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Développement Financier et Croissance Economique au Togo

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par Ayira Blaise KOREM
Université de Ouagadougou/ UFR/SEG - DEA / PTCI Macroéconomie Internationale, Monnaie-Finance- Banque 2007
  

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2-2 Développement financier, facteur de moindre importance pour la croissance

D'autres économistes ne croient pas qu'il y ait une relation importante entre système financier et la croissance économique. Ainsi, Robert Lucas (1988) pense que le rôle des facteurs financiers dans la croissance économique est exagéré. Mayer (1988) affirme qu'un marché boursier développé n'est pas important pour le financement de l'entreprise. D'autres auteurs comme Robinson (1952) qui croit que le développement financier est seulement un côté du développement économique vient soutenir cette idée qui mérite d'être mise en lumière.

Mba Nguéma B. (2000) a pour sa part réalisé une étude sur l'intermédiation financière et la croissance au Gabon. Il conclut que malgré les périodes régulières de surliquidité du

système bancaire gabonais, les banques ne finançaient pas la croissance. Le modèle de Levine qu'il a utilisé et qui met en relation le taux d'investissement et les indicateurs du système financier montre que les indicateurs du système financier gabonais n'influencent pas la croissance de ce pays. Il aboutit au fait que la contribution du secteur financier à la croissance ne s'est pas accrue.

Stiglitz (1991) affirmait déjà que la liquidité des marchés financiers n'a pas d'impact sur le comportement des gestionnaires de compagnies et donc n'exerce pas un certain contrôle corporatif.

2-3 Libéralisation financière et croissance économique

En général, le terme « répression financière » fait référence aux effets de la réglementation étroite du système financier et aux diverses formes de restrictions imposées par l'Etat à l'activité des institutions financières. L'adoption d'une politique de libéralisation financière a été souvent considérée comme une condition nécessaire à un développement sain et efficient du secteur financier (McKinnon et Shaw, 1973).

La plupart des études, théoriques comme empiriques, qui montrent le rôle primordial du secteur financier dans la croissance, concluent qu'un développement inadéquat du système financier peut constituer un obstacle à la croissance et que sa réforme, consistant à développer des mécanismes de marché, doit être considérée comme prioritaire. Ces approches ont été à la base de la vague de la libéralisation financière de nombreuses économies tant développées qu'en développement. Les crises bancaires des années 80 ont obligé les pays de l'UEMOA à libéraliser leur système financier afin d'arrêter les faillites bancaires et propulser l'investissement. Les réformes entreprises visant à libéraliser le système bancaire a commencé depuis la fin des années 80. Les réformes visaient essentiellement la libéralisation des taux d'intérêt, le désencadrement du crédit, l'opérationnalisation du système de réserves obligatoires, la rénovation du marché monétaire, la création de la Bourse Régionale des Valeurs Mobilières (BRVM) et la promotion du secteur de la microfinance. Ces mesures mises en oeuvre dans le cadre de la politique de libéralisation dans cette zone monétaire visaient à améliorer l'efficacité des banques qui est bénéfique à la croissance économique. Cependant, on a deux positions sur l'effet de la libéralisation financière sur la croissance : d'un côté il y a ceux qui soutiennent que cette politique a un effet réducteur sur la croissance,

et de l'autre côté, il y a ceux qui pensent que cette répression financière est une bonne chose pour le développement économique.

Les auteurs comme McKinnon et Shaw (1973), King et Levine (1993) sont les principaux défenseurs de la libéralisation financière. Pour eux, un système financier réprimé où l'Etat contrôle le système bancaire est inefficace car le gouvernement joue un rôle important dans l'allocation des crédits, par le biais du maintien des taux d'intérêt très bas (parfois négatifs en terme réel), des taux bonifiés pour les secteurs que l'Etat juge prioritaires (surtout les entreprises publiques) et des réserves obligatoires très élevés. Par le biais de ses instruments, les autorités monétaires perturbent les prix relatifs et l'allocation des ressources.

La libéralisation financière doit d'abord favoriser une plus grande collecte d'épargne, en élargissant l'offre d'instruments d'épargne et en rehaussant les taux d'intérêts réels.

Sur le plan macroéconomique, cette politique de libéralisation visant à améliorer l'efficacité bancaire favoriserait la croissance des différents pays de l'UEMOA et de ce fait de l'union monétaire. Mais selon Igué (2006), cette politique de déréglementation n'a pas permis des gains de bien-être au sein de l'UEMOA. En effet, la libéralisation financière ne s'est pas soldée par une véritable concurrence sur les marchés bancaires car le système bancaire est caractérisé par une forte concentration et les marges d'intermédiation bancaires demeurent élevées. L'auteur constate enfin que le monopole autrefois détenu par l'Etat existe encore mais cette fois-ci détenu par le privé et que cette situation est l'une des causes de la surliquidité des banques de cette zone monétaire qui peut influencer négativement l'efficacité bancaire.

Pour McKinnon (1973), dans une économie financièrement réprimée, la tendance est forte à financer les investissements moins productifs. Shaw (1973) montre que le plafonnement des taux aggrave l'aversion pour le risque et la préférence pour la liquidité des intermédiaires financiers. Selon Fry (1988,1997), dans un système financier réprimé il y a rationnement de crédits sur une base autre que les prix et le crédit est alloué sur la base d'affinités politiques, de productivité antérieure.

King et Levine (1993) précisent aussi que la répression financière réduit les services proposés par le système financier aux épargnants, aux emprunteurs (entrepreneurs) et aux producteurs. Elle entrave donc l'innovation et affaiblit le taux de croissance de l'économie. Il s'avère ainsi que théoriquement, la répression financière affecte négativement à la fois la

sphère financière et ensuite et surtout la sphère réelle de l'économie : la solution préconisée par les économistes consiste à libéraliser le système financier.

Empiriquement Fisher (1993) a établit une relation négative entre la croissance, l'inflation pris comme indicateur de répression financière, et le déficit budgétaire. Roubini et Sala-iMartin (1992) trouvent quant à eux, une corrélation négative entre le taux de réserves bancaires (qui représentent la répression financière) et la croissance.

Berthélemy et Varoudakis (1998) ont porté leur analyse sur la contribution du développement financier à la croissance économique sur 82 pays pendant six périodes quinquennales dès le début des années soixante jusqu'aux années quatre vingt dix.

Toutefois ils traitent différemment la variable M2 / PIB considérée comme un indicateur de développement financier d'un pays. En effet, le traitement de cette variable est modifié par rapport aux travaux antérieurs dans la mesure où ils introduisent le rôle de la répression financière. Ils ont choisi de synthétiser son incidence par une variable indicatrice binaire qui vaut 1 pour les périodes précédentes à la réforme financière et 0 pour les périodes suivantes y compris la période de sa mise en place. Ces auteurs ont ajouté donc cette variable pour différencier l'impact du développement financier selon les périodes de répression financière et de libéralisation financière. Ils ont obtenu une influence minimale de la croissance du système financier en période de répression financière. Le coefficient associé à cette variable indicatrice multiplié par le ratio (M2 / PIB) est négatif et significatif. De là, les deux auteurs ont conclut q'un système financier réprimé, semble avoir une influence nuisible sur la croissance. Ce résultat confirme la position des défenseurs de la libéralisation.

Par ailleurs, les deux auteurs ont constaté que le développement du système financier n'a pas un effet significatif sur la croissance. Le seul effet mis en évidence est un effet négatif lorsqu'il est associé à un régime de répression financière. L'explication proposée pour interpréter cette situation concerne la possibilité d'existence d'équilibres multiples de croissance en liaison avec le niveau du développement financier.

Un « équilibre haut » avec forte croissance et développement normal du système financier et un « équilibre bas » avec faible croissance, où l'économie ne réussit pas à développer son secteur financier. Entre les deux, il y a un équilibre instable qui définit un effet de seuil du développement du système financier sur la croissance. Au-delà de ce seuil, l'économie converge vers l'équilibre avec forte croissance, alors que, en déça de celui-ci, elle reste bloquée dans une situation de piège de pauvreté.

Par le biais de cette analyse, ils ont validé l'idée suivant laquelle l'impact de l'approfondissement financier sur la croissance ne se manifeste qu'à partir d'un certain seuil (M2/PIB) au moins égal à 36,5%. Cela signifie que dans les pays ayant un faible ratio (M2/PIB) l'impact du développement financier sur la croissance ne sera pas significatif.

Ouedraogo Idrissa (1985) dans une étude sur quatre périodes quinquennales de 1965 à 1980 sur les pays membres de l'UMOA a abouti au fait que la répression financière au sens de la rémunération négative des encaisses est effective à des degrés divers dans les six pays de son échantillon.

A l'inverse une seconde approche soutient que la libéralisation financière est néfaste à l'innovation financière et nuisible à la croissance économique. C'est le cas de J Stiglitz (1981) qui affirme que la fonction du marché de capitaux, favorisée principalement par la libéralisation financière est tellement faussée par l'asymétrie d'information, ce qui remet en cause son efficacité. Ainsi, par exemple, le responsable des crédits bancaires a moins d'informations que le demandeur de crédit qui est plus tenté à prendre des risques. Cette asymétrie d'information peut entraîner en particulier les problèmes d'anti-sélection, d'aléa de moralité ainsi que le phénomène de comportements agrégés.

Cette libéralisation financière a également permis une plus grande émergence du secteur informel qui regroupe en majorité les institutions de microfinance. Cependant, la microfinance qui fait partie du système financier informel surtout dans les pays en développement a-t-elle un impact sur la croissance économique ?

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"En amour, en art, en politique, il faut nous arranger pour que notre légèreté pèse lourd dans la balance."   Sacha Guitry