29ans ; autrement dit des hommes jouissant d'une maturité incontestable, donc des hommes responsables de leurs actes.

(A.T) : `'les deux violeurs n'avaient pas l'âge de mon petit frère (20ans). Ils avaient soit mon âge ou plus, mais pas moins, car durant l'agression ils n'ont cessé de dire que j'étais encore petite fille... « Ils ont goûté à plus que ça ».''

Les agresseurs dont l'âge se situe entre 30 et 39ans occupent la deuxième position avec 24,4% de citations. A propos de cette tranche d'âge, (N.), nous confie que : `'il était déjà papa. Il devait avoir l'âge avoisinant celui de mon oncle maternel (qui en avait 37ans)''.

Et certaines agressions ont été commises par des mineurs c'est-à-dire des jeunes de moins de 18ans 2,3%de cas. S'agissant de ce cas, (P.) a déclaré : `'ils étaient juste des petits qui devaient avoir moins de 20ans, car il y avait des peureux parmi eux. Ils n'avaient qu'un seul désir découvrir la nudité d'une femme albinos, lui faire du mal.''

Il est à noter cependant que les femmes violées par des mineurs et par des jeunes de la tranche d'âge de 15ans à 20ans représentent une proportion de 10,0% tandis que celles ayant été violées par les personnes adultes 35ans et plus représentent globalement une proportion de 12,2%.

-Etat de conscience des auteurs.

Les femmes victimes des viols ont apprécié l'état de conscience des auteurs de ces actes à partir de la lucidité de leurs propos et de leur comportement.

(S.) :'' je pense nettement que le violeur n'était pas sous l'effet de la drogue. Il récitait avec précision ces formules magiques et savait bien ce qu'il faisait. J'ai été violée pendant trois jours à la même heure (le soir) et toujours il récitait les mêmes formules''.

Par ailleurs, certaines agressions ont été commises sous l'effet de la drogue. Aussi, 46,6% des femmes ont été violées par des hommes drogués.

(P.) : `'ils étaient en bande et fumaient de la cigarette et du chanvre. Les deux qui m'ont violé ont dit bien avant l'agression à leurs amis (Bo pesa ngai kosovo epesaka nkonzo : nous allons encore tirer un dernier coup du chanvre, car cela fortifie)...''En revanche, 32,8% des femmes ont subi ce sort du fait des hommes non drogués.

-Liens sociaux entre les agresseurs

Sur 15 cas de viols recensés, 9 femmes victimes affirment connaître leurs agresseurs, soit 72,5% contre 6 victimes qui n'ont aucune connaissance de ceux-ci, soit 27,5%. Ces résultats confirment effectivement que les agresseurs ont agi à découvert comme l'ont révélé les statistiques un peu plus haut.

(N.), `' je peux facilement reconnaître les agresseurs. Il est difficile d'oublier celui qui vous a fait du mal. Je me souviens avoir rencontré un, une fois au grand marché, mais il ne m'avait reconnu, hélas...''

Par contre, (P.), nous a fait comprendre :''il m'est très difficile de reconnaître facilement l'agresseur. Car j'avais des yeux bandés, mais je n'oublierais jamais sa senteur...''.

-Connaissance ou non des agresseurs

Ces agressions sexuelles ont été commises en majorité par les voisins du quartier 20,6%, les connaissances banales 19,1% et les inconnus 13,7%.

(N.) : `'parmi les deux agresseurs, un était mon voisin. Mais depuis un temps, il avait quitté le quartier et je l'avais perdu de vue jusqu'au jour de l'agression.''

Ceci justifie certainement la facilité avec laquelle les victimes reconnaissent leurs agresseurs. Il est à noter également que certains viols ont été commis par certains hommes politiques hautement placés soit 9,2%. Et nous allons comprendre bien après quelles sont les motivations de ces derniers. Par ailleurs, les membres de la famille et les proches de la famille des victimes n'ont commis d'agressions sexuelles que dans une proportion respectives de 4,6% et 3,8%. Ces faibles pourcentages montrent qu'à Brazzaville, certains comportements sociaux perçus et/ou vécus comme des attitudes de déviance (l'inceste) sont encore évités par acteurs sociaux dans la mesure où ceux qui en sont coupables sont victimes de réprobation collective.

(N.): `' pour la première fois j'ai été violée par mon père à l'age de 12ans. Et ma mère faisait semblant de ne rien voir. J'ai vécu dans ce climat pendant longtemps jusqu'au jour où j'ai été violée par un inconnu et mes parents m'ont jeté dehors. Car j'en ai étais de trop pour ma famille.''

Chapitre 5 : Les sentiments sur les violences et sanctions

Dans ce point, il est question d'examiner les divers sentiments qu'ils éprouvent sur les violences faites aux albinos. Les sanctions proposées par les victimes contre les agresseurs sont également mises en exergue dans ce présent chapitre.

-Sentiments des victimes de viols

Acte socialement condamnable, le viol, lors qu'il est perpétré sur un acteur social, amène inévitablement la victime à réagir, réaction qui va du pardon à la vengeance. Le sentiment qui paraît avec une proportion nettement significative est l'angoisse 40,5%. Certaines albinos violées éprouvent un sentiment de malédiction 15,3%, d'autres ont envie de se venger contre les agresseurs, le sentiment d'abandon par dieu 10,7% et de tout pardonner 10,7%. Il y a cependant une catégorie de femmes qui, après avoir subi cet acte de violence, ont aussitôt envie d'oublier 9,9%. Si dans l'ensemble, le sentiment le plus exprimé demeure l'angoisse permanente, cela s'explique par la peur que peut éprouver une victime de contracter une maladie sexuellement transmissible comme le sida qui, jusqu'à nos jours demeure incurable. Le sentiment d'abandon par Dieu exprimé ici pourrait être l'expression d'une sorte de désespoir et de colère car, la protection divine est vécue comme meilleure sur terre. Aussi, être abandonné par le tout puissant est considéré comme `'lâché'', être sans existence sociale.

`'Avoir toujours présent à l'esprit les différentes séquences de l'acte de viol dont on a été victime, c'est aussi souffrir en permanence au niveau du psychisme des conséquences qui en résultent. Aussi, afin, d'éviter de vivre continuellement cette souffrance, j'ai appris à accorder le pardon à mon agresseur et oublier ce que j'ai subie. C'est là ma force, une manière pour moi d'effacer les traces de ce calvaire au niveau de mon univers mental '' a (déclaré V., une victime.)

-Sanctions proposées par les victimes

Les victimes ont proposé des sanctions contre les auteurs de ces actes hors normes. De ces sanctions, le mariage avec la victime occupe la première place avec 50,4% de citations,

`' L'une des plus grandes sanctions, c'est de demander justement aux agresseurs de nous marier. Je pense que l'acte de viol suppose un contact physique et cela veut dire qu'ils veulent bien de la victime, et du coup comme sanction disciplinaire la société doit l'obliger à prendre la victime car qui voudra encore d'une femme qui a été violée par un autre. Et si par malheur cette dernière contractait soit une grossesse soit une maladie incurable. Le mieux serait de la confier à l'agresseur si toutefois celui-ci est identifié...'' a confié (P.)

Suivent le dédommagement de la victime 31,3%, l'emprisonnement ferme 17,6% ; la condamnation à mort 10,7% ; l'exposition en public de l'agresseur 9,9%. Les autres formes de sanctions n'interviennent que dans les proportions relativement faibles : renvoi du service 8,4% ; sanction divine 6,9%, mutilation sexuelle 6,9%.

Au regard de ces résultats, la majorité des enquêtés condamnent les viols commis sur les albinos et envisagent des sanctions contre les auteurs de ces actes.

- Sentiments des enquêtés sur les violences sexuelles

Les violences sexuelles à l'égard des albinos, nous l'avons vu dans les pages précédentes, ont plusieurs conséquences sur les victimes et comme tel, cet acte rencontre une désapprobation à la fois des hommes et des femmes comme cela apparaît dans les résultats recueillis sur le terrain.

Les résultats de terrain nous révèlent que les violences sexuelles en général, sont perçues et ou vécues comme anormales 93,4% ; parce qu'interdites par la loi 23,9% du point de vue à la fois de la loi et de la coutume 56,6% et enfin pour d'autres raisons 5,3%. Par ailleurs, une certaine approbation du viol des albinos a été observée chez quelques enquêtés. Ceci montre à suffisance que certains hommes et femmes n'ont pas encore pris conscience d'une réalité : le droit reconnu à toute personne, quelque soit sa condition, de vivre une vie paisible, avec respect et surtout protection, laquelle doit être assurée par les pouvoirs publics au travers certaines institutions habilitées à le faire.

- Sanctions proposées par les enquêtés

Commettre le viol (qu'il soit perpétré sur une femme dite normale ou sur une albinos) étant un comportement social hors norme, la société prévoit des sanctions comme élément du contrôle social contre les auteurs d'un tel acte.

Ainsi, les personnes interrogées déclarent dans leur grande majorité que les auteurs des viols méritent d'êtres sanctionnés. Dans l'éventail des sanctions proposées, l'emprisonnement ferme se trouve être la sanction fréquemment citée 63,5% que mérite tout agresseur sexuel, suivent le dédommagement de la victime 39,1% et la condamnation à mort 30,8%. Les autres sanctions qui, du point de vue des proportions, apparaissent comme subsidiaires renvoient à : l'exposition en public 19,6%, le renvoi au service 16,7%, la sanction divine 10,4 % ; les mutilations sexuelles 3,9%, épouser la victime 3,9%. La volonté exprimée par les enquêtés d'infliger des sanctions aux agresseurs pourrait être l'expression d'une prise de conscience de ceux-ci de ce qu'au travers de la sanction, l'on peut éviter la reproduction de ces actes et en conséquence, assurer la régulation sociale car, la sanction est supposée modifier dans le sens positif les comportements de déviance, de marginalisation ou de stigmatisation. Par ailleurs, sanctionner des auteurs de viol peut aussi apporter satisfaction à la conscience collective car, une société, quel que soit son niveau de développement, ne saurait fonctionner dans l'impunité au risque de sombrer dans l'anarchie. `'Ces albinos, malgré, la couleur de leur peau, sont avant tout des êtres humains, créés à l'image du Tout-puissant'' a déclaré le (Pasteur R. M.)

Conclusion partielle :

Comme nous l'avons dit plus haut, la taille de notre échantillon est de 95 enquêtés dont 15 victimes albinos. Il faut préciser qu'en règle générale, les victimes n'ont pas été consentantes des viols subis. Il convient de savoir que, lorsque nous parlons du `'vécu'', cela renvoie à un ensemble d'expériences personnelles des victimes survenues après l'acte de viol et non pendant que l'acte se fait. En d'autres termes, nous nous sommes intéressés à la manière dont ces victimes albinos vivent l'acte de viol.

Au cours de l'enquête, il nous à été permis de comprendre que les victimes albinos ont été contraintes physiquement et par des menaces verbales, le chantage d'avoir les rapports sexuels non consensuels. La forme la plus courante de contact était des rapports vaginaux avec l'introduction des éléments comme `'le cube magie'' et autres. S'agissant du vécu, elles nous ont fait comprendre que le viol dont elles ont été victimes, demeure irrémédiable et que cela est en grande partie encouragé par certains habitus et imaginaires sociaux. Elles acceptent le fait d'être violées malgré elles, parce que, cela est encouragé en grande partie par la société.

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"Là où il n'y a pas d'espoir, nous devons l'inventer"   Albert Camus