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Comportement organisationnel des sites maraîchers coopérativisés vis à vis des contraintes environnementales

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par Blaise Muzingu Nzolameso
Université Catholique de Louvain - Doctorat en cours 2007
  

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Stratégies variables des sites de coopératives maraîchères par rapport aux contraintes environnementales

Si l'on considère que tout système est limité dans la poursuite de son but par une contrainte, exploiter les alternatives à celle-ci serait le véritable levier d'action pour une amélioration significative des résultats (Schaefers et al., 2004). Il ressort de nos enquêtes que les deux sites de coopératives maraîchères étudiés n'anticipent pas de la même manière les contraintes environnementales. Pour le démontrer, nous avons procédé à une analyse systématique du comportement organisationnel des deux sites. Sur la base des indicateurs repris dans le tableau 3, les résultats présentent les différentes stratégies des sites de coopératives maraîchères par rapport aux contraintes environnementales étudiées.

Tableau 3. Indicateurs anticipant la dépendance en ressources ou contraintes environnementales

Organisation
étudiée

Type de dépendance
en ressources

Indicateurs anticipant la
dépendance en ressources

Sites maraî- chers coopé- ratifs de Kimbanseke et de N'djili

Ressources financières

capital social, droit d'adhésion, cotisations spéciales, ventes de semences, vente d'engrais, vente de pesticides, vente de cartes de membres, vente de fiches parcellaires, recettes des jardins collectifs, location de lopins de terre, location de matériels divers

 

dispositif d'encadrement : présence d'une « école au champ »

 

engrais, pesticides, fertilisants organiques, outillage

 

Site maraîcher coopératif de Kimbanseke

Le site maraîcher coopératif de Kimbanseke fait partie des sites pilotes dans le processus de « coopérativisation » des sites maraîchers. Il a été loti en 1954 et les premières installations des exploitants remontent aux années 1957-1958. Le processus de « coopérativisation » proprement dit a débuté en 1962 et a connu plusieurs restructurations. À ce jour (février 2006), l'effectif total relevé en son sein est de 2082 exploitants, parmi lesquels les maraîchers coopérateurs et non-coopérateurs. La coopérative ne dispose que de 148 membres, soit un taux de coopérativisation (tc) de 7 %3. Elle dispose d'un bureau assez bien équipé, est répartie en différents services et dispose d'une organisation administrative assez performante, ainsi qu'on le remarque à travers ses rapports d'activité et les statistiques sur ses productions légumières.

Par rapport aux trois contraintes mises en exergue dans notre étude et qui représentent autant de dépendances en ressources pour le site maraîcher coopératif de Kimbanseke, nos enquêtes ont permis de faire apparaître un certain nombre d'alternatives anticipatrices.

2. Le taux de coopérativisation est un indicateur sociologique qui se calcule de façon différente selon la fiabilité des statistiques disponibles. GENTIL (1984) met en exergue le nombre de coopérateurs (nc) par rapport à la population susceptible de l'être (pc).

Contraintes technologiques

Face à cette dépendance, le site maraîcher de Kimbanseke a mis sur pied un dispositif appelé « école au champ ». L'école est chargée d'assurer l'encadrement et la formation technique des maraîchers coopérateurs du site. Loin de se substituer au ministère de tutelle, la stratégie observée fait partie de la dynamique organisationnelle du site afin d'anticiper cette dépendance.

Contraintes financières

La situation économique du pays, présentée dans le diagnostic relatif à cette contrainte, rend difficile l'accès au crédit. En conséquence, le site a développé des activités d'autofinancement telles qu'un jardin collectif dans lequel les coopérateurs produisent et commercialisent pour le compte de la structure, la collecte des capitaux sociaux des membres, la levée de droits d'adhésion et de cotisations spéciales, les recettes de ventes diverses (documents, matériels) afin de suppléer aux besoins en ressources financières de la coopérative.

Contraintes matérielles et intrants

Parmi les stratégies développées par le site de Kimbanseke afin d'anticiper la contrainte relative aux pesticides et engrais chimiques, nous avons noté :

· une convergence vers l'usage des fertilisants organiques, notamment le compost, les sous-produits de la brasserie, les déchets des fermes porcines et des poulaillers ;

· la disponibilité de ces produits via les marchés de petits commer-
çants dans les environs des sites maraîchers (cas des engrais) ;

· le développement de méthodes et de pratiques agricoles appropriées qui réduisent l'utilisation des intrants externes, notamment les pesticides.

Site maraîcher coopératif de N'djili

Créé en 1962, après celui de Kimbanseke, le site maraîcher coopératif de N'djili a subi, comme tous les autres sites, les effets des pillages de 1991 et 1993. Il compte un effectif total de 2095 membres coopérateurs et non-coopérateurs et le taux de coopérativisation (tc) est évalué à 2 %. Ce site dispose d'un bâtiment en assez bon état, prévu pour le bureau, mais qui est actuellement utilisé comme magasin d'outillage et qui sert d'abri contre les intempéries.

Par rapport aux contraintes étudiées, notre enquête fait état de ce qui suit.

Contraintes technologiques

Le site maraîcher de N'djili n'organise aucune séance de formation des maraîchers sur place. Chaque maraîcher se débrouille tant bien que mal pour atténuer les conséquences néfastes de ce manque de formation et d'encadrement. Moins de 10 % des maraîchers se réfèrent à leurs collègues des autres sites en cas de non-maîtrise d'une pratique agricole, alors qu'il existe par ailleurs une structure habilitée à assurer ce lien.

Contraintes financières

Les ressources financières du site de N'djili sont constituées essentiellement des parts sociales des membres, des droits d'adhésion et de la location du lopin de terre propre au site. Étant donné l'inattention accordée aux deux autres contraintes étudiées, les maraîchers ont des difficultés à maximiser leur production à cause de la rareté et du coût élevé des intrants et matériels, ainsi que du manque des techniques agricoles appropriées.

Contraintes matérielles et intrants

Le site de N'djili n'organise aucune stratégie pour pallier cette difficulté. Les exploitants se débrouillent chacun de leur côté. Aucun dispositif collectif n'est mis en place, ce qui ne manque pas de fragiliser les activités maraîchères du site car les matériels et intrants constituent des facteurs de production très importants, qui nécessitent une attention particulière de la structure.

Discussion

Notons que les deux sites analysés présentent des caractéristiques internes communes : ils sont régis par les mêmes principes coopératifs identifiés à travers leurs statuts et règlements d'ordre intérieur. Ce sont des structures simples4 avec une présence prédominante de la femme (Yepez et al., 2001). Ils évoluent dans le même milieu géographique

3. Selon la théorie des organisations, une structure simple est une forme d'organisation qui se caractérise par une absence d'élaboration, une division du travail imprécise, un encadrement réduit, peu de formalisme et de planification, peu de différenciation fonctionnelle, une technostructure inexistante ou peu développée (Hatch, 2000).

(Kinshasa est), subissent les mêmes influences de l'environnement et sont par conséquent également dépendants des ressources qui correspondent aux trois catégories de contraintes environnementales distinguées plus haut. Notre discussion se basera sur une analyse systématique des stratégies d'anticipation des contraintes environnementales mises en place par chaque site en vue d'assurer le développement de la filière maraîchère à Kinshasa.

Il en résulte que le site maraîcher coopératif de Kimbanseke dispose d'une maîtrise incontestable de la dépendance à l'égard des ressources financières : il dispose de plus de moyens de générer des recettes que le site de N'djili, qui se limite aux seuls instruments statutaires. Quant à la maîtrise des ressources technologiques, à nouveau, seul le site maraîcher coopératif de Kimbanseke peut se prévaloir d'avoir mis en place une école au champ. Il s'agit d'un indicateur pertinent car l'école facilite la diffusion de techniques efficaces face aux maladies des cultures et aux attaques des insectes, ainsi que des techniques d'application et de respect de la rémanence des engrais et pesticides chimiques, des techniques agricoles (sarclage, semis en pépinière et en place), etc. En ce qui concerne la rareté et le coût élevé des engrais conventionnels (ressources matérielles et intrants), la confrontation des deux sites révèle une capacité supérieure du site de Kimbanseke à mettre à disposition les engrais conventionnels et à fournir les fertilisants organiques tels que la drêche, le fumier des fermes, les déchets biodégradables et le compost. Cette aptitude à utiliser la matière organique constitue une façon efficace de penser au développement de l'activité de recyclage des déchets urbains.

L'analyse des différences de stratégies entre les deux sites de coopératives maraîchères à l'égard des contraintes environnementales nous a permis d'établir la plus grande capacité d'adaptation organisationnelle du site de Kimbanseke par rapport à celui de N'djili :

· d'un point de vue financier: diversification des sources de recettes ;

· d'un point de vue technologique : encadrement et formation assurée (école au champ) ;

· d'un point de vue matériel et intrants : recyclage des déchets organiques pour un usage agricole et réduction des problèmes d'insalubrité à travers le ramassage et le stockage des déchets.

Cette capacité d'adaptation supérieure du site de Kimbanseke est le résultat d'une dynamique organisationnelle caractérisée par :

· une harmonie et une transparence dans la gestion des ressources disponibles ;


· une cohésion et une confiance mutuelle entre maraîchers coopérateurs, étant donné la régularité des réunions du comité de gestion ;

· une conviction relative aux bénéfices du travail en groupe, ce qui facilite l'écoute des orientations de l'école au champ ;

· un souci permanent de trouver des solutions efficaces anticipant les dépendances en ressources et surmontant les contraintes environnementales.

Quant au site de N'djili, on constate une faible attention de la structure aux problèmes épineux des exploitants maraîchers. Ceci se remarque à travers les faits suivants :

· faible capacité de sensibilisation des membres coopérateurs à la nécessité de rechercher des solutions face aux contraintes environnementales ;

· faible assimilation des principes coopératifs ;

· manque de confiance mutuelle et désintérêt à l'égard des activités de la coopérative (d'où l'absence d'une école au champ et d'activités d'autofinancement) ;

· faible légitimité du comité de gestion (absence de réunions).

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"Je ne pense pas qu'un écrivain puisse avoir de profondes assises s'il n'a pas ressenti avec amertume les injustices de la société ou il vit"   Thomas Lanier dit Tennessie Williams