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Krafft-ebing et la science du sexuel : vers une pathologisation de l'érotisme ?

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par Princep Tiffany
UNiversité Paris 1 - Panthéon Sorbonne - Master 1 2007
  

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Chapitre II - Emergence de la structure perverse

Dans les recherches qui proposent soit une épistémologie soit un simple panorama des conceptions psychiatriques de la sexualité à la fin du XIXème siècle, on oppose souvent la théorie associationniste, dans laquelle on décèle les premiers pas vers une psychologie de la sexualité, et la théorie de la dégénérescence, laquelle témoignerait plutôt de la prédominance de la neuropsychiatrie et de la politique hygiéniste encombrant encore la compréhension des perversions. L'associationnisme, dans la mesure où il intervient dans l'étiologie supposée des perversions, trouve l'un de ses plus fameux représentants en la personne du français Alfred Binet qui, dans Le fétichisme dans l'amour56(*), fournissait une tentative audacieuse parce qu'encore isolée d'une psychogenèse des perversions, tendant par là à s'éloigner considérablement de la thèse de l'hérédité de la folie comme cadre de référence étiologique absolu ; et c'est Krafft-Ebing qui est présenté comme le défenseur le plus farouche de cette vieille théorie de la dégénérescence, dont la psychanalyse devait bientôt se débarrasser, avec Freud57(*). Ces études présentent donc Krafft-Ebing comme plongé dans une étiologie qui reste sourde au raisonnement psychologique naissant des français, et, par conséquent, sourde aux évolutions théoriques que ce nouveau raisonnement annonce58(*). Ces considérations sont-elles fondées ? Nous avons vu jusqu'ici que la « sexualité » dont il est question chez Krafft-Ebing est loin de se réduire à sa dimension physiologique ou neurologique ; il n'en est même plus du tout question dès les premiers mots du chapitre de la Ps concernant les perversions. Mais nous n'avons encore rien dit quant à la manière dont Krafft-Ebing envisage les perversions sexuelles. Sur quels fondements repose sa clinique des perversions ? La théorie de la dégénérescence l'empêche-t-elle, ou au contraire lui permet-elle de fonder cette clinique, qu'on a tenté de faire émerger plus haut comme une authentique clinique psychologique ?

Opposer Krafft-Ebing et Binet sur la base de leur adhésion à la théorie de la dégénérescence serait stérile, dans la mesure où elle fonctionne comme un cadre étiologique puissant jusqu'à la fin du siècle, et que, bien qu'elle souffre un certain nombre de critiques, c'est plus ou moins l'ensemble de la psychiatrie qui y adhère. Si l'associationnisme se présente comme une tentative de dépassement du cadre étiologique fourni par l'hérédité, il n'en constitue pas pour autant une rupture franche, puisque les auteurs prônant ce nouveau type de causes continuent de se référer à l'hérédité comme cause première des perversions et autres psychopathies sexuelles : les mécanismes psychologiques responsables de l'élection sexuelle, et parmi eux l'association mentale, sont universels, mais ne donnent naissance à des fixations perverses que dans la mesure où ils trouvent un terrain psychopathique favorable, terrain fourni par l'hérédité. Le raisonnement psychologique constitue donc un supplément d'explication plutôt qu'une tentative de supplantation d'un cadre étiologique par un autre.

De la même manière, on ne peut se résoudre à résumer la pensée de Krafft-Ebing au rôle qu'il accorde à l'hérédité dans la genèse des perversions sexuelles. Certes, selon lui, la plupart des perversions sont congénitales ; mais d'une part, tel n'est pas le cas du fétichisme, et d'autre part il ressort des faits que nous avons précédemment mis en lumière que son adhésion à la thèse de l'hérédité de la perversion ne l'empêche pas de raisonner en psychologue.

Pour comparer les conceptions de deux auteurs, il paraît naturel de chercher à comparer leurs thèses respectives portant sur un même sujet. Dans la mesure où Binet développe la théorie associationniste à l'occasion de son article sur le fétichisme, nous prendrons le fétichisme comme un premier point de comparaison des opinions des deux auteurs. Si Krafft-Ebing accepte la théorie associationniste dans l'explication du fétichisme, il semble déjà que la manière dont il l'envisage nous fournisse matière à interprétation.

1 -Le fétichisme de Binet-

Il faut tout d'abord préciser que Binet ne reconnaît qu'une seule forme de perversion, qui est le fétichisme. En effet, selon Binet toutes les perversions sont nées d'une association pathologique : fétichisme d'un bonnet de nuit, inversion, volupté dans la douleur, constituent autant de perversions procédant de la « même formule pathologique »59(*). Pour Binet, c'est le mécanisme qui est à l'origine de l'association perverse qui est le fait important : l'intérêt du psychologue doit porter sur le mode d'origine de la perversion, qui est le même quel que soit l'objet érotisé. Dans son article de 1887, Binet insiste à plusieurs reprises sur sa méfiance vis-à-vis d'une classification des perversions trop soucieuse de respecter les particularités de chacune, entreprise qui conduirait au mépris du fait important pour le médecin : le fait nosologique. Citant un mot d'Emile Gley, autre pionnier de la théorie associationniste, Binet souligne que procéder ainsi serait aussi stérile qu'absurde :

« S'il fallait classer les impulsions morbides d'après la nature de leur objet, il faudrait, comme M. Gley le remarque avec esprit, faire de la tendance au vol, de la kleptomanie, un délire partiel et spécial. "Ce serait tomber dans le ridicule, puisque, dans cette monomanie même, il faudrait créer des sous-espèces, comme le montre une observation de M. Lunier, où il s'agit d'une hystérique qui volait exclusivement des cuillers ; on pourrait donc ironiquement distinguer la cochléaromanie" »60(*)

De même que les monomanies, les perversions sexuelles semblent presque inviter à l'éparpillement sémiologique. Compte tenu de l'extrême variété des objets du fétichisme, faut-il en distinguer toutes les formes ? Non, répond Binet : fétichistes de la bouche, de la douleur ou des clous de bottine, certes, mais fétichistes tous :

« Nous croyons, soutient-il au contraire, qu'on ne doit pas attacher ici une importance trop grande à la forme de la perversion ; c'est la perversion elle-même qui est le fait caractéristique, et non l'objet vers lequel elle entraîne le malade. »61(*).

Binet propose donc de se concentrer sur le fait nosologique lui-même : le fétichisme. Pourtant, la question de la « forme » de la perversion semble intriguer Binet ; c'est même ce qui va le conduire à critiquer la pertinence de la thèse de l'hérédité de la folie. En effet, bien qu'il reconnaisse l'hérédité comme « la cause des causes », celle-ci ne se révèle pas capable selon lui de « donner à cette maladie [la perversion] sa forme caractéristique » :

« ...quand un individu adore les clous de bottine, et un autre les yeux de femme, ce n'est pas l'hérédité qui est chargée d'expliquer pourquoi leur obsession porte sur tel objet plutôt que sur tel autre. On peut supposer à la rigueur que les malades naissent avec une prédisposition toute formée, les uns pour les tabliers blancs, les autres pour les bonnets de nuit.  Mais quand même on admettrait cette hypothèse, elle ne dispenserait pas d'expliquer comment la perversion transmise par l'hérédité a été acquise chez les générateurs. »62(*)

En effet, pour Binet, « l'hérédité n'invente rien, elle ne crée rien de nouveau ; elle n'a pas d'imagination, elle n'a que de la mémoire »63(*). Cette affirmation de Binet constitue en fait une remise en cause de l'un des piliers de la théorie de la dégénérescence, ce que Foucault a appelé son « laxisme causal » et son « fonctionnement ultralibéral »64(*) : le fait que cette théorie implique une sorte de transformisme nosologique, qui ne suppose pas que les causes produisent toujours les mêmes effets - et l'on doit ajouter à cela la croyance en l'hérédité des caractères acquis. Ainsi, une même maladie peut agir comme cause prédisposante65(*) à des maladies variées. Il n'est pas même nécessaire qu'il soit question de maladies : n'importe quel facteur moral ou physique fait l'affaire. Que la perversion soit un signe fonctionnel de dégénérescence, cela est acquis66(*). Mais Binet ne semble pas reconnaître ce pouvoir fantastique à l'hérédité, puisqu'il commence par affirmer que « ce n'est pas l'hérédité qui est chargée d'expliquer pourquoi leur obsession porte sur tel objet plutôt que sur tel autre », soutenant par là que le constat d'une hérédité chargée ne permet d'expliquer que la présence de la maladie, c'est-à-dire le fait qu'elle se développe, et non le type de maladie qui s'est développé. Et si l'on suppose, poursuit-il, que l'obsession fétichiste a été transmise telle quelle aux descendants, il reste toujours la question des causes déterminantes qui ont présidé en amont à la formation de l'obsession. L'hérédité ne fait que « préparer le terrain » de la perversion, et en aucun cas elle ne dispense de la recherche des causes de la perversion elle-même. Si pour l'aliéniste, affirme Binet, « le fait capital, c'est la relation du symptôme à l'entité morbide », pour le psychologue, « le fait important est ailleurs » : « il se trouve dans l'étude directe du symptôme, dans l'analyse de sa formation et de son mécanisme. »67(*). Dans la mesure où l'hérédité n'a qu'une fécondité étiologique limitée, Binet en vient donc à formuler sa thèse principale : « Il y a de fortes raisons de supposer, conclut-il, que la forme de ces perversions est jusqu'à un certain point acquise et fortuite »68(*).

Dans la théorie associationniste, la perversion est le fruit d'une association de hasard entre un évènement fortuit - disons, la vue d'un tablier blanc - et une excitation génitale encore sans objet ; sur un terrain psychopathique, cette association demeure ancrée dans l'esprit de l'individu, et toutes les fois que surviendra une excitation génitale, l'idée d'un tablier blanc surgira avec elle, de même que toutes les fois qu'un tablier blanc sera soit vu, soit évoqué par la mémoire ou par l'imagination (c'est ce que Binet nomme la « rumination érotique des fétichistes »69(*)), il se produira une excitation génitale :

« [il y a] une coïncidence entre l'excitation génitale et un fait extérieur ; la coïncidence se change en association d'idées, et l'association, établie sur un terrain de choix, chez un dégénéré, devient tyrannique, obsédante : elle déterminera tout l'histoire sexuelle subséquente du malade. »70(*)

Le sentiment sexuel, en se développant, va suivre cette association d'idées « comme un canal qui [sert] à son écoulement »71(*). L'évènement qui a coïncidé avec l'excitation génitale étant la plupart du temps presque un non-évènement (ainsi la vue d'un tablier blanc), les circonstances de l'association perverse ne restent que très peu souvent présentes à la conscience de l'individu ; il ne lui reste donc que le résultat de cette association, c'est-à-dire ce que l'on nomme la perversion sexuelle.

Ce qui est central dans ce texte de Binet, et qui méritera de la part de nos contemporains le qualificatif de raisonnement psychologique, est la manière dont il envisage la formation de la perversion, et, au-delà, la perversion elle-même. Lorsque Binet parle de fétichisme, il n'y fait pas seulement référence comme à une perversion sexuelle, c'est-à-dire comme à une maladie : non seulement le fétichisme est une perversion sexuelle née d'une association mentale ; mais aussi, et c'est là ce qui nous paraît central, le fétichisme est un mécanisme psychologique. C'est notamment pour cette raison que l'on peut retrouver du fétichisme dans l'amour normal, et, par exemple, dans la religion. C'est ainsi que l'on peut fétichiser un objet quelconque, lui rendre un culte fétichiste. Le fétichisme caractérise une certaine relation avec un objet, un certain rapport psychologique avec lui ; mais ce rapport psychologique est éminemment mécaniste : l'association responsable de la fixation perverse est conçue sur le modèle de l'associationnisme français, celui de Condillac, et de Descartes. Dans une perspective mécaniste, Condillac et Descartes ont notamment écrit sur le phénomène des goûts et des dégoûts, des affinités et des préférences diverses que l'âme peut manifester à l'égard de certains objets. Nul besoin d'insister ici sur l'intérêt de telles considérations, et sur leur importance quant à la manière dont les perversions sexuelles vont être conçues, quelques siècles plus tard. Ainsi Condillac écrit-il, dans L'art de penser :

« Les liaisons d'idées influent intimement sur toute notre conduite. Elles entretiennent notre amour ou notre haine, fomentent notre estime ou notre mépris, excite notre reconnaissance ou notre ressentiment, et produisent ces sympathies, ces antipathies et tous ces penchants bizarres dont on a quelquefois tant de peine à rendre raison. »72(*)

Inspirée de la philosophie de Locke, la notion de « liaison d'idées » est développée dans ses rapports avec l'imagination : l'imagination autorise en effet la libre liaison des perceptions, et produit volontairement ou accidentellement de nouvelles idées qui ne viennent pas de la nature. C'est par la faute de ces dernières que, selon Condillac, des préjudices durables sont constitués, par exemple ceux qui associent certains traits de caractère avec une certaine physionomie73(*). A titre d'exemple, Condillac mentionne la prédilection bien connue de Descartes pour les femmes bigleuses, et explique cette prédilection par le fait que le premier amour de Descartes louchait. C'est aussi cet exemple que prend Binet au tout début de son article. Non seulement, donc, Descartes lui fournit un précieux outil théorique pour l'explication du fétichisme, mais son « cas » représente lui-même une preuve de la pertinence de cet outil. Au paragraphe 107 des Passions de l'âme, Descartes cherche la cause des « mouvements en amour ». Cette cause doit être cherchée dans la liaison intime qui existe entre l'âme et le corps, qui implique que « lorsque nous avons une fois joint quelque action corporelle avec quelque pensée, l'une des deux ne se présente point à nous par après que l'autre ne s'y présente aussi »74(*). De même, au paragraphe 136, il s'enquiert des raisons des « effets des passions qui sont particuliers à certains hommes »75(*). Descartes observe en effet qu'il existe en chaque individu des aversions étranges, et propose de les expliquer par une authentique association perverse :

« Les étranges aversions de quelques uns, qui les empêchent de souffrir l'odeur des roses ou la présence d'un chat, ou choses semblables, ne viennent que de ce qu'au commencement de leur vie ils ont été offensés par quelques pareils objets [...]. L'odeur des roses peut avoir causé un grand mal de tête à un enfant lorsqu'il était encore au berceau, ou bien un chat le peut avoir fort épouvanté, sans que personne y ait pris garde, ni qu'il en ait eu après aucune mémoire, bien que l'idée de l'aversion qu'il avait alors pour ces roses et pour ce chat demeure imprimée en son cerveau jusqu'à la fin de sa vie. »76(*).

On retrouve bien le mécanisme que Binet suppose être à l'origine de la perversion : l'association d'un sentiment et d'une impression fournie par les sens, qui s'est produite très tôt dans la vie de l'individu, et dont les circonstances ont été oubliées77(*). Le fait important pour Descartes, c'est que les impressions extérieures produisent de vifs sentiments de plaisir ou de déplaisir, et que ces sentiments vont rester attachés à ce qui les a causés pour la première fois. Pour Binet, l'association semble se faire sans que le fait extérieur influe en quoi que ce soit sur le corps : il suffit qu'il y ait une coïncidence de temps entre une excitation génitale déjà présente (comme c'est souvent le cas dans l'enfance), et un fait extérieur.

Aux yeux de Krafft-Ebing, le fétichisme va de même relever de cas d'associations. Toutefois, s'il accepte la thèse du caractère acquis du fétichisme, ainsi que l'explication associationniste, il va néanmoins insister sur un autre mécanisme d'association, central pour lui, qui est l'association signifiante des idées entre elles.

* 56 Alfred BINET, « Le fétichisme dans l'amour », in Revue philosophique, vol. XXIV, pp. 143-167, pp. 252-274, (nous utilisons la réédition de ce texte, in Etudes de psychologie expérimentale, Paris, Doin, 1888, pp. 1-85.)

* 57 A la fin de la Volonté de savoir, Foucault reconnaît l'« honneur politique » de la psychanalyse d'avoir évacué la question de la dégénérescence, et avec elle, la question de l'eugénisme et du racisme. (Cf. Michel FOUCAULT, La volonté de savoir, op. cit., pp. 197-198.)

* 58 Parmi ces recherches, celle que propose Sylvie Chaperon est assez représentative (Sylvie CHAPERON, Les origines de la sexologie, op.cit.). L'auteure consacre en effet une partie de son chapitre justement intitulé « Vers une psychologie de la vie sexuelle » à Gley, Ribot et Binet, soutenant (certainement à juste titre) que ce dernier est l'un des pionniers de la psychologie sexuelle, dans la mesure où il prône l'associationnisme, reléguant Krafft-Ebing à la section dans laquelle sont résumées les diverses tentatives de classification des perversions (pp. 115-119). L'auteure rend par ailleurs hommage à l' (unique ?) intuition psychologique de Krafft-Ebing : la distinction entre perversion de but et perversion d'objet (p. 118). Or cette distinction n'apparaît qu'à la 16e édition, refondue par Moll, et qui date de 1924. Il suffit ici de rappeler que Krafft-Ebing est mort en 1902... soit 22 ans avant d'avoir eu cette intuition.

* 59 Alfred BINET, Le fétichisme dans l'amour..., op. cit., p. 42.

* 60 Ibid., p. 41. Et si l'on songe aux nombreuses déclinaisons de paraphilies (perversion sexuelle moderne) dont la fin du XIXème siècle a vu se former les désignations scientifiques, par l'accolage, presque mécanique, du suffixe -philie à toute sorte de noms d'objet (les « beaux noms d'hérésie » dont parle Foucault), on peut penser que tous les psychiatres de cette époque n'ont pas, en effet, échappé au ridicule contre lequel Binet les mettait en garde. Sur la volonté de savoir de la psychiatrie comme entomologie, cf. Michel FOUCAULT, Histoire de la sexualité, op. cit., p. 60, et p. 85.

* 61 (Souligné par l'auteur) Alfred BINET, Le fétichisme dans l'amour..., op. cit., p 43.

* 62 Ibid., p. 41-42.

* 63 Ibid., p. 42.

* 64 Michel FOUCAULT, Les anormaux, op. cit., p. 296.

* 65 La théorie de la dégénérescence ne reconnaît que deux sortes de causes : les causes prédisposantes, et les causes déterminantes. Comme leur nom l'indique, les causes prédisposantes aboutissent par accumulation héréditaire à une prédisposition morbide chez un individu, terrain particulièrement fragile sur lequel va survenir la folie dès qu'apparaît une cause déterminante. Cette distinction apparaît dès le Traité des dégénérescences de l'espèce humaine de Morel (Benedict-Augustin MOREL, Traité des dégénérescences physiques et morales de l'espèce humaine Paris, J.-B. Baillière, 1857) ; une théorisation plus poussée a été tentée par Magnan et Legrain en 1895, dans Les dégénérés, état mental et syndromes épisodiques (Paris, Ruef)

* 66 « Ce qui prouve que toutes ces perversions appartiennent à la même famille, c'est qu'elles constituent des symptômes d'un même état pathologique : il s'agit dans tous les cas de dégénérés, présentant comme les observations prises l'attestent, des stigmates physiques et mentaux très nets et une hérédité morbide très chargée. ». Alfred BINET, Le fétichisme dans l'amour..., op. cit., p. 44.

* 67 Ibid., p 35 

* 68 Ibid., p. 42.

* 69 Ibid., p. 52.

* 70 Ibid., p. 47.

* 71 Ibid., p. 17.

* 72 (souligné dans le texte) Etienne Bonnot de CONDILLAC, L'art de penser, in Cours d'Étude, 16 vol., 1776, cité par Alfred Binet, Ibid., p. 9

* 73 Etienne Bonnot de CONDILLAC, Essai sur l'origine de l'Entendement humain, in OEuvres philosophiques, vol.I, Paris, Dufart, 1746, p. 111.

* 74 René DESCARTES, Les passions de l'âme, 1649, Paris, GF Flammarion, 1996, p. 164.

* 75 Ibid., p. 181.

* 76 Ibid.

* 77 Binet ne manque pas de souligner la finesse d'esprit de Descartes : « Voilà le point important, et Descartes n'a pas manqué de le reconnaître. L'aversion acquise pour certains objets devient indépendante du souvenir du fait qui a donné naissance à cette aversion », Alfred BINET, Le fétichisme dans l'amour..., op. cit., p. 10.

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