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Envoyé Spécial : une approche de l'environnement à la télévision française (1990-2000).

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par Yannick Sellier
Université Paris 1 Panthéon Sorbonne - Master 2 Histoire et Audiovisuel 2007
  

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b- Les déboires du mouvement écologiste en France :

L'écologie, au sens où on l'entendait, comme politique de défense de la Nature, n'est donc plus seulement l'affaire des écologistes. Ces derniers tentent, par ailleurs, en France, de se défaire de cette image qu'ils trouvent trop réductrice. En effet, au sein même du parti des Verts, ceux qui, à sa tête, défendaient un strict point de vue naturaliste comme Antoine Waechter (qui fondera en 1994, Le Mouvement écologiste indépendant), sont remplacés par d'autres désireux d'intégrer résolument la dimension sociale de l'écologie, dimension présente dès l'origine mais jusque là assez négligée. Dominique Voynet, successivement porte-parole des Verts en 1992, puis secrétaire général des Verts européens au Parlement européen avant d'être la candidate du parti des Verts, en 1995, pour l'élection présidentielle, s'attache à évacuer les concepts de « nature » et autres du même acabit afin de rapprocher le parti des écologistes des mouvement alternatifs de gauche72(*). Le projet écologiste évolue résolument vers une corrélation entre justice sociale, pacifisme et gestion de l'environnement. Cherchant non plus seulement à faire pression mais à proposer un véritable projet politique, le discours des écologiste, de libérateur qu'il avait pu être à l'origine, devient peu à peu normatif, voire d'après certains observateurs, autoritaire.73(*)

Cela s'explique aussi par le fait que la France se dote d'un arsenal juridique en matière d'environnement. Ce qui ne manque pas d'éveiller l'intérêt des intellectuels et en particulier de ceux travaillant dans le domaine de la philosophie politique à partir de 1992. Luc Ferry et Dominique Bourg sont de ceux-là. Ils ne nient pas l'importance d'une prise en compte de l'environnement en rapport avec les nouvelles attentes de la population. Ils demandent juste aux gouvernants et aux médias de rester vigilants. Pour les premiers, il importe de ne pas céder à l'affolement, pour les seconds, il s'agit de ne pas le susciter, afin que la discussion et l'application des lois sur l'environnement se fassent selon des règles démocratiques. Tous deux craignent que ne s'impose une tendance à l' « écologie profonde », « deep ecology » encore appelée « écologie radicale » qui concevrait la Nature comme supérieure ou égale à l'Homme. Selon, Dominique Bourg, la Nature ne peut ni ne doit être une instance normative. Il s'oppose à l'idée de toute instauration d'un « contrat naturel ». Pour lui, c'est de la tension entre responsabilité vis à vis d'un bien commun et liberté individuelles que naît la défense des intérêts propres à la Nature. Ces intérêts de s'imposent donc pas a priori mais bien a posteriori d'un débat démocratique74(*).

Analysant les évolutions récentes de la mouvance écologiste française, Luc Ferry estime en 1992, que :

«Sur le plan intellectuel, philosophique même, seule la `deep ecology' peut prétendre à une vision politique globale - mais il lui faut pour cela revêtir les oripeaux du romantisme néo-conservateur ou néo-gauchiste. Si l'écologie veut échapper à ces archaïsmes dérisoires et dangereux, si elle accepte de se dire réformiste, elle devra reconnaître qu'elle est un groupe de pression exprimant une sensibilité qui pour être partagée par l'immense majorité n'a pas à elle seule vocation au pouvoir ? (...) Politique, l'écologie ne sera pas démocratique ; démocratique, il lui faudra renoncer au mirage de la grande politique. »75(*)  

Cette citation nous renseigne, d'abord, sur la défiance à l'égard des écologistes qui gagne une partie des Français après l'engouement qu'ils avaient pu susciter jusqu'en 1992. Cette citation permet de comprendre aussi l'importance pour une chaîne de télévision du service publique, et a fortiori pour un magazine du type d'Envoyé spécial d'essayer de relayer auprès des téléspectateurs, également citoyens, la confrontation des points de vue concernant des points précis de l'environnement. L'enjeu est ici le suivant : comment participer à la démocratisation des prises de décision en matière environnementale ? Et en particulier, comment informer les citoyens des problématique, soulevées par l'adoption de mesures visant à protéger ou mettre en valeur leur environnement, autres que celles rattachées directement à l'harmonie entre les hommes et leur environnement naturel ?

* 72 Jacob Jean, Histoire de l'écologie politique, « comment la gauche a redécouvert la nature. », Paris, Editions Albin Michel, Paris, 1999, pp.. 293-297

* 73 Peytevin Jean-Louis, Peytevin Jean-Louis, « Avant propos », « Discours de l'écologie », Quaderni, n°17, Paris, Editions Laura Wind / Ministère de la Recherche et de la Technologie, Printemps 1992, p. 65

* 74 Bourg Dominique, « Droits de l'Homme et écologie », dans Esprit, Paris, octobre 1992, pp.. 80-94

* 75 Luc Ferry, Le nouvel ordre écologique, « L'arbre, l'animal et l'homme », Paris, Bernard Grasset, 1992, pp.. 267-268

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