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L'impact du partenariat Chine-Afrique sur la réalisation des droits économiques et sociaux au Tchad

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par Aime MBAINDIGUIM GUEMDJE
Université Catholique d'Afrique Centrale, institut catholique de Yaounde - Master 2 2008
  

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B- De la non-ingérence politique à la faible protection des droits de l'homme dans la coopération sino-tchadienne

Le principe de coopération sino-africaine en général et de coopération sino-tchadienne en particulier est celui de la non-ingérence dans les affaires des Etats partenaires et le respect de la souveraineté des Etats. C'est un maillon de principe qui s'inscrit dans la grande chaîne des principes de la co-existence pacifique auxquels la République populaire de Chine est très attachée : Amitié sincère, traitement d'égal à égal, soutien mutuel, développement partagé et coopération mutuellement avantageuse. En mettant en avant ces principes, il faut tout de même reconnaître que les préoccupations de Pékin sont essentiellement commerciales, quitte à coopérer avec les régimes qualifiés d' « Etats voyous » et placés au ban de l'Occident. Nous pouvons citer entre autres le régime soudanais d'Omar EL BECHIR, le régime zimbabwéen de Robert MUGABE, et celui du Tchad qualifié récemment, lors des soubresauts politico-militaires du mois de février 2008, par les défenseurs des droits de l'homme comme un régime en panne démocratique.

C'est à ce titre que la gestion des affaires en Afrique s'est avérée un engagement risqué et que le nom de la Chine a été traîné dans la boue67(*). On a étiqueté Beijing de plusieurs mauvais surnoms, y compris de « néocolonisateur sans scrupules » et « de proto-impérialiste »68(*). Plusieurs observateurs ne voient pas la Chine à bord avec le reste de la communauté internationale, qui est arrivée à la conclusion que, malgré les erreurs passées, l'offensive africaine de la Chine est essentielle pour le développement. D'autres ont fait la réflexion que la Chine étend le capitalisme par un modèle de développement dans lequel les droits de la personne, la démocratie et le bien-être sont des distractions des affaires essentielles de la croissance économique. L'indifférence de Beijing aux structures normatives internationales a suscité des questions concernant ses ambitions de devenir une puissance mondiale responsable. La Chine veut-elle vraiment être considérée en Afrique comme le défenseur d'États dévoyés, celui qui convoite le plus agressivement les ressources de l'Afrique, sans respect pour la transparence, le développement et la stabilité? A cette question fondamentale, nous répond une des voix autorisées de l'Ambassade de la Chine au Tchad : « Il existe une différence notable entre la coopération sino-africaine et le colonialisme des impérialistes occidentaux en Afrique. La nature du colonialisme consiste à contrôler et intervenir dans les affaires politiques d'autres pays, et à monopoliser et piller les ressources économiques. La Chine, sur le plan politique, s'en tient toujours à la politique de non-ingérence dans les affaires intérieures et souligne, dans le domaine économique, la coopération d'entraide mutuelle gagnant-gagnant »69(*).

L'enjeu de l'image est énorme, et comme la Chine est confrontée continuellement à la critique de son comportement peu respectueux à l'égard des droits de l'homme sur le continent à cause de son principe de non-ingérence dans les affaires intérieures des Etats, les accusations de néo-colonisateur entachent sa réputation et rendent sa présence importune.

Localement, il y a déjà du mécontentement qui gronde contre les Chinois et de plus en plus, ils sont considérés comme des néo-colonisateurs. En Afrique du Sud, le président Mbeki a prévenu que l'Afrique devait éviter de tomber dans un rapport colonial avec la Chine. Ses commentaires soulignent l'asymétrie économique entre les deux partenaires : « l'Afrique exportant seulement des matières premières pour la Chine et important des produits finis chinois »70(*), Mbeki a averti que l'Afrique pourrait être condamnée au sous-développement. Ce sentiment est partagé par un nombre croissant de gens du Lesotho jusqu'en Zambie en passant par le Nigeria; ils protestent dans les rues contre le tsunami de marchandises chinoises à bon marché qui étranglent les industries locales et volent les emplois.

Les avantages financiers de relations plus étroites avec Beijing ne sont pas clairs pour plusieurs observateurs nationaux et spectateurs internationaux, qui pointent les gens qui souffrent aux mains de régimes abusifs et les autres qui ont vu les ouvriers chinois usurper leurs emplois. De plus, l'asymétrie économique entre la Chine et les États africains continue d'être un souci thématique des critiques qui se demandent combien de temps les relations commerciales non équilibrées peuvent durer. Ce sera un défi pour la Chine de gagner et de maintenir ensuite la perception que ses activités nuisent peu en Afrique et dans d'autres régions en développement où elle choisit de s'engager.

Si la Chine présente une alternative attirante pour plusieurs régimes politiques parce qu'elle impose des paramètres conventionnels minimaux à l'aide et aux prêts, elle agit ainsi à cause de l'impératif stratégique de se garantir des actifs de ressources naturelles pour Beijing. Elle ne fait cependant pas progresser le développement durable dans les pays de ses partisans les plus fervents. Face à ces critiques qui fusent tous azimuts, un de nos enquêtés au niveau de l'Ambassade de la RPC reconnaît que malgré l'existence de manquements majeurs, la situation des droits de l'homme progresse et qu'elle est aujourd'hui meilleure que jamais.  « La notion des droits de l'homme dans la coopération Chine-Afrique, affirme-t-il, doit prendre en compte les conditions économiques de vie des populations, ainsi que la santé et la prospérité des nations. Le gouvernement chinois voit l'augmentation du niveau de vie des Africains comme indicateur de l'amélioration de la situation des droits de l'homme »71(*).

En somme, la mise en application du principe de non-ingérence est une stratégie de Pékin qui permet aux régimes les plus contestables de l'Afrique de reconstituer une économie de rente fondée sur l'exploitation massive des ressources naturelles, sans réel transfert de richesse ou de savoir-faire vers les populations locales. Cette stratégie, soutient Pierre-Antoine BRAUD, « rend, de plus, moins efficaces les éventuelles pressions exercées pour obtenir une amélioration de la gouvernance et une démocratisation des régimes en place »72(*). A ce titre, la présence chinoise en Afrique en général, et au Tchad en particulier, de plus en plus significative dans tous les domaines, dessine les limites de la mise en oeuvre efficace par la Chine des droits économiques et sociaux. Cette indifférence de la Chine à l'égard des droits de l'homme ou mieux leur faible protection est une stratégie visant justement à réaliser ses ambitions inavouées sur le continent africain.

* 67 Cf. « Les limites de la coopération Chine-Afrique en question », in http://econoclaste.lejdd.fr/2007/05/19/23-les-limites-de-la-cooperation-chine-afrique-en-question (consulté le 13.03.2008).

* 68 Idem.

* 69 Entretien réalisé à Ndjaména auprès du Conseiller Economique et Commercial, M. Huang MINYUAN, de l'Ambassade de la République populaire de Chine en République du Tchad, le 26.07.2007.

* 70 Cf. « Les limites de la coopération Chine-Afrique en question », op. cit.

* 71 Propos recueillis lors de notre entretien avec M. Huang MINGYUAN, Conseiller Economique et Commercial de l'Ambassade de la RPC en République du Tchad, le 26.07.2007.

* 72 P.-A. BRAUD, « La Chine en Afrique. Anatomie d'une nouvelle stratégie chinoise », in http://www.iss-eu.org/new/analysis/analy124.pdf , op. cit.

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