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Le chehabisme ou les limites d'une expérience de modernisation politique au Liban

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par Harb MARWAN
Université Saint-Joseph de Beyrouth - DEA en sciences politiques 2007
  

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2,3- La vision chéhabiste du développement

Le rapport de la mission IRFED est venu confirmer l'idée du président Chéhab et de plusieurs penseurs avant lui à savoir que les conflits et les tensions politiques et confessionnelles au Liban ont pour principale cause le sous-développement socio-économique et le déséquilibre de croissance entre les classes sociales et les différentes régions.

«Le miracle libanais », et le développement visible d'une partie de la capitale cachaient des situations économiques et sociales dangereuses : d'une croissance démographique entre 2,3% et 2,7 %, à un important exode rural ; d'une large immigration, au monopole économique de la capitale, au déséquilibre du pouvoir d'achat entre les Libanais, au privilège du secteur des services sur les secteurs agricole et industriel, en dépit de la moitié des Libanais qui travaille ou vit de l'agriculture. Une des révélations de ce rapport est que : « le déséquilibre du pouvoir d'achat et de la qualité de vie entre les régions campagnardes et les quartiers populaires dans les villes, qui regroupe une population à majorité sunnite et chiite est criant par rapport au pouvoir d'achat et à la qualité de vie de la bourgeoise et des classes moyennes vivant dans Beyrouth, et dans les villes et les villages à majorité chrétienne.»151(*) 

La mission de l'IRFED ne s'est pas réduite au premier rapport mais elle a été chargé une deuxième fois en 1961 dans le but de proposer les solutions réelles, les projets et les lois nécessaires à la réalisation du développement socio-économique général du Liban. Chéhab va consacrer la durée restante de son mandat pour réaliser la stratégie et les projets du développement socio-économique que la mission IRFED allait proposer.152(*)

Le père Lebret a remis un rapport résumé en deux parties qui contient une étude générale sur les capacités matérielles et humaines du pays. Ainsi qu'une étude sur les besoins des différentes régions pour accéder à un degré de développement satisfaisant. Ce rapport a voulu mettre fin à l'improvisation et à l'anarchie dans la construction et dans l'exécution des projets sur tous les niveaux, et à l'ingérence des leaders politiques qui privilégient leurs intérêts privés à l'intérêt public. Le rapport de l'IRFED a été un tournant historique car il a mis les bases pratiques de la pensée de tout développement général et équilibré.

Les centres de polarisation étaient l'axe central autour duquel se développait la vie sociale, les communications et les administrations gouvernementales. Cette polarisation va préparer à une décentralisation de manière à favoriser le développement.153(*)

Le problème social était le souci principal du président Chéhab, et les principales manifestations de ce problème étaient l'exode des habitants des campagnes vers les villes dans une quête de travail et de meilleure vie, à côté de leur regroupement dans les banlieues et les quartiers des villes dans des situations de logement et sanitaires inacceptables. Ainsi, il pratiqua une politique sociale exécutée sur des étapes, sous forme de stratégie quinquennale, dans le but de développer les campagnes pour emmener leurs habitants à y rester en leur fournissant des conditions de vie dignes de ce nom.154(*)

L'un des motifs de l'intérêt du président Chéhab pour le développement des régions éloignées et des compagnes était sa prise de conscience et sa conviction que les causes de la crise de 1958 et du soulèvement des musulmans contre l'Etat étaient des causes essentiellement sociales en plus des causes politiques, idéologiques et confessionnelles.155(*)

Il fonda dans la première année de son mandat, l'office du développement social pour s'occuper des orphelins, à côté de centre sociaux régionaux qui se chargeaient d'effectuer des études sur les problèmes sociaux locaux, et d'entraîner les habitants de ces régions sur l'assistance et l'aide sociale. Ce bureau contenait un grand nombre de volontaires, et l'une de ces principales missions était l'encouragement du travail manuel et de la production artisanale locale.156(*)

En outre, le souci social ne fut pas uniquement tourné vers les campagnes et les régions périphériques, mais il a inclus les banlieues des grandes villes, et notamment la banlieue sud de Beyrouth, où se groupaient une dizaine de milliers de réfugiés venus des montagnes, des réfugiés palestiniens et des travailleurs étrangers dans des conditions misérables, allant jusqu'à appeler la banlieue de « ceinture de misère ».157(*)

Beyrouth et les grandes villes du Liban étaient ceinturées par la misère, et les classes moyennes des villes avaient un bas niveau de vie, de même les revendications ouvrières et syndicales étaient très intenses à la fin des années cinquante.

L'une des initiatives sociales du président Chéhab pour résoudre le problème social fut l'augmentation du niveau minimal du salaire de 94 à 125 Livres Libanaises, et la fondation d'une organisation chargée de poursuivre le problème des salaires et sa relation avec la cherté de la vie. Comme il promulgua une loi relative aux travailleurs étrangers pour protéger la main d'oeuvre nationale.

Naturellement ces réformes ont été bien accueillies par les syndicats ouvriers. Mais elles ont été refusées par les patronats et la bourgeoisie commerçante.158(*)

* 151 - Bassem EL JISR, Fouad Chéhab, op.cit. p.51

* 152 - Bassem EL JISR, Fouad Chéhab, op.cit. p.52

* 153 - Mission IRFED, op.cit.

* 154 - Bassem EL JISR,  Fouad Chéhab, op.cit. p. 103

* 155 - Kamal JOUMBLATT, Voilà, mon testament, op.cit. pp. 101-102.

* 156 - Kamal JOUMBLATT, Voilà mon testament, op.cit. pp. 103-104.

* 157 - Bassem EL JISR, Fouad Chéhab, op.cit. p. 70.

* 158 - Ibid. p. 104

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"Ceux qui rêvent de jour ont conscience de bien des choses qui échappent à ceux qui rêvent de nuit"   Edgar Allan Poe