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les problèmes fonciers en zone de front pionnier agricole: cas de Dèrègouè dans la province de la Comoé

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par Sihé NEYA
Université de Ouagadougou - URF/SH - département de géographie - Maîtrise 2006
  

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5.2.2. L'influence socio-économique des migrants

Elle se traduit à travers :


· La monétarisation des modes d'accès à la terre

Il faut entendre par monétarisation des transactions foncières, l'introduction de la variable argent dans les clauses qui régissent l'accès à la terre. En lieu et place des contreparties en nature, les paysans versent des contreparties en espaces. Cette pratique a été

introduite avec l'arrivée des migrants. Lorsqu'ils sont arrivés dans la zone d'étude, les migrants ont demandé aux chefs de terre qu'on leur permettre de verser les contreparties en nature (poulets, chèvre, etc.) sous forme espèce, ce qui a été accepté par ces propriétaires terriens coutumiers. Au fil des années, cette contrepartie en argents a augmenté. Elle est passée de 1.500 à 7.500 F CFA entre 1970 et 2000 lorsque l'exploitant migrant décide de ne pas habiter dans son champ, et de 3.000 à 10.000 F CFA, voire 15.000 F CFA lorsqu' il choisit de construire une concession et d'habiter dans son champ.

Par ailleurs, les enquêtes ont révélé qu'à cause de la forte demande de terre par les migrants, celle-ci est devenue une véritable source de revenus monétaires. Ainsi, les paysans nantis sont privilégiés par rapport aux démunis dans la compétition foncière. De plus, les terres attribuées et qui ne sont pas marquées par des signes attestant une présence humaine font de plus en plus l'objet de retraits et de réductions de superficie ce, pour satisfaire les nouvelles demandes qui permettent d'engranger des fortes sommes d'argent. Dans ce contexte, seuls les paysans démunis sans véritables assises sociales et économiques solides sont défavorisés dans la course pour l'accès à la terre.


· L'influence économique des nouveaux migrants : les « rapatriés » et les nouveaux acteurs »

Comme mentionné auparavant, le terme « rapatrié » est employé pour désigner les émigrés burkinabé de Côte d'Ivoire qui ont été contraints de retourner au Burkina Faso suite à la crise qui a déclenché dans ce pays en 1999. Á leurs arrivés, la majorité de ces migrants se sont installés dans les régions telles que Banfora où le potentiel agro-climatique est quasi semblable à celui de leurs zones de provenance. Ces « rapatriés » ont une expérience des transactions monétaires et de la culture des arbres qu'ils tentent de pratiquer dans leur zone d'accueil dont Dèrègouè. Ainsi, l'engouement pour la culture de rente, notamment la culture arbustive, a pris de l'ampleur. Ce qui a amené les autochtones à attribuer le droit de planter en contrepartie d'argents pour s'adapter au changement socio-économique dans un contexte où l'autorité coutumière, même si elle prévaut, n'est épargnée des remises en cause incessantes.

Le retour au pays des émigrés burkinabé de la Côte d'Ivoire et leur installation dans la zone d'étude représentent des enjeux socio-politiques et économiques. En effet, les autorités administratives ont mobilisé les populations pour faciliter l'installation de ces migrants. Ainsi dans la zone de Sidéradougou, il a été demandé aux paysans, notamment aux chefs de terre, de faciliter leur installation et leur accès à la terre. Bien qu'ils aient été favorables, cette sollicitation a été une opportunité pour les chefs de terre qui cherchaient des alibis valables

pour légitimer leur projet d'occupation de la zone pastorale dont l'aménagement a remis en cause leur contrôle foncier sur cet espace. C'est ainsi que les terres de la ZP ont été attribuées à de nombreux « rapatriés ». Cette occupation a été de courte durée puisqu'ils ont été déguerpis en mai 2004 sur le site sous l'ordre des autorités administratives du département de Sidéradougou.

Les « nouveaux acteurs » regroupent les fonctionnaires, les opérateurs économiques, etc. qui investissent dans les activités agro-pastorales à Dèrègouè. Ils influencent les pratiques foncières à travers leur pouvoir économique par « l'achat » des terres. L'intérêt qu'ils accordent à la terre et les moyens financiers qu'ils y investissent ont donné une valeur marchande à cette ressource. Par conséquent, les propriétaires terriens préfèrent conclure des arrangements avec ces derniers pour tirer le maximum de profit de leur patrimoine. Par ailleurs, l'intervention des « nouveaux acteurs » a entraîné l'émergence de certaines transactions telles que l'achat de terre par troc.

Á l'influence économique des migrants qui a entraîné la monétarisation des modes d'accès à la terre et accentué la compétition pour l'accès à la terre, s'ajoute l'instabilité des clauses qui régissent les contrats fonciers.

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"Ceux qui rêvent de jour ont conscience de bien des choses qui échappent à ceux qui rêvent de nuit"   Edgar Allan Poe