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les problèmes fonciers en zone de front pionnier agricole: cas de Dèrègouè dans la province de la Comoé

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par Sihé NEYA
Université de Ouagadougou - URF/SH - département de géographie - Maîtrise 2006
  

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4.2. LES PROBLEMES DE PRECARITE FONCIERE

Ils sont liés d'une part à la durée de validité des droits d'usage sur la terre, et d'autre part, à la longévité des cultures imposées aux exploitants agricoles. Ces problèmes ne relèvent pas des perceptions locales comme c'est le cas pour ce qui concerne l'insécurité foncière. Mais c'est un état de fait qui, même s'il permet aux paysans de cultiver, ne leur permet cependant pas d'orienter leurs activités agricoles dans le long terme. Ainsi, les travaux de terrains ont révélé deux formes de précarité foncière :


· La cession des droits de culture temporaires

La cession des droits de culture temporaires est une pratique émergente dans la zone d'étude. Sur les 254 transferts de terre enregistrés, 64 contrats fonciers, soit 26,6% étaient des contrats précaires, c'est-à-dire de courte durée. Cette pratique consiste en général à céder un droit de culture saisonnier dont la validité ne dure que pendant une campagne agricole à une tierce personne lorsque cette dernière sollicite une terre pour cultiver. Les raisons qui expliquent l'émergence d'une telle pratique sont l'insuffisance et le manque de terre et surtout, le désir des cédeurs de consolider leur emprise sur les parcelles non exploitées.

Faute d'acquérir des parcelles où ils pourront jouir de droits d'usage permanents sur la terre, certains exploitants sont contraints d'accepter les contrats précaires même s'ils ne leur permettent que d'exploiter lesdites terres pour une période limitée. C'est une alternative pour pratiquer l'agriculture dans un contexte où la terre est « finie », mais lorsque cette situation perdure elle devint un souci pour l'exploitant et sa famille.

La cession de droits d'usage saisonniers sur la terre n'est pas le seul fait qui empêche de bâtir une emprise foncière durable voire pérenne sur la terre. Il y'a aussi le fait d'interdire à un exploitant le droit de planter des arbres à longévité pérenne sur sa parcelle, gage de pérennisation d'un contrôle foncier sur l'espace.

Les exploitants les plus exposés aux droits d'usage de courte durée sur la terre sont les nouveaux migrants moins nantis, installés dans la zone ces cinq dernières années. Arrivés dans un contexte de raréfaction de la terre, ces migrants négocient des parcelles sous contrats de courtes durées quitte à ce qu'ils gagnent de nouveaux espaces cultivables où ils jouiront de droits d'usage permanents sur la terre. 2.7% des exploitants enquêtés sont des attributaires saisonniers. Par ailleurs, certains bénéficient de droits permanents, mais exploitent des terres

par le biais de contrats précaires du fait de l'insuffisance de terres. Ces derniers ont des champs dont les superficies varient entre 2 et 3 ha.


· L'interdiction de pratiquer les cultures arbustives

Les cultures arbustives pratiquées en général dans la zone d'étude sont les arbres fruitiers : manguier, anacardier, agrume, etc. Ces arbres ont une longue durée de vie. Outre leurs intérêts économiques, ils jouent un rôle déterminant dans les rapports fonciers entre les individus. En effet, planter un arbre dans un champ est perçu comme un signe d'appropriation, voire d'aliénation de l'espace. En conséquence, les chefs de terre interdisent à priori sa plantation aux personnes qu'ils considèrent être des « étrangers» dans le village. « Si tu donnes une place (référence faite à une parcelle de culture) à quelqu'un et s'il plante des arbres, cela veut dire que la terre ne t'appartient plus. C'est pourquoi on refuse la plantation d'arbre à certaines personnes » Ce sont les propos couramment tenus pour justifier l'interdiction de planter sur les parcelles.

L'interdiction de planter sous-entend la culture de plantes dont la longévité ne dépasse pas la période d'une campagne agricole. Ce qui suppose que la durée de validité des droits correspond à la durée de vie des cultures mises en terre. Dès l'instant qu'elles sont récoltées, la terre revient au cédeur qui peut décider de rompre le contrat avec l'exploitant. C'est cette situation qui pose des difficultés à certains migrants. Les remises en cause de contrats sont récurrentes et la seule garantie de pouvoir conserver leurs champs est la plantation d'arbres. Très souvent, l'arbre n'est pas planté à des fins économiques, mais plutôt pour marquer une présence pérenne sur la parcelle exploitée. Cependant, lorsqu' un exploitant n'arrive pas à planter des arbres dans son champ, tout se passe comme si la durée du droit dont il jouit était une campagne agricole, parce que la terre pouvant faire l'objet de retrait après chaque récolte.

L'interdiction de planter est devenue un problème sérieux avec l'émergence de la « vente » du droit de planter. De plus en plus, les migrants qui ont les moyens financiers accèdent au droit de planter en contrepartie d'argent. Cette situation défavorise les moins nantis qui, faute de moyens, sont contraints de se contenter du droit de cultures annuelles.

Pour ce qui concerne la précarité liée à l'obligation de cultiver des plants annuels au détriment des cultures pérennes, tous les migrants sont vulnérables. Mais cette vulnérabilité diminue avec la durée d'installation dans la zone. Plus l'installation d'un migrant dure, moins le droit de planter des arbres dans son champ lui sera interdit. En général, il s'agit des exploitants migrants installés pendant la première et deuxième vague de migration, c'est-àdire entre les années 70 et 80. De même, le statut économique permet à certains migrants

d'avoir un accès facile au droit de planter. Ainsi, l'ancienneté et le pouvoir économique deviennent deux paramètres qui permettent aux migrants d'être moins vulnérables aux droits fonciers précaires.

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