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Les organisations de soirées techno. Le loisir dans l'institutionnalisation du mouvement

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par Fabrice JALLET
Université Paris VII Denis Diderot - Master sociologie des politiques culturelles 2009
  

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I.2. La structuration du secteur des musiques actuelles

Dès 1982 l'action du nouveau Ministre de la Culture, Jack Lang, s'est concentrée sur un nouveau concept visant à promouvoir une autre idée de la culture : la démocratie culturelle. Dans le domaine de la musique, la professionnalisation des acteurs du secteur des « musiques populaires », le rock en premier lieu, est alors devenue une priorité. La démonstration des groupes de rock lors de la Fête de la Musique avait fait prendre conscience du retard de l'Etat. Seulement les déclarations ne suffisent pas à réaliser l'objectif politique fixé. Pour mener à bien cette entreprise, les politiques publiques se sont d'abord focalisées sur le secteur privé : "la structuration du secteur des musiques actuelles a en effet commencé il y a désormais plus de vingt ans , après l'adoption de la loi relative aux droits d'auteur et aux droits des artistes-interprètes, des producteurs de phonogrammes et de vidéogrammes et des entreprises de communication audiovisuelle (n° 85-660 du 3 juillet 1985) "103. Après, les politiques publiques se sont employés à institutionnaliser le secteur non-monétaire constitué des pratiques amateurs et des partiques dites « underground »104. Des réseaux (CIR en

101Castagnac G., op.cit.

102Berthod M. et Weber A., Rapport sur le soutien de l'Etat aux musiques dites actuelles, Ministère de la Culture et de la Communication, Inspection Générale de l'administration des affaires culturelles, 2006, p.8.

103 Chardon C. (déléguée générale du Prodiss), Courrier du Prodiss à la coordination du ForuMa, Paris, 18 avril 2006, disponible sur http://www.foruma.fr/article.php3?id_article=723&var_recherche=forumag

104 Seca J.-M., Les Musiciens Underground, ainsi que Guibert G., Les Musiques populaires : Commerce, loisir,

1984, le SNPS, Fédurok "Fédération des lieux de Musiques amplifiées/actuelles" en 1992 alors que Jack Lang était à nouveau ministre de la culture, Irma en 1994, Technopol en 1996, etc.) étaient ou se sont mis en place pour renforcer la structuration des pratiques artistiques et de celles qui les entourent : entrepreneurs du spectacles, labels, tourneurs, etc. On peut distinguer deux types de réseaux : les réseaux de défense de droits collectifs qui sont des syndicats et les réseaux de mutualisation comme les centres d'information.

I.3. Les « musiques actuelles » en question dans la recherche

Par un soucis de cohérence scientifique, les chercheurs continuent d'utiliser la distinction entre musiques savantes et musiques populaires. Pour Pierre François le "clivage qui oppose musique "savante" ou "sérieuse" (entendue ici comme ce que l'on désigne par musique "classique", c'est-à- dire incluant les périodes médiévales, Renaissance, baroque, classique au sens strict, romantique, la musique du XXè siècle et la musique dite "contemporaine") et musique "populaire" (qui regroupe l'ensemble des autres genres musicaux : rock, pop, jazz, musiques du monde, musiques dites "amplifiées" ou "actuelles", etc.) est sans conteste l'un des plus structurants du monde musical contemporain"105. Comme il le précise à la suite, cette distinction continue d'être opérante pour de nombreuses études, en particulier concernant l'industrie de la musique (François P., 2008).

Mais les enjeux politiques sont tout autres et, comme le rappelle les contributions de Philippe Teillet, la charge symbolique de "populaire" ne sied pas en cette matière. Dans un article publié récemment, il affirme d'une part son attachement de chercheur à la distinction précédemment citée et d'autre part se détâche des "terminologies exclusivement nationales, notamment "musiques actuelles". [...] L'emploi de cette dernière expression signifiant une référence explicite aux politiques publiques menées en France.106" Il explique que les "agrégats" de musiques populaires au sein des musiques dites "actuelles" ont pour fonction d'associer les styles méconnus des autorités comme le rock, le rap ou les musiques électroniques avec les autres styles plus connus et surtout légitimés, notamment le jazz, la chanson, les musiques traditionnelles. L'expression "musiques d'aujourd'hui" n'avait pas fonctionné et rappellait d'ailleurs fortement la musique dite

underground ou tiers-secteur ? Socio-histoire de l'implication des politiques au sein d'une pratique culturelle. Troisième intervention dans le Colloque LAREQUOI du 17 juin 2005, publié la revue Cahier de la Psychologie Politique numéro 7, juillet 2005 Dossier Musique et Politique.

105 François P. , Le dynamisme incertain du monde musical, p.10, in La Musique , une Industrie, des Pratiques, (dir. Pierre François), Etudes de la Documentation Française, Paris, 2008.

106 Teillet P., Politiques culturelles et musiques populaires/actuelles/amplifiées, p.59, in Stéréo, Sociologie comparée des musiques populaires France/G.-B., (dir. Dauncey H. et Le Guern P.), coll. Musiques et Sociétés, éd. Mélanie Séteun et Irma éditions, La Basse Ménerais/Paris, 2008. La première citation est extraite de la note 1, les autres références sont contenues dans son texte.

"contemporaine". Entre les qualificatifs "amplifié" et "actuel", le second fut finalement adopté car il est plus englobant que le premier même s'il complexifie sa compréhension.

Outre cette explicitation, son texte s'appuie sur le Rapport ministériel sur le soutien de l'Etat aux musiques dites actuelles, de 2006 107 . Il expose ainsi les enjeux dont doivent faire face les décideurs politiques dans ce champs "exemplaire" pour bâtir les nouvelles politiques publiques des "cultures". Tout d'abord, ces musiques se sont développées avec le soutien des personnes publics à tout les échelons et dans le secteur privé marchand et non-lucratif. Cette caractéritique fait de ce secteur un bon terrain d'expérimentation pour la décentralisation administrative de l'intervention publique, en particulier pour la jeune Politique de la Ville. De ce point de vue, celle-ci met fin à la division opérée depuis plus de cinquante ans à l'échelon national entre la Culture et le Social et grâce à sa situation géographique, favorise au mieux la coopération culturelle transfrontalière. Enfin, la diversité de publics, en quête d'une reconnaissance qui ne signifie pas allégeance, commande une prise en compte globale et individuelle concernant les goûts, l'écoute de la musique, l'organisation des spectacles, la volonté de pratiquer la musique en amateurs ou chercher de se professionnaliser dans ce secteur. Ce dernier point fait écho à la Déclaration Universelle sur la Diversité Culturelle et le Développement Durable de 2001 adoptée par de l'UNESCO en 2001 dont le Doc Kasimir Bisou (alias Jean-Michel Lucas) se fait un des porte-paroles concernant les musiques actuelles (Teillet P., 2008).

Pour résumer, la méconnaissance des styles regroupées en son sein et l'emploi d'une terminologie "passe-partout" explique en grande partie le choix institutionnel pour l'adjectif "actuel" ("contemporaine" étant déjà utilisé pour la musique savante). L'emploi de musiques "amplifiées" précisant ces musiques auraient été trop restrictif pour ces différentes esthétiques que les institutions ne se donne pas le devoir de connaitre.

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