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Les organisations de soirées techno. Le loisir dans l'institutionnalisation du mouvement

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par Fabrice JALLET
Université Paris VII Denis Diderot - Master sociologie des politiques culturelles 2009
  

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I.2. Un dispositif juridique postérieur aux pratiques d'organisations de fêtes techno.

Dans une conception matérialiste, le droit est un outil, pas une fin en soi. Il est produit par des
individus pour réguler la vie sociale. Il ne pouvait donc pas être antérieur à l'apparition du

38 Becker H.-S., op. cit. p.33

39 Becker H.-S., op.cit., p.38

40 Dagnaud M., op. cit., p.69 l'enquête d'où provient cette statistique s'intitule d'ailleurs "Les Valeurs des Jeunes" par la TNS-SOFRES du 23 novembre 2003. Mais on peut aussi renvoyer à tous les ouvrages et enquête sur le thème de la jeunesse.

mouvement techno tel qu'il s'est exprimé à ses débuts mais se construire en fonction du "phénomène techno". En 1995, la première circulaire émanant du Ministère de l'Intérieur relative aux soirées techno, s'intitulant "les soirées rave : des situations à hauts risques", est en décalage complet avec le vent libertaire qui souffle dans le mouvement. Elle contribue à la construction du stéréotype "techno = exstasy" en cristallisant dans la réaction des agents de l'Etat des préjugés sur la techno41. Une circulaire est un acte administratif produit par un ministère à destination des services subordonnés ou de tutelles pour commenter le droit positif et expliquer son application. L'objectif de la circulaire de 1995 était de fournir des informations sur ce nouveau phénomène et sur les différents actes de police possible. La circulaire interministérielle de 1998 émise par le Ministère de l'Intérieur le Ministère de la Défense et le Ministère de la Culture et de la Communication (marque la reconnaissance du caractère culturel et artistique de la fête techno) a été annoncée comme une victoire par le mouvement institutionnel et l'association Technopol après le succès de la première Techno Parade. Ce texte complète le précédent, qui accusait les organisateurs de fêtes d'organiser le trafic de stupéfiants, en leur reconnaissant certaines qualités : "les organisateurs des concerts rave et techno, outre qu'ils font preuve d'un professionnalisme accru, sont fermement résolus à assumer leurs responsabilités et se montrent demandeurs envers l'État, des règles applicables en la matière "42 . Elle distingue deux types de raves : la rave légale et la rave clandestine.

Ce n'est qu'en 2001, que le législateur intervient pour encadrer le mouvement techno dans l'article 53 de la Loi du 15 novembre relative à la sécurité quotidienne (LSQ). L'amendement Mariani, complétant la loi du 21 janvier 1995 d'orientation et de programmation relative à la sécurité (LOPS), reprend la circulaire de 1998 et oblige dorénavant les organisateurs à déclarer l'événement à la préfecture du département où il devra se tenir, un mois minimum avant qu'il n'ait lieu. Le décret du 3 mai 2002, modifié par le décret du 26 mars 2006, précise ce dispositif légal.

Sont concernés par la loi, "les rassemblements festifs [...] exclusivement à caractère musical, organisés par des personnes privées dans des espaces qui ne sont pas au préalable aménagés à cette fin, lorsqu'ils répondent à l'ensemble des caractéritiques suivantes [...]", à savoir : la diffusion de "musique amplifiée", "un effectif prévisible de participants et du personnel susceptibles d'être atteint, compte tenu de la surface du lieu du rassemblement, dépasse 250" (depuis 2006, "l'effectif prévisible de personnes présentes sur le lieu du rasseblement dépasse 500"), une communication à grande échelle et des "risques susceptibles pour la sécurité des personnes" tenant au lieu du rassemblement. À défaut de déclaration, l'événement est un délit passible de sanctions43. Cependant les pratiques étaient antérieures au dispositif juridique, si bien que sans la volonté de respecter la loi

41 Beauchet A., Approches stéréotypées et stéréotypantes de l'objet techno, 05 mars 2004 disponible sur le site du GREMES.

42 Circulaire interministeriel du 29 décembre 1998 disponible en annexe p. 219

et avec le sentiment de ne pas faire de mal, ces pratiques se sont répétées après l'entrée en vigueur de la loi. Et ainsi, sans avoir changé, elles sont devenues illégales. Le droit positif semble cristalliser deux types d'intention des organisateurs : organiser volontairement dans le respect de la loi et organiser volontairement dans la transgresseion de la loi. Deux types de déviance correpondent à ces deux types de comportements selon le modèle séquentiel d' Howard S. Becker : "conforme" et "pleinement déviant". Mais nous le verrons par la suite, des organisateurs qui devraient être classés dans la catégorie des organisateurs conformes se considèrent "accusés à tort"44.

Dans la pratique, la procédure de déclaration s'est transformée en procédure d'autorisation préalable. Le mouvement techno s'est alors construit avec ce caractère déviant revendiqué ou rejetté. Aussi, nous allons voir que ce caractère se décline sous la forme de valeurs et discours propres à ce mouvement culturel exprimant un militantisme libertaire.

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