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Envoyé Spécial : une approche de l'environnement à la télévision française (1990-2000).

( Télécharger le fichier original )
par Yannick Sellier
Université Paris 1 Panthéon Sorbonne - Master 2 Histoire et Audiovisuel 2007
  

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Deuxième partie :

Une redéfinition des priorités

de l'écologie au sein

d'Envoyé spécial.

(1992-1997)

Chapitre 3 :

Vers une conception plus

tempérée de l'écologie ?

(1993-1996)

Lorsque le magazine scientifique E=M6 devient, pour quelques numéros, une émission d'une heure et demie diffusée le dimanche soir en « prime time », la première émission, diffusée en juillet 1992, a pour titre « Mauvais temps sur la planète »70(*). E=M6, redevenue une émission hebdomadaire programmée le dimanche soir, traitera de manière récurrente, de même qu'Envoyé spécial, de sujets liés à l'environnement. Le magazine C'est pas sorcier consacrera aussi plusieurs de ses émissions à cette thématique. Suivront ensuite, des émissions spécifiques comme Gaïa sur la Cinquième et Ecolo 6, Elément Terre sur M6 (7minutes par semaine). Au cours de la période 1993-1996, l'environnement n'est plus considéré comme l'objet d'un engouement passager. Du fait d'une multiplicité de programmes le traitant d'une manière plus ou moins spécifique, l'environnement, tel qu'Envoyé spécial le conçoit, évolue. Cette conception évolue aussi du fait d'autres facteurs que nous allons détailler dans les deux prochains chapitres.

A- La remise en question des convictions

écologistes véhiculées par Envoyé spécial.

Durant les années 1993 et 1994, le ton des reportages se fait moins virulent. Le nombre de reportages consacrés à des thèmes environnementaux diminue sensiblement (cf. graphique p. 25). Et suite à la Conférence de Rio (juin 1992), les thèmes liés à l'écologie sont plutôt abordés dans le cadre international. Pourquoi ? La réponse n'est pas aussi évidente que l'on pourrait le croire.

a- L'environnement, désormais sujet de préoccupation sociale et politique.

De 1989 à 1994, un effort de législation est produit dans le domaine de l'environnement. Une loi sur les déchets est adoptée en 1992, avec pour objectif, la fermeture des décharges sauvages, la mise aux normes des décharges publiques et l'introduction du tri sélectif d'ici l'an 2000. Une loi sur le bruit est adoptée le 31 décembre 1992. Enfin, une loi très discutée sur la mise en valeur et la protection des paysages est rédigée en 1992 et adoptée le 8 janvier 1993. Cette dernière loi est particulièrement importante car elle normalise plusieurs problématiques liées à la gestion de l'environnement : l'impact visuel de toute infrastructure, la consultation des populations, les liens entre Etat et collectivités locales. Un immeuble, une chaumière, une usine, un jardin sont désormais autant de composantes du paysage. A la logique de préservation et de sanctuarisation de quelques sites remarquable, se substitue une logique de l'urbanisation applicable à l'environnement quotidien de l'ensemble des Français71(*). Qu'elles concernent le bruit, les déchets ou le paysage, ces lois ne correspondent donc plus à une prise en compte plus ou moins vague de l'environnement. Elles sont une réponse précise à des attentes qu'Envoyé spécial a relayées durant la période 1990-1992.

L'évolution de la représentation du traitement des déchets en est un bel exemple. Au cours du premier reportage sur les décharges, diffusé le 8 mars 1990 dans Envoyé spécial, le Maire de Campbon (près de La Baule) déplore l' « impuissance des communes et la négligence de chacun». Suit une séquence décrivant la décharge aménagée de la ville de Nantes. La gestion des déchets semble dépendre du bon vouloir de chacun. Le reportage du 28 mai 1992, « Que faire de nos poubelles ?», rend compte d'autres solutions dont le tri sélectif en Allemagne alors que la loi sur les déchets est discutée au Parlement. Anne Pousinet, auteur du reportage, ne déplore plus le manque de moyens mais la faible prise de conscience des Français. Le 20 octobre 1994, enfin, est diffusé un reportage intitulé « On achève bien les autos », sur les efforts des constructeurs pour améliorer la traçabilité des matériaux employés en vue du recyclage des épaves automobiles et de la récupération des éléments d'occasion. La mise en place de nouvelles lois, la définition de nouveaux domaines de compétences et l'introduction de moyens nouveaux pour endiguer les problèmes liés à l'environnement, incite donc les journalistes d'Envoyé spécial à faire évoluer leur propos et à se focaliser moins sur la mise en exergue des problèmes. La France n'est plus par conséquent, l'objet de tous les tourments : ce qui explique la rareté des sujets la concernant jusqu'en 1995.

Sur le plan international, les représentants de 168 pays se rassemblent à Rio pour le très médiatisé « Sommet de la Terre ». La biodiversité, les changements climatiques et la protection des forêts sont les principaux points abordés. A cette occasion est introduite la notion de « développement durable », essai de traduction juridique du souci constant dont Envoyé spécial se fait l'écho depuis 1990 : à savoir le sort réservé aux générations futures. Un article paru dans Le Monde du 24 mai 1994, rend compte, enfin, du paradoxe principal dont vont être affectées les mouvances écologistes :

« Le sommet de la Terre a pu apparaître comme une victoire des mouvements écologistes En réalité, ce fut tout le contraire. Certes, les associations y ont tenu forum sur la plage. Mais les choses sérieuses se passaient ailleurs, comme si l'on assistait à une confiscation de l'écologie par les diplomates, les industriels, et les scientifiques. En publiant, leur appel de Heidelberg à la veille du sommet, les scientifiques avaient clairement indiqué que l'écologie était une chose trop sérieuse pour être laissée aux écologistes déchirés entre doux rêveurs et dangereux gêneurs. En finançant l'organisation du sommet ainsi que ses multiples expositions et manifestations, les industriels avaient à leur manière rappelé qu'il n'y a pas de politique environnementale possible sans leur collaboration. Quant aux diplomates et aux politiques, ils ont finalement parvenus à tirer toute la couverture à eux en se présentant comme les premiers défenseurs de la planète. »

* 70 Vincent Catherine, « Festival des 9es rencontres internationales de l'audiovisuel scientifique à Paris, Sciences et télé : le mariage impossible ? », Le Monde, 19 octobre 1992, p. 16

* 71 Courtiau Jean-Pierre, « Actualités Paysages, De la législation sur le paysage », dans « Paysages », Monuments Historiques, n°192, avril 1994, pp.. 112-113

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